Introduire la biodiversité dans la construction et l'urbanisme/Les étapes dans l'élaboration d'un projet de prise en compte de la biodiversité dans la construction/Étudier l'existant (état des lieux, sur et autour du site)

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Dans notre approche, l'architecte et l'urbaniste, voire les usagers veulent permettre aux espèces « normalement, c'est à dire potentiellement présentes sur le site » de vivre en harmonie avec le bâti et ses usages.

Une première étape sera donc la connaissance de la biodiversité existante et potentielle sur le lieu de travail (construction ou réhabilitation). Ce travail est généralement rendu sous forme de cartes (dont cartes de synthèse). Il peut notamment s'appuyer sur la cartographie des corridors biologiques quand elle est disponible, par exemple dans le cadre d'une trame verte et bleue. Se rapprocher des observatoires de la biodiversité, conservatoires botaniques ou faunistiques les plus proches quand ils existent.

Une double évaluation est nécessaire, avec :

Un inventaire écologique de l'existant[modifier | modifier le wikicode]

Inventaire des espaces potentiellement végétalisables[modifier | modifier le wikicode]

Une première étape peut être d'inventorier les objets urbains susceptibles de se végétaliser spontanément ou d'être végétalisés, éventuellement avec une démarche de participation citoyenne. Ainsi, en juillet 2014, la ville de Paris a lancé une opération « Du vert près de chez moi » qui propose aux Parisiens de signaler les espaces « végétalisables » qu'ils ont observé[1]. Sur 1500 sites proposés par les parisiens, la ville en a retenu 209 ont été retenues (pour 200 prévues dans un premier temps) sur la base de critères de faisabilité technique, et de « priorisation des projets par les mairies d’arrondissements, la répartition par type de projets, la superficie et le nombre d’habitants, la présence d’espaces verts, les projets pouvant faire l’objet d’un entretien participatif et ceux pouvant faire l’objet d’un entretien municipal »[1]. Dans ce cas, 81 pots ou bacs à fleurs, 53 murs végétalisés, 20 jardinières de pleine terre et 35 zones à arborer sont prévus. Cette opération s'inscrit aussi dans le projet « Paris Smart City 2050 »[1].

Inventaire de la biodiversité[modifier | modifier le wikicode]

Cet inventaire qu'il sera utile de périodiquement remettre à jour et tenir à disposition des usagers et aménageurs doit être fait par un écologue et si possible une équipe pluridisciplinaire, en utilisant l'observation directe du terrain et toutes les bases de données disponibles. Cet inventaire ne saurait être exhaustif concernant les espèces les plus discrètes (microbes et insectes en particulier), mais il doit prendre en compte les mammifères, oiseaux, plantes supérieures, mousses et lichens, et considérer leur valeur en tant que bioindicateur. Au sein des espèces existantes, il faut identifier celles qui sont menacées, et lorsque possibles les tendances et les facteurs explicatifs expliquant leur régression (par exemple si l'absence de boue est une des explication au fait que des hirondelles ne peuvent plus faire leur nid, l'urbaniste pourra restaurer des zones humides à pentes douces avec des zones de boue utiles aux hirondelles)

Objectif : Cet inventaire doit pouvoir orienter l'architecte et l'écologue dans leurs choix de mesures conservatoires et compensatoires et dans l'offre en habitat de substitution qu'ils pourront intégrer dans le bâti ;
Il serait par exemple tout à fait inutile de prévoir des parois sableuses utilisables par des hirondelles de rivage, même si l'environnement est naturellement sableux, s'il n'y a pas à proximité de zone humides où elles peuvent se nourrir. Par contre de petites zones sableuses judicieusement exposées sont généralement utiles pour certains insectes fouisseurs.

La première étape, qui devrait être intégrée dans toute bonne étude d'impact est celle de l'inventaire écologique du site et de son environnement proche. Le travail d'inventaire de terrain reste nécessaire, mais de nouveaux outils utilisant l'imagerie aérienne et satellitale, les SIG, la modélisation, etc. facilitent et enrichissent du travail, y compris en ville pour l'appréciation de l'état de la végétation urbaine et des services qu'elle rend, notamment en termes de qualité de l'air[2].

Analyse des corridors écologiques[modifier | modifier le wikicode]

Dans un premier temps, le lieu d’implantation d’un nouvel aménagement urbain doit être choisi de manière à perturber le moins possible le réseau de corridors écologiques environnant. Pour cela, une approche graphique de type SIG permet de mettre en évidence les espaces qui doivent rester préservés en raison de leur rôle dans le réseau. Puis dans un second temps, cette même approche SIG, une fois le lieu choisi pour le site, permet de déterminer où placer les espaces verts au sein de celle-ci afin de former des corridors les plus fonctionnels possibles. Les résultats apportés par ce type d’approche graphique doivent être intégrés aux processus de décisions, au même titre que les données économiques ou sociales[3].

De plus, ces zones vertes doivent avoir une grande surface. Plus une zone urbaine verte est grande, plus sa richesse spécifique sera susceptible d’être grande. Pour améliorer l’impact d’une zone urbaine sur la biodiversité, il ne faut pas hésiter à renforcer ses espaces verts par des zones vertes additionnelles[4]. Enfin, il conviendra, autour de ces espaces verts, de prendre en compte et de réduire au maximum les barrières physiques, tels que les grillages ou les murs, qui peuvent empêcher le mouvement d’espèces terrestres[3].

Une évaluation de l' écopotentiel du site[modifier | modifier le wikicode]

Ce travail peut être fait après l'évaluation de l'existant ou en parallèle.
Il nécessite une approche holistique, et un peu d'écologie rétrospective. Il s'agit de répondre à la question : quelle était la biodiversité sur ce site ? il y a 10, 50, 100, 300 ou 1000 ans, et quelles espèces seraient susceptibles de revenir ? et à quelles conditions ?

La notion d'écopotentialité du site est traité plus loin (au chapitre Principes écologiques de bases).

Mises à jour[modifier | modifier le wikicode]

La mise à jour de l'évaluation environnementale du site pourra

  • contribuer à l'évaluation générale de la qualité du projet (réhabilitation individuelle, écoquartier...)
  • contribuer à l'amélioration continue d'une la quinzième cible HQE

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Article du Figaro, de Quentin Périnel, intitulé L’opération inédite de la ville de Paris « Du vert près de chez moi» invite les Parisiens à signaler les espaces «végétalisables ». Elle s’inscrit dans une logique environnementale et prônant la notion de «vivre ensemble», 13-02-15, consulté 13-03-2015
  2. Wania, A. (2007), Urban vegetation – detection and function evaluation for air quality assessment, Thèses de doctorat, Université Louis Pasteur, Strasbourg, PDF en ligne URL : http://scd-theses.u-strasbg.fr/1442/01/WANIA_Annett_2007.pdf, consulté le 1 mai 2012
  3. 3,0 et 3,1 [Serret & al., 2014, Potential contributions of green spaces at business sites to the ecological network in an urban agglomeration : the case of the Ile-de-France region, France. Landscape and Urban Planning 131, 27-35.].
  4. [Snep and al., 2008, Enhancing biodiversity at business sites : What are the options and which of thse do stakeholdres prefer ? Landscape and Urban Planning 91, 26-35.].