Introduire la biodiversité dans la construction et l'urbanisme/Où, quand et comment intégrer la biodiversité dans et autour du bâti ?/ Biodiversité dans l'environnement bâti : de quoi parlons nous ?

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Introduction[modifier | modifier le wikicode]

Dans les lieux anthropisés, c'est surtout la biodiversité dite ordinaire ou commune qu'on peut le plus facilement conserver et associer (ici : cour intérieure de l'église fortifiée roumaine de Prejmer', en Transylvanie, Roumanie. En 1993, le village de Prejmer et sa forteresse ont été inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Depuis quelques années, et notamment pour le grand public depuis le sommet de la Terre de rio, en Juin 1992, les notions de biodiversité et de construction et urbanisme semblent pouvoir ou devoir se rapprocher.

Les tenants du développement soutenable ont coutume de rappeler qu'étymologiquement, « Économie » et « Écologie » signifient la même chose.
De même peut-on constater que le mot « Habitat » est utilisé par les francophones et le sanghophones aussi bien pour désigner les lieux de vie que sont nos maisons ou appartements, que pour désigner les lieux naturels de vie de toutes les autres espèces (habitats naturels). « Habitat » est aussi le titre d'une des directives européennes les plus importantes pour l'environnement (qui a été dans un premier temps difficilement appliquée en France).
On parle d'Infrastructures naturelles pour désigner les réseaux écologiques, le génie écologique a acquis ses premières lettres de noblesses, et la notion d'écologie urbaine a eu un succès croissant dans les années 1990.

De quelle biodiversité parlons nous ?[modifier | modifier le wikicode]

Comme l'indique le titre de cet ouvrage, c'est de la biodiversité (naturelle et déjà présente, ou potentielle et naturelle et à venir) qu'il est ici question ; peut-être pas de toute la biodiversité, en tous cas pour ce qui concerne son accueil dans et sur le bâti, ne serait-ce que parce que l'environnement bâti n'est pas apte à accueillir toutes les espèces, et parce que les architectes et urbanistes veulent sélectionner des espèces ou communautés d'espèces dont la vie est compatible avec les fonctions et les qualités des bâtiments et des (infra- ou super-) structures qu'ils construisent.

Plus largement cet ouvrage s'intéresse à toute la biodiversité, dans la mesure où il s'agit aussi de rendre les maisons, les villes et toutes les infrastructures construites plus « éco-compatibles  » (c'est à dire moins nuisantes à l'égard de l'environnement) ;
Ceci peut se faire de trois manières complémentaires ;

  • en étant « neutre » vis à vis de la biodiversité
  • en étant « positif » vis à vis de la biodiversité
  • en étant « négatif » vis à vis de la biodiversité, mais en remboursant dans ce cas la dette écologique créée (qu'il nous faut apprendre à évaluer). Cette dette pouvant par exemple être remboursée ou rachetée par des mesures conservatoires, compensatoires et restauratoires, là et quand cela est possible. L'architecte, le commanditaire ou l'urbaniste sont généralement loin d'une telle approche, mais nous verrons que ce ne semble pas techniquement impossible, si l'environnement bâti redevient puis reste, dans son ensemble, et dans ses parties « éco-compatible ».

Cet ouvrage traite de la biodiversité au sens où en parlent les écologues ;
il s'agit des espèces, milieux et fonctions écologiques naturelles normalement exprimés, autoentretenus (autocatalytiques) et correspondant aux potentialité de la zone biogéographique considérée, et non d'une variété qui pourrait être, comme dans un zoo artificiellement et coûteusement rassemblés, cultivés et entretenus par l'Homme dans ou sur des structures bâties par lui.
Les espèces exotiques et introduites ne sont pas ici considérées comme faisant partie de la biodiversité naturelle du site. Des exceptions peuvent être faites pour les espaces intérieurs (serres, vérandas, etc qui offrent des microclimats adaptés à certaines de ces espèces).

Rappels généraux sur la biodiversité[modifier | modifier le wikicode]

La diversité biologique est la diversité de toutes les formes du vivant. Elle est habituellement subdivisée en trois niveaux :

  • La diversité génétique, qui se définit par la variabilité des gènes au sein d’une même espèce ou d’une population. Elle est donc caractérisée par la différence de deux individus d’une même espèce ou sous-espèce (diversité intraspécifique).
    Les biologistes accordent une importance croissante à la diversité génétique et à la circulation des gènes. L'avenir étant inconnu, nul ne peut savoir quels gènes seront les plus importants pour l'évolution. Il y a donc consensus sur le fait que le meilleur choix de conservation de la biodiversité est d'assurer la sauvegarde du plus large pool génétique possible sur des habitats suffisamment représentatifs et interconnectés pour que les échanges de gènes restent possibles.
  • La diversité spécifique, correspond à la diversité des [[w:espèce|Espèce (diversité interspécifique). Ainsi, chaque groupe défini peut alors être caractérisé par le nombre des espèces qui le composent, voir taxinomie. Cependant, pour caractériser le nombre de plan d'organisation anatomique, il est préférable d'employer le terme de disparité.
  • La diversité écosystémique, qui correspond à la diversité des écosystèmes présents sur Terre, des interactions des populations naturelles et de leurs environnements physiques.

L'ensemble de ces qualités permettent à la diversité de remplir des fonctions et interactions irremplaçables permettant les équilibres dynamiques du monde vivant et complexe.

Régression de la biodiversité dans le monde[modifier | modifier le wikicode]

L'évaluation du millénaire, après la conférence de Rio a réattiré l'attention du monde sur le rapide déclin de la biodiversité. Ce déclin s'est encore accru de 2005 à 2008 selon le rapport de mi-étape d'une étude consacrée à l’économie des écosystèmes et de la biodiversité [1] qui conclut que sans actions fortes, la perte associée de services écosystémiques s’accélérera. Au rythme du début des années 2000, 11 % seulement des espaces naturels existant en 2000 auront disparu avant 2050 et près de 40 % des sols actuellement exploités extensivement (ce qui permet la survie d'une partie significative de la biodiversité ordinaire) seront converties à l'agriculture intensive. La surpêche, la pollution, les maladies, les espèces invasives et le blanchissement des coraux pourraient causer la disparition de 60 % des récifs coralliens d'ici 2030. Ceci menace le fonctionnement de la planète et les économies et sociétés humaines conclue ce même rapport qui évalue qu'un scenario de statut-quo conduira à une « perte annuelle de bien-être due à la disparition de services écosystémiques » pouvant atteindre 6 % du PIB mondial d’ici 2050.

Dans l'environnement construit et habité par l'homme, la biodiversité a reculé pour de multiples raisons, dont principalement

  • Destruction des habitats naturels, et occupation du sol par le bâti
  • artificialisation des espaces, des sols et milieux relictuels (dont jardins, espaces verts, fonds et berges des cours d'eau...)
  • dégradation des sols
  • pollution de l'environnement (incluant la pollution lumineuse vis à vis de l'environnement nocturne)
  • fragmentation écologique de l'espace par les infrastructures de transport de biens, de personnes, d'eau et d'énergie (gaz, électricité)
  • roadkill (animaux écrasés par les véhicules)
  • dérangement de la faune sauvage

Ce sont ces éléments que les approches de type « HQE », « gestion écologique et donc restauratoire et différentiée », « ville durable », etc. cherchent à traiter.


Notes et références[modifier | modifier le wikicode]