La documentation/Chaîne documentaire et fonctions des documentalistes
Généralités
[modifier | modifier le wikicode]Les systèmes d'information vont du simple stockage des documents, sans service associé, à une exploitation systématique et optimisée du contenu informatif. Un service de documentation a généralement deux missions fondamentales :
- répondre aux requêtes, c'est-à-dire aux questions concrètes posées par les utilisateurs en fournissant autant que possible à ces derniers TOUS les documents pertinents (pas de silence) et SEULEMENT les documents pertinents (pas de bruit).
- précéder la demande en informant directement les usagers potentiels de toutes les données nouvelles susceptibles de les intéresser.
Dans les deux cas, il est clair que le service de documentation doit être lui- même parfaitement informé des activités et des besoins de ses utilisateurs. À ce niveau se situent les premières sources de conflits. D'abord, le documentaliste doit choisir les documents dignes d'intérêt et se débarrasser des autres. Hélas, il y aura toujours quelqu'un pour ressentir l'impérieux besoin de cette notice qui a été mise au panier avant-hier après une longue hésitation. Bien des utilisateurs vous diront que ces incapables de documentalistes n'ont jamais le document voulu. De leur côté, les documentalistes vous parlerons de ces c... d'utilisateurs qui ne savent même pas ce qu'ils cherchent. Il est heureusement possible de trouver quelques contre-exemples !
On compare parfois le travail du documentaliste à un iceberg : neuf dixièmes faits d'opérations aussi invisibles que fastidieuses et un dixième d'opérations apparentes de réponse et de diffusion. Il faut ajouter que lorsque le traitement de l'information a été bien fait, les recherches deviennent complètes et rapides et cela contribue à accréditer l'idée que le travail des documentalistes est facile et pourrait être fait par n'importe qui.
Le travail des documentalistes comporte plusieurs phases, ou tâches fondamentales :
- analyse des besoins : on ne se documente pas pour faire joli mais par besoin, un bon documentaliste doit non seulement satisfaire les demandes, mais aussi les prévoir.
- recherche des sources : elle n'est pas toujours simple, surtout si le demandeur n'a pas une idée claire de ce qu'il cherche ! Par exemple : où faut-il s'adresser si l'on recherche « un truc pour entraîner simultanément 50 paires de rouleaux de petit diamètre formant une chaîne à géométrie variable qui transporte des feuilles molles de différents formats pour en assurer le traitement dans divers bains chimiques plus ou moins agressifs » ? On vous souhaite ... bon courage !
- acquisition des documents : par achat, prêt, échange, don ... ne riez pas, cela existe, c'est même assez fréquent et parfois à la fois embarrassant et encombrant.
- sélection des documents à conserver dans les collections et choix des documents à supprimer : pas de droit à l'erreur !
- enregistrement des documents : opération administrative de type « inventaire ».
- catalogage : opération qui consiste à définir les références d'un document afin de pouvoir l'identifier et le retrouver.
- analyse : c'est une opération purement intellectuelle, très coûteuse. mais fondamentale car elle conditionne la qualité du service documentaire. Nous en reparlerons !
- stockage physique du document (classement) et stockage des données issues du catalogage (description du contenu) ; le stockage sous forme de dossiers documentaires réalise d'un seul coup l'ensemble de ces opérations mais il n'est pas toujours possible ni souhaitable.
- diffusion des informations sous forme de services (prêts, recherches rétrospectives, consultation) et de produits (bulletins signalétiques, diffusion sélective de l'information).
- contrôle.
Tout cela n'inclut pas le temps passer à prêcher dans le désert, à s'auto-persuader que l'on n'est pas encore gâteux et à pousser un bon coup de gueule de temps a autres, histoire de faire savoir que décidément, trop c'est trop. On ne peut être documentaliste sans posséder ce que les autres appellent un mauvais caractère, mais dont on peut avoir la faiblesse de penser qu'il s'agit de caractère tout court. Que les plaignants se fassent une raison, on n'a pas encore trouvé le moyen de robotiser intégralement les chaînes documentaires. Malgré l'informatisation et l'interrogation en ligne, qui du reste ne favorisent guère les contacts humains, on ne peut pas encore se passer totalement des documentalistes !
Ces différents travaux peuvent être rattachés à l'une ou l'autre des trois étapes fondamentales des processus documentaires, qui correspondent à :
- une fonction entrée (collecte des documents)
- une fonction traitement (indexation et catalogage)
- une fonction sortie (produits documentaires et diffusion)
Il s'agit là des trois maillons de ce qu'il est convenu d'appeler la « chaîne documentaire ».
La fonction entrée
[modifier | modifier le wikicode]Il n'y a pas grand chose à en dire si l'on reste comme ici au niveau des généralités, si ce n'est que les acquisitions dépendent étroitement, en quantité comme en qualité, des besoins spécifiques au système documentaire considéré. Elles sont donc d'une nature et d'un niveau extrêmement variables.
La fonction traitement
[modifier | modifier le wikicode]On désigne par « fonction traitement » l'ensemble des opérations de mise en forme, de mise en mémoire et de restitution des informations contenues dans les collections disponibles.
Le détail de ces opérations dépend bien sûr de la nature des entrées, mais encore plus de la phase suivante, c'est-à-dire des modalités de la recherche documentaire.
Le traitement documentaire comporte essentiellement deux aspects :
- la condensation,
- l'indexation.
Condensation
[modifier | modifier le wikicode]Le travail de condensation a pour but de résumer le document d'origine, ce qui exige préalablement une analyse approfondie aboutissant à la compréhension de la pensée de l'auteur, puis la rédaction d'un texte adapté aux besoins. Il existe différents types de résumés, classés ici dans l'ordre des longueurs croissantes.
- Le titre peut parfois suffire, s'il reflète vraiment l'essentiel du contenu,
- Le résumé signalétique, qui comporte de 10 à 30 mots, est un travail hautement élaboré,
- Le résumé indicatif, plus large, peut contenir de 50 à 200 mots,
- Le résumé informatif, qui va de 100 à 300 mots, développe les thèmes, met en valeur les idées, l'argumentation et les conclusions de l'auteur,
- L'extrait (en anglais, abstract) comporte des éléments d'origine du texte de l'auteur et des raccords pour le bon enchaînement des idées,
- Le condensé ou abrégé (en anglais, digest), agencé par l'analyste à partir de l'original, représente de 10 à 50 % de ce dernier.
L'auteur est apparemment mieux placé qu'un analyste extérieur pour condenser son propre travail, surtout en raison de sa connaissance (en principe) du sujet traité. Pourtant, le résumé d'un analyste compétent se révèle très souvent meilleur que le résumé d'auteur par la méthode, l'exhaustivité, l'objectivité, la cohérence. Un résumé d'analyste, faut-il le préciser, est aussi bien plus coûteux qu'un résumé d'auteur.
On ne fait pas le même genre de résumé pour tous les documents, ni pour tous les types de « clientèle » ; par ailleurs, le but du résumé peut être la diffusion immédiate d'une information condensée ou la préparation du travail d'indexation qui permettra de mémoriser l'information à exploiter ultérieurement.
Indexation
[modifier | modifier le wikicode]Il est généralement impossible de faire coïncider l'analyse documentaire et la recherche documentaire sans avoir recours à un outil de travail fondamental que l'on appelle un langage documentaire.
Selon l'Association Française de Normalisation (AFNOR), l'indexation est « un procédé destiné à représenter par les éléments d'un langage documentaire ou naturel des données résultant de l'analyse du contenu d'un document ou d'une question ». Un langage documentaire est « un langage artificiel constitué de représentations de notions et de relations entre ces notions, et destiné, dans un système documentaire, à formaliser les données contenues dans les documents et dans les demandes des utilisateurs ».
L'United Nations International Scientific Information System (UNISIST), programme des Nations Unies destiné à faciliter la publication des données scientifiques au niveau mondial, donne une définition voisine : l'indexation est « l'opération qui consiste à décrire et à caractériser un document à l'aide de représentations des concepts contenus dans ce document, c'est-à-dire à transcrire ces concepts en langage documentaire, après les avoir extraits du document par une analyse. La transcription en langage documentaire se fait grâce à des outils d'indexation tels que thésaurus, classifications, etc. »
L'indexation se déroule normalement en trois étapes : prise de connaissance du contenu, choix des concepts à représenter, traduction de ces concepts en langage documentaire.
Les langages documentaires se répartissent en deux grandes catégories :
- Les classifications sont des langages à structure hiérarchique, elles constituent historiquement les premiers langages documentaires ayant été largement utilisés. Une classification, ou « plan de classement » établit a priori des subdivisions dans un ensemble de concepts traités de manière hiérarchique. La Classification de Dewey et la Classification Décimale Universelle (CDU), sont les plus connues, mais on peut aussi trouver des classifications spécialisées dans un domaine très restreint.
- Les thésaurus (on dit parfois thesauri) sont des langages analytiques ou langages à structure combinatoire. En pratique, un thésaurus est un dictionnaire de termes normalisés ou descripteurs, organisés en fonction des concepts qu'ils représentent et reliés entre eux par des relations sémantiques.
Quel que soit le langage documentaire utilisé, c'est de la qualité de l'indexation que dépend le bon fonctionnement du système documentaire. Une mauvaise indexation engendre des quantités de bruit et de silence qui diminuent le confort et le rendement d'une recherche rétrospective.
Selon l'AFNOR déjà citée, un langage documentaire est « un langage artificiel constitué de représentations de notions et de relations entre ces notions, et destiné, dans un système documentaire, à formaliser les données contenues dans les documents et dans les demandes des utilisateurs ».
Les concepts retenus pour l'indexation dépendent de multiples facteurs : objectifs du centre de documentation, besoins des utilisateurs, indexations précédentes, système documentaire, qualification du personnel... Une opération d'indexation constitue toujours un compromis entre les tâches qui incombent aux documentalistes et celles qui incombent aux utilisateurs.
L'exhaustivité ou profondeur d'indexation dépend du nombre moyen de descripteurs utilisés pour les documents.
Elle augmente avec la richesse du langage documentaire et la connaissance de ce dernier par les analystes.
La spécificité de l'analyse est relative à la nécessité du choix entre des concepts généraux (traitements thermiques, produits chimiques, usinage, animaux, physique fondamentale...) ou plus spécialisés (durcissement superficiel par laser, pyralène, taillage des engrenages coniques, Pyronia tithonus, neutrino solaire...).
Les mêmes concepts ne sont pas forcément adéquats pour une diffusion a priori de l'information et pour une recherche rétrospective.
La fonction sortie
[modifier | modifier le wikicode]Il s'agit dans l'immense majorité des cas de répondre aux demandes des utilisateurs qui font des recherches rétrospectives dans les collections présentes sur place et/ou dans d'autres systèmes documentaires extérieurs.
Cette possibilité est souvent complétée par l'édition de bulletins signalétiques généraux signalant, par exemple, les nouvelles acquisitions, et par des signalements individuels adressés à des personnes précises.