Introduire la biodiversité dans la construction et l'urbanisme/Biodiversité dans l'environnement bâti : de quoi parlons nous ?/La faune, dont espèces cavernicoles ou plus ou moins associées à l'homme (hirondelle, chouette, cigogne)

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Les hirondelles sont l'une des nombreuses espèces qui peuvent vivre sur et dans le bâti. En forte raréfaction, elles sont aujourd'hui classées comme espèce protégée. outre de nourriture, elles ont besoin de boue pour faire leur nid
D'autres espèces, en forte régression, bien qu'autrefois banales, comme le moineau domestiques (Passer domesticus) apprécieront une offre en "trous" habitables pour eux. La taille, hauteur et orientation de l'ouverture sélectionnera certaines espèces plutôt que d'autres. Il convient que l'architecte pense à ne pas trop rapprocher de gîtes ou nichoirs destinés à des espèces aux humeurs incompatibles (prédateurs/proies et espèces très territoriales. Les gîtes doivent être inaccessibles aux chats et autres prédateurs carnivores, ou bien cachés dans la végétation murale
Ici, un drain dans un quai de béton (port de Morgat, Baie de Douarnenez) est utilisé comme refuge à marée basse par deux crabes verts (Carcinus maenas).
Ce drain joue ici un rôle qui évoque celui d'un récif artificiel émergeant à marée basse.)
Certains oiseaux apprécieront une aire dégagée et ensoleillée ou prendre des bains de poussière, ce qui - suppose-t-on - est l'un des moyens qu'ils sont de se débarrasser de certains parasites
Des objets non-naturels exposés au soleil seront utilisés par des espèces thermophiles (le lézard ici). Chaque fois que possible, l'utilisation de matériaux non-toxique rendra le bâti plus éco-compatible
"Chiroptière" ; passage et entrée spécialement conçue et pour permettre l'accès d'un grenier à des chauves-souris ou à un espace dans lequel elles pourront gîter. L'entrée est intégrée dans la toiture et ne permet pas l'entrée d'oiseaux ou chats) ; Photo prise sur les toits des bureaux du CPIE Bocage de l'Avesnois

À la fin du XXème siècle, alors que la biodiversité régressait dans les zones naturelles et cultivées, et que les villes ne cessaient de grandir, il est apparu que les zones urbaines pouvaient, avec une conception et gestion appropriée permettre l'épanouissement d'une certaine biodiversité[1], notamment sur les toitures végétalisées[2] et pour les oiseaux[3] (et en prenant garde à éviter les situation de piège écologique, mais pas uniquement.
La biologie de conservation et l'écologie urbaine se sont intéressés aux écopotentialités de la ville, et cherchent à mieux hiérarchiser et évaluer les enjeux et les résultats des actions mises en œuvre par certaines villes ou projets[4].

Les espèces sauvage les plus connues pour leur utilisation spontanée du bâti sont :

À l'intérieur[modifier | modifier le wikicode]

De manière générale, si le lieu est habité et fonctionnel, on cherche à éviter la présence d'animaux dans les locaux habités ou fonctionnels. C'est donc le plus souvent dans les granges, garages, greniers et caves que les animaux sauvages d'une certaine taille sont tolérés ou invités. Des compartiments-nichoirs sont parfois aménagés, et isolés et insonorisés pour les rapaces nocturnes dans les combles.

Espèce potentiellement présentes dans l'intérieur des espaces bâti (aux conditions précisées ci-dessus)

  • Chouettes et hiboux qui apprécient les granges, greniers, bâtiments abandonnés, à condition qu'un espace assez grand leur permette d'entrer et de sortir. Pour limiter le bruit et l'odeur, les nichoirs de ces espèces sont généralement isolées des zones de vie des habitants ou usagers du bâtiment.
  • Chiroptères (chauve-souris). Elles peuvent s'installer dans les caves, greniers, vides sanitaires, espaces interstitiels, mais nécessitent une température et une hygrométrie particulière. Des espaces peuvent leur être réservés, accessibles par exemple en toiture via une chiroptière (voir photo) évitant que les chats et oiseaux ne puissent entrer. Attention, il a été récemment démontré (2017) que de grandes surfaces verticales lisse sont des « pièges sensoriels » pouvant tromper les chauves-souris ; celles-ci les confondent avec des voies ouvertes et entrent en collision avec ces obstacles (sur 21 chauve souris filmées dans une galerie souterraine où a été placée une surface lisse verticale, 19 ont heurté cette surface sans la percevoir alors que tous les autres obstacles et parfois étaient facilement évités par toutes les chauve-souris [5] ; Il en va de même pour des panneaux de métal lisse disposés à l'extérieur et filmé de nuit. Il reste à étudier le cas des vitres ou parois métalliques lisses verticales urbaines et à voir si les chauve-souris ont trouvé des parades ou des apprentissage). Le recul des hirondelles et de nombreuses espèces de chauve-souris (on peut même parler de disparition sur de vastes territoires) pourraient avoir des effets négatifs considérables sur la survie de ces espèces, mais également sur les écosystèmes et notre santé[6],[7]

À l'extérieur[modifier | modifier le wikicode]

Sur les toitures

  • La cigogne, qui apprécie particulièrement les cheminées. Un plateau peut lui être offert pour éviter qu'elle n'obstrue les conduits de cheminée ou d'aération.

Sur les terrasses

  • on assiste parfois à la nidification d'oiseaux qui nichent habituellement sur le sol ou sur des plages de galets

Sur les murs et dans leurs cavités

  • De nombreux oiseaux cavernicoles peuvent nicher dans les anfractuosité de murs, de sous-pente, de toiture, ou encore dans le lierre ou d'autres plantes grimpantes.
  • Des chiroptères peuvent s'abriter le jour derrière des volets qu'on ouvre rarement.

Sur les parties basses ou fondations

  • Reptiles, amphibiens, chiroptères
  • insectes (osmies, certaines larves de papillons, et parfois abeilles, guêpes ou frelons) et autres invertébrés (dont arachnides qui contribuent à la régulation des populations d'insectes)

Les antennes, poteaux, faitières, sommets de murs de clôtures, etc ainsi que les gouttières et autres superstructures Ces éléments architecturaux peuvent servir de perchoir, de points de guet, de zone de repos (ou d'abreuvoir pour certaines gouttières ou terrasses présentant quelques "points" d'eau après les pluies)


Expérimentations[modifier | modifier le wikicode]

Une première chose à faire est de protéger l'existant et de veiller à neutraliser les pièges qui peuvent exister pour la faune, avant, pendant et après les chantiers de travaux, d'entretien, et dans la vie du bâti. En particulier des systèmes d'effarouchement et l'absence d'éclairage intérieur visible la nuit permet de limiter le phénomène de collision d'oiseaux avec les vitres, divers systèmes permettent de réduire le roadkill et de neutraliser les « pièges mortels » que constituent certaines ouvertures verticales de puits, de bouches d'égout, cheminées, bouches d'aération, berges artificielles, bords de bassins, de piscine, etc [8]. et tous les poteaux creux (dans lesquels on a trouvé jusqu'à plus de 1 mètre de hauteur de cadavres d'oiseaux empilés) [8]

  • Des mangeoires et abris en forme de maison sont depuis plusieurs années largement distribuées dans le commerce, parfois utilisée par des écureuils. Les architectes peuvent en intégrer dans le bâti.
  • Des milliers de gîtes à chauve-souris ont été protégés en Europe et aux USA (mise en sécurité, pose de grille ou de porte munie d'une ouverture ne laissant passer que les chiroptères). Certains gîtes ont même été construits de toute pièce. En France, le plus gros semble être celui du Parc de la Deûle construit sous un pont traversant un canal, pour accueillir diverses espèces de chiroptères, mais aussi de reptiles, d'amphibiens ou petits mammifères en hibernation.
  • D'anciennes maisons abandonnées, mais entretenues sont en Asie réservées à une espèce de martinet dont on récolte les nids pour la fameuse « soupe aux nids d'hirondelles ». Ceci permettent au propriétaire de tirer un petit revenu de la vente des nids faits avec la salive de ces oiseaux. Ces oiseaux doivent chaque année reconstruire un second nid après qu'on ai détruit le premier, mais ils bénéficient en échange d'une grande tranquillité le reste de la saison.
  • Sur le modèles de certains anciens pigeonniers juchés au sommet d'un poteau, des « Tours à hirondelles » sont construites pour sauver les hirondelles européennes et américaines. En Belgique, la première a été inaugurée à l'occasion de la journée de l'Hirondelle, le 20 avril 2009 ; Il s'agit d'une toiture à deux pentes installées sur une charpente légère, au sommet d'un haut poteau et abritant deux rangées de nids artificiels. Ces nids sont destinés à deux espèces : l'Hirondelle de cheminée Hirundo rustica et l'Hirondelle de fenêtre Delichon urbica.
    Une autre tour abritant 29 nids artificiels a été élevée, à La Chaise (Aube, France), en avril 2009, avec la participation d'une école (CM1-CM2 de Morvilliers), à l'initiative du CPIE du Pays de Soulaines. Les premières hirondelles ont occupé 9 nids en 2009 (dont 2 n'ont reçu qu'un seul œuf), à partir du 11 juin (2 mois après la pose des nids). Début juillet[9].
  • Une maison à hirondelle et à chauve-souris, à vocation de protection de l'espèce est également en projet en région Nord-Pas-de-Calais, avec la Fondation Nature et découverte (qui finance l'ouvrage à 80 %) sur les terrains du Lycée Agricole de Coulogne.
  • Certaines hirondelles (Riparia riparia) ne nichent que dans des terriers d'environ 60 cm de profondeur qu'elles creusent dans le sable ou la terre meuble de falaises, de berges de rivière ou de carrière. Cette espèces est menacée par la raréfaction de ses habitats (on aplanit les berges en falaises pour des raisons de sécurité). Pour également leur offrir un abri contre les chats et la délinquance, Martine et Richard Dauphin (PHAEDRA Création) ont avec un cimentier et avec le CPIE du Pays de Soulaines (plaine de Brienne) construit un mur garni de nids artificiels spéciaux, en guise de mesure compensatoire d'activités industrielles, dans une ancienne carrières/gravière réhabilitée en zone humide avec la cimenterie Holcim. Le mur a été posé en mars 2009 et occupé dès la première année par des hirondelles (59 couples reproducteurs y ont été bagués en 2009). Ils y ont creusé le talus de sable à partir des trous aménagés pour elle dans la paroi qui le protège. Ces 160 trous (diamètre : 6 cm) ont été foré dans les planches de bois qui forment un mur de 20 m2 (L= 10 m, h = 2m) [10], [11]. Reste à voir comment l'aménagement évoluera dans le temps.
  • Des écoducs discrets, mais de grande taille sont expérimentés, le plus grand (d'Europe, en 2010) se trouvant près le la réserve naturelle du Grand Lemps.

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Angermeier, P. L. 1994. Does biodiversity include artificial diversity. Conservation Biology 8:600–602.
  2. Brenneisen, S. 2006. Space for urban wildlife: designing green roofs as habitats in Switzerland. Urban Habitats 4:27–36.
  3. anglaisBlair, R. B. 1996. Land use and avian species diversity along an urban gradient. Ecological Applications 6:506–519. (Résumé)
  4. anglaisDonald C. Derborn, Salit Kark , Motivations for Conserving Urban Biodiversity  ; online: 2009/09/22 DOI:10.1111/j.1523-1739.2009.01328.x 2009 Society for Conservation Biology; IssueConservation BiologyConservation Biology, Volume 24, Issue 2, pages 432–440, April 2010. (Résumé)
  5. voir la vidéo : http://www.sciencemag.org/news/2017/09/why-do-bats-crash-smooth-surfaces-they-never-see-them-video-reveals?_ga=2.32649718.995006870.1505145618-1420427352.1480973542
  6. Stefan Greif, Sándor Zsebők , Daniela Schmieder, Björn M. Siemers & al. “Acoustic mirrors as sensory traps for bats” ; Science 08 Sep 2017: Vol. 357, N° 6355, pp. 1045-1047 DOI:10.1126/science.aam7817
  7. Peter Stilz & al. (2017) “Perspective Echolocation How glass fronts deceive bats “ |Science | 08 Sep 2017| Vol. 357, Issue 6355, pp. 977-978 | DOI: 10.1126/science.aao2989
  8. 8,0 et 8,1 Neutraliser les pièges mortels pour la faune sauvage, Conseil général de l'Isère, Plaquette illustrée, 34 pages
  9. Bilan 2009 ; CRDP de Reims
  10. Document sur les hirondelles de rivage du mur-gîte artificiel du CPIE de plaine de Brienne(CRDP Reims, consulté 2009/10/30)
  11. Création d'un site de reproduction pour hirondelles de rivage, à Petit-Mesnil (Aube), Ed : CRDP Reims (consulté 2009/10/30)