« Apprendre la guitare/Travail du médiator » : différence entre les versions

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Ce chapitre ne traite ni du jeu aux doigts tel qu’il est pratiqué sur une [[w:Guitare_classique|guitare classique]], ni du jeu aux doigts sur une [[w:Guitare_folk|guitare folk]] (le « [[w:Picking|finger-picking]] »). Il se concentre uniquement sur le jeu au [[w:Plectre|médiator]], praticable sur guitare folk, et pratiqué par la presque totalité des guitaristes jouant sur [[w:Guitare_électrique|guitare électrique]]. Chacune des deux premières techniques constitue un domaine d’étude à part entière, et il est conseillé de se reporter à un article spécialisé si l’une d’elles vous intéresse.
Ce chapitre ne traite ni du jeu aux doigts tel qu’il est pratiqué sur une [[w:Guitare_classique|guitare classique]], ni du jeu aux doigts sur une [[w:Guitare_folk|guitare folk]] (le « [[w:Picking|finger-picking]] »). Il se concentre uniquement sur le jeu au [[w:Plectre|médiator]], praticable sur guitare folk, et pratiqué par la presque totalité des guitaristes jouant sur [[w:Guitare_électrique|guitare électrique]]. Chacune des deux premières techniques constitue un domaine d’étude à part entière, et il est conseillé de se reporter à un article spécialisé si l’une d’elles vous intéresse.


[[File:Plectrum playing.JPG|right|thumb|250px|Une des façons de tenir le médiator]]
[[File:Guitare position standard.jpg|right|thumb|250px|Position "standard"]]
Contrairement au jeu aux doigts pour lequel, dans le cas de la guitare classique, il existe une position académique de la main droite, on compte presque autant de manières de tenir et de se servir d'un médiator que de guitaristes. La guitare est un instrument conçu d’abord pour être joué avec les doigts, et si la notion de « position correcte » pour jouer au médiator est parfois mentionnée par certaines méthodes ou certains auteurs de cours en ligne, la diversité radicale des techniques des guitaristes les plus brillants dans cette forme de jeu montre que la réalité du jeu au médiator est en fait plus complexe. La position dite « standard » - prise fermée, pas d’ancrage, mouvement par oscillation du poignet - n’est de fait qu’une position praticable parmi d’autres. Nombre de variantes sont effectivement pratiquées par de grands guitaristes, parmi un large éventail de choix possibles : prise fermée ou ouverte, ancrage de la main droite à l’aide d’un ou plusieurs doigts, appui du bord de la paume et de l’auriculaire sur la table, paume de la main flottante, paume en appui sur les cordes ou sur le chevalet, poignet flottant, poignet en appui sur le chevalet, mouvement basé sur un déplacement du couple index et pouce, sur l’oscillation ou la flexion du poignet, sur la rotation ou l’oscillation de l’avant-bras, sur une combinaison de ces mouvements élémentaires… Toutes ces variantes ne présentent pas les mêmes avantages et inconvénients, toutes ne conviennent pas à tous les guitaristes, ni à toutes les formes de guitares, ni même à tous les contextes de jeu : jeu rythmique lent et ample, jeu rythmique sec et rapide, jeu solo à vitesse moyenne, jeu solo en son saturé à vitesse extrême… Le choix d’une variante implique inévitablement un compromis entre d’une part, la précision de l’attaque et la variété des nuances, c’est-à-dire les facteurs contribuant à la qualité et l’expressivité du son, d’autre part l’économie de mouvement et l’évitement des tensions, c’est-à-dire tous ceux contribuant à la virtuosité du jeu - l’évitement de toute tension musculaire doit impérativement être pris en compte si l‘on souhaite éviter les blessures physiques à moyen ou long terme, telles que [[w:Tendinite|tendinite]] ou [[w:Syndrome_du_canal_carpien|syndrome du canal carpien]].
Contrairement au jeu aux doigts pour lequel, dans le cas de la guitare classique, il existe une position académique de la main droite, on compte presque autant de manières de tenir et de se servir d'un médiator que de guitaristes. La guitare est un instrument conçu d’abord pour être joué avec les doigts, et si la notion de « position correcte » pour jouer au médiator est parfois mentionnée par certaines méthodes ou certains auteurs de cours en ligne, la diversité radicale des techniques des guitaristes les plus brillants dans cette forme de jeu montre que la réalité du jeu au médiator est en fait plus complexe. La position dite « standard » - prise fermée, pas d’ancrage, mouvement par oscillation du poignet - n’est de fait qu’une position praticable parmi d’autres. Nombre de variantes sont effectivement pratiquées par de grands guitaristes, parmi un large éventail de choix possibles : prise fermée ou ouverte, ancrage de la main droite à l’aide d’un ou plusieurs doigts, appui du bord de la paume et de l’auriculaire sur la table, paume de la main flottante, paume en appui sur les cordes ou sur le chevalet, poignet flottant, poignet en appui sur le chevalet, mouvement basé sur un déplacement du couple index et pouce, sur l’oscillation ou la flexion du poignet, sur la rotation ou l’oscillation de l’avant-bras, sur une combinaison de ces mouvements élémentaires… Toutes ces variantes ne présentent pas les mêmes avantages et inconvénients, toutes ne conviennent pas à tous les guitaristes, ni à toutes les formes de guitares, ni même à tous les contextes de jeu : jeu rythmique lent et ample, jeu rythmique sec et rapide, jeu solo à vitesse moyenne, jeu solo en son saturé à vitesse extrême… Le choix d’une variante implique inévitablement un compromis entre d’une part, la précision de l’attaque et la variété des nuances, c’est-à-dire les facteurs contribuant à la qualité et l’expressivité du son, d’autre part l’économie de mouvement et l’évitement des tensions, c’est-à-dire tous ceux contribuant à la virtuosité du jeu - l’évitement de toute tension musculaire doit impérativement être pris en compte si l‘on souhaite éviter les blessures physiques à moyen ou long terme, telles que [[w:Tendinite|tendinite]] ou [[w:Syndrome_du_canal_carpien|syndrome du canal carpien]].


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== Prises ouvertes et fermées ==
== Prises ouvertes et fermées ==


Le médiator se tient entre le pouce et l’index, ou bien entre le pouce, l’index et le majeur. Certains guitaristes préfèrent le tenir entre le pouce et le majeur : [[w:Edward Van Halen|Edward Van Halen]] pose ainsi son index sur la tranche du médiator, laissant celui-ci disponible pour le jeu en [[w:Tapping|tapping]]. La prise va d’une main semi-fermée (la position dite « standard ») à une main semi-ouverte ([[w:Yngwie Malmsteen|Yngwie Malmsteen]], [[w:Vinnie Moore|Vinnie Moore]], [[w:Paul Gilbert|Paul Gilbert]], [[w:George Lynch|George Lynch]]) en passant par tous les intermédiaires, plus quelques variantes extrêmes (comme la variante dite de [[w:George Benson|George Benson]], également pratiquée par [[w:Pat Metheny|Pat Metheny]], [[w:Steve Morse|Steve Morse]] ou [[w:Marty Friedman|Marty Friedman]]).[[File:Plectrumhaltung.svg|left|thumb|180px|Exemple d'une tenue du médiator entre le pouce et l'index]] Dans la prise fermée usuelle, le médiator se tient entre les bords des deux dernières phalanges de l’index replié sur lui-même et la dernière phalange du pouce (on compte les phalanges d’un doigt à partir de celle reliée à la paume de la main). Le pouce peut être droit ou légèrement fléchi, ou au contraire légèrement en extension : le médiator peut dans ce cas être aussi maintenu par la pression sur l’index de l’articulation reliant les deux phalanges du pouce. Les autres doigts de la main droite sont repliés sur eux-mêmes, sans aucune tension. La pression du pouce sur l’index doit être juste suffisante pour tenir le médiator sans gêner le mouvement de la main droite, mais elle peut être augmentée ponctuellement afin d’accentuer une ou plusieurs notes. En prise ouverte, le médiator est tenu entre le pouce et le bord de la dernière phalange de l’index. L’écart entre le pouce et de l’index est plus important : cette prise autorise dans une certaine mesure le déplacement du médiator par flexion et extension du couple pouce et index, indépendamment des autres parties de la main droite. Les autres doigts peuvent être légèrement repliés ou non. Chez certains guitaristes, ils sont totalement en extension dans les mouvements les plus rapides. Dans la variante dite de George Benson, l’extension du pouce est très accentuée, et le médiator est tenu entre l’articulation du pouce et les dernières phalanges de l’index et du majeur.
Le médiator se tient entre le pouce et l’index, ou bien entre le pouce, l’index et le majeur. Certains guitaristes préfèrent le tenir entre le pouce et le majeur : [[w:Edward Van Halen|Edward Van Halen]] pose ainsi son index sur la tranche du médiator, laissant celui-ci disponible pour le jeu en [[w:Tapping|tapping]]. La prise va d’une main semi-fermée (la position dite « standard ») à une main semi-ouverte ([[w:Yngwie Malmsteen|Yngwie Malmsteen]], [[w:Vinnie Moore|Vinnie Moore]], [[w:Paul Gilbert|Paul Gilbert]], [[w:George Lynch|George Lynch]]) en passant par tous les intermédiaires, plus quelques variantes extrêmes (comme la variante dite de [[w:George Benson|George Benson]], également pratiquée par [[w:Pat Metheny|Pat Metheny]], [[w:Steve Morse|Steve Morse]] ou [[w:Marty Friedman|Marty Friedman]]).[[File:Guitare mediator prise fermee.jpg|left|thumb|180px|Prise fermée]] Dans la prise fermée usuelle, le médiator se tient entre les bords des deux dernières phalanges de l’index replié sur lui-même et la dernière phalange du pouce (on compte les phalanges d’un doigt à partir de celle reliée à la paume de la main). Le pouce peut être droit ou légèrement fléchi, ou au contraire légèrement en extension : le médiator peut dans ce cas être aussi maintenu par la pression sur l’index de l’articulation reliant les deux phalanges du pouce. Les autres doigts de la main droite sont repliés sur eux-mêmes, sans aucune tension. La pression du pouce sur l’index doit être juste suffisante pour tenir le médiator sans gêner le mouvement de la main droite, mais elle peut être augmentée ponctuellement afin d’accentuer une ou plusieurs notes. [[File:Guitare mediator prise ouverte.jpg|left|thumb|180px|Prise ouverte]] En prise ouverte, le médiator est tenu entre le pouce et le bord de la dernière phalange de l’index, ou encore, entre le pouce et les dernières phalanges de l’index et du majeur. L’écart entre le pouce et l’index est alors plus important : cette prise autorise dans une certaine mesure le déplacement du médiator par flexion et extension du couple pouce et index, indépendamment des autres parties de la main droite. Les autres doigts peuvent être légèrement repliés ou non. Chez certains guitaristes, ils sont totalement en extension dans les mouvements les plus rapides. Dans la variante dite de George Benson, l’extension du pouce est très accentuée, et le médiator est tenu entre l’articulation du pouce et les dernières phalanges de l’index et du majeur.


Chaque type de prise n’offre ni exactement le même son, ni exactement la même forme de contrôle du médiator. Les prises fermées permettent une grande puissance de jeu, et un bon contrôle des nuances et du volume. Elles conviennent bien au jeu en rythmique ou au jeu en solo très articulé à vitesse moyenne (harmoniques artificielles, coloration du son par variations de l’attaque, étouffements, etc.). En contrepartie, en rendant l’index et le pouce solidaires de l’ensemble de la main droite, une prise très fermée obligera celle-ci à se déplacer en un seul bloc, limitant la précision de la trajectoire du médiator. La technique de l’ancrage peut compenser partiellement ce manque, mais dans tous les cas, une prise fermée rendra plus délicat le jeu à grande vitesse. D’autre part, la fermeture des doigts a tendance à crisper l’ensemble de la main, voire à bloquer le poignet, ce qui peut générer des tensions dans l’ensemble de l’avant-bras. En désolidarisant le pouce et l’index du reste de la main, les prises ouvertes permettent au couple formé par ces deux doigts de contrôler d’avantage ou même d’initier partiellement le mouvement du médiator, autorisant un jeu précis à grande vitesse, tout en autorisant une grande souplesse de mouvement à la main droite. En contrepartie, une position très ouverte aura tendance à produire un son plus fin et plus uniforme. Le recours à un son saturé et à un médiator épais peuvent limiter partiellement cette perte de puissance, mais ce type de position est plutôt pratiqué par les guitaristes privilégiant la vitesse de jeu au détriment de la variété des nuances.
Chaque type de prise n’offre ni exactement le même son, ni exactement la même forme de contrôle du médiator. Les prises fermées permettent une grande puissance de jeu, et un bon contrôle des nuances et du volume. Elles conviennent bien au jeu en rythmique ou au jeu en solo très articulé à vitesse moyenne (harmoniques artificielles, coloration du son par variations de l’attaque, étouffements, etc.). En contrepartie, en rendant l’index et le pouce solidaires de l’ensemble de la main droite, une prise très fermée obligera celle-ci à se déplacer en un seul bloc, limitant la précision de la trajectoire du médiator. La technique de l’ancrage peut compenser partiellement ce manque, mais dans tous les cas, une prise fermée rendra plus délicat le jeu à grande vitesse. D’autre part, la fermeture des doigts a tendance à crisper l’ensemble de la main, voire à bloquer le poignet, ce qui peut générer des tensions dans l’ensemble de l’avant-bras. En désolidarisant le pouce et l’index du reste de la main, les prises ouvertes permettent au couple formé par ces deux doigts de contrôler d’avantage ou même d’initier partiellement le mouvement du médiator, autorisant un jeu précis à grande vitesse, tout en autorisant une grande souplesse de mouvement à la main droite. En contrepartie, une position très ouverte aura tendance à produire un son plus fin et plus uniforme. Le recours à un son saturé et à un médiator épais peuvent limiter partiellement cette perte de puissance, mais ce type de position est plutôt pratiqué par les guitaristes privilégiant la vitesse de jeu au détriment de la variété des nuances.

Version du 14 avril 2009 à 12:45

Ce chapitre ne traite ni du jeu aux doigts tel qu’il est pratiqué sur une guitare classique, ni du jeu aux doigts sur une guitare folk (le « finger-picking »). Il se concentre uniquement sur le jeu au médiator, praticable sur guitare folk, et pratiqué par la presque totalité des guitaristes jouant sur guitare électrique. Chacune des deux premières techniques constitue un domaine d’étude à part entière, et il est conseillé de se reporter à un article spécialisé si l’une d’elles vous intéresse.

Position "standard"

Contrairement au jeu aux doigts pour lequel, dans le cas de la guitare classique, il existe une position académique de la main droite, on compte presque autant de manières de tenir et de se servir d'un médiator que de guitaristes. La guitare est un instrument conçu d’abord pour être joué avec les doigts, et si la notion de « position correcte » pour jouer au médiator est parfois mentionnée par certaines méthodes ou certains auteurs de cours en ligne, la diversité radicale des techniques des guitaristes les plus brillants dans cette forme de jeu montre que la réalité du jeu au médiator est en fait plus complexe. La position dite « standard » - prise fermée, pas d’ancrage, mouvement par oscillation du poignet - n’est de fait qu’une position praticable parmi d’autres. Nombre de variantes sont effectivement pratiquées par de grands guitaristes, parmi un large éventail de choix possibles : prise fermée ou ouverte, ancrage de la main droite à l’aide d’un ou plusieurs doigts, appui du bord de la paume et de l’auriculaire sur la table, paume de la main flottante, paume en appui sur les cordes ou sur le chevalet, poignet flottant, poignet en appui sur le chevalet, mouvement basé sur un déplacement du couple index et pouce, sur l’oscillation ou la flexion du poignet, sur la rotation ou l’oscillation de l’avant-bras, sur une combinaison de ces mouvements élémentaires… Toutes ces variantes ne présentent pas les mêmes avantages et inconvénients, toutes ne conviennent pas à tous les guitaristes, ni à toutes les formes de guitares, ni même à tous les contextes de jeu : jeu rythmique lent et ample, jeu rythmique sec et rapide, jeu solo à vitesse moyenne, jeu solo en son saturé à vitesse extrême… Le choix d’une variante implique inévitablement un compromis entre d’une part, la précision de l’attaque et la variété des nuances, c’est-à-dire les facteurs contribuant à la qualité et l’expressivité du son, d’autre part l’économie de mouvement et l’évitement des tensions, c’est-à-dire tous ceux contribuant à la virtuosité du jeu - l’évitement de toute tension musculaire doit impérativement être pris en compte si l‘on souhaite éviter les blessures physiques à moyen ou long terme, telles que tendinite ou syndrome du canal carpien.

La vitesse est sans doute la difficulté technique la plus immédiatement repérable du jeu au médiator : elle est aujourd’hui partie intégrante de nombreux styles dérivés du Hard-Rock et du Heavy-Metal dans lesquels certains guitaristes ont atteint des vitesses de jeu spectaculaires. L’écoute superficielle de ces guitaristes virtuoses peut cependant occulter le fait que les plus grands d’entre eux sont aussi, ou peut-être même avant tout, de grands musiciens, dont la qualité de jeu ne saurait se réduire à leur seule capacité à jouer à une vitesse hors du commun. Au-delà de l’effet de fascination légitime produit par cet aspect du jeu au médiator, le travail de la vitesse de la main droite n’est en fait qu’un simple outil, une simple éducation de la mémoire musculaire, dont le but est de parvenir à un automatisme complet du mouvement dans son aspect le plus mécanique. Une fois cet outil maîtrisé, le véritable travail de la main droite peut commencer, à savoir, apprendre à se servir de cet outil pour s’exprimer musicalement. Dans cette phase préparatoire, certains guitaristes parviennent spontanément à trouver un mouvement à la fois efficace, sans tension, sonnant bien et facile à accélérer. D’autres n’ont pas les mêmes chances, et doivent lutter plusieurs mois ou plusieurs années avant de trouver un mouvement comparable, parfois au prix du long et pénible travail de désapprentissage d’un mouvement initial inefficace, mais devenu totalement intégré à leur jeu. Si vous débutez la guitare, le mieux est probablement de faire appel à un professeur pour éviter d’aboutir à cette dernière situation. Si vous jouez de la guitare depuis déjà plusieurs années mais restez obstinément bloqué à une vitesse insuffisante selon vos propres exigences, n’hésitez pas à recourir à l’aide d’un professionnel pour tenter de cerner et résoudre votre problème. Un conseil fréquemment donné aux guitaristes souhaitant améliorer leur jeu à la main droite est de chercher le mouvement le plus précis, le plus économe en déplacements possible, de travailler ce mouvement à vitesse très lente, puis de l’accélérer graduellement sur une période de plusieurs jours, plusieurs semaines ou plusieurs mois. Idéalement, le mouvement à vitesse lente devrait être identique à celui utilisé à une vitesse plus élevée, c’est-à-dire impliquer les mêmes muscles, les mêmes déplacements de chaque partie du bras, la même position de la main droite. Son accélération ne devrait engendrer aucune forme de tension, ni aucune perte de précision dans la trajectoire du médiator. N’hésitez pas à revenir à une vitesse plus lente, à essayer un autre mouvement ou un autre placement de la main droite : le passage à une position inhabituelle peut vous aider à prendre conscience des avantages et inconvénients, ou même des défauts de celle qui semble vous convenir le mieux. Vous pouvez, à vitesse très lente, tenter de vous projeter mentalement à vitesse plus rapide : serez-vous capable de garder exactement le même mouvement à une vitesse plus élevée ? Quels sont sinon les composantes du mouvement qui poseront problème ? Comment les corriger ?

Le travail de la main droite peut se faire avec et sans métronome, en son saturé mais aussi en son clair, ou même sans ampli, les effets tels que la saturation ou la réverbération ayant tendance à masquer les imperfections du jeu. Notez qu'une manière impitoyable de détecter les irrégularités de votre jeu consiste à étirer un enregistrement de celui-ci dans un éditeur de sons (via une fonction « time stretch », ralentissant le signal enregistré sans changer sa hauteur). Les exercices travaillés ne pas être trop répétitifs, sous peine de brider la créativité musicale : si vous ne jouez que des gammes ou des motifs de 3 ou 4 notes en boucle, votre jeu improvisé aura du mal à dépasser musicalement ce stade – on joue surtout ce que l’on travaille. Les exercices à contraintes – par exemple, improviser en changeant de corde au moins toutes les deux notes, ou en ne faisant que des sauts de cordes à chaque changement de corde – sont un bon moyen de travailler une difficulté particulière sans s’enfermer dans un cadre trop rigide.


Choix du médiator

Médiator à la forme peu commune

Les médiators existent en des formes, épaisseurs et matériaux divers. Le choix d’un modèle n’est soumis à aucune règle particulière, et relève avant tout du goût personnel, voire de l'humeur du jour. Un médiator très épais aura tendance à procurer un son plus rond et plus massif, mais en opposant plus de résistance au pincement des cordes, il sera aussi plus difficile à manier. Un médiator très souple glissera sur les cordes presque sans aucune résistance, mais limitera la puissance du son en réduisant presque celui-ci à son attaque.

Prises ouvertes et fermées

Le médiator se tient entre le pouce et l’index, ou bien entre le pouce, l’index et le majeur. Certains guitaristes préfèrent le tenir entre le pouce et le majeur : Edward Van Halen pose ainsi son index sur la tranche du médiator, laissant celui-ci disponible pour le jeu en tapping. La prise va d’une main semi-fermée (la position dite « standard ») à une main semi-ouverte (Yngwie Malmsteen, Vinnie Moore, Paul Gilbert, George Lynch) en passant par tous les intermédiaires, plus quelques variantes extrêmes (comme la variante dite de George Benson, également pratiquée par Pat Metheny, Steve Morse ou Marty Friedman).

Prise fermée

Dans la prise fermée usuelle, le médiator se tient entre les bords des deux dernières phalanges de l’index replié sur lui-même et la dernière phalange du pouce (on compte les phalanges d’un doigt à partir de celle reliée à la paume de la main). Le pouce peut être droit ou légèrement fléchi, ou au contraire légèrement en extension : le médiator peut dans ce cas être aussi maintenu par la pression sur l’index de l’articulation reliant les deux phalanges du pouce. Les autres doigts de la main droite sont repliés sur eux-mêmes, sans aucune tension. La pression du pouce sur l’index doit être juste suffisante pour tenir le médiator sans gêner le mouvement de la main droite, mais elle peut être augmentée ponctuellement afin d’accentuer une ou plusieurs notes.

Prise ouverte

En prise ouverte, le médiator est tenu entre le pouce et le bord de la dernière phalange de l’index, ou encore, entre le pouce et les dernières phalanges de l’index et du majeur. L’écart entre le pouce et l’index est alors plus important : cette prise autorise dans une certaine mesure le déplacement du médiator par flexion et extension du couple pouce et index, indépendamment des autres parties de la main droite. Les autres doigts peuvent être légèrement repliés ou non. Chez certains guitaristes, ils sont totalement en extension dans les mouvements les plus rapides. Dans la variante dite de George Benson, l’extension du pouce est très accentuée, et le médiator est tenu entre l’articulation du pouce et les dernières phalanges de l’index et du majeur.

Chaque type de prise n’offre ni exactement le même son, ni exactement la même forme de contrôle du médiator. Les prises fermées permettent une grande puissance de jeu, et un bon contrôle des nuances et du volume. Elles conviennent bien au jeu en rythmique ou au jeu en solo très articulé à vitesse moyenne (harmoniques artificielles, coloration du son par variations de l’attaque, étouffements, etc.). En contrepartie, en rendant l’index et le pouce solidaires de l’ensemble de la main droite, une prise très fermée obligera celle-ci à se déplacer en un seul bloc, limitant la précision de la trajectoire du médiator. La technique de l’ancrage peut compenser partiellement ce manque, mais dans tous les cas, une prise fermée rendra plus délicat le jeu à grande vitesse. D’autre part, la fermeture des doigts a tendance à crisper l’ensemble de la main, voire à bloquer le poignet, ce qui peut générer des tensions dans l’ensemble de l’avant-bras. En désolidarisant le pouce et l’index du reste de la main, les prises ouvertes permettent au couple formé par ces deux doigts de contrôler d’avantage ou même d’initier partiellement le mouvement du médiator, autorisant un jeu précis à grande vitesse, tout en autorisant une grande souplesse de mouvement à la main droite. En contrepartie, une position très ouverte aura tendance à produire un son plus fin et plus uniforme. Le recours à un son saturé et à un médiator épais peuvent limiter partiellement cette perte de puissance, mais ce type de position est plutôt pratiqué par les guitaristes privilégiant la vitesse de jeu au détriment de la variété des nuances.

Mouvements de la main droite

Le mouvement de la main droite résulte d’une combinaison à parts inégales de plusieurs sortes de mouvements élémentaires : l’oscillation du couple pouce et index, une oscillation de la main droite de point central situé au niveau du poignet, une rotation de l’avant-bras, et une oscillation de l’avant-bras de point central situé au niveau du coude. Ces mouvements ne sont bien sûr pas tous indépendants, mais pour un type de prise et un placement donné de la main droite, l’un d’eux est en général majoritaire. Le choix d’un mouvement de base est bien sûr étroitement corrélé au type de prise choisi et au placement de la main droite. En prise fermée, le mouvement du médiator peut par exemple être basé sur l’oscillation du poignet lorsque la main droite est proche des cordes, ou bien sur la rotation de l’avant-bras lorsque celle-ci est plus éloignée. En prise ouverte, la base du mouvement peut être l’oscillation du couple pouce et index, le reste de la main et du bras accompagnant naturellement ce mouvement initial par une légère oscillation du poignet et /ou une rotation de l’avant-bras. Dans la variante de George Benson, le mouvement est basé sur la flexion et l’extension du poignet.

Il est possible avec une prise fermée de baser le mouvement sur une oscillation de l’avant-bras, et d’atteindre en bloquant le poignet une très grande vitesse de jeu, mais outre le problème de tension généré par le mouvement produit, l’imprécision de celui-ci rend difficile les changements de cordes. Michael Angelo Batio est cependant connu pour pratiquer un mouvement de cette sorte, associant une prise ouverte à une méthode d’ancrage inédite consistant en l’appui du majeur et de l’annulaire sur la table, tous deux en extension, la main droite flottant au dessus des cordes. La vitesse de jeu atteinte par ce mouvement est presque inégalable (Michael Angelo Batio est considéré comme l’un des « shredders » les plus rapides de tous les temps) mais oblige ses guitares à être équipées d’un étouffoir au niveau du sillet pour éviter les résonances des cordes à vide, que la main droite ne peut étouffer elle-même dans cette position.

L’ancrage

L’ancrage consiste à poser sur la table l’extrémité de l’auriculaire (Frank Gambale) ou de l’auriculaire et du majeur (Django Reinhardt), ou encore, en prise ouverte, le bord de la main et de l’auriculaire (Yngwie Malmsteen). Le gain immédiat du procédé est de stabiliser la hauteur de la main gauche et de faciliter ainsi les changements de cordes. Cette technique a aussi ses détracteurs, estimant qu’elle a tendance à gêner le mouvement naturel de la main droite – ce qui est effectivement le cas en prise fermée si la pression des doigts sur la table est excessive au point d’immobiliser la main, mais pas si elle est suffisamment légère pour permettre aux doigts posés de glisser sur la table.

Jeu alterné et jeu directionnel

Le jeu alterné consiste, dans chaque suite de notes de durées égales, à alterner la direction des coups de médiator sur chaque note : ↓bas, ↑haut, ↓bas, ↑haut, etc. Ce changement de direction se fait quelle que soit la corde sur laquelle se situe la seconde note, qu’il s’agisse de la même corde, d’une corde voisine ou d’une corde distante. Dans le cas d’une corde différente, le changement de corde est qualifié soit d’interne, soit d’externe. On parle de changement externe lorsque la corde cible est attaquée à par le médiator à l’extérieur de la zone délimitée par les deux cordes, de changement interne lorsque cette attaque a lieu entre les deux cordes. Jouez alternativement les deux cordes Ré et Sol de votre guitare (la 4ème et la 3ème en partant de la corde la plus aiguë), en commençant par la corde Ré (la plus grave) et par un coup de médiator vers le bas, et en alternant les directions bas et haut : ↓Ré, ↑Sol, ↓Ré, ↑Sol, etc. A chaque changement de corde, la pointe du médiator doit contourner la corde cible immédiatement avant de l’attaquer par l’extérieur : chaque changement est externe. Recommencez, en commençant cette fois par la corde Sol (la plus aiguë) et par un coup de médiator vers le bas : ↓Sol, ↑Ré, ↓Sol, ↑Ré, etc. A chaque changement de corde, la pointe du médiator revient dans la zone située entre les deux cordes puis attaque la nouvelle corde par l’intérieur : chaque changement est interne. Un changement externe peut sembler a priori plus naturel qu’un changement interne, mais il sera en réalité plus difficile à effectuer à grande vitesse : dans sa trajectoire vers la zone extérieure aux deux cordes, le médiator aura tendance à accrocher la corde cible à son premier passage s’il n’est pas suffisamment éloigné de celle-ci. L’inclinaison volontaire de la pointe du médiator en direction de la zone extérieure aux deux cordes, si elle n’est pas suffisante par réflexe, peut être effectuée à l’aide d’une flexion ou d'une extension infime du pouce, éventuellement combinée à une rotation infime du poignet, l’une et l’autre étant effectuées dans la continuité du mouvement global de la main droite.

La technique du jeu directionnel permet de résoudre partiellement le problème des changements externes : elle consiste à remplacer, pour chaque changement externe, les deux coups alternés du médiator par un unique coup frappant d’abord la corde source, puis, sans changer de direction, la corde cible : ↓Ré, ↓Sol,↑Sol, ↑Ré, ↓Ré, ↓Sol, etc. Correctement travaillée, cette technique produit un jeu fluide demandant très peu de mouvements à la main droite (elle est aussi connue sous le nom de « economy picking »). Elle peut être au début assez déroutante, à cause du mélange de deux types de mouvements – alterné et continu – et de l’inversion périodique de la correspondance temps fort/mouvement vers le bas, temps faible/mouvement vers le haut, cette correspondance servant instinctivement de repère rythmique dans le jeu alterné sur un tempo binaire.