Finitions et aménagements extérieurs/Le cas des Clôtures ; Des clôtures plus perméables à la biodiversité

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Un des objectifs de l'approche HQE est d'utiliser des matériaux locaux, non toxiques et biodégradables. Le « plessage » des saules permet même à ces derniers de reprendre racine et de former une clôture vivante. Ce plessage est ici colonisé par du houblon
Le muret de pierre sèche est un mode très ancien de délimitation des parcelles, tout en permettant de stocker les pierres gênantes pour la culture. Il n'a que peu d'effet fragmentant
Clôture entièrement biogégradable faite de troncs de jeunes arbres, empilés entre des poteaux ligaturés par des lanières de bois (Saint Oswald, communauté de Bad Kleinkirchheim, Carintie, Autriche (mai 2004). Ni clous, ni fil de fer, ni ciment ne sont ici nécessaires.
On parlera ici de mur plus que de clôture. Comme le mur de Berlin séparait les deux Allemagnes, celui-c_ sépare Israël et Palestine. Sa fonction est exclusivement sécuritaire. Il isole des populations humaines, mais est aussi un facteur supplémentaire de fragmentation écologique.

Dans les zone urbaines, commerciales ou industrielles, autour de jardins publics ou privés, les clôtures artificielles (parfois électrifiées) se sont fortement multipliées depuis quelques décennies. Dans le paysage agricoles, les haies ont fortement régressé, au profit de clôtures parfois électrifiées. Et les épandages de pesticides constituent l'équivalent d'immenses « clôtures invisibles » qui tuent efficacement les espèces ciblées par ces pesticides (Quelques adaptations évolutives sont constatées chez certains insectes, champignons parasites ou adventices des cultures, mais hélas souvent chez des espèces les plus aptes à pulluler et qui comptent parmi les plus gênantes).
Comme les bâtiments, cours et infrastructures de transport - qu'elles enclosent parfois totalement (Cf. Autoroutes, TGV, voies privées..) - toute clôture haute et fermée contribue à la fragmentation écopaysagère (l'une des premières causes de régression de la biodiversité selon l'ONU et l'UICN).
Pour certaines espèces (et selon le type de clôture), l'Europe est ainsi fragmentée en dizaines à centaines de millions de morceaux, et les impacts de cette fragmentation diffuse commencent à peine à être étudiés.

Une approche de type « Haute Qualité Environnementale » (HQE) peut contribuer à fortement diminuer l'impact des clôtures pour leur empreinte écologique (matériaux, transport, mise en œuvre et entretien de la clôture sur le climat, l'énergie),mais aussi en leur donnant des fonctions nouvelles et compensatrices pour la biodiversité.

Objectifs[modifier | modifier le wikicode]

Une clôture conçue dans un esprit de HQE a un objectif apparemment contradictoire, qui serait de limiter un terrain ou d'en interdire l'entrée, tout en permettant à de nombreux animaux sauvages d'y entrer et sortir, voire d'offrir un nouvel habitat de substitution à certaines espèces. Une clôture végétale ou végétalisée devient sources de nourriture, d'abri, perchoir, lieux de repos, et de micro-habitats indispensables à la survie de nombreuses espèces.

Le projet de quinzième cible HQE s'inspire ici de la théorie de la percolation appliquée à l'écologie du paysage. Il vise des clôtures efficaces mais « écologiquement beaucoup plus transparentes » ; elles doivent devenir un filtre poreux, laissant sélectivement passer certaines espèces jugées indésirables, pour tenter de contribuer au remaillage des paysages par des corridors biologiques. Concepteurs et propriétaires peuvent végétaliser et à les concevoir et gérer de manière à ce que ces clôtures elles-mêmes offrent des niches écologiques « de substitution » aux espèces qui les perdent les leurs ailleurs.

Cas des clôtures naturelles[modifier | modifier le wikicode]

Les clôtures naturelles sont de manière générale, plus adaptées au passage de la faune sauvage.

On peut envisager et combiner différents types de clôtures peu artificialisantes, dont par exemple :

  • La haie champêtre utilisée depuis des siècles comme clôture, éventuellement associée à un talus ou fossé, permettant de se protéger du regard d'autrui, des excès du climat, de l'érosion des sols, tout en offrant du bois d’œuvre ou de chauffage et en servant de corridor biologique.

Le choix d'essences locales, naturelles et adaptées renforce son intérêt pour la biodiversité et sa résilience. Pour respecter l'environnement, il est conseillé d'éviter les haies monospécifiques et uniformes, plus sensibles aux aléas climatiques et aux maladies et moins appréciées de la faune. On peut privilégier les espèces qui produiront des baies et fruits comestibles pour la faune et l'avifaune, avec par exemple, pour une région du centre de l'Europe de l'Ouest ; la viorne obier, le sureau noir, le cornouiller sanguin, le cornouiller mâle, le sorbier des oiseleurs, l'alisier, le noisetier, le charme, le houx ou encore l'aubépine, l'églantier et le prunellier. Le chèvrefeuille embaumera les soirées d'été. Le troène ou le [Buis|[buis]] isoleront visuellement. Le pieds de la haie ne doit pas être désherbé ni enrichi d'engrais chimiques, il peut accueillir une flore riche, dont la fraise des bois.

Une haie champêtre est très favorable au maintien de la biodiversité dans le jardin, le champ ou la zone d'activité. C'est le dernier refuge des coccinelles et des certains carabes respectivement grands prédateurs des pucerons et limaces. Le haies anciennes abritent et attirent les rapaces nocturnes et chauve souris qui contrôlent les populations d'insectes et de rongeurs indésirables. Si l'environnement nocturne est préservé, les vers-luisants contribueront aussi à limiter les populations d'escargots et limaces. Des espèces comme le houx (mâle), l'aubépine ou l'églantier attirent précocement au printemps une multitude d'insectes pollinisateurs (syrphes, abeille). En automne, les fruits de l'aubépine (cenelle) et de l'églantier (cynorrhodon) très riches en vitamines sont très appréciés des oiseaux sédentaires ou de passage. En hiver, le lierre, le houx offrent un bon refuge contre le froid et des intempéries pour de nombreuses espèces (oiseau, mais aussi musaraigne, hérisson, autres amis insectivores du jardin). Le lierre offre aux abeilles le dernier pollen de l'automne et les premiers fruits aux oiseaux de retour de migration en fin d'hiver.

  • Un simple fossé assez large, profond et vaseux est généralement aussi dissuasif et difficile à franchir qu'une clôture. Certains petits animaux pourront néanmoins le traverser. Comme ses berges, il peut aussi avoir une fonction de petit corridor biologique et/ou d'épuration et stockage d'eau.
  • Les ronciers et haies d'épineux (aubépine, prunellier en Europe) constituent des clôtures aussi efficaces que le barbelé et un habitat important pour la faune, mais nécessitent un entretien permettant une éventuelle valorisation locale du bois ou du bois raméal fragmenté.

Cas des clôtures artificielles[modifier | modifier le wikicode]

Une clôture grillagée (ici couverte de givre) demande peu d'entretien, mais ne peut remplir les mêmes fonctions microclimatiques ou écologiques qu'une haie ou que la même clôture si elle était végétalisée
Ce lierre transforme une clôture-obstacle en un en élément vivant et fonctionnel du réseau écologique local ; mini-corridor biologique, puits de carbone, source d'oxygène, de pollen, de fruits, d'épuration de l'air. Ce lierre va peu à peu englober le grillage, mais on aurait aussi pu prévoir une structure biodégradable (bois non traité par exemple). Un tel lierre peut ensuite être taillé et a priori survivre des décennies, voire plusieurs siècles.

Une grande variété de matériaux est utilisée pour construire une clôture : bois, pierre, brique, parpaings, grillage, fils barbelés ou électrifiés, etc. Il ne suffit pas que ce soient des écomartériaux écosociocertifiés pour que la clôture soit de haute qualité écologique.
Plus une clôture est "ouverte", plus elle favorise le passage des animaux ; une clôture en fils barbelés sera écologiquement plus « perméable » qu'un grillage, lui-même plus perméable qu'un mur en brique ou en béton.

Sur une clôture existante, quelques aménagements simples peuvent augmenter son potentiel écologique ;

  • Des ouvertures de diamètres variables au pied de la clôture peuvent permettre à des petits mammifères (hérisson, renard éventuellement) de circuler. Cependant, ce type d'aménagement offre, en fonction du diamètre des ouvertures, une entrée potentielle aux chiens errants ou à quelques espèces indésirables.
  • Une autre solution expérimentée[1] en Grande-Bretagne et jusque dans Londres dans le cadre de la restauration des corridors biologiques pour les renards, est de placer de chaque côté du mur ou du grillage une échelle en pente douce. Les barreaux de cette échelle sont conçus judicieusement : ils résistent au passage d'un renard mais cèdent sous le poids d'un homme. Le rôle de la clôture n'est pas altéré. L'échelle peut éventuellement être recouverte de lierre ou de tout autre épiphyte.
  • Si les deux solutions précédentes ne sont pas applicables, on peut au moins végétaliser les murs avec des espèces grimpantes locales (dont le lierre en Eurasie). (Voir l'article Mur végétalisé).

Précautions[modifier | modifier le wikicode]

Certaines clôtures sont utiles pour protéger certains lieux de certains animaux (un poulailler par exemple ou encore une route pour que des amphibiens ne s'y fassent pas écraser (roadkill). Autour d'une réserve, une clôture peut être un dernier recours pour tenter de se prémunir d'une espèces invasives ou envahissantes).

On peut ainsi protéger les reptiles ou batraciens en migration (y compris tritons et salamandres) des dangers d'une route par une petite clôture à maille fine ou en matériaux lisse, munie d'un revers afin que les animaux capables de grimper sur des parois perpendiculaires ne puissent pas la franchir (les tritons par exemple, sont capable de monter sur une paroi en verre d'un mètre de haut). Cette paroi doit alors les guider vers un petit écoduc de type crapauduc ou batrachoduc. Ce type d'aménagement peut être utile à d'autres espèces. Aux USA, dans certains parcs naturels, les clôture des autoroutes sont conçues pour faciliter la sortie d'un animal qui aurait accidentellement pénétré sur l'emprise autoroutière, tout en interdisant son retour. Ces clôtures devraient toujours conduire les animaux vers des écoducs (en nombre important et suffisant) permettant un franchissement de l'infrastructure.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Source : Publications du London Ecology Unit, sur la protection du Renard