Photographie/Histoire/Photographie en couleurs

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Les procédés trichromes[modifier | modifier le wikicode]

La synthèse trichrome est à la base de la plupart des procédés modernes de photographie. Par une extraordinaire coïncidence, deux Français qui ne se connaissaient pas, Louis Ducos du Hauron et Charles Cros, ont décrit le même procédé, le même jour (c'était le 7 mai 1869) dans deux communications semblables présentées à l'assemblée générale de la Société Française de Photographie.

Le procès-verbal de cette séance mentionne en effet deux mémoires, l'un de Louis Ducos du Hauron (de Lectoure) sur l'obtention et la fixation des couleurs en photographie, publié dans le journal Le Gers et l'autre de Charles Cros sur le même sujet, ayant fait l'objet d'une publication dans le journal Les Mondes. Le Président Alphonse-Louis Davanne indique, dans ce même procès-verbal : « Je ne crois pas avoir à rechercher la question de priorité, sans doute chaque inventeur à l'insu de l'autre faisait un travail qui a abouti à la production des deux mémoires... »


Lors de la séance suivante, le 2 juillet 1869, on donna lecture d'une lettre adressée à Davanne par Charles Cros :

Vous avez rendu compte à la Société de Photographie des travaux de M. Ducos du Hauron et vous avez remarqué qu'un débat de priorité s'élèverait sans doute entre lui et moi à ce sujet.
Permettez-moi donc, Monsieur, de vous exposer où en est le débat, très honorable et très pacifique du reste, et auquel je dois d'être entré en bons et sympathiques rapports avec mon concurrent.
J'ai écrit à M. Ducos du Hauron et je lui ai envoyé avec l'édition réimprimée de mon mémoire extrait « Des Mondes », la date du pli cacheté contenant les théories qui font l'objet de ce mémoire. Ce pli a été reçu par l'Académie des Sciences le 2 décembre 1867.
Comme le brevet de M. Ducos du Hauron ne date que du 23 novembre 1868, j'ai voulu m'assurer s'il n'avait pas d'autres titres que ce brevet. La lettre que vous allez lire répond à cette question. J'ai presque un an de priorité constatée, sans compter la priorité de publication.


Voici la lettre en question :

Vous avez raison de le dire, c'est une curieuse rencontre que la nôtre. Sans nous connaître et à deux cents lieues de distance l'un de l'autre, une même inspiration nous est venue à peu près à la même heure... Loin de me plaindre de la confraternité qu'elle nous crée, j'en suis hautement flatté et je m'applaudis de voir un homme de votre mérite et de votre science revendiquer la part d'honneur qui lui revient de notre commune découverte. Mon brevet dont les effets remontent au 23 novembre 1868, date du dépôt de ma demande, m'a été délivré le 23 février 1869. Or, dès le 25 de ce même mois de février, le journal « Les Mondes » publiait votre beau travail théorique sur la photographie des couleurs. Ce simple rapprochement de dates prouve bien, sans qu'il soit nécessaire d'ouvrir votre pli cacheté, que la théorie émise dans votre mémoire vous appartient, en ce sens tout au moins que ce mémoire, fruit évident de vos méditations personnelles nombreuses et prolongées, n'a rien pu emprunter à mes travaux non divulgués jusqu'alors. Je suis donc le premier à proclamer vos titres de propriété scientifique sur les théories par vous publiées ; mais je crois avoir sur les théories à peu près semblables que j'ai publiées de mon côté, des titres de propriété scientifique non moins respectables, sans compter la propriété industrielle qui résulte de mon brevet.
Ce brevet m'assure en outre la propriété des moyens pratiques et des procédés matériels qui réalisent les théories dont il s'agit ; ils m'ont coûté, je vous l'avoue, les travaux les plus ardus, les expériences les plus multipliées, et il m'a fallu de grands efforts de patience et d'imagination pour triompher des obstacles que la pratique a révélés. Quelque importante que fût la conception théorique sur l'obtention et la fixation des couleurs, vous vous êtes borné à la consigner dans un pli cacheté ; vous avez reculé, de votre propre aveu, devant « la grande dépense de temps et de mouvement » où vous eût entraîné la réalisation de votre idée, vous réservant de voir cette idée « prendre forme et vie » entre les mains des autres sans avoir à accomplir personnellement de travail pénible.
Cette dépense de temps et de mouvement, ce travail pénible, telle est la rude épreuve que j'ai, quant à moi, acceptée. Sans me flatter d'avoir amené par mes seules expériences personnelles, notre commune méthode d'héliochromie à toute la perfection matérielle quelle obtiendra dans des ateliers spéciaux où à l'aide d'un outillage très approprié, il m'a été donné de montrer, dès à présent, des résultats qui confirment pleinement vos prévisions et les miennes. Une théorie à elle seule, à l'état abstrait et sans indication des moyens pratiques de la réaliser, n'eût pas été brevetable.
S'il est vrai que devant la science l'idée première l'emporte de beaucoup en un pareil objet, sur la recherche et la découverte des moyens d'exécution, qu'à cela ne tienne, Monsieur, l'idée première nous appartient à l'un comme à l'autre. Tel est mon sentiment, telle est la formule à l'aide de laquelle nous pouvons clore cet honorable débat que vous avez eu raison de soulever.
Je vous autorise, Monsieur, à use de ma lettre comme vous l'entendrez, je trouve tout naturel que vous la livriez il la pub1icité. Dans ce cas, une insertion intégrale serait nécessaire et je l'attends de votre loyauté.
En même temps que cette lettre, M. Ducos du Hauron m'a envoyé son mémoire où sont exposés ses travaux. Voici ce que j'ai reconnu en comparant cet ouvrage avec le mien : M. Ducos du Hauron ne connaît qu'un seul moyen d'analyse, c'est celui qui consiste à interposer successivement trois verres colorés devant le tableau à reproduire. J'ai décrit ce moyen sous le nom d'analyse par transparence comme cas particulier du procédé général qui comprend aussi l'analyse par réfraction (successive ou simultanée) et l'analyse par éclairage monochrome. Ce dernier procédé me paraît cependant plus facile à expérimenter tout d'abord que les autres. Les procédés de synthèse de M. Ducos du Hauron sont tous décrits dans mon mémoire sous les noms de synthèse par réflexion et synthèse par transparence au moyen de positifs antichromatiques ; mais en outre de ceux-là, je donne un procédé où la solution est indépendante de tous produits artificiellement colorés, c'est celui que j' ai nommé synthèse par réfraction.
Ainsi donc, ce qui appartient à M. Ducos du Hauron, ce sont ses procédés pratiques particuliers et toutes recherches sont permises aux expérimentateurs, non seulement sur les procédés que M. Ducos du Hauron n'a pas décrits, mais encore sur le moyen général qu'il a réalisé pourvu que les procédés pratiques soient différents.
Il y a là une voie ouverte où chacun peut entrer avec tout avantage. Le problème exige des conditions particulières qui appartiendront à ceux qui les fixeront les premiers.
L'une des premières photos de Louis Ducos du Hauron, en 1877 (Saint-Caprais d'Agen)

Les questions de priorité ont ainsi été définitivement tranchées, avec une loyauté et une courtoisie qui les honorent, par les deux inventeurs. Toutefois, Louis Ducos du Hauron a l'incontestable avantage d'avoir le premier obtenu des résultats pratiques qu'il présenta aux membres de la Société Française de Photographie le 7 mai 1869, alors que Charles Cros écrivait à la fin de son mémoire intitulé « Solution générale du problème de la photographie des couleurs » :

Maintenant que ceux qui s'en sentent le désir et en ont les moyens, se lancent dans les essais de réalisation pratique. Il y aura place pour leurs individualités et leurs talents dans cette œuvre dont je ne me dissimule pas les très grandes difficultés.


C'est ainsi que Charles Cros et Louis Ducos du Hauron ont apporté simultanément une solution pratique au problème de la photographie en couleurs. Ce problème s'était en fait posé dès l'apparition de la photographie, trente années auparavant : on raconte que Daguerre éprouva une grande déception en constatant qu'il n'obtenait que des images monochromes, alors que celles qu'il voyait sur le verre dépoli apparaissaient avec leurs vraies couleurs.

Le 7 mai 1969, la Société Française de Photographie a organisé une séance solennelle pour commémorer cet événement et rappeler les circonstances exceptionnelles dans lesquelles les résultats des recherches de Louis Ducos du Hauron et Charles Cros ont été communiqués aux participants à l'une de ses assemblées générales.

Plaques Autochrome[modifier | modifier le wikicode]

Elles furent présentées à l'Académie des Sciences par les Frères Lumière le 30 mai 1904.

(à venir)

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • AUVILLAIN, Robert .- Les origines de la photographie en couleur. In : Photo-Ciné-Revue, juin 1968, pp. 290-291.