BiblioTIC : l'informatique et l'Internet au service des bibliothèques/Les espaces publics numériques en bibliothèque
EPN & bibliothèque
[modifier | modifier le wikicode]Une bibliothèque qui, par définition, est un "service de proximité" peut être tentée d'installer un cyberespace. Il peut s'agir d'un simple point d'accès à l'Internet mais il peut s'agir également d'une zone à vocation d'espace public numérique (EPN). L'appellation espace public numérique désigne :
- tout lieu ouvert au public…
- à vocation non lucrative…
- disposant d’un projet d’accompagnement…
- individuel et/ou collectif…
- favorisant l’accès, l’initiation et l’appropriation…
- à l’Internet, au multimédia, à la bureautique.
Un tel lieu peut être considéré comme un moyen de réduire la fracture numérique. Dans d'autres lieux, il sera davantage envisagé comme un outil permettant d'accroître l'insertion socio-professionnelle, l'employabilité du public formé. Un EPN dans la bibliothèque est un service public ; à la différence d'un EPN porté par une association, il est soumis de fait et de droit aux conditions d'exercice du service public. De plus, il est intégré en tant que tel dans le service de lecture publique et doit s'approcher au plus près de la Charte des bibliothèques telle qu'elle est définie par l'Unesco ([1]) un outil d'éducation permanente en favorisant une approche critique de l’outil Internet et un usage citoyen.
Une des difficultés de l'intégration des EPN dans une bibliothèque peut être de faire fonctionner correctement de services de nature différente, dans un environnement soumis à des contraintes spécifiques :
- l'accès à la recherche sur les fonds documentaires de la bibliothèque doit-il s'effectuer à partir des mêmes machines ? L'accès à la sitothèque (terme utilisé pour désigner le choix de sites Internet particulièrement pertinents) est-il proposé différemment ?
- L'existence d'un réseau propre aux bibliothèques ou même rattaché à la mairie laissera-t-elle le choix des outils, des logiciels pour des raisons de compatibilité ?
- les horaires d'ouverture de l'une et de l'autre vont-ils bien coïncider ?
- Les bibliothécaires peuvent-ils ou sont-ils à même d'assurer les missions d'un EPN ?
Ces questions sont à poser bien en amont de l'ouverture de l'EPN. Le projet présente de nombreux avantages, mais aussi des inconvénients ; on a parfois intérêt à imaginer deux lieux distincts, qui travailleront de concert, selon leurs propres logiques.
Au sein d'une bibliothèque, c'est le règlement intérieur qui s'applique ; il est approuvé par une délibération du conseil municipal, s'il s'agit d'une commune et par le conseil de communauté dans le cas de communautés d'agglomérations ou de communes. Une Charte peut compléter utilement le règlement intérieur.
Équipement d'un espace public numérique : les informations sur l'équipement figurent dans ce cours. Néanmoins, il faut tenir compte d'aspects spécifiques à un cyber-espace.
Le hardware
[modifier | modifier le wikicode]Le choix des solutions techniques est extrêmement délicat. Faut-il choisir des ordinateurs PC compatible IBM ou des Mac? Ou s'appuyer sur un système d'exploitation Linux? Quels logiciels proposer? Et comment gérer les utilisateurs? Les responsables d'EPN doivent effectuer des choix parfois difficiles.
Le choix du hardware dépendra peut être du type de d'utilisation. En fait, le Mac (ou plutôt certains types de Mac) est préféré pour des utilisations de type graphique (mise en page ou PAO), musicale (musique assistée par ordinateur ou MAO) ou vidéo. Pour la "simple" utilisation de l'Internet ou la bureautique, des PC font souvent l'affaire. Il faut cependant parfois revoir ses conceptions initiales : le Mac est tout à fait fonctionnel dans un cyber-espace (comme il le serait dans les cyber-classes de l'enseignement primaire) et une configuration de Mac en réseau peut permettre de gérer les utilisateurs par exemple en leur accordant un temps de travail, un espace ou non sur le disque dur, l'utilisation ou non des logiciels, un accès ou non à la messagerie,…
Quelles doivent être les capacités des machines? Pour des PC, s'il s'agit de la simple consultation de pages web, un Pentium 133 paraît suffisant. Attention, si l'utilisateur doit lire des CD, utiliser des animations, visionner de la vidéo, un Pentium 2 avec contrôleur graphique s'impose (le contrôleur de sons est normalement intégré dans la carte-mère). Il faut donc déterminer la puissance nécessaire en fonction de l'usage.
Faut-il des machines de marque ou peut-il s'agir de "produits blancs" (machines clonées ou assemblées)? Ces derniers ont l'avantage d'avoir été configurés selon les besoins de l'utilisateur. Il est préférable cependant de disposer des mêmes machines (pour le même réseau).
Peut-on avoir recours à du matériel de seconde main ? Il faut évidemment être attentif à ce marché pour des raisons économiques (prix d'achat), environnementalistes (récupération de matériel), éthiques (insertion) tout en restant vigilant sur les composants (en obtenir une liste détaillée).
Quel doit être le nombre de machines? Celui-ci est fonction non seulement des moyens financiers mais aussi du public (qui lui-même dépend de la localisation, des heures d'ouverture) et de la demande mais également de l'encadrement disponible pour accompagner (libre accès), initier ou former. Couramment, on évoque des salles de 8 à 10 machines. Des salles peuvent être réservées au libre accès et d'autres à la formation (avec une autre configuration y compris spatiale). Enfin, une certaine convivialité doit pouvoir être assurée.
Peut-on "pousser" des machines et les mettre à niveau (upgrader) sans problème? Attention : s'il est effectivement possible d'ajouter de la mémoire ou d'opter pour un processeur plus rapide, le passage, par exemple d'un Pentium 3 à 4 est déconseillé. Les pannes les plus courantes dans les PC sont liées aux écrans et aux disques durs (en raison notamment de manipulations dans les fichiers). Théoriquement, l'écran est un périphérique qui n'est pas destiné à être souvent renouvelé. L'écran plat est certes plus cher (prix d'un écran de 15’’ équivalent à un écran classique de 17’’) mais offrirait une meilleure image, un meilleur confort visuel (moins de rémanence) que l'écran classique. L'écran plat est moins encombrant et offre une image plus "moderne" de l'EPN.
Faut-il envisager une installation sans fil? Bien sûr, un clavier, une souris peuvent fonctionner sans fil (les risques de vol sont accentués d'autant) mais l'appareil disposera toujours d'un fil d'alimentation. L'investissement dans une installation sans fil pourrait donc ne pas paraître fort utile; cependant, une installation sans fil évite, par définition, les problèmes liés au câblage (débranchements, accrochages, coût, difficulté de câblage dans certains bâtiments) et permet une plus grande mobilité des appareils (le choix de configurations différentes de salles en fonction du type d'animation).
Le périphérique le plus sollicité sera l'imprimante (branchée sur le réseau) soit à jet d'encre couleur (mais attention au prix à réclamer à l'utilisateur) soit laser (noir et blanc). Un scanner peut également être utile.
En ce qui concerne l'image, les webcams (avec des logiciels tels que Messenger, Netmeeting ou Gnomemeeting) ont toute leur utilité notamment lorsqu'un travail est effectué avec un public qui recherche le contact avec l'étranger. Il peut être intéressant d'acquérir des appareils photos numériques pour des initiations et des animations. Le vidéo-projecteur tel qu'utilisé pour des formations et conférences est un outil intéressant mais qui doit être rentabilisé, éventuellement par plusieurs partenaires, en raison de son coût (à partir de 2000 euros). Logiciels libres ou non
En matière de logiciels, on sait que s'opposent les systèmes d'exploitation Windows (Microsoft), Mac Os (Apple) et Gnu Linux. Choix difficile qui oppose des notions d'éthique, de gestion financière (frais d'achat de licence, installation, maintenance, consultance), d'administration du réseau.
Les logiciels payants ont des coûts d'achat et de licence qui peuvent être difficiles à supporter pour des "cyber-espaces" mais ils sont dominants sur les marchés et il peut paraître indispensable d'initier un public qu'on refuse de voir exclu, à un produit qu'il rencontrera dans un environnement professionnel. Cependant, il faut signaler que des logiciels dits "open source" peuvent fonctionner dans un environnement Windows et être similaires ergonomiquement et graphiquement. Il en est ainsi de la suite intégrée Open Office qui associe traitement de texte, logiciel de présentation, éditeur HTML, base de données, tableur, logiciel de dessin).
Ce constat en cache un autre et appelle une autre question : sur quoi porte la formation qui est délivrée dans un EPN ? Est-ce qu'on doit apprendre à une personne à se servir d'un logiciel spécifique et très souvent propriétaire ou au contraire donner les bases pour la compréhension nécessaire et les mécanismes sous-jacents afin que la dite personne puisse ultérieurement faire abstraction du logiciel et se servir indifféremment de n'importe lequel ?
Les logiciels
[modifier | modifier le wikicode]L'EPN aura de nombreux besoins en logiciels, besoins qu'il peut assumer à moindre coût en recourant à des logiciels en libre diffusion et en libre utilisation, aux partagiciels.
L'antivirus (avec abonnement pour les remises à jour) est absolument indispensable dans un monde où foisonnent les virus si l'on utilise un système d'exploitation avec des failles comme Windows.
Antivirus
[modifier | modifier le wikicode]Pour accéder au web, il faut un navigateur. Internet Explorer (IE) est dominant mais pose des problèmes de sécurité. Certains utilisateurs préfèrent Netscape ou Mozilla. Problème : certains sites et non des moindres sont seulement "optimisés" pour IE et ne sont pas lisibles pour Netscape ou des navigateurs comme Opera ou Mozilla (des problèmes peuvent se poser pour le net-banking par exemple). Il existe également des navigateurs Internet sécuritaires et personnalisables comme Amiweb. De préférence, on choisira les versions en langue française pour ne pas encore décontenancer davantage les utilisateurs de l'EPN.
Messagerie
[modifier | modifier le wikicode]Dans le domaine de la messagerie, on sait qu'Outlook Express est dominant mais Thunderbird monte en puissance. Les EPN ne sont pas prêts pour autant à admettre que des messages soient stockés sur les machines. Dès lors, lorsqu'une utilisation du courrier électronique est admise, il s'agira davantage de webmails tels que Yahoo!, Hotmail, Caramail.
Création de site web
[modifier | modifier le wikicode]Pour créer un site web, il faut recourir à un éditeur de site web. Il peut être tentant de se tourner vers des solutions coûteuses mais perfectionnées telles que Dreamweaver. Ou, à moindre prix, Microsoft Front Page ou Adobe Golive. Web Expert est un excellent shareware canadien. Il faut également rappeler que, pour une première approche, le logiciel libre Open Office permet déjà d'éditer des pages web.
D'autres EPN, plutôt que de recourir à des éditeurs wysiwyg préféreront apprendre les langages du web, html, xhtml/ccs.
Transfert de fichiers
[modifier | modifier le wikicode]Les pages créées, encore faut-il les transférer vers un hébergeur. Pour cela, on utilise un logiciel FTP (pour "file transfer protocol"). Il en existe d'aussi excellents que (quasi) gratuits comme FTP Expert ou Filezilla (pour Windows, en français).
= Traitement d'images
[modifier | modifier le wikicode]Pour le traitement d’images, à côté des Photo Shop, Paint Shop Pro ou Photo Impact figurent également des logiciels gratuits, voire libres comme The Gimp. Il n'est pas indispensable que de tels logiciels (surtout payants) équipent toutes les machines. Certaines d'entre elles pourraient être dédiées à la création multimédias.
Audio & vidéo
[modifier | modifier le wikicode]Pour l'audio et la vidéo, si l'on installe des logiciels (gratuits) de type Windows Media Player encore faut-il prévoir le branchement de casques ou de haut-parleurs. Certains EPN pourraient être tentés d'éviter le son et l'image en ligne, pour des raisons de bande passante ou de "nuisance sonore" dans l'EPN. Pourtant, il est des pratiques qu'il faut pouvoir soutenir comme l'écoute de radios, le visionnement de journaux télévisés ou de vidéos historiques,… Les logiciels spécialisés pour la création numérique, le montage audio et vidéo, la musique assistée par ordinateur devraient, de préférence, équiper des appareils qui leur sont dédiés notamment parce qu'ils exigent aussi une autre gestion du temps.
Les EPN évitent généralement les systèmes poste à poste (peer-to-peer) qui permettent, par exemple, d'échanger de la musique en MP3 (Kazaa) d'une part en raison de la consommation de bande passante et, d'autre part, parce qu'ils ne souhaitent pas encourager le piratage.
Bureautique
[modifier | modifier le wikicode]Dans un EPN, la demande dépassera souvent la simple utilisation de l'Internet pour se porter sur les outils de bureautique. Autrement dit souvent le traitement de texte et, dans une moindre mesure, le tableur, la base de données ou le logiciel de présentation.
Bien sûr, on peut présenter les solutions Microsoft parce qu'elles sont les plus connues et parce que les employeurs parlent en terme de Word et non de traitement de texte, d'Excel et non de tableur, de PowerPoint et non de présentation. Mais une solution Office pour tout un EPN s'avère très coûteuse. Il est sans doute préférable d'opter pour la suite intégrée LibreOffice (LibO), fort proche ergonomiquement, et peut-être d'équiper l'un ou l'autre appareil de la solution de MS, pour ceux qui voudraient absolument se frotter à ce standard après avoir fait leurs premières armes sur LibO.
Gestion de l'EPN
[modifier | modifier le wikicode]Il faut donc pouvoir gérer un(des) réseau(x) c'est-à-dire contrôler sa salle tant sur le plan technique que réglementaire (limitation de la visite de sites par le gestionnaire en fonction d'un règlement mais avec une certaine éthique de respect de la vie privée!). Il faut pouvoir identifier des utilisateurs, leur donner des autorisations d'accès, conserver les profils.
Certains EPN sont demandeurs de logiciels de "contrôle parental". Ici aussi, on trouve des programmes payants (comme Optenet installable en réseau et dont il existe une version de démonstration, Norton Internet Security, Surfwatch, Cyber Patrol, Internet Watcher, Webcontrole, Net Nanny, Cybersitter) ou sharewares (Control Kids). Squid, un logiciel libre et réputé robuste remplit parfaitement cette tâche (il fonctionne en "white-list" ou "black-list"); de plus il est uniquement nécessaire sur la passerelle Internet et permet grâce à sa fonction de "cache" d'accélérer la consultation des pages web (mise en mémoire des pages les plus demandées).
Un logiciel comme Surf Pass (pour Windows) permet non seulement le filtrage mais aussi de contrôler ou de facturer l'utilisation d'une machine en libre service. L'utilisation de cartes à puce est même prévue. Quant à Net Spy, c'est un programme qui vous permet de visionner ou de sauvegarder des captures d'écran de bureaux, localement ou sur un réseau (de un à plus d’une centaine de PC). Net Spy permet le contrôle à distance d'un autre PC connecté.
La protection du système peut être assurée par un logiciel comme Cetus Storm Windows. Il vous permet de définir les zones auxquelles un usager pourra accéder et ne pas accéder au moyen de mots de passe. On ne peut parler de sécurité sans évoquer les pare-feux (firewalls), par exemple de Norton ou Mac Afee, qui visent à améliorer la protection du réseau et à défendre le réseau local connecté à Internet des attaques et tentatives d'intrusion qui peuvent provenir de l'extérieur ainsi que de contrôler et de réguler les connexions du réseau interne vers l'extérieur. Quant aux logiciels de type Ghost, ils permettent, en écrivant des images-disques, l'archivage, une mise à niveau rapide et sûre, le secours informatique et la restauration.
Les orientations et les types d'animation
[modifier | modifier le wikicode]Afficher des orientations pour son EPN, c'est se positionner. Par rapport à la "clientèle" existante, future, aux pouvoirs publics (aux différents niveaux de pouvoir). En tenant compte de la nature de son institution, de ses objectifs… et de ses subventionnements. Ainsi parlera-t-on d'EPN à orientations TIC, de loisirs, culturelles ou citoyennes. Il s'agira de voir ici quelles peuvent être les activités d'un EPN en bibliothèque publique.
Quelques orientations
[modifier | modifier le wikicode]Un EPN à orientation TIC aurait pour objectif premier de former aux TIC. Ou, tout au moins, de fournir un bagage dans ce domaine. Ceux à orientation sociale et/ou professionnelle sont également aisés à définir : ils visent à insérer la personne dans la société et/ou dans le marché du travail.
Les EPN afficheront sans doute moins une orientation de loisirs. Ceux-ci ne sont-ils pas définis comme un "temps pendant lequel on n'est astreint à aucune tâche", un "temps libre dont on dispose après l'accomplissement des obligations professionnelles et familiales de la vie courante" ou comme des "activités diverses auxquelles on se livre pendant les moments de liberté" . Une orientation qui ne sera pas nécessairement jugée honorable lorsqu'on souhaite se démarquer des cybercafés. Ou que l'on est subventionné à d'autres fins.
L'orientation culturelle d'un EPN doit sans doute être appréhendée de manière tout aussi délicate. "Culturel", c'est "relatif à la culture" ou "dont le but est de développer ou de propager la culture". Pour qu'un EPN soit "culturel", il ne suffit donc pas d'être développé à partir d'un lieu "culturel" (ou "reconnu" par la Culture).
Quant à l'orientation citoyenne, c'est bien celle qui prête le plus à confusion. Si le citoyen est celui qui participe à la gestion de la cité, faut-il penser que les "espaces citoyens" sont des lieux qui favorisent cette participation à la gestion. Cette ambition ne semble pas être l'objectif réel d'EPN. Bien sûr, à travers un EPN, on peut certainement davantage être informé quant à la vie de la cité notamment à travers le site web communal. Il est également possible de commander des documents en ligne mais tout ceci ne procède que de la simple information du citoyen, d'une plus grande transparence de l'administration et de facilités d'échanges entre le citoyen et l'administration ou les édiles communaux. Ainsi donc, quand on entend "espace citoyen", il faut se contenter de comprendre "espace ouvert aux citoyens"… pour ne pas dire "espace public". Le véritable espace citoyen reste à construire.
En bibliothèque, l'EPN peut être considéré sous le seul angle de la lecture et donc, principalement, comme un outil de recherche documentaire. Certaines bibliothèques préfèrent cependant d'une part répondre aux attentes d'un public qu'elles espèrent voir aussi dépasser la salle multimédia ou, d'autre part, en fonction de leur mission d'éducation permanente, débordent du strict soutien à la recherche documentaire.
Accès libre, sensibilisation, initiation ou formation
[modifier | modifier le wikicode]Ces termes prêtent à débats et à malentendus. L'accès libre dans un EPN est la possibilité pour une personne d'accéder à l'Internet sans soutien si celui-ci n'est pas demandé. Attention cependant : cet accès "libre" peut, en réalité, être conditionné, par exemple par une obligation d'inscription, par le paiement d'une cotisation et/ou en fonction de la consommation, par des contraintes horaires. L'accès libre est également limité par la charte ou le règlement de l'EPN. L'utilisation de l'expression "accès autonome" est sans doute plus judicieuse.
La sensibilisation, c'est l'action de sensibiliser ("rendre capable de ressentir quelque chose, de réagir à quelque chose"), son résultat. La sensibilisation peut se faire à travers des conférences, des opérations (de type Fête de l'Internet), des initiations.
Par initiation, on entend l'"accession à la connaissance des premiers éléments d'une science, d'une technique, d'un art". L'initiation est parfois baptisée "formation de base".
C'est bien l'utilisation du terme "formation" qui soulève des questions puisque certains estiment que la formation ne relève pas des EPN mais d'organismes spécialement développés à cette fin. Encore faut-il savoir ce que l'on entend par formation! Une définition évoque un "ensemble des mesures, procédés, méthodes, activités et actions visant essentiellement à permettre l'acquisition des capacités pratiques, des connaissances et des attitudes exigées pour occuper un emploi relevant d'une profession, d'une fonction ou d'un groupe de professions, dans une branche de l'activité économique". Ainsi donc la formation n'aurait de vocation que professionnelle. C'est sans doute comme cela qu'on l'entend dans d'autres pays (en France notamment) mais, en Belgique, il n'est pas rare de parler de formation pour une transmission de savoir-faire, d'aptitudes.
Les publics
[modifier | modifier le wikicode]Pourquoi des associations mettent-elles en place des espaces publics numériques? S'agit-il d'offrir davantage de services au public qu'elles connaissent déjà, d'élargir l'offre pour séduire un nouveau public? Oui mais comment le gérer?
L'installation d'un cyber-espace au sein d'une association peut, de prime abord, ne s'adresser qu'au public qui est déjà le sien. L'association élargit simplement le spectre de ses activités. Peut-être pour éviter de voir le public s'en aller ailleurs. Peut-être pour répondre à une demande.
Il ne s'agit pas nécessairement d'une nouvelle "mission" du cyber-espace mais simplement d'une activité ajoutée au programme ou une amélioration du service en regard de la mission première du lieu.
Mais quelles que soient les intentions des initiateurs du cyber-espace, l'offre entraîne des réponses des utilisateurs auxquelles les responsables et animateurs d'EPN n'ont pas nécessairement pensé. Avec, par exemple, un intérêt plus marqué pour le chat, le courrier électronique que ne l'avaient prévu les initiateurs du "cyber-espace". Ne risque-t-on pas de s'éloigner de ses missions premières ou de détourner du personnel au bénéfice d'activités "extra-ordinaires"?
À l'inverse ne peut-on considérer l'Internet comme un instrument qui permet d'attirer un nouveau public dans un lieu et de l'habituer à ce lieu et à ses offres? Ou encore comme la possibilité de changer l'image de l'organisme porteur?
Ghettos ou mixité
[modifier | modifier le wikicode]Quoi qu'il en soit, l'arrivée de nouveaux publics en exige la gestion. C'est une question délicate pour les EPN en général (peut-être moins, dans les faits, dans les bibliothèques) qui doivent éviter la ghettoïsation du lieu avec, par exemple, de grands adolescents qui, de fait, excluent d'autres tranches d'âge. Ou encore une exclusion des jeunes filles. Il faut donc gérer ces publics en jouant sur les propositions d'activités (certaines étant davantage susceptibles d'attirer des publics déterminés), voire en réservant des plages déterminées non seulement à des activités particulières (accès libre, initiations, formations) mais aussi à des publics déterminés (enfants, jeunes, jeunes filles, seniors, commerçants, demandeurs d'emploi,…). Ce n'est pas pour autant qu'il faut instaurer une ségrégation entre les différents publics. Des périodes d'accès libre ou des activités intergénérationnelles, par exemple, peuvent entraîner une mixité de publics.
Et il nous faut encore parler des horaires. Ceux-ci ne sont pas "innocents". Parfois ils peuvent être inspirés par les pratiques du personnel et s'alignent sur des horaires de bureau du lundi au vendredi. Dans d'autres cas, ils répondent aux besoins du public déjà présent; dans d'autres encore, l'ouverture semble calculée pour séduire certains publics. Une fois de plus, une question qui peut paraître simple demandera réflexion et sans nul doute imposera des réajustements dans la gestion de l'EPN.
Les approches
[modifier | modifier le wikicode]L'approche technique
[modifier | modifier le wikicode]L'approche technique est la plus classique. On propose aux visiteurs des modules d'initiation (formation) à des outils techniques : le traitement de texte, la navigation sur le web, le courrier électronique,...
Proposer ce type de modules est relativement simple et rassurant. Pour l'animateur comme pour l'apprenant. Mais, dans un deuxième temps, il est souhaitable de pouvoir dépasser le simple transfert de capacités techniques, pour aborder des projets où les instruments de l'Internet et de la bureautique ne sont considérés que comme ce qu'ils sont, c'est-à-dire des outils. Il importe donc de développer le sens critique des usagers même lorsque des apprentissages paraissent simplement techniques.
L'approche thématique =
[modifier | modifier le wikicode]Une autre approche consiste à travailler par thématique (par exemple la recherche documentaire, particulièrement en bibliothèque), éventuellement sous forme d'exposé afin de familiariser le public avant de l'installer devant un ordinateur. Il peut alors apprendre les différentes fonctions de l'ordinateur et les usages de l'Internet non pour eux-mêmes mais à travers un vrai projet.
L'accès libre ou autonome à l'Internet
[modifier | modifier le wikicode]Il s'agit donc de permettre au public d'utiliser lui-même l'outil Internet dans les limites d'un règlement ou d'une charte d'utilisation qui évoque tant les sites visités que la bonne conduite au sein de l'EPN. Cet accès libre est important dans des communes où le public ne dispose pas de tels lieux. Il s'agit là d'une véritable mission de service public. Le contrôle de l'accès à l'Internet
Comme nous le verrons dans la partie consacrée à la réglementation Internet, les espaces publics numériques doivent être attentifs à contrôler l'accès à l'Internet. La consultation de sites (pédo-)pornographiques, racistes ou xénophobes y est clairement proscrite.
L'engagement des utilisateurs peut se doubler de l'installation de logiciels de contrôle. Au nom du respect de la vie privée, les responsables d'EPN (ou leurs pouvoirs organisateurs) restent parfois cependant dubitatifs face à l'utilisation de systèmes permettant de visualiser les écrans des utilisateurs.
La disposition des postes peut permettre également un contrôle par les animateurs de l'utilisation des postes. Avec l'expérience, les animateurs peuvent aussi, en fonction de l'attitude des utilisateurs, se rendre compte qu'ils sont occupés à visiter des sites proscrits.
L'éducation aux risques liés à l'usage de l'Internet
[modifier | modifier le wikicode]Par rapport aux problèmes liés à la navigation sur le web et, plus généralement, à l'utilisation d'Internet, il existe une approche plus éducative, sans doute plus en phase avec les approches des associations de jeunesse. Il s'agit de l'éducation critique aux risques liés à l'usage de l'Internet, telle que développée à travers le programme Éducaunet. Son objectif est d'apprendre aux enfants et aux adolescents à naviguer en toute responsabilité sur Internet. Il fait le pari de former des jeunes autonomes, critiques et responsables, capables d'apprécier les richesses de ce média, tout en percevant avec justesse ses dangers - réels et supposés. Cette éducation a l'avantage de contrer "l'effet air-bag" des dispositifs de protection avec des jeunes qui se croient en sécurité et une vigilance qui se met en sommeil. Il est intéressant de constater que ce projet ne s'intéresse pas seulement à des contenus à caractère sexuel mais traite plus largement des dangers de l'Internet : contenus préjudiciables, inconvenants ou illicites, pratiques frauduleuses, dissimulation ou falsification d'identité, comportements manipulatoires.
Éducaunet a créé un ensemble d'outils éducatifs qui ont été testés avec des jeunes de 8 à 18 ans en Belgique et en France. Une vingtaine d'activités mettent en scène des situations rencontrées dans l'univers d'Internet : jeux de cartes, de plateau, de rôles ou en réseau, activités d'analyse en ligne ou hors ligne. Les outils d'Éducaunet sont diffusés sous la forme d'un coffret multimédias comprenant un "Guide du formateur", un cédérom et un "Cyber Carnet" pour les jeunes.
La réglementation interne
[modifier | modifier le wikicode]Les espaces publics numériques se dotent de règlements ou, selon la terminologie en usage en France, de chartes. Ces documents peuvent parfois être perçus comme des sommes d'interdictions ou, dans d'autres cas, comme des outils qui régissent contractuellement la relation entre l'EPN et l'utilisateur.
Ce règlement est généralement communiqué à l'inscription. Le futur usager du centre est invité à en prendre connaissance puis à le signer. Éventuellement, s'il s'agit d'un (jeune) mineur, un parent devra le contresigner. Ce règlement peut également être affiché dans l'EPN et figurer sur son site web.
Il est souhaitable que ce règlement n'intègre pas seulement des interdictions mais évoque les objectifs de l'espace, les services offerts, les modalités d'accès, la tarification,… Chaque point du règlement doit être pesé : quelles sont les intentions de l'EPN en mettant telle disposition en place ? Quel impact peuvent-elles avoir auprès du public ? L'application de la disposition n'est-elle pas source de lourdeur (ou de lenteur) pour les animateurs de l'EPN ou les usagers ?
Parmi les interdictions relevées lors de l'examen de différents règlements belges et français, celles mises en avant concernent certaines manœuvres :
- modifier des paramètres de configuration et d'affichage des ordinateurs;
- effectuer soi-même une réparation;
- télécharger, installer et/ou utiliser d'autres programmes informatiques (notamment de logiciel de messagerie électronique);
- télécharger des fichiers sur le disque dur;
- télécharger des fichiers musicaux;
- pirater (violation du système de protection de l'installation et du réseau);
- modifier ou supprimer des données installées dans l'ordinateur;
- introduire des disquettes (personnelles) et cédéroms;
- détruire, adapter ou endommager des machines;
- connecter d'autres machines;
- éteindre les ordinateurs;
- jouer sur cédéroms ou en ligne (sauf autorisation);
- acheter en ligne ou consulter (ou gérer) un site payant;
- chatter.
Certaines de ces interdictions posent bien des questions. Quid du chat ? Une des pratiques les plus usitées par les adolescents ! N'est-ce pas un jugement d'adulte que de le proscrire dans un espace public… alors que le chat existe et qu'il vaudrait peut-être mieux "éduquer au chat" ?
Parmi les interdictions, figure la consultation de sites contraires aux bonnes mœurs, à la morale ou portant atteinte à la dignité humaine. Des sites qualifiés de pornographiques, obscènes, pédophiles, racistes, xénophobes, de nature violente, menaçants, diffamants, harcelants… La liste n'est sans doute pas exhaustive.
En France, apparaissent des interdictions qui, à notre connaissance, n'existent pas telles que l'interdiction de la propagande. Quid alors des usagers qui voudraient créer un site de jeunesse politique par exemple ? Quid de la liberté d'expression ? Ne faut-il pas distinguer cette liberté d'expression – un droit fondamental – des véritables délits comme, par exemple l'incitation à l'émeute ou à la haine raciale? Dans l'Hexagone, on rappelle également la législation sur le droit d'auteur et l'usurpation d'identité (note : à ne pas confondre avec l'utilisation de pseudonymes) est proscrite.
Dans ce lieu public qu'est l'EPN, il est fait appel au savoir-vivre des usagers à qui il est demandé de ne pas crier, ne pas fumer, ne pas manger, ne pas boire, ne pas amener d'animal, de couper la sonnerie du GSM, d'apporter ses écouteurs… et de faire preuve de courtoisie et de politesse.
L'usager est aussi tenu de respecter le matériel mis à disposition, de signaler la panne ou la détérioration du matériel.
Certains EPN déclinent toute responsabilité en cas :
- d'utilisation illégale ou commerciale de leur matériel ;
- d'utilisation abusive de cartes de crédit et/ou en cas d'achats inconsidérés par des mineurs d'âge ;
- d'utilisation non respectueuse du courrier électronique (y compris spamming) et du chat ou pour les propos tenus sur l'Internet
ou
- pour la qualité de l'information trouvée sur l'Internet.
mais, également, en cas :
- de non fonctionnement ;
- de vol ou de perte d'objet.
Il n'existe pas, à notre connaissance, de jurisprudence en la matière mais l'on peut se demander si se dégager ainsi de toutes ces responsabilités a une valeur légale.
Les sanctions sont l'interdiction (temporaire ou définitive) d'accès à l'EPN, la réparation et le remplacement du matériel endommagé, sans préjudice de poursuites judiciaires.
Le règlement ou la charte pourrait être élaboré par le pouvoir organisateur (voire être adopté par le conseil communal s'il s'agit d'un EPN communal) et/ou par ses animateurs. Il peut s'agir de l'extension d'un règlement existant ou d'un nouveau règlement… qui s'inspirera de règlements d'autres centres
On pourrait également envisager d'associer les usagers à l'élaboration du règlement. Ou, encore, établir une charte-type comme il existe des statuts-types pour les associations sans but lucratif.
Des règlements de cyberespaces sont disponibles sur http://fr.groups.yahoo.com/group/espaces-publiques-multimedia/ (il faut s'inscrire pour avoir accès à ces fichiers).
Les accompagnants
[modifier | modifier le wikicode]Un animateur-chef de projet d'EPN exerce la responsabilité de l'EPN et assure l’interface avec les partenaires locaux. Il s'assure de l'animation de l'espace multimédia, organise le travail au sein de cet espace, établit des partenariats d'animation, conduit une veille technique. Dans une bibliothèque, ce chef de projet peut être distinct du responsable de la bibliothèque.
L'animateur de base assure la simple responsabilité du programme d'activité de l'EPN. Il doit pouvoir faire preuve de compétences telles que concevoir des actions et des projets, pratiquer et maîtriser l'outil technique, animer un groupe, transmettre des savoir-faire et des contenus, s'informer et se former. On peut également lui demander de maintenir l'outil en bon état de fonctionnement et de faire connaître le projet.
En Belgique, il n'existe pas actuellement d'étude sur les formations initiales ou continuées des accompagnants dans les EPN. Hormis les ateliers consacrés aux EPN organisés par le centre de compétence wallon Technofutur 3, il n'existe pas aujourd'hui de formation spécifique dédiée à ces accompagnants. Les formations souvent proposées sont plutôt de l'ordre des formations techniques. Or les accompagnants doivent disposer de compétences techniques mais aussi pédagogiques et être capables de gérer un groupe. Il n'existe pas non plus aujourd'hui de reconnaissance particulière des "cyber-animateurs". Il peut s'agir de bénévoles ou de professionnels (bibliothécaires par exemple).
Le travail en cyberespace nécessite une supervision régulière de manière à entendre les accompagnants sur les problèmes qu'ils ont pu rencontrer, sur les attentes du public, sur les besoins (en matériel comme en formation), sur les aspects de gestion du lieu, sur les programmes à mettre en place, la participation à des opérations de sensibilisation,...