Ville30/Apaiser les quartiers résidentiels
Lorsque la vitesse du trafic est définie à 70km/h ou plus, la voirie est dévouée à la circulation au détriment de son rôle social. À 50km/h, on obtient un compromis entre un niveau de performance élevé pour écouler le trafic et une place laissée à la vie sociale. Et à 30km/h, la qualité de vie prédomine sur la mobilité. Redéfinir la vitesse du trafic dans une zone donnée, c'est réfléchir au rôle qu'on veut attribuer à cette zone. Adopter une vitesse réduite, ce n'est pas pour autant stigmatiser la voiture. Mais celle-ci est un mode de déplacement parmi d'autres et il est évident qu'elle ne peut en assurer la totalité[1]. Nous sommes tous amenés à utiliser différents modes à d'autres moments et sommes au moins tous piétons plusieurs fois par jour. Les villes ne peuvent donc plus être pensées comme elles l'ont été en majorité depuis les années 1950 pour l'automobile, c'est l'automobile qui doit désormais s'adapter à la ville.
Lorsque les premières voitures ont été mises en circulation, on leur a rapidement imposé une limitation de 10 km/h, soit à peu près la vitesse d'un cheval au pas. Il semblait évident au XIXe siècle qu'un cheval ne pouvait galoper en rue au risque de contraindre les piétons largement majoritaires. On a depuis lors laissé les voitures enfreindre cette limite avant de décourager ceux qui roulent trop lentement. Les voiries ont alors toutes été dévolues à la circulation. Or, on peut donner deux fonctions à un espace public : une fonction de transit ou une fonction sociale. Lorsque c'est la première qui prime, on parle de route, mais lorsque la fonction sociale prédomine, on parle plutôt de rue. Ce chapitre démontre que réduire la vitesse de circulation est le meilleur outil pour repartager équitablement entre tous les citoyens un espace public trop souvent conçu pour l'automobile.
Références
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ Déjà en 1958, on a calculé que « si tous ceux qui viennent à New York en transports en commun s'y rendaient en voiture, toute la partie de Manhattan au sud de Central Park devrait être transformée en parking à étages » G. BAKER & B. FUNARO, « Parking », New York, éd. Reinhold, 1958, P.18