« La politique monétaire/Les anticipations d'inflation » : différence entre les versions

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On ne peut pas créer de théorie macroéconomique utiliser les grandes variables que sont le PIB, le niveau des prix, la masse monétaire, les taux, et ainsi de suite. La macroéconomie a pour but de trouver des relations assez stables entre ces variables, afin de pouvoir décrire le fonctionnement de l'économie. Mais ces relations ne sont pas forcement

Les agents anticipent la politique monétaire et réagissent en fonction. Pour la politique monétaire, ce sont essentiellement les anticipations d'inflation qui sont importantes. Les agents économiques essayent de prédire l'inflation future, consciemment ou non, et tiennent compte de ces anticipations lors de leurs décisions. Les décisions d'épargne, de consommation, les revendications salariales, et bien d'autres décisions demandent en effet de prédire l'inflation. Par exemple, une forte inflation anticipée peut pousser les agents à négocier leurs salaires à la hausse, ou à prendre plus de risques pour leurs investissements. Toutes ces réactions font que l'inflation est performative, à savoir que le simple fait d'anticiper l'inflation suffit à la concrétiser. Les banques centrales ayant comme mandat un contrôle de l'inflation, elles suivent régulièrement l'évolution de ces anticipations, pour bien faire leur travail. Il est donc très important de voir dans le détail ce qui influence les anticipations d'inflation et quel est leur influence sur l'économie. Si on tient compte de ces anticipations, le fonctionnement de l'économie est plus compliqué à comprendre et à modéliser, mais le faire nous donne des résultats particulièrement intéressants. Le présent chapitre va donc détailler les modèles qui utilisent les anticipations des agents économiques et les modélisent. Modéliser les anticipations d'inflation est assez compliqué et plusieurs modèles ont été inventés par les économistes. Pour simplifier, on distingue les anticipations rationnelles des autres, dites adaptatives/extrapolatives.

Les anticipations adaptatives

Les premières théories monétaristes ont tenté de modéliser les anticipations des agents économiques avec des anticipations adaptatives, où les agents utilisent l'inflation passée pour prédire l'inflation future. Avec celles-ci, les agents anticipent l'inflation en faisant une moyenne pondérée des valeurs passées de l'inflation. Les valeurs passées de l'inflation ont un poids qui diminue exponentiellement avec le temps.

Dans le cas le plus simple, celui des anticipations fixes, les agents ne prennent en compte que la dernière valeur de l'inflation. On parle alors d'anticipations extrapolatives.

Les anticipations adaptatives ne sont pas parfaites, et les utiliser dans des modèles économiques est relativement compliqué. Leur défaut principal est que les agents peuvent tenter de prédire l'inflation future en fonction de sources d'information relativement différentes, et non de la seule inflation passée. Certains traders peuvent surveiller les taux et la politique monétaire, identifier les chocs d'offre ou de demande, et ainsi de suite.

Les anticipations rationnelles

Pour résoudre ces problèmes, les anticipations adaptatives ont progressivement été remplacées par les anticipations rationnelles, la théorie des anticipations aujourd'hui la plus répandue (non sans être critiquée). Avec cette théorie, les agents économiques anticipent l'inflation en utilisant toute l'information disponible. Cela ne signifie pas que tous les agents se forgeront la même anticipation : au contraire, chaque agent peut se faire sa propre anticipation, fortement différente des anticipations des autres agents. Par exemple, les agents économiques peuvent se tromper avec des anticipations rationnelles. Néanmoins, et c'est là le cœur des anticipations rationnelles, la moyenne des anticipations de tous les agents ne se trompe pas : elle est égale à la valeur réelle qu'aura l'inflation dans le futur, si aucun évènement imprédictible n'a lieu. L'hypothèse des anticipations rationnelle ne postule donc pas des agents rationnels, mais des marchés rationnels : il s'agit plus d'un postulat d'intelligence collective que de rationalité individuelle.

Avec des anticipations rationnelles, en absence de rigidités nominales, l'inflation est prédite à la perfection et la politique monétaire n'a alors aucun effet. Celle-ci est parfaitement prédite par les agents économiques, qui s'adaptent et annule tout effet qu'elle aurait pu avoir. En théorie, seule l'inflation non-anticipée a un effet sur le PIB ou les taux réels. Certains auteurs ont réussi à rendre compte de l'existence d'un effet à court-terme de la politique monétaire tout en utilisant des anticipations rationnelles, mais cela demande d'ajouter des frictions dans les théories utilisées.