Essai de prospective environnementale. 2040, nord de la France.../Souvenirs des années 2020

Un livre de Wikilivres.

7h.. le soleil est déjà voilé par une délicate petite brume de pollution, comme au bon vieux temps (vu la direction du vent, c’est sans doute le panache de la forêt de Trélon qui brûle encore. À la radio, le WWF a dit que ce n'était plus la peine d'envoyer des candidatures volontaires : ce ne sont pas les pompiers volontaires qui manquent, c’est l’eau.
L’euro-parlement doit se réunir à Bruxelles pour voter un nouveau crédit de carburant.. Mais pour le même prix, ils préfèreront peut-être financer une reforestation/puits de carbone (Il y a un pôle de compétence en génie et résilience écologique très réputé dans ce secteur, et avec l’aide des castors, ils devraient pouvoir restaurer un joli boisement, plus résilient). Le feu présentera au moins l’avantage d’avoir éradiqué une grande partie des populations de tiques et d’espèces invasives.
Ce sera l’occasion d’enterrer ou supprimer les reliquats de réseau routier du secteur car c'est une zone où on les avait épargnés en raison de sols particulièrement ingrats. On a simplement laissé la forêt coloniser les anciennes routes.. Mais on sait maintenant que ce n'était pas une bonne idée. Quelques boucles de tram-train pourraient être construites dans ce secteur dans le cadre du plan de déplacement urbain ardenno-thierachien, hors du parc national qui ne restera accessible qu'aux vélos et petits aérostats-bulle loués par le parc.

Cette brume sent mauvais et je sais qu’elle contient des dioxines à cause du chlore de l’eau de mer que les « scanadairs » ont transporté jusque là-bas, avant qu’ils aient épuisé leur quota de carburant. Je pressens une journée à pic d’ozone, car un faible zéphyr est déjà en train de chasser la fraîcheur matinale (26°C sur ma terrasse). Mais je peux me tromper, il arrive même que ces aérosols d'incendies fassent pleuvoir À tout hasard, je vais emporter ma cape de pluie. Par le câble, l’APPA nous signale une radioactivité légèrement trop élevés et un niveau 7 pour la pollution particulaire (dont à cause de pollens dégradés très allergènes, printemps et canicules obligent..). Voilà au moins un problème que tu ne connais pas en mer. Je décide de prendre le risque de quand même prendre mon petit déjeuner sur la terrasse collective végétalisée. À mon âge je n'ai plus tant à perdre que je ne puis m'offrir ce plaisir quand il fait si frais.. Je mâchouille mes céréales sous la tonnelle de panneaux solaires translucides sous lesquels s'épanouissent les rameaux de vigne, de framboisiers suspendus et d'arbre à kiwis. Ils ont bien failli ne pas passer l'hiver, mais ils vont mieux depuis que le syndic du quartier a fait réparer les système de recyclage des urines.. et je crois même que nous aurons quand même quelques kilos de raisins à récolter mi-août, si le néomildiou les épargne.

Je n’ai pas très bien dormi. Mon arthrite de Lyme me fait souffrir et il me semble que le sol a encore tremblé. Ta grand-mère dit que c’est moi qui fait trembler le lit.. Je tremblotte effectivement un peu. Je pense que c’est une conséquence de mon traitement contre l'athérosclérose et non un syndrome parkinsonien. Mais cette nuit j’avais vraiment l’impression que le sol tremblait. Vingt ans après, je suis encore traumatisé par le tremblement de terre de 2030 ; j'en fais encore régulièrement des cauchemars. C'est moi qui ai insisté pour qu'on restaure le sismographe du quartier. Ça faisait rire le comité de quartier. Le doyen s'est aussi moqué de moi en me disant que c'est moi qui tremblait et pas la terre.. Quand je leur ai montré les photos que j'ai faites à l'époque dans le bassin minier. Alors plus personne n’a rit, et on a voté à l'unanimité la restauration du sismographe et son branchement sur la sirène. Je sais que tes parents ne t'en ont jamais parlé, et nous-mêmes ici en parlons rarement entre nous.. Ce serait bien quand même que tu saches ce qui s’est passé.

Rappelle-toi ce que tu as vécu lors de la dernière tempête, et imagine toute cette énergie contractée et libérée dans un seul instant. Tu auras une idée de ce que nous avons ressenti. Ta grand-mère et moi, nous n'avons été sauvés que parce que nous avions décidé ce jour là de dormir à la belle étoile sous nos moustiquaires sur la terrasse de l’immeuble. Un miracle.. Je ne me souviens plus exactement, mais je crois qu'il y a eu comme un vague grondements, genre roulement de tonnerre.. puis des petits craquements durant quelques secondes suivis d'un craquement formidable.. et nous avons eu l'impression que tout le paysage descendait brutalement de 2 ou 3 mètres. Tout à explosé. Nous étions au sommet d'un immeuble de 5 étages. Hormis quelques milliers de personnes qui comme nous dormaient dehors, les rares survivants étaient tous gravement blessés, sans exception. Nous nous sommes retrouvés à demi asphyxiés dans un mélange de fumée et de poussière. Partout on entendait des unités de méthanisations exploser ; ici et là, les bouches d'égout sautaient et des geysers d'eau en giclaient noyant les blessés dans les eaux usées. J'ai mi des mois avant de reparler à quelqu'un. Sur le moment j’ai pensé à une explosion nucléaire mais il n'y avait ni lumière ni champignon atomique. Un millions de personnes ont du mourir à peu près instantanément et je ne comprends toujours pas pourquoi nous avons survécu.

Les experts ne s'entendent toujours pas pour expliquer ces secousses et les tsunamis qui les ont accompagnés ...et ils ont maintenant d'autres chats à fouetter semble-t-il. Aucune de leurs hypothèses ne m'a rassuré sur le fait que cette situation ne pourrait se reproduire.
La première hypothèse proposée a posteriori par le GIEC était celle d'un rééquilibrage eustatique brutal, inattendu et imprévisible au vu des connaissances disponibles à l'époque… ce rééquilibrage aurait été induit par la fonte « trop » brutale des calottes polaires et le début de montée des océans. Les tensions qui affectaient d'anciennes lignes de failles (dont la faille du midi et celles d'un réseau hercynien de failles en Bretagne) se seraient subitement résolues par l'éclatement de l'ancien bassin minier allemand et franco-belge et plusieurs effondrements du graben de la Mer du Nord au Graben de l'Eger (dans l'ancienne république tchèque). Secondairement et par une sorte de contre-coup quelque chose aurait craqué entre le Boulonnais, l'Artois et l'Audomarois, mais aussi dans la Manche, avec deux épicentres presque simultanés, en Mer du Nord pour le premier, et probablement situé en face de la Baie de seine pour le second (estuaire dont le littoral qui à cette époque abritait encore des dizaines d’usines à risque). Ce fut la source du premier tsunami. Plus au nord, le canal de Noeufossé a bougé et presque toutes les écluses ont sauté de Gravelines au Bassin minier. Presque toutes les usines Seveso d'Arques et du littoral endigué ont plus ou moins explosé en chaîne, engendrant un immense nuage de pollution et une pollution de l’eau qui a heureusement été diluée par le raz de marée qui a suivi. Ce même raz de marée et la pluie ont aussi limité la pollution de la Vallée de la Somme. Là, c'était un vieux dépôt oublié de milliers de munitions chimiques de la première guerre mondiale, qui pourrissaient dans un ancien bras mors de la Somme où ils avaient été enterrés il y a 120 ans environ qui s'est mis à fuir, libérant un nuage d'Ypérite et d'autres produits du même type... Le lendemain en Belgique c'est la faille du midi qui se réveillait, faisant de gros dégâts entre Namur et Liège alors que toute la Flandre maritime était inondée malgré sa digue réputée insubmersible. La centrale nucléaire de Tihange avait été mise en alerte et en arrêt d’urgence la veille, mais sa dalle trop fine n'a pas tenu, et il y a eu des fuites, quand à celle de Gravelines, tu sais trop bien ce qui s'est passé.

Les digues littorales ont cédé successivement en une dizaine de points, de Calais aux anciens Pays-Bas. La mer s'est engouffrée avec bien plus de violence qu'elle ne l'avait fait lors des incursions périodiques des années précédentes, inondant les restes du tunnel.

Bien sûr nous avions vaguement conscience que quelque chose comme ça pouvait arriver.. Mais nous n’étions vraiment pas préparés à ca. Au point qu’il y a encore beaucoup de gens qui ne croient pas à cette version des faits. Les uns pensent que le Tsunami qui a noyé Londres et fait sauter le barrage de la tamise résultait de l’explosion d’un vieux dépôt de munitions immergées noyé au bord de l'ancien estuaire de la tamise, voire d'un attentat terroriste organisé par les associations pro-Brexit II. Comme on pouvait s’y attendre, là aussi la théorie du complot a eu ses adeptes, car ce dépôt semble avoir effectivement sauté, et en même temps que celui de Zeebrugge, et à peu près en même temps que les ports méthaniers de Dunkerque et de Zeebrugge qui étaient encore à l'époque protégés par des digues et des pompages. Et comme l’Europe était en alerte orange pour le terrorisme certains ont fait un lien entre ces évènements. Pour ma part je pense que les tremblements de terre peuvent expliquer cette synchronicité.

D’autres théories ont circulé, dont aucune n’est étayée mais qu’on n’aura toujours du mal à contredire car aucune archive n’a été conservée de cette époque ; on a parlé d'un tassement du bassin minier autour des anciennes zones d'affaissements. Des illuminés imaginent que ce tassement a été amorcé par l'explosion d'un dépôt souterrain d'obus ou de l'explosion de poches de méthane (w:griou¬grisou dans ce cas) qui se seraient accumulés suite aux activités nouvelles de l’installation Méthamine III (tests d'hydrofracking associé à des essais de séquestration souterraine de carbone). Ces poches se seraient accumulées suite aux injections profondes de CO2 et d'acide carbonique faites dans le cadre des tests de séquestration de carbone sous le bassin minier. D’autres ont imaginé qu’une petite bombe nucléaire avait été descendue par on ne sait quels terroristes au fond d'un ancien puits de mine réouverte à l’occasion d’une expérimentation de gazéification du charbon. Certes il y avait des traces de radioactivité autour des trois épicentres, mais dieux sait ce qu'on a pu jeter dans les innombrables décharges de ces régions entre les années 1970 et 2020.

Je ne sais toujours pas que penser des réactions (individuelles et collectives) qui furent les nôtres à l’époque. Toutes les énergies étaient consacrées à sauver ce qui pouvait l’être et à réparer les digues, les écluses, les pompes.. Les archives du bassin-minier qui avaient été transférées au Musée de Lewarde ont disparu, et elles n'avaient pas encore été digitalisées, faute de budget pour ce faire et aussi incroyables que cela puisse paraître, il n’y a pratiquement pas de films ou de photos de cette époque, et rares sont ceux qui ont eu envie d’écrire leurs souvenirs. Idem en Flandre maritime et aux Pays-Bas.

Ces souvenirs me hantent et - avant de mourir – j'aurais bien voulu savoir ce qui s'est passé du côté des gouvernements et des entreprises, car cet événement a je pense été le vrai déclencheur du collapsus mondial qui a démarré vers 2020 pour ensuite croître comme un cancer planétaire. Pas seulement à cause des épidémies qui ont suivi, ni de l'effondrement de l’internet et du marché du carbone et des bourses de droits à polluer.. Mais parce que c'est précisément à ce moment, dans la stupeur, que l'humanité a compris que le mur était là, et que c'était moins la crise environnementale que nos modes de réactions face à cette crise qui nous menaçaient nous-mêmes. Avant cela personne n’imaginait vraiment ce que pouvait signifier « Risque majeur ». Là, le risque majeur s’était concrétisé ; pire il s'est matérialisé. Le mur vers lequel nous nous précipitions au moins depuis le début de l'aire industrielle, depuis 250 ans, d'un certain point de vue c'était le mur de l'anthropocène, autrement dit, l'humanité de cette époque ; un mur différent de ceux de la grande muraille de chine, des murs de Jéricho, des innombrables fortifications de nos villes, ou d'autres murs, politique, tels que ceux de Berlin, de Palestine ou du Mexique… Nous avons toujours construit des murs pour nous enfermer, enfermer nos biens ou enfermer autrui, ou la faune. Cette fois nous avions muré la planète

Les années 20 puis les années dites « post-collapsus » ont commencé dans une grande anarchie, et parfois dans la violence. Un « trou noir » dans l’histoire de l’humanité. La période de reconstruction a été un bouleversement que tu n'imagines pas. Quelques tentatives de putschs militaires ou de prise de pouvoir par des mafias locales ou des multinationales, ont été mises en échec, simplement par le premier effondrement général de l'Internet, des banques et des réseaux énergétiques. Nous n’avons pas eu à nous battre ; ces gens ne savaient plus communiquer et leurs intelligences artificielles étaient devenues muettes.

Pour la première fois on a pensé à autre chose qu'au développement, aux guerres de religions, à la concurrence et à la fuite en avant, en se reposant la question des valeurs. Après que les morts aient été traités et que les épidémies aient été relativement jugulées, ce fut le temps de la nécessaire collaboration à la reconstruction. Ce fut le temps du Sommet mondial, que certains ont en France qualifié de Grenelle mondial. C’est alors, qu’avec les encouragements de l’ONU, la démocratie citoyenne a vraiment émergée. Dans le même temps il nous a fallu combattre les épidémies réémergentes récurrentes et des problèmes climatiques et surtout écosystémiques que nous n'attendions pas si tôt. Le pire pour moi a été d’apprendre la mort par anoxie totale de vastes morceaux d’océans et de plusieurs grands estuaires. Que la mer puisse pourrir et puer à ce point m'était insupportable.

C'est là que sont conjointement nés l'Alternet et la généralisation du revenu universel, du travail collaboratif et partagé. Personne n'a vraiment imposé cette nouvelle philosophie du travail. Aucune loi, Aucune école.. Tous ceux qui n'y participaient pas étaient purement et simplement largués ; ils tombaient malades et/ou mourraient de faim. Ca n’a pas été facile, ni si difficile : Toute la société a du s’auto-réorganiser. Chacun faisait ce qu'il pouvait si ce n'est ce qu'il devait. C'était la seule réponse adaptée. Une fois l'Alternet fonctionnel, on a restauré et beaucoup amélioré wikipédia et ses miroirs, en 330 langues : en moins d'un an ! Puis le réseau des wikiversités et des modules d'auto-formation et les bourses d'échanges de compétences et services ont suivi, dans presque toutes les langues. Hélas quelques pays sécessionnistes de l’ONU ont fermé leur internet et leurs frontières, pour des raisons religieuses officiellement. On ne sait pas vraiment comment ils évoluent.

Mais tout ca est du passé.. je ne veux pas t'encombre la tête alors que tu as tes propres problèmes à résoudre. Je reviens donc à mon petit journal du jour :

Après ma barre de céréales bio aux orties et chardon du jardin, et une bonne pomme sortie du cellier souterrain que nous avons construit pour le quartier, je vais prendre ma douche. Hier j'ai été félicité par l'écocompteur de l'appartement ; j'ai réussi à me laver (cheveux y compris, enfin ceux qui me restent) avec moins de deux litres d'eau micronisée, le nouveau voisin m'a fabriqué une pompe à pied qui micronise l'eau du bac de récupération des pluies. J’aurais une prime pour le mois prochain et un point sur ma carte-carbone. C'est bien, on fait tous des progrès, mais si ca continue, les cultures murales d'algues et de tomates vont quand même manquer d'eau en été. Je regrette que tu ne sois plus là pour voir les résultat du chantier-nature auquel ton ancienne école participe depuis 20 ans.. Le bois de la citadelle a littéralement envahi le quartier, mais les jardins familiaux s’y sont aussi développés. Les berges du canal ont été entièrement renaturées par l'équipe de Yohan. Grâce à cela, la température moyenne est tombée de 3 degrés, et nombreux sont ceux qui vont dormir dans les hamacs (la mairie offre maintenant des moustiquaires, mais il faut quand même faire attention aux tiques qui continuent à pulluler et qui sont maintenant résistantes à tous les acaricides disponibles..).

Ici, depuis les grosses pluies d'hiver (qui ont fait déborder le canal par trois fois), il fait toujours anormalement sec. Le défunt Gulf Stream ne semble pas vouloir redémarrer malgré ces derniers hivers un peu plus frais. J'apprends par contre sur Arte-Radio-Culture que l’Amérique du sud connaît des inondations records; ca fait 15 jours au moins ! Tu as bien fait de ne pas faire son service d’écovolontaire là bas ; ils ont de gros problèmes d’épidémie. C'est ce que m’ont dit les voisins dont le petit-fils est au Pérou depuis 5 ans. Il est en cours de rapatriement par un cargovoilier (c'est plus prudent que le dirigeable en fin de saison des tempêtes). Le bateau devait le débarquer à Saint-Omer il y a peu, mais le goulet de Watten est bloqué par une grève de pêcheurs. Le bateau est en attente au large parait-il.

… Il est l’heure de partir. Il ne faut pas que j'oublie d'enregistrer une dérogation au service du socio-travail parce que je devrais aujourd'hui être en TIG (travail d'intérêt général).

Je noue autour de ma taille le nouveau pagne que ta sœur biologique m’a offert (fibres de coton-chanvre-ortie bio sans bouton ni métal). Hop, je greffe une nouvelle cartouche de charbon activé sur mon masque, je passe au brumisateur de crème solaire à base de mousse de craie et je saute sur le premier vélo que je trouve (un chti'vélib à assistance électrique, à demi-déchargé). Le GPS intégré du vélo me guide jusqu'à la salle où se tient la dernière réunion qui doit précéder la décision de transformer le quartier en écoquartier E++. Je suis un peu ému, voire stressé, car je dois y présenter un argumentaire en tant que délégué des 380 éco-locataires du quartier sur l'intérêt d'une isolation unique par l'extérieur, plutôt qu'une reconstruction totale du pâté de maison. En terme de coût, c’est pareil. (L’isolation devrait être moins chère, mais nous sommes dans le périmètre d’un monument historique, celle de la forteresse de Vauban, qui a mieux résisté aux tremblements de terre que la plupart des bâtiments modernes de Lille, peut-être grâce à l'OTAN qui l’avait transformé en QG et apparemment bien consolidée. Les monuments historiques nous obligent à reconstituer des façades dans le style fin du XXème siècle; avec tuiles solaires rouges ; les plus chères.. ce qui explique nos 20 ans de retard). En terme d’empreinte écologique nous avons estimé que l’isolation externe par écomatériaux certifiés ADEME-FSC avec étanchéité auto-entretenue par microcouche de cément bactérien était ce que nous pouvons faire de mieux étant donné l’état du fonds commun de quartier. Ce cément est essentiellement constitué d'une mousse de calcite (CaCO3) déposée in situ par imprimante 3D, mais il fixe accessoirement assez bien les métaux qu’il peut capter dans l’air ou dans l’eau brumisée. Mais à causes des pluies acidifiées par les éruptions et les feux récents, il demandera beaucoup d'entretien ; au moins 10 h de travaux collectifs par semaine à se partager dans le lotissement, sachant que les vieux qui sont maintenant 80 % du quartier ne pourront travailler qu’au rez-de-chaussée. Je vais soumettre mon dossier au comité d’étude d’impact, pour une mini-enquête publique. Il a déjà été analysé par l’école du quartier et il ne nous reste qu’à finaliser notre étude d’empreinte écologique (Nous sommes dispensés d’étude d’empreinte énergétique puisque globalement, nous serons positifs en énergie..). Si la solution ne semble pas la meilleure, nous nous rabattrons sur une isolation intérieure par plaque de mycélium inerté (une technique inventée dans les années 2015 [1], qu'on a depuis adaptée pour produire (entre deux lames de bois) un pseudo-cuir type "peau de chamois"), mais nos derniers essais ont montré que quelques espèces d'insectes se sont adaptées à ce matériaux qu'elles grignotent avec délice. Il lui faut donc un enduit protecteur.

J'ai aussi l'intention de proposer une grande mare de récupération des eaux de pluie, dont la moitié serait dédié à la baignade. Mais depuis que nos moustiques résistent à presque tous les biocides, je vais avoir du mal à convaincre la famille Martinot. Mr et Mme Martinot ont développé une vraie phobie des moustiques depuis leur mise en quarantaine (6 mois d’isolement) pour malaria nosocomiale. Comme ils n’aiment pas non plus les chauves-souris à cause de la recrudescence des cas de rage, ni les grenouilles qui font trop de bruit la nuit, nous ne savons plus plus quoi leur proposer. Les hirondelles ne font pas partie des espèces autorisées à la réintroduction en région (car les moustiques y sont encore trop pollués). Si tu as des conseils, je suis preneur.

Tiens, la piste cyclable 218 est réouverte... Ça veut dire que la nouvelle chaufferie de St André est presque terminée. C’est un prototype qui associe une unité de méthanisation des déchets locaux, un réseau de panneaux solaires héliodirectionnels et une pompe à chaleur qui récupère les calories du canal pour les stocker dans un réservoir, dont une partie est la piscine locale. Cette piscine a été presque entièrement conçue et réalisé par les réfugiés néerlandais et du Qatar. Ça leur donnera droit à deux ans de logement gratuit dans le nouvel écoquartier de Sain-André, en cours de construction sur un lot de friches. Nous accueillons deux de ces réfugiés dans ton ancienne chambre. J'adore leur accent. On va bien s'entendre je pense. Les services sociaux de la mairie m'ont proposé des profils sociopsychologiques compatibles. On avait 80 % de centre d'intérêts communs. J’espère qu’ils s’entendront bien avec les africains qui louent le grenier. Dans ce cas on pourrait faire un peu de musique ensemble quand on aura réparé le vieux piano. Je pense qu'on doit être au moins 5 musiciens dans la maison. Et si l'OMI ne me fait et ne leur fait pas de difficulté (J'ai bien l'impression que l'administration demande au réfugiés plus de timbres fiscaux que ce qu'ils devraient normalement régler), je leur ferais un contrat pour deux ans supplémentaire, s’ils acceptent de m’aider à entretenir le jardin vertical de la façade ouest et s’ils peuvent me remplacer pour aller chercher le lait du quartier à Linselles (eh oui, on recommence à retrouver du lait. Nous en faisons du yoghourt qu'on mange rapidement, pour ne pas avoir à utiliser de frigo).. J'ai besoin qu'on me remplace pour ce genre de tâche, car je commence à fatiguer.

Ah ! Me voilà arrivé à la mairie de quartier. Depuis que l’internet dysfonctionne à nouveau, nous sommes obligés de faire de vraies réunions avec nos élus communautaires et d’à nouveau nous déplacer. Ce n’est pas bon du tout pour notre empreinte énergétique, ça me fatigue, mais ça a son charme désuet..

Je déconnecte. À tout à l’heure.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. BatiActu 2015, Et si on construisait des maisons en briques de champignons ?, 15/12/2015, consulté 15/12/2015