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Photographie/Traitements argentiques monochromes/Traitement des papiers monochromes

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Traitements argentiques monochromes
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Comme on le sait, la résistance d'une chaîne est égale à celle du maillon le plus faible.

Le développement des papiers argentiques monochromes, prévus pour donner non pas une image en noir et blanc, mais une image formée d'une gamme de gris, nécessite plusieurs opérations successives. La qualité des images obtenues, ainsi que leur bonne conservation, nécessitent que l'on respecte des procédures relativement strictes, souvent ignorées des amateurs. Si l'une de ces opérations a été négligée ou mal conduite, le résultat sera forcément décevant à plus ou moins long terme.

Chacune des phases du traitement pose de multiples problèmes d'ordre scientifique et technique. Ces problèmes ne sont pas détaillés ici mais dans des articles spécialisés dont la lecture est évidemment un peu plus ardue.

Il est simple et peu coûteux : un ou deux récipients gradués, quelques bouteilles pour le stockage des solutions, des cuvettes, des pinces en acier inoxydable et un compte-temps suffisent, en-dehors bien entendu de l'agrandisseur et de l'éclairage de sécurité du laboratoire ou de la pièce qui en fait office, souvent la salle de bain.

On sera bien inspiré de choisir des cuvettes de traitement présentant des couleurs différentes, chacune recevant toujours le même produit, et on les disposera toujours dans le même ordre sur la paillasse de façon à automatiser les gestes. Les droitiers auront intérêt à placer le premier bain à gauche et à déplacer les feuilles de papier vers la droite, d'une cuvette à l'autre.

La préparation des produits

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Bien rares sont aujourd'hui les amateurs qui préparent eux-mêmes leurs produits à partir des composants isolés achetés dans le commerce et d'ailleurs de plus en plus difficiles à trouver, du moins en quantités raisonnables. Lors d'un achat de produits préparés du commerce, il faut éviter ceux qui promettent des traitements très rapides, car ils sont en général destinés au développement et au fixage en machine ; leur action est trop rapide pour que l'on puisse vraiment la contrôler dans un laboratoire amateur.

Les produits préparés d'avance se présentent sous forme liquide ou sous forme de poudres à dissoudre dans l'eau. Les premiers sont bien sûr les plus faciles à préparer puisqu'il suffit de les diluer à la concentration prévue pour l'emploi. Les produits en poudre doivent être préparés d'avance car leur dissolution nécessite généralement de l'eau chaude. On ne peut pas les utiliser avant qu'ils soient revenus à la température ambiante, et il est bon de les laisser se stabiliser pendant quelques heures.

Contrairement à ce qui peut se passer avec les liquides, les doses de produits en poudre ne doivent jamais être fractionnées. En effet, elles sont constituées de mélanges de produits dont les densités sont souvent fort différentes, de sorte que toute fraction prélevée risque fort de présenter des concentrations anormalement faibles ou élevées de certains composants par rapport à la partie non utilisée.

Le développement

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Des conditions constantes

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Pour faciliter le travail et obtenir des résultats contrôlables, il faut respecter certaines règles. Le révélateur, en particulier, doit toujours être en bon état, sa température doit rester stable, et le temps de développement doit être pratiquement identique d'une épreuve à l'autre. Il est bon de le contrôler avec une pendule, surtout pour les débutants.

Il faut donc renouveler souvent le révélateur ou, si l'on peut, le régénérer par des ajouts non pas de révélateur frais, mais d'une solution spéciale dont la composition est toujours très différente de celle du produit de départ. Le révélateur s'épuise non seulement en qualité par la disparition progressive de produits actifs et la formation d'impuretés, mais aussi de façon quantitative puisque le papier introduit à l'état sec en ressort mouillé et donc entraîne avec lui un certain volume de liquide.

Le temps de développement

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Le temps de développement doit être suffisant pour que l'image présente des noirs aussi profonds que le permet le papier utilisé. Pour ce faire, on peut donner des temps de base d'environ 90 s pour les papiers plastifiés et 2 à 3 min. pour las papiers barytés classiques. Au-delà de ce temps, l'image commence à griser et à perdre de sa qualité.

L'obtention d'une riche gamme de gris dépend d'abord de l'adaptation correcte du grade du papier au contraste du négatif, puis du temps de pose. On ne peut jamais compenser un temps de pose mal choisi en allongeant ou en écourtant le développement !

Une sous-exposition laisse toujours de larges zones blanches sans aucun détail, et ces zones virent au gros uniforme si l'on prolonge le temps de développement au-delà du raisonnable, tous les détails des parties claires sont irrémédiablement perdus. Une sur-exposition suivie d'un développement écourté ne fournit que de la grisaille.

Le mouillage du papier et l'agitation

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Lors de l'introduction d'une feuille de papier dans le révélateur, il faut faire attention à une bonne répartition du produit, de façon qu'il ne reste aucune zone à l'état sec, ce qui se traduirait immanquablement par des zones anormalement claires et bien visibles avec des bords nets. De même, il faut faire la chasse aux bulles d'air qui pourraient rester attachées à la surface du papier et provoqueraient des taches blanches de petite taille, par suite d'un manque local de développement.

Un facteur très important du développement est l'agitation, qui engendre un renouvellement plus ou moins rapide des solutions au niveau des zones où elle s'épuise par suite de la formation de l'image argentique. Cette agitation doit rester constante d'une photo à l'autre, sous peine d'obtenir des résultats irréguliers.

Attention aussi aux pinces : elles provoquent des taches claires si on les laisse trop longtemps au même endroit, et il ne faut pas les utiliser pour frotter la surface sensible sous peine de voir se former dans les zones claires des traînées sombres dues à la pression exercée sur la surface sensible en cours de traitement.

Un « détail » aussi, qui n'est que très rarement évoqué dans la littérature : les photographes démunis de matériel de mesure règlent généralement les paramètres de l'exposition en réalisant des « bouts d'essai ». Cela peut être une bonne méthode, mais bien des échecs sont dus au fait que l'agitation de ces petits morceaux de papier dans la cuve est à la fois plus intense et plus efficace que l'agitation provoquée lors du développement de l'agrandissement en plein format. La densité du bout d'essai est alors supérieure à celle qui est produite pendant le même temps sur l'épreuve définitive, et cet effet est renforcé par la petite taille du fragment de papier qui paraît plus sombre qu'il ne l'est en réalité. Le résultat est alors une épreuve dont les noirs manquent de profondeur, juste bonne pour la poubelle.

Le bain d'arrêt

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Il s'agit dune solution peu concentrée d'acide acétique. Certes le passage brutal d'un révélateur basique à un bain acide a pour effet d'arrêter le développement, mais le principal intérêt de ce bain est de rincer sommairement l'épreuve qui vient d'être développée et de préserver partiellement de souillures le bain de fixage qui suit.

Après le développement et le bain d'arrêt, il reste dans le papier photographique des sels d'argent insolubles et qui n'ont pas été exposés à la lumière. Si on les laissait en place, ils continueraient à noircir au fil des jours et des années, rendant finalement l'épreuve complètement noire. On les transforme donc en sels solubles de façon à pouvoir les éliminer par lavage.

Le temps de fixage est important : trop court, il ne permet pas la solubilisation complète des sels résiduels, trop long, il aboutirait à un affaiblissement de l'image argentique elle-même, qui se traduirait par des blancs délavés et sans détails. Avec les papiers à base de fibres, un fixage trop prolongé et/ou réalisé dans de mauvaise conditions a pour résultat de lier une partie des sels d'argent aux fibres de cellulose, ce qui rend par la suite impossible leur élimination totale.

L'agitation est également importante. Si une trop grande stagnation du bain de fixage se produit, le passage des sels d'argent à l'état soluble n'est pas complet, cela n'apparaît pas immédiatement mais à la longue l'épreuve présentera des taches brunâtres ou violacées du plus mauvais effet, et sa conservation deviendra aléatoire.

La pratique du double fixage n'est pas une mauvaise idée si l'on a beaucoup d'épreuves à traiter. On commence dans un bain usagé, éventuellement très chargé en argent, puis on continue dans un bain frais qui deviendra quelque temps après un bain usagé. L'idéal est de contrôler la concentration en argent au fur et à mesure du travail, il existe pour cela des systèmes industriels évolués mais les amateurs peuvent utiliser des bandelettes de papier qui se colorent de façon plus ou moins importante en fonction de la quantité d'argent présente dans le bain.

C'est une opération essentielle à la bonne conservation des épreuves. Le lavage est très rapide avec les papiers RC, 2 minutes suffisent si l'eau est très bien renouvelée, en revanche il faut compter de 20 à 60 minutes pour les papiers barytés classiques, selon l'épaisseur.

Une eau trop froide ne permet pas un lavage complet, il est souhaitable de ne pas descendre en-dessous de 15 °C. Un lavage trop court aboutit à une élimination incomplète des sels d'argent et des restes de fixateur, ce qui ne manque pas de provoquer des taches ou des zones brunes qui laissent mal augurer de l'avenir.

Il ne pose guère de problème avec les papiers RC qui peuvent être simplement suspendus par un coin, ou séchés à chaud après avoir été essorés.

Les papiers barytés classiques étaient autrefois glacés à chaud sur une plaque chromée, cette opération est encore possible actuellement pour ceux qui possèdent encore une glaceuse en bon état ; cependant, elle est le plus souvent remplacée par un simple séchage qui donne une surface bien moins brillante que le glaçage, mais de bonne apparence visuelle avec des noirs suffisamment profonds.

La difficulté consiste à obtenir des photographies parfaitement planes à la fin du séchage. C'est relativement difficile car une feuille de papier abandonnée à elle-même a tendance à sécher davantage sur les bords qu'au centre, ce qui donne une forme de « cuvette » en raison du retrait du papier sous l'effet de la perte d'humidité. Selon la qualité de la couche de gélatine et son traitement, les papiers barytés ont également tendance à s'enrouler sur eux-mêmes, et il devient alors très difficile de les remettre à plat sans les casser, surtout dans le cas des supports épais.

Nous vous recommandons la méthode suivante, qui donne de bons résultats lorsque l'on sait faire preuve de patience.

  • Après avoir essoré les épreuves, on commence par les laisser partiellement sécher à l'air libre, libres de toute contrainte, posées sur un support propre, une toile, une grille par exemple, ou simplement suspendues par un coin.
  • Le bon moment pour arrêter ce séchage partiel est celui ou les épreuves sont encore humides, mais cessent d'être collantes. À ce moment-là elles sont encore plus ou moins molles, sauf peut-être au niveau des bords qui présentent quelques déformations ou débuts de courbure.
  • Les épreuves sont alors enfermées dans un sac en plastique parfaitement étanche, pendant plusieurs heures, voire une journée complète. Il faut laisser au papier tout le temps nécessaire pour que l'humidité encore présente puisse migrer du centre vers les bords et finalement devenir parfaitement uniforme.
  • Lorsque cette homogénéisation est terminée, les épreuves sont encore un peu souples, il suffit alors de les retirer rapidement du sac et de les mettre sous presse, de préférence entre deux feuilles de buvard blanc, dans une pile de magazines qui se chargeront à la fois d'absorber l'humidité résiduelle et de les aplanir sous pression et sous tension à cause du retrait dû au séchage. Le séjour dans la pile de revues doit être suffisamment long pour que le séchage soit parfait, nous conseillons une journée complète.
  • DUBOIS, William .- Labo-technique, la fin des déboires... ou comment développer correctement les papiers. In : Chasseur d'Images, n° 9, février-avril 1978, pp. 36-38.


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