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<td style="text-align: justify; direction: ltr; width: 50%; text-indent: 15px">'''<small>XI. <span id="Dictum_est_a_Pythagora">[[#Dictum_est_a_Pythagora_back|''<i>Dictum est a Pythagora.</i>'']]</span> [[w:Pythagore|Pythagore]] disait que les hommes deviennent meilleurs lorsqu'ils s'approchent des dieux (Plut., ''<i>de Sperst.</i>''[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/supestition.htm#27 <sup>(169e)</sup>], et ''<i>de Orac. defect.</i>''[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/oracles1.htm <sup>[7]</sup>]); ou, selon la version de [[w:Sénèque|Sénèque]], qu'ils changent d'esprit en entrant dans un temple, en voyant de près l'image des dieux, en écoutant un oracle (''<i>Epist. 94</i>''[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/seneque/lucilius3.htm#_ftnref116 <sup>[116]</sup>]). Suivant Thalès, le monde était animé et plein des dieux (Diog. Laert., I, 27). L'interprétation que Cicéron donne de leur pensée n'est pas incontestable; elle est entachée d'idolâtrie. ([https://data.bnf.fr/fr/17106914/johann_friedrich_wagner/ ''<i>Wagner.</i>''])<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px"><span id="Eamdemque_rationem_luci_habent_in_agris">[[#Eamdemque_rationem_luci_habent_in_agris_back|''<i>Eamdemque rationem luci habent in agris.</i>'']]</span> On comprend peu comment la même raison fait placer les temples dans les villes, et les bois sacrés dans les campagnes : c'est sans doute pour que les habitants des campagnes comme ceux des villes aient à leur portée un lieu d'oraison et de recueillement. Ces bois étaient de simples bocages : aussi, malgré Cicéron, il y en eut toujours dans les villes; c'étaient comme les jardins des temples.<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px"><span id="Fortium_bonorumque_divinos">[[#Fortium_bonorumque_divinos_back|''<i>Fortium bonorumque divinos.</i>'']]</span> Ceci est plus poétique que philosophique. Cette distinction des âmes immortelles et des âmes divines n'est point réelle, ou n'est pas assez certaine pour être affirmée. Il y a dans cet ouvrage même des principes qui la combattent. Cicéron revient souvent à cette idée, qui ressemble à la doctrine du petit nombre des élus, mais qui n'a point l'appui des mêmes arguments; et il est permis de n'y voir qu'une concession aux croyances de son temps, et une illusion du [[w:Conjuration_de_Catilina|''<i>vainqueur de Catilina</i>'']], qui espérait que les sauveurs de la patrie seraient admis parmi les [[w:Di_indigetes|dieux ''<i>indigètes</i>'']]. (''<i>Nat. des dieux</i>'', II, 24[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/nature2.htm <sup>XXIV.</sup>] ; ''<i>Devoirs</i>'', III, [https://droitromain.univ-grenoble-alpes.fr/Francogallica/deofficiis3_fran.htm 5.] ; ''<i>Républi.</i>'', VI, 7[[s:Page:Cicéron_-_Œuvres_complètes_Nisard_1864_tome_4.djvu/354|<sup>VII.</sup>]] ; Lactance, I, 15[http://remacle.org/bloodwolf/eglise/lactance/instit1.htm <sup>CAPUT XV.</sup>], etc.)<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px">XI. <span id="Deos_ipsos_in_animis">[[#Deos_ipsos_in_animis_back|''<i>Deos ipsos in animis.</i>'']]</span> Les temples de toutes ces vertus existaient en effet à [[w:Rome_antique|''<i>Rome</i>'']] (''<i>Nat. des Dieux</i>'', II, 23[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/nature2.htm <sup>XXIII.</sup>]). [[w:Lactance|Lactance]] blâme l'approbation donnée par Cicéron à ce culte allégorique, qui lui parait propre à substituer l'adoration des vertus déesses à l'amour des vertus pratiques. « C'est la vertu, dit-il, qu'il faut honorer, et non son image » (I, 20[http://remacle.org/bloodwolf/eglise/lactance/instit1.htm#_ftnref82 <sup>CAPUT XX.</sup>]). [[w:Adrien_Turnèbe|Turnèbe]] veut placer ici une phrase que Lactance rapporte, et que l'on trouvera parmi les Fragments ; il y est question des statues de l'Amour que l'on voyait dans les gymnases grecs : c'est évidemment à cette idée qu'elle se rapporte ; mais placée au lieu indiqué par Tunèbe, elle se lierait difficilement à ce qui précède, et donnerait lieu de supposer une lacune plus étendues. |
<td style="text-align: justify; direction: ltr; width: 50%; text-indent: 15px">'''<small>XI. <span id="Dictum_est_a_Pythagora">[[#Dictum_est_a_Pythagora_back|''<i>Dictum est a Pythagora.</i>'']]</span> [[w:Pythagore|Pythagore]] disait que les hommes deviennent meilleurs lorsqu'ils s'approchent des dieux (Plut., ''<i>de Sperst.</i>''[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/supestition.htm#27 <sup>(169e)</sup>], et ''<i>de Orac. defect.</i>''[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/oracles1.htm <sup>[7]</sup>]); ou, selon la version de [[w:Sénèque|Sénèque]], qu'ils changent d'esprit en entrant dans un temple, en voyant de près l'image des dieux, en écoutant un oracle (''<i>Epist. 94</i>''[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/seneque/lucilius3.htm#_ftnref116 <sup>[116]</sup>]). Suivant Thalès, le monde était animé et plein des dieux (Diog. Laert., I, 27). L'interprétation que Cicéron donne de leur pensée n'est pas incontestable; elle est entachée d'idolâtrie. ([https://data.bnf.fr/fr/17106914/johann_friedrich_wagner/ ''<i>Wagner.</i>''])<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px"><span id="Eamdemque_rationem_luci_habent_in_agris">[[#Eamdemque_rationem_luci_habent_in_agris_back|''<i>Eamdemque rationem luci habent in agris.</i>'']]</span> On comprend peu comment la même raison fait placer les temples dans les villes, et les bois sacrés dans les campagnes : c'est sans doute pour que les habitants des campagnes comme ceux des villes aient à leur portée un lieu d'oraison et de recueillement. Ces bois étaient de simples bocages : aussi, malgré Cicéron, il y en eut toujours dans les villes; c'étaient comme les jardins des temples.<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px"><span id="Fortium_bonorumque_divinos">[[#Fortium_bonorumque_divinos_back|''<i>Fortium bonorumque divinos.</i>'']]</span> Ceci est plus poétique que philosophique. Cette distinction des âmes immortelles et des âmes divines n'est point réelle, ou n'est pas assez certaine pour être affirmée. Il y a dans cet ouvrage même des principes qui la combattent. Cicéron revient souvent à cette idée, qui ressemble à la doctrine du petit nombre des élus, mais qui n'a point l'appui des mêmes arguments; et il est permis de n'y voir qu'une concession aux croyances de son temps, et une illusion du [[w:Conjuration_de_Catilina|''<i>vainqueur de Catilina</i>'']], qui espérait que les sauveurs de la patrie seraient admis parmi les [[w:Di_indigetes|dieux ''<i>indigètes</i>'']]. (''<i>Nat. des dieux</i>'', II, 24[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/nature2.htm <sup>XXIV.</sup>] ; ''<i>Devoirs</i>'', III, [https://droitromain.univ-grenoble-alpes.fr/Francogallica/deofficiis3_fran.htm 5.] ; ''<i>Républi.</i>'', VI, 7[[s:Page:Cicéron_-_Œuvres_complètes_Nisard_1864_tome_4.djvu/354|<sup>VII.</sup>]] ; Lactance, I, 15[http://remacle.org/bloodwolf/eglise/lactance/instit1.htm <sup>CAPUT XV.</sup>], etc.)<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px">XI. <span id="Deos_ipsos_in_animis">[[#Deos_ipsos_in_animis_back|''<i>Deos ipsos in animis.</i>'']]</span> Les temples de toutes ces vertus existaient en effet à [[w:Rome_antique|''<i>Rome</i>'']] (''<i>Nat. des Dieux</i>'', II, 23[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/nature2.htm <sup>XXIII.</sup>]). [[w:Lactance|Lactance]] blâme l'approbation donnée par Cicéron à ce culte allégorique, qui lui parait propre à substituer l'adoration des vertus déesses à l'amour des vertus pratiques. « C'est la vertu, dit-il, qu'il faut honorer, et non son image » (I, 20[http://remacle.org/bloodwolf/eglise/lactance/instit1.htm#_ftnref82 <sup>CAPUT XX.</sup>]). [[w:Adrien_Turnèbe|Turnèbe]] veut placer ici une phrase que Lactance rapporte, et que l'on trouvera parmi les Fragments ; il y est question des statues de l'Amour que l'on voyait dans les gymnases grecs : c'est évidemment à cette idée qu'elle se rapporte ; mais placée au lieu indiqué par Tunèbe, elle se lierait difficilement à ce qui précède, et donnerait lieu de supposer une lacune plus étendues. |
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<td style="text-align: justify; direction: ltr; width: 50%; text-indent: 15px">'''<small><span id="Cylonio">[[#Cylonio_back|''<i>Cylonio.</i>'']]</span> [[w:Cylon|Cylon]], athénien, vainqueur aux jeux olympiques, s'était emparé, par l'ordre d'un oracle, de la citadelle. Assiégé par les Athéniens, et réduits à la famine, il parvint à s'évader avec son frère, et ses compagnons se réfugièrent en suppliants au pied de l'autel qui était dans l'Acropole ; ceux à qui la garde en fut confiée les séduisirent par des fausses assurances, et les immolèrent, ainsi que quelques autres qui s'étaient retirés près de l'autel des [[w:Érinyes|Euménides]] (Thucydide, I, 126[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/thucydide/livre1.htm#CXXVI <sup>CXXVI.</sup>]). Pour expier ce crime, on fit venir de [[w:Histoire_de_la_Crète#Crète_minoenne_et_mycénienne|''<i>Crète</i>'']] [[w:Épiménide|Épiménide]], dix ans avant la [[w:Guerres_médiques|''<i>guerre Persique</i>'']] (Platon, ''<i>Lois</i>'', I[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/loislivre1.htm <sup>📚</sup>] ; Diog. L., I, 110[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/laerce/epimenide.htm <sup>📚</sup>]), et des autels furent élevés à l'Affront et à l'Impudence. Il parait qu'Épiménide consacra ces autels dans la même intention que le roi [[w:Tullus_Hostilius|Tullus]] avait élevé des temples à la Pâleur et à la Peur, non pour les adorer, mais pour les apaiser et détourner leurs coups (liv. I, 27[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Tite/livre1.htm <sup>XXVII.(7)</sup>]). La même observation doit s'appliquer aux autels de la Fièvre et de la mauvaise Fortune (''<i>Nat. des D.</i>'', III, 25).<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px">XI. <span id="Vicepotæ">[[#Vicepotæ_back|''<i>Vicepotæ.</i>'']]</span> On trouve ''<i>Vicepota</i>'' ou ''<i>Vicapota</i>'', dans Tite Live, II, 7, et la déesse ''<i>Stata</i>'', dans Festus. L'origine du titre ''<i>Stator</i>'' est connue (Tite Live, I, t2 [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Tite/livre1.htm <sup>XII.</sup>] ; Ovid., ''<i>Fast.</i>'', VI, V. 793 [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/fast/FVI.html <sup>§§791-794</sup>]). Il y parle aussi de celui d'<i>Invictus</i> (''<i>Ibid.</i>'', v. 650).<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px"><span id="Salutis">[[#Salutis_back|''<i>Salutis.</i>'']]</span> Il y avait à Rome des temples érigés au [[w:Salus|Salut]], sur le [[w:Quirinal|Quirinal]] (''<i>ad Att.</i>'', IV, I [http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/atticus4.htm <sup>📚</sup>] ; Plin., ''<i>H. N.</i>'' XXXV, 4 [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/plineancien/livre35.htm <sup>VII.</sup>]); à l'Honneur (Tite Live, XXVII, 25 [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Tite/livre27.htm <sup>XXV.</sup>]); au Secours (Varr., ''<i>de Ling. lat.</i>'', IV, 10 ; Macr., ''<i>Sat.</i>'' I, 10 [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/macrobe/saturnales1.htm <sup>X., XII.</sup>]); à la Victoire, à l'Espérance (''<i>Nat. des D.</i>'', II, 23 [http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/nature2.htm <sup>XXIII.</sup>]), etc.<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px"><span id="Fortunaque">[[#Fortunaque_back|''<i>Fortunaque</i>'']]</span> sit tel hujusoe diei.</i>'' [[w:en:Fortuna_Huiusce_Diei|''<i>Le temple de la Fortune de ce jour</i>'']] avait été dédié par [[w:Quintus_Lutatius_Catulus_(consul_en_-102)|Q. Catulus]], à l'époque de la [[w:Guerre_des_Cimbres|''<i>guerre des Cimbres</i>'']], en [[w:102_av._J.-C.|651]][[w:Calendrier_romain#Les_années|<sup>📚</sup>]] ; celui de la [[w:en:Temple_of_Fortuna_Respiciens|''<i>Fortune Respiciens</i>'']] était auprès du [[w:en:Temple_of_Jupiter_Victor|''<i>temple de Jupiter vainqueur</i>'']] (Plut., ''<i>Quest. Rom.</i>'')[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/questionsromaines.htm <sup>§74</sup>]. [[w:Servius_Tullius|Servius Tullius]] invoqua le premier, la Fortune du hasard, dont le temple, situé près du Tibre, fut réparé par [[en:w:Spurius_Carvilius_Maximus#Early_career|Carvilius]], pendant la [[w:Troisième_guerre_samnite#L'an_293|guerre de Toscane]] (Tite Live, X, 46 [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Tite/livre10.htm#XLVI <sup>XLVI.</sup>] ; Ovid., ''<i>Fast.</i>'', VI, V. 773 [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/fast/FVI.html <sup>§§771-784</sup>]). Le [[w:Sanctuaire_de_la_Fortuna_Primigenia|''<i>temple de la Fortune primigénie</i>'']], déesse de la naissance, fut aussi voué par le même roi, et plus tard par P. Sempronius, pendant la [[w:Deuxième_guerre_punique|deuxième guerre Punique]] (Tiv., xxxiv, 53 ; XLIII, 13)[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Tite/livre29.htm <sup>XXXVI.</sup>]. L'épithète de ''<i>Comes</i>'', compagne, était aussi un surnom divin de la Fortune ; mais en cet endroit le texte est interrompu et peut-être altéré.</small>'''</td> |
<td style="text-align: justify; direction: ltr; width: 50%; text-indent: 15px">'''<small><span id="Cylonio">[[#Cylonio_back|''<i>Cylonio.</i>'']]</span> [[w:Cylon|Cylon]], athénien, vainqueur aux jeux olympiques, s'était emparé, par l'ordre d'un oracle, de la citadelle. Assiégé par les Athéniens, et réduits à la famine, il parvint à s'évader avec son frère, et ses compagnons se réfugièrent en suppliants au pied de l'autel qui était dans l'Acropole ; ceux à qui la garde en fut confiée les séduisirent par des fausses assurances, et les immolèrent, ainsi que quelques autres qui s'étaient retirés près de l'autel des [[w:Érinyes|Euménides]] (Thucydide, I, 126[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/thucydide/livre1.htm#CXXVI <sup>CXXVI.</sup>]). Pour expier ce crime, on fit venir de [[w:Histoire_de_la_Crète#Crète_minoenne_et_mycénienne|''<i>Crète</i>'']] [[w:Épiménide|Épiménide]], dix ans avant la [[w:Guerres_médiques|''<i>guerre Persique</i>'']] (Platon, ''<i>Lois</i>'', I[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/loislivre1.htm <sup>📚</sup>] ; Diog. L., I, 110[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/laerce/epimenide.htm <sup>📚</sup>]), et des autels furent élevés à l'Affront et à l'Impudence. Il parait qu'Épiménide consacra ces autels dans la même intention que le roi [[w:Tullus_Hostilius|Tullus]] avait élevé des temples à la Pâleur et à la Peur, non pour les adorer, mais pour les apaiser et détourner leurs coups (liv. I, 27[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Tite/livre1.htm <sup>XXVII.(7)</sup>]). La même observation doit s'appliquer aux autels de la Fièvre et de la mauvaise Fortune (''<i>Nat. des D.</i>'', III, 25[http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/nature3a.htm <sup>XXV.</sup>]).<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px">XI. <span id="Vicepotæ">[[#Vicepotæ_back|''<i>Vicepotæ.</i>'']]</span> On trouve ''<i>Vicepota</i>'' ou ''<i>Vicapota</i>'', dans Tite Live, II, 7, et la déesse ''<i>Stata</i>'', dans Festus. L'origine du titre ''<i>Stator</i>'' est connue (Tite Live, I, t2 [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Tite/livre1.htm <sup>XII.</sup>] ; Ovid., ''<i>Fast.</i>'', VI, V. 793 [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/fast/FVI.html <sup>§§791-794</sup>]). Il y parle aussi de celui d'<i>Invictus</i> (''<i>Ibid.</i>'', v. 650).<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px"><span id="Salutis">[[#Salutis_back|''<i>Salutis.</i>'']]</span> Il y avait à Rome des temples érigés au [[w:Salus|Salut]], sur le [[w:Quirinal|Quirinal]] (''<i>ad Att.</i>'', IV, I [http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/atticus4.htm <sup>📚</sup>] ; Plin., ''<i>H. N.</i>'' XXXV, 4 [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/plineancien/livre35.htm <sup>VII.</sup>]); à l'Honneur (Tite Live, XXVII, 25 [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Tite/livre27.htm <sup>XXV.</sup>]); au Secours (Varr., ''<i>de Ling. lat.</i>'', IV, 10 ; Macr., ''<i>Sat.</i>'' I, 10 [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/macrobe/saturnales1.htm <sup>X., XII.</sup>]); à la Victoire, à l'Espérance (''<i>Nat. des D.</i>'', II, 23 [http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/nature2.htm <sup>XXIII.</sup>]), etc.<br /><p style="text-align: justify; direction: ltr; text-indent: 15px"><span id="Fortunaque">[[#Fortunaque_back|''<i>Fortunaque</i>'']]</span> sit tel hujusoe diei.</i>'' [[w:en:Fortuna_Huiusce_Diei|''<i>Le temple de la Fortune de ce jour</i>'']] avait été dédié par [[w:Quintus_Lutatius_Catulus_(consul_en_-102)|Q. Catulus]], à l'époque de la [[w:Guerre_des_Cimbres|''<i>guerre des Cimbres</i>'']], en [[w:102_av._J.-C.|651]][[w:Calendrier_romain#Les_années|<sup>📚</sup>]] ; celui de la [[w:en:Temple_of_Fortuna_Respiciens|''<i>Fortune Respiciens</i>'']] était auprès du [[w:en:Temple_of_Jupiter_Victor|''<i>temple de Jupiter vainqueur</i>'']] (Plut., ''<i>Quest. Rom.</i>'')[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/questionsromaines.htm <sup>§74</sup>]. [[w:Servius_Tullius|Servius Tullius]] invoqua le premier, la Fortune du hasard, dont le temple, situé près du Tibre, fut réparé par [[en:w:Spurius_Carvilius_Maximus#Early_career|Carvilius]], pendant la [[w:Troisième_guerre_samnite#L'an_293|guerre de Toscane]] (Tite Live, X, 46 [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Tite/livre10.htm#XLVI <sup>XLVI.</sup>] ; Ovid., ''<i>Fast.</i>'', VI, V. 773 [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/fast/FVI.html <sup>§§771-784</sup>]). Le [[w:Sanctuaire_de_la_Fortuna_Primigenia|''<i>temple de la Fortune primigénie</i>'']], déesse de la naissance, fut aussi voué par le même roi, et plus tard par P. Sempronius, pendant la [[w:Deuxième_guerre_punique|deuxième guerre Punique]] (Tiv., xxxiv, 53 ; XLIII, 13)[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Tite/livre29.htm <sup>XXXVI.</sup>]. L'épithète de ''<i>Comes</i>'', compagne, était aussi un surnom divin de la Fortune ; mais en cet endroit le texte est interrompu et peut-être altéré.</small>'''</td> |
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Version du 10 janvier 2022 à 20:49
Présocratiques | La philosophie antique | Anaximandre de Milet |
Thalès de Milet (-625/-620 ⏳, à Milet — -548/-545 ⏳, à Milet)
Ier millénaire avant notre ère
Hérodote (-480, à Halicarnasse en Carie — -425, à Thourioi) ⏳
Histoire/Enquête
Livre I — CLIO
LXXIV
- Récit de La bataille de l’Éclipse / de l’Halys (en grec ancien Ἅλυς / Halys), prédite par Thalès de Milet.
- Texte grec
- Μετὰ δὲ ταῦτα, οὐ γὰρ δὴ ὁ Ἀλυάττης ἐξεδίδου τοὺς Σκύθας ἐξαιτέοντι Κυαξάρῃ, πόλεμος τοῖσι Λυδοῖσι καὶ τοῖσι Μήδοισι ἐγεγόνεε ἐπ᾽ ἔτεα πέντε, ἐν τοῖσι πολλάκις μὲν οἱ Μῆδοι τοὺς Λυδοὺς ἐνίκησαν, πολλάκις δὲ οἱ Λυδοὶ τοὺς Μήδους, ἐν δὲ καὶ νυκτομαχίην τινὰ ἐποιήσαντο· [2] Διαφέρουσι δέ σφι ἐπὶ ἴσης τὸν πόλεμον τῷ ἕκτῳ ἔτεϊ συμβολῆς γενομένης συνήνεικε ὥστε τῆς μάχης συνεστεώσης τὴν ἡμέρην ἐξαπίνης νύκτα γενέσθαι. Τὴν δὲ μεταλλαγὴν ταύτην τῇ ἡμέρης Θαλῆς ὁ Μιλήσιος τοῖσι Ἴωσι προηγόρευσε ἔσεσθαι, οὖρον προθέμενος ἐνιαυτὸν τοῦτον ἐν τῷ δὴ καὶ ἐγένετο ἡ μεταβολή. [3] οἱ δὲ Λυδοί τε καὶ οἱ Μῆδοι ἐπείτε εἶδον νύκτα ἀντὶ ἡμέρης γενομένην, τῆς μάχης τε ἐπαύσαντο καὶ μᾶλλόν τι ἔσπευσαν καὶ ἀμφότεροι εἰρήνην ἑωυτοῖσι γενέσθαι. Οἱ δὲ συμβιβάσαντες αὐτοὺς ἦσαν οἵδε, Συέννεσίς τε ὁ Κίλιξ καὶ Λαβύνητος ὁ Βαβυλώνιος. [4] οὗτοί σφι καὶ τὸ ὅρκιον οἱ σπεύσαντες γενέσθαι ἦσαν καὶ γάμων ἐπαλλαγὴν ἐποίησαν· Ἀλυάττεα γὰρ ἔγνωσαν δοῦναι τὴν θυγατέρα Ἀρύηνιν Ἀστυάγεϊ τῷ Κυαξάρεω παιδί· ἄνευ γὰρ ἀναγκαίης ἰσχυρῆς συμβάσιες ἰσχυραὶ οὐκ ἐθέλουσι συμμένειν. [5] ὅρκια δὲ ποιέεται ταῦτα τὰ ἔθνεα τὰ πέρ τε Ἕλληνες, καὶ πρὸς τούτοισι, ἐπεὰν τοὺς βραχίονας ἐπιτάμωνται ἐς τὴν ὁμοχροίην, τὸ αἷμα ἀναλείχουσι ἀλλήλων.
- Herodotus, With an English Translation by A. D. Godley, Book I. CLIO. LXXIV., texte établi par A. D. Godley, Cambridge, 1920
- Traductions
- « Cyaxare (en grec ancien Κυαξάρης / Uvaxštra, du vieux-perse 𐎢𐎺𐎧𐏁𐎫𐎼 / *ʰUvaxštra-) les réclama, le roi de Sardes (en ancien grec Σάρδεις / Sardis) refusa de les livrer; une guerre s’engagea entre les Lydiens (en grec ancien Λυδός / Ludós, en vieux-perse cunéiforme 𐎿𐎱𐎼𐎭 / Sparda, du Lydien 𐤮𐤱𐤠𐤭𐤣 / śfard) et les Mèdes (en grec ancien Μῆδοι / Madoi, du vieux-perse cunéiforme 𐎶𐎠𐎭 / Māda; potentiellement du Proto-Iranien *mádyah, et du Proto-Indo-Européen *médʰyos, « milieu »); elle dura cinq ans, pendant lesquels les deux peuples furent tour à tour vainqueurs et vaincus. Il y eut même une sorte de bataille nocturne; ce fut en la sixième année; les succès de la lutte jusque-là se balançaient également; on était aux prises, quand, au fort du combat, soudain le jour devint nuit.1 Thalès de Milet avait annoncé aux Ioniens (en grec ancien Ἴωνες / Íōnes) ce changement et avait même fixé d’avance l’année où il arriva. Les Lydiens et les Mèdes, lorsqu'ils virent la nuit prendre la place du jour, suspendirent le combat, après quoi ils se montrèrent des deux parts plus empressés de faire la paix. Ceux qui les réconcilièrent furent Syennésis (en grec ancien Συέννεσις / Syennesis) le Cilicien (en grec ancien Κιλικία / Cilicie), et Labynète (en grec ancien Λαβύνητος / Labynetos, de l’akkadien 𒀭𒀝𒉎𒌇 / dNabû-naʾid, « Nabu est loué ») le Babylonien (en grec ancien Βαβυλών / Babylṓn, de l’akkadien 𒆍𒀭𒊏𒆠 / bābili). Tous les deux hâtèrent la conclusion du traité, d’où résulta un mariage. En effet, ils décidèrent Alyatte (en ancien grec Ἀλυάττης / Aluáttēs, du lydien 𐤥𐤠𐤩𐤥𐤤𐤯 / walwet) à donner sa fille Aryénis (en grec ancien Ἀρύηνις / Arúēnis) à Astyage (orthographié en grec ancien Ἀστυάγης / Astyages par Hérodote, Ἀστυϊγας / Astyigas par Ctesias, Ἀσπάδας / Aspadas par Diodore de Sicile; en babylonien Ištumegu; du vieux-mède R̥štivaigah, « menacer d’une lance »), fils de Cyaxare. Car, sans un lien puissant, les conventions n'ont aucune solidité. Les traités, chez ces nations, se contractent avec les mêmes cérémonies que chez les Grecs, si ce n'est qu'ils se font aux bras de légères incisions et sucent réciproquement le sang qui s’en échappe.
- Histoires d’Hérodote(Neuvième edition), Livre I - CLIO, LXXIV, traduction par Pierre Giguet, Librairie Hachette et Cie, 1913
- « Depuis la guerre se mut et continua cinq ans entre les Mèdes et Lydiens, parce que Halyatte ne voulait rendre les Scythes (en grec ancien Σκύθοι / Skúthoi, du vieux-perse cunéiforme 𐎿𐎤𐎢𐎭𐎼 / Skudra, emprunté au Proto-Scythian *Skuδat, du Proto-Indo-European *(s)kewd-, « propulser, tirer ») à Cyaxare qui les demandait. Durant ces cinq ans, les Mèdes gagnèrent plusieurs fois contre les Lydiens, et semblablement les Lydiens contre les Mèdes : et fut environ ce temps-là que, à l’heure du combat, le jour fut converti en nuit. Car étant les forces pareilles d’un côté et d’autre, avint, sur la sixième année, que, comme ils combattaient, soudain le jour se tourna en noire nuit. Thalès Milésien avait prédit cette mutation aux Ioniens, et leur avait déterminé l’an qu'elle avint. Ce vu par les Mèdes et Lydiens, ils cessèrent la guerre, et furent près d’entendre au bien de paix, laquelle fut moyennée par Syennésis, roi de Cilicie, et par Labynète, roi de Babylone, qui furent diligents de les allier par mariage. Ils avisèrent que Halyatte donnerait sa fille Arianis à Astyage, fils de Cyaxare, pensant bien que, sans grande nécessité et alliance étroite, tels grands marchés ne peuvent tenir. Ces nations se gouvernent en leurs traités et contrats ainsi que font les Grecs, et davantage s’entament le bras, puis lèchent le sang les uns des autres.
- « Cyaxare les redemanda. Sur son refus, la guerre s’alluma entre ces deux princes. Pendant cinq années qu'elle dura, les Mèdes et les Lydiens eurent alternativement de fréquents avantages, et la sixième il y eut une espèce de combat nocturne : car, après une fortune égale de part et d’autre, s’étant livré bataille, le jour se changea tout à coup en nuit, pendant que les deux armées en étaient aux mains. Thalès de Milet avait prédit aux Ioniens ce changement, et il en avait fixé le temps en l’année où il s’opéra. Les Lydiens et les Mèdes, voyant que la nuit avait pris la place du jour, cessèrent le combat, et n'en furent que plus empressés à faire la paix. Syennésis, roi de Cilicie, et Labynète, roi de Babylone, en furent les médiateurs; ils hâtèrent le traité, et l’assurèrent par un mariage. Persuadés que les traités ne peuvent avoir de solidité sans un puissant lien, ils engagèrent Alyattes à donner sa fille Aryénis à Astyages, fils de Cyaxare. Ces nations observent dans leurs traités les mêmes cérémonies que les Grecs; mais ils se font encore de légères incisions aux bras, et lèchent réciproquement le sang qui en découle.
LXXV
- Texte grec
- Τοῦτον δὴ ὦν τὸν Ἀστυάγεα Κῦρος ἐόντα ἑωυτοῦ μητροπάτορα καταστρεψάμενος ἔσχε δι᾽ αἰτίην τὴν ἐγὼ ἐν τοῖσι ὀπίσω λόγοισι σημανέω· [2] Τὰ Κροῖσος ἐπιμεμφόμενος τῷ Κύρῳ ἔς τε τὰ χρηστήρια ἔπεμπε εἰ στρατεύηται ἐπὶ Πέρσας, καὶ δὴ καὶ ἀπικομένου χρησμοῦ κιβδήλου, ἐλπίσας πρὸς ἑωυτοῦ τὸν χρησμὸν εἶναι, ἐστρατεύετο ἐς τὴν Περσέων μοῖραν. [3] Ὡς δὲ ἀπίκετο ἐπὶ τὸν Ἅλυν ποταμὸν ὁ Κροῖσος, τὸ ἐνθεῦτεν, ὡς μὲν ἐγὼ λέγω, κατὰ τὰς ἐούσας γεφύρας διεβίβασε τὸν στρατόν, ὡς δὲ ὁ πολλὸς λόγος Ἑλλήνων, Θαλῆς οἱ ὁ Μιλήσιος διεβίβασε. [4] Ἀπορέοντος γὰρ Κροίσου ὅκως οἱ διαβήσεται τὸν ποταμὸν ὁ στρατός (οὐ γὰρ δὴ εἶναι κω τοῦτον τὸν χρόνον τὰς γεφύρας ταύτας) λέγεται παρεόντα τὸν Θαλῆν ἐν τῷ στρατοπέδῳ ποιῆσαι αὐτῷ τὸν ποταμὸν ἐξ ἀριστερῆς χειρὸς ῥέοντα τοῦ στρατοῦ καὶ ἐκ δεξιῆς ῥέειν, ποιῆσαι δὲ ὧδε· [5] Ἄνωθεν τοῦ στρατοπέδου ἀρξάμενον διώρυχα βαθέαν ὀρύσσειν, ἄγοντα μηνοειδέα, ὅκως ἂν τὸ στρατόπεδον ἱδρυμένον κατὰ νώτου λάβοι, ταύτῃ κατὰ τὴν διώρυχα ἐκτραπόμενος ἐκ τῶν ἀρχαίων ῥεέθρων, καὶ αὖτις παραμειβόμενος τὸ στρατόπεδον ἐς τὰ ἀρχαῖα ἐσβάλλοι· ὥστε ἐπείτε καὶ ἐσχίσθη τάχιστα ὁ ποταμός, ἀμφοτέρῃ διαβατὸς ἐγένετο, [6] οἳ δὲ καὶ τὸ παράπαν λέγουσι καὶ τὸ ἀρχαῖον ῥέεθρον ἀποξηρανθῆναι. Ἀλλὰ τοῦτο μὲν οὐ προσίεμαι· κῶς γὰρ ὀπίσω πορευόμενοι διέβησαν αὐτόν;
- Herodotus, With an English Translation by A. D. Godley, Book I. CLIO. LXXV., texte établi par A. D. Godley, Cambridge, 1920
- Traductions
- « Cyrus (en grec ancien Κῦρος / Kŷros, du vieux-perse cunéiforme 𐎤𐎢𐎽𐎢𐏁 / ku-u-ru-u-š) renversa cet Astyage (en grec ancien Ἀστυάγης / Astyagês), qui était son grand-père maternel : je dirai plus tard pour quels motifs. Crésus (en grec ancien Κροῖσος / Kroîsos) s’armant de ce grief contre Cyrus, consulta l’oracle pour savoir s’il devait engager la guerre contre lui. Lorsqu'il eut reçu la réponse à double sens, il crut qu'elle était en sa faveur et il marcha pour entrer sur le territoire des Perses (en grec ancien Περσαι / Persai). Arrivé sur l’Halys (en grec ancien Ἅλυς / Hálūs), il fit passer le fleuve à son armée, en profitant, selon moi, des ponts existants. Selon le récit accrédité en Grèce, ce fut Thalès de Milet qui dirigea le passage : car disent-ils, les ponts n'étaient pas encore construits et Crésus était en peine de l’opérer, quand Thalès, qui se trouvait au camp, détournant le fleuve, le fit couler non plus sur le front, mais sur les derrières de l’armée. Il s’y prit de cette manière : en amont du camp, on commença par creuser un fossé profond qui en embrassa tout le contour, de sorte que les eaux, sortant à l’une des ses extrémités de leurs cours habituel, y rentrassent par l’autre; puis cette tranchée achevée, ils y firent couler le fleuve, pour qu'en se divisant, des deux parts il devînt guéable. Quelques-uns ajoutent que l’ancien lit se trouva tout à fait à sec; pour moi, je ne puis admettre ce récit, car comment, dans la retraite, les Lydiens (en grec ancien Λυδός / Ludós) auraient-ils pu passer ?
- Histoires d’Hérodote(Neuvième edition), Livre I - CLIO, LXXV, traduction par Pierre Giguet, Librairie Hachette et Cie, 1913
- « Cyrus donc avait défait celui Astyage, son aïeul maternel, pour cause que je toucherai ci-après en cette mienne histoire. Crésus en fut marri et envoya vers les oracles savoir si devait mener la guerre aux Perses. Entre ces oracles, un fut faux, lequel néanmoins Crésus espéra être à son avantage, et là-dessus s’achemina vers le pays des Perses avec son armée. Arrivé au fleuve Halys, il passa sur les ponts qui y étaient, et telle est mon opinion, encore que la commune renommée des Grecs tienne que Thalès de Milet donna le moyen de passer. Car on dit que, se souciant Crésus comment il passerait son armée, qui fait présupposer faute de ponts, Thalès fut là présent, qui conseilla expédient, suivant lequel le fleuve, qui coulait à gauche pour le respect de l’armée qui là séait1, coulerait aussi à droite. Et fut son invention telle. Il fit commencer une tranchée au-dessus du camp, et la fit conduire en forme de croissant, afin que l’armée l’eût à dos, et que, prenant le fleuve cours par icelle tranchée, il laissât son canal accoutumé pour environner le camp, puis retournât. Par ce moyen, le fleuve s’écoula incontinent, et fut guéable d’une part en autre. Les aucuns veulent dire que l’ancien giron2 du fleuve devint tout sec. De ma part, je ne puis accordrer à telles paroles, et je voudrais savoir le moyen de repasser au retour.
- 1 D’après la situation de l’armée qui campait là. — 2 Lit.
- « Cyrus tenait donc prisonnier Astyages, son aïeul maternel, qu'il avait détrôné pour les raisons que j'exposerai dans la suite de cette histoire. Crésus, irrité à ce sujet contre Cyrus, avait envoyé consulter les oracles pour savoir s’il devait faire la guerre aux Perses. Il lui était venu de Delphes (en grec ancien Δελφοί / Delphoí; pluriel de δελφύς / delphús, « matrice, giron, creux, utérus »; qui a donné « cochon » (δέλφος / délphos), « dauphin, cochon de mer » (δελφίς / delphís)) une réponse ambiguë, qu'il croyait favorable, et là dessus il s’était déterminé à entrer sur les terres des Perses. Quand il fut arrivé sur les bords de l’Halys, il le fit, à ce que je crois, passer à son armée sur les ponts qu'on y voit à présent ; mais, s’il faut en croire la plupart des Grecs, Thalès de Milet lui en ouvrit le passage. Crésus, disent-ils, étant embarrassé pour faire traverser l’Halys à son armée, parce que les ponts qui sont maintenant sur cette rivière n'existaient point encore en ce temps-là, Thalès, qui était alors au camp, fit passer à la droite de l’armée le fleuve, qui coulait à la gauche. Voici de quelle manière il s’y prit. Il fit creuser, en commençant au-dessus du camp, un canal profond en forme de croissant, afin que l’armée pût l’avoir à dos dans la position où elle était. Le fleuve, ayant été détourné de l’ancien canal dans le nouveau, longea derechef l’armée, et rentra au-dessous de son ancien lit. Il ne fut pas plutôt partagé en deux bras, qu'il devint également guéable dans l’un et dans l’autre. Quelques-uns disent même que l’ancien canal fut mis entièrement sec ; mais je ne puis approuver ce sentiment. Comment en effet Crésus et les Lydiens auraient-ils pu traverser le fleuve à leur retour ?
CLXX
- Récit du Bouleutérion (en grec ancien βουλευτήριον / bouleutếrion; dérivé de βουλευτής / bouleutês, « sénateur »; dérivé de βουλεύω / bouleuô, « délibérer, prendre conseil » + le suffixe -τής / -tês; dérivé de βουλή / boulế, « conseil »; dérivé du verbe βούλομαι / boúlomai, « vouloir ») à Téos (en grec ancien Τέως / Téos) et Témoignage sur l’origine phénicienne (en grec ancien Φοινίκη / Phoiníkē; dérivé de Φοῖνῐξ / Phoînix, potentiellement dérivé de l’homophone φοῖνιξ / phoînix, nom grec du « pourpre de Tyr ») de Thalès de Milet.
- Texte grec
- Κεκακωμένων δὲ Ἰώνων καὶ συλλεγομένων οὐδὲν ἧσσον ἐς τὸ Πανιώνιον, πυνθάνομαι γνώμην Βίαντα ἄνδρα Πριηνέα ἀποδέξασθαι Ἴωσι χρησιμωτάτην, τῇ εἰ ἐπείθοντο, παρεῖχε ἂν σφι εὐδαιμονέειν Ἑλλήνων μάλιστα· [2] Ὃς ἐκέλευε κοινῷ στόλῳ Ἴωνας ἀερθέντας πλέειν ἐς Σαρδὼ καὶ ἔπειτα πόλιν μίαν κτίζειν πάντων Ἰώνων, καὶ οὕτω ἀπαλλαχθέντας σφέας δουλοσύνης εὐδαιμονήσειν, νήσων τε ἁπασέων μεγίστην νεμομένους καὶ ἄρχοντας ἄλλων· μένουσι δέ σφι ἐν τῇ | Ἰωνίῃ οὐκ ἔφη ἐνορᾶν ἐλευθερίην ἔτι ἐσομένην. [3] Αὕτη μὲν Βίαντος τοῦ Πριηνέος γνώμη ἐπὶ διεφθαρμένοισι Ἴωσι γενομένη, χρηστὴ δὲ καὶ πρὶν ἢ διαφθαρῆναι Ἰωνίην Θάλεω ἀνδρὸς Μιλησίου ἐγένετο, τὸ ἀνέκαθεν γένος ἐόντος Φοίνικος, ὃς ἐκέλευε ἓν βουλευτήριον Ἴωνας ἐκτῆσθαι, τὸ δὲ εἶναι ἐν Τέῳ (Τέων γὰρ μέσον εἶναι Ἰωνίης), τὰς δὲ ἄλλας πόλιας οἰκεομένας μηδὲν ἧσσον νομίζεσθαι κατά περ ἐς δῆμοι εἶεν· οὗτοι μὲν δή σφι γνώμας τοιάσδε ἀπεδέξαντο.
- Herodotus, With an English Translation by A. D. Godley, Book I. CLIO. CLXX., texte établi par A. D. Godley, Cambridge, 1920
- Traductions
- « Les Ioniens (en grec ancien Ἴωνες / Íōnes), réduits en servitude, ne cessèrent cependant pas de se réunir au Panionium (en grec ancien Πανιώνιον / Paniônion; de Πανιώνιος / Paniônios, « De tous les Ioniens »; de Πανίωνες / Paníônes, « tous les Ioniens » + le suffixe adjectival -ιος / -ios; de πᾶς / pâs, « tout » + Ἴων / Íôn, « Ionien »); à l’une de ces assemblées, comme je l’ai appris, Bias (en grec ancien Βίας / Bías) de Priène (en grec ancien Πριήνη / Priēnē) leur donna un conseil excellent ; s’ils l’avaient suivi, ils pouvaient devenir les plus prospères de tous les Grecs. « Équipez une seule flotte, leur dit-il, levez l’ancre, partez pour la Sardaigne (en grec ancien Σαρδώ / Sardô), fondez-y pour tous les Ioniens une seule ville, rendez-vous heureux en vous affranchissant ainsi. Car, en colonisant la plus grande des îles, vous gouvernerez toutes les autres, tandis que, si vous demeurez en Ionie (en grec ancien Ἰωνῐ́ᾱ / Iōníā), je ne vois pas que vous puissiez jamais recouvrer la liberté. » Tel fut le conseil que Bias de Priène donna aux Ioniens, après leurs désastres. Celui de Thalès de Milet, qui avait précédé la ruine de l’Ionie, n'était pas moins salutaire. Thalès, par ses ancêtres d’origine phénicienne (en grec ancien Φοινίκη / Phoiníkē), fut d’avis qu'ils devaient instituer une assemblée unique, la placer à Téos (car Téos est située au centre de la contrée) et laisser néanmoins les autres villes se gouverner, comme si elles étaient des États isolés. tels furent les deux conseils qui furent donnés aux Ioniens.
- Histoires d’Hérodote(Neuvième edition), Livre I - CLIO, CLXX, traduction par Pierre Giguet, Librairie Hachette et Cie, 1913
- « Depuis, voyant la grandeur de leurs calamités, non-obstant qu'ils se fussent donnés aux Perses, ils s’assemblèrent au Panionion : et comme j'entends, Brias de Priénéee donna conseil fort profitable pour les Ioniens, auquel s’ils eussent prêté l’oreille, il leur baillait expédient pour être les plus heureux de tous les Grecs. Il leur conseillait naviguer de compagnie en la Sardaigne, et là bâtir une ville commune à tous les Ioniens : en quoi faisant, ils jetteraient servitude et se rendraient heureux, attendu qu'ils posséderaient une des plus grandes îles du monde, et domineraient sur les autres. Au contraire, s’ils demeuraient en Ionie, il disait qu'il n'apercevait moyen par lequel ils pussent jamais regagner liberté. Tel fut le conseil de Brias de Priénée, après que les Ioniens étaient jà défaits et réduits en servitude. Thalès Milésien bailla pareillement une opinion, laquelle, avant la ruine des Ioniens, eût été fort bonne. Lui, qui était descendu d’une ancienne race des Phéniciens, opina que les Ioniens devaient avoir maison de conseil, et la devaient construire en Téos comme au milieu de Ionie : voulait néanmoins que les autres villes fussent estimées pour ligues et cantons de même autorité que Téos. Ces deux personnages donc baillèrent ce conseil.
- « Quoique accablés de maux, les Ioniens ne s’en assemblaient pas moins au Panionium. Bias de Priène leur donna, comme je l’ai appris, un conseil très avantageux, qui les eût rendus les plus heureux de tous les Grecs, s’ils eussent voulu le suivre. Il les exhorta à s’embarquer tous ensemble sur une même flotte, à se rendre en Sardaigne, et à y fonder une seule ville pour tous les Ioniens. Il leur fit voir que, par ce moyen, ils sortiraient d’esclavage, qu'ils s’enrichiraient, et qu'habitant la plus grande de toutes les îles, les autres tomberaient en leur puissance; au lieu que, s’ils restaient en Ionie, il ne voyait pour eux aucune espérance de recouvrer leur liberté. Tel fut le conseil que donna Bias aux Ioniens, après qu'ils eurent été réduits en esclavage ; mais, avant que leur pays eût été subjugué, Thalès de Milet, dont les ancêtres étaient originaires de Phénicie, leur en donna aussi un qui était excellent. Ce fut d’établir à Téos, au centre de l’Ionie, un conseil général pour toute la nation, sans préjudicier au gouvernement des autres villes, qui n'en auraient pas moins suivi leurs usages particuliers que si elles eussent été autant de cantons différents.
Livre II — EUTERPE
XX
- Texte grec
- Ἀλλὰ Ἑλλῄνων μὲν τινὲς ἐπίσημοι βουλόμενοι γενέσθαι σοφίην ἔλεξαν περὶ τοῦ ὕδατος τούτου τριφασίας ὁδούς· τῶν τὰς μὲν δύο τῶν ὁδῶν οὐδ᾽ ἀξιῶ μνησθῆναι εἰ μὴ ὅσον σημῆναι βουλόμενος μοῦνον· [2] Τῶν ἡ ἑτέρη μὲν λέγει τοὺς ἐτησίας ἀνέμους εἶναι αἰτίους πληθύειν τὸν ποταμόν, κωλύοντας ἐς θάλασσαν ἐκρέειν τὸν Νεῖλον. Πολλάκις δὲ ἐτησίαι μὲν οὔκων ἔπνευσαν, ὁ δὲ Νεῖλος τὠυτὸ ἐργάζεται. [3] Πρὸς δέ, εἰ ἐτησίαι αἴτιοι ἦσαν, χρῆν καὶ τοὺς ἄλλους ποταμούς, ὅσοι τοῖσι ἐτησίῃσι ἀντίοι ῥέουσι, ὁμοίως πάσχειν καὶ κατὰ τὰ αὐτὰ τῷ Νείλῳ, καὶ μᾶλλον ἔτι τοσούτῳ ὅσῳ ἐλάσσονες ἐόντες ἀσθενέστερα τὰ ῥεύματα παρέχονται. Εἰσὶ δὲ πολλοὶ μὲν ἐν τῇ Συρίῃ ποταμοὶ πολλοὶ δὲ ἐν τῇ Λιβύῃ, οἳ οὐδὲν τοιοῦτο πάσχουσι οἷόν τι καὶ ὁ Νεῖλος.
- Herodotus, With an English Translation by A. D. Godley, Book II. EUTERPE. XX., texte établi par [w:en:A._D._Godley|A. D. Godley], Cambridge, 1920
- Traductions
- « Quelques Grecs, ambitieux de se signaler par leur sagesse, ont expliqué ce mouvement des eaux de trois manières dont deux ne mériteraient pas que j'en fisse mention, si je voulais faire plus que les indiquer. Selon l’une de ces solutions1, les vents étésiens* seraient cause du gonflement du fleuve en empêchant les eaux de s’écouler dans la mer. Or, souvent les étésiens ne soufflent pas et le Nil (en grec ancien Νεῖλος / Neῖlos) ne déborde pas moins ; outre cela, si les étésiens avaient cette puissance, les autres fleuves contre lesquels ils soufflent devraient en éprouver les mêmes effets que le Nil, et avec d’autant plus de raison qu'ils sont moindres et qu'ils ont des courantsplus faibles. Cependant, il y a beaucoup de fleuves en Syrie (en grec ancien Συρία / Suría; de Σῠ́ρος / Súros + -ῐ́ᾱ / -íā; de l’akkadien 𒀭𒊬 / Aššur) et beaucoup en Libye (en grec ancien Λιβύη / Libúē; de Λῐ́βῠς / Líbus + -η / -ē, suffixe formant un verbe d’action; de Libu, une tribu du Nord de l’Afrique) qui en aucune façon ne se comportent comme le Nil.
- Histoires d’Hérodote(Neuvième edition), Livre II — EUTERPE, XX, traduction par Pierre Giguet, Librairie Hachette et Cie, 1913
- « Certains grands personnages de la Grèce qui se cuident1 la sagesse même assignent trois causes de ce débord, dont je n'estime les deux dignes d’être récitées; seulement je les veux bien conter ici. En l’une2, ils disent que les vents étésies sont cause que le fleuve s’enfle, parce qu'ils l’empêchent de se décharger en la mer. Mais je leur réponds que souvent les étésies ne soufflent en sorte qui soit, et néanmoins le fleuve ne laisse à faire son accoutumé. Davantage, si les étésies étaient cause de ce débord, il faudrait que le pareil avînt aux autres fleuves, voire beaucoup plus, d’autant qu'ils sont moindres, et ont leurs cours plus faibles et plus lents que le Nil; et on sait assez que plusieurs fleuves sont en Syrie et AfriqueI qui ne soufflent rien tel que le Nil.
- 1 Croient. — 2 C'est l’opinion de Thalès. Diodore de Sicile, liv. I, 38, la réfute par les mêmes raisons qu' Hérodote.
- du punique ou du phénicien 𐤏𐤐𐤓 / ʿpr (/ʿafar/), « poussière ».
- du berbère ifri, « caverne »; pluriel ifran, en référence aux habitants des cavernes de Tunisie.
- du grec ancien ἀ- / a-, préfixe privatif, aussi appelé alpha privatif (en grec ancien ἄλφα στερητικόν / álpha sterētikón) + φρίκη / phríkē, « frisson »; signifiant donc « sans froid/frisson ».
- du latin aprica, « ensoleillé ».
- « Cependant il s’est trouvé des gens chez les Grecs qui, pour se faire un nom par leur savoir, ont entrepris d’expliquer le débordement de ce fleuve. Des trois opinions qui les ont partagés, il y en a deux que je ne juge pas même dignes d’être rapportées ; aussi ne ferai-je que les indiquer. Suivant la première, ce sont les vents étésiens qui, repolissait de leur souffle les eaux du Nil, et les empêchant de se porter à la mer, occasionnent la crue de ce fleuve ; mais il arrive souvent que ces vents n'ont point encore soufflé, et cependant le Nil n'en grossit pas moins. Bien plus, si les vents étésiens étaient la cause de l’inondation, il faudrait aussi que tous les autres fleuves dont le cours est opposé à ces vents éprouvassent la même chose que le Nil, et cela d’autant plus qu'ils sont plus petits et moins rapides : or, il y a en Syrie et en Libye beaucoup de rivières qui ne sont point sujettes à des débordements tels que ceux du Nil.
CIX
- Récit de l’apport (supposemment implicite) de la Géométrie (en grec ancien γεωμετρία / geōmetría, « géométrie, arpentage »; de γεωμέτρης / geōmétrēs, « arpenteur »; de γῆ / gê, « terre, terrain, pays » + -μετρία / -metría, « mesure »; de μέτρον / métron, « une mesure ») en Grèce depuis l’Égypte par Thalès.
- Texte grec
- Κατανεῖμαι δὲ τὴν χώρην Αἰγυπτίοισι ἅπασι τοῦτον ἔλεγον τὸν βασιλέα, κλῆρον ἴσον ἑκάστῳ τετράγωνον διδόντα, καὶ ἀπὸ τούτου τὰς προσόδους ποιήσασθαι, ἐπιτάξαντα ἀποφορὴν ἐπιτελέειν κατ᾽ ἐνιαυτόν. [2] Εἰ δὲ τινὸς τοῦ κλήρου ὁ ποταμός τι παρέλοιτο, ἐλθὼν ἂν πρὸς αὐτὸν ἐσήμαινε τὸ γεγενημένον· ὁ δὲ ἔπεμπε τοὺς ἐπισκεψομένους καὶ ἀναμετρήσοντας ὅσῳ ἐλάσσων ὁ χῶρος γέγονε, ὅκως τοῦ λοιποῦ κατὰ λόγον τῆς τεταγμένης ἀποφορῆς τελέοι. [3] Δοκέει δέ μοι ἐνθεῦτεν γεωμετρίη εὑρεθεῖσα ἐς τὴν Ἑλλάδα ἐπανελθεῖν· πόλον μὲν γὰρ καὶ γνώμονα καὶ τὰ δυώδεκα μέρεα τῆς ἡμέρης παρὰ Βαβυλωνίων ἔμαθον οἱ Ἕλληνες.
- Herodotus, With an English Translation by A. D. Godley, Book II. EUTERPE. CIX., texte établi par A. D. Godley, Cambridge, 1920
- Traductions
- « Les prêtres m'ont dit encore que ce roi] (en grec ancien βᾰσῐλεύς / basileús) partagea la contrée entre tous les Égyptiens, donnant à chacun un égal (en grec ancien ῐ̓́σος / ísos) carré (en grec ancien τετράγωνο / tetrágono; de τετρα- / tetra-, « quatre » + γωνία / gōnía, « coin, angle ») de terre ; qu'il établit en conséquence ses revenus, fixant la redevance à payer par chacun annuellement. Si le fleuve venait à emporter quelque partie de l’héritage d’un habitant, celui-ci allait trouver le roi et lui déclarait ce qui était advenu. Sésostris (en grec ancien Σέσωστρις / Sésostris) alors envoyait des inspecteurs pour mesurer de combien le champ était diminué, afin que l’impôt fût réduit, et perçu en proportion de ce qu'il en restait. Il me semble que la géométrie fut inventée à cette occasion, et qu'elle passa d’Égypte en Grèce. Quand au cadran solaire (en grec ancien σκιοθηρικὸν / skiothirikὸn ou σκιακὸν ὡρολόγιον / skiakὸn ὡrolóyion), au gnomon (en grec ancien γνώμων / gnōmōn « indicateur, instrument de connaissance ») et aux douzes divisions du jour, les Grecs les ont reçus des Babyloniens.
- Histoires d’Hérodote(Neuvième edition), Livre II — EUTERPE, CIX, traduction par Pierre Giguet, Librairie Hachette et Cie, 1913
- « Outre, disaient les prêtres, que ledit roi Sésostris avait départi l’Égypte à tous les Égyptiens, baillant à chacun son partage en carré, à la charge d’en payer par chacun an rentes et censives1; mais avenant que la rivière gagnât sur la portion de quelqu'un, cestui devait avoir recours vers le roi, et faire entendre sa perte. Adonc étaient envoyés commissaires pour visiter les lieux et mesurer la diminution, afin que le tenancier ne payât dorénavant qu'au prorata2. Par cet acensement, comme je pense, fut inventée géométrie, et de là a été apportée en Grèce : car, quant est de l’élévation du pôle, de l’usage du quadrant et de la division du jour en douze parts, les Grecs ont appris les trois des Babyloniens.
- 1 Redevances annuelles. — 2 En proportion de ce qui restait.
- « Les prêtres me dirent encore que ce même roi fit le partage des terres, assignant à chaque Égyptien une portion égale de terre, et carrée, qu'on tirait au sort ; à la charge néanmoins de lui payer tous les ans une certaine redevance, qui composait son revenu. Si le fleuve enlevait à quelqu'un une partie de sa portion, il allait trouver le roi, et lui exposait ce qui était arrivé. Ce prince envoyait sur les lieux des arpenteurs pour voir de combien l’héritage était diminué, afin de ne faire payer la redevance qu'à proportion du fonds qui restait. Voilà, je crois, l’origine de la géométrie, qui a passé de ce pays en Grèce1. A l’égard du gnomon du pôle, ou cadran solaire, et de la division du jour en douze parties, les Grecs les tiennent des Babyloniens.
- 1 Pamphile raconte que Thalès de Milet apprit la géométrie des Égyptiens et qu'il en apporta la connaissance en Grèce. (Diogène Laërce, liv. 1.).
Platon (-428/-427 ⏳, Athènes — -348/-347 ⏳, Athènes)
Période de jeunesse (-399/-390) ⏳
Il n'y a aucun accord des spécialistes sur la périodisation des dialogues de Platon, aucun critère n'apparaissant suffisamment probant, et les classifications sont ainsi toutes plus ou moins spéculatives. Une manière de détailler cette succession (mais non la périodisation) est proposée par Luc Brisson (directeur de recherche au Centre Jean Pépin du CNRS, et considéré comme l’un des meilleurs spécialistes contemporains de Platon).
Protagoras
- Texte grec
- Traductions
Période de maturité (-385 ⏳/-370 ⏳)
La République
- Texte grec
- Traductions
(en grec ancien Γλαύκων / Glaúkōn; de γλαυκώψ / glaukops, « aux yeux pers/bleu-vert »; de γλαυκός / glaukós, « bleu-vert » + ὄψ / óps, « œil »; philosophe et musicien, élève de Socrate)
(également disponible ici et là)
Période d’auto-critique (-370 ⏳/-358 ⏳)
Théétète
- Texte grec
- Traductions
(également disponible ici)
Aristote (-384, à Stagire — -322, à Chalcis) ⏳
Politique
Livre I
Texte grec
Traductions
Qui (Thales scil.) ut objurgatores suos convinceret, ostenderet que etiam philosophum, si ei commodum esset, pecuniam facere posse, omnem oleam, antequam florere cœpisset, in agro Milesio coemisse dicitur. Animadverterat fortasse quadam scientid olearum ubertatem fore.
« De quoy (dit L. Leroi, dans ses
« notes sur cet endroit de sa traduction) n’est besoing escrire
« livres, parce que ès cours des rois, et ès maniemens des au-
« tres gouvernemens, se trouvent toujours assez de tels inven-
« teurs, voire plus, bien souvent, qu’il ne seroit besoing : à la
« grande foulle et oppression des subjects, et peu d’avantage
« des seigneurs, qui ne s’en enrichissent guères, despendant
« tout à la mesure qu’ils aient, apportant la facilité de recou-
« vrer facilité de despendre. »
Métaphysique
I En grec ancien ὁ Ῥόδιος / ho Rhódios; 4 possibilités étymologiques :
- soit il s’agit d’un nom en Préhellénique A, tiré du phénicien 𐤄𐤓𐤏𐤃, hrʿd, « serpent » faisant référence aux serpents qui y auraient habité dans les temps anciens.
- soit de ῥοία / rhoía, « grenade, fruit du grenadier »; de ῥέω / rhéō, « couler, (d’un fluide) se déplacer de manière régulière et continue » + le suffixe adjectival -ίᾱ / -íā.
- soit de όδον / rhódon, « rose ».
- soit de Ῥόδη / Rhódê ou Ῥόδος / Rhódos, « Rhodé ou Rhodos » divinité marine de la mythologie grecque, épouse du titan Hélios (en grec ancien Ἥλιος / Hêlios; de ἥλῐος / hḗlios, « le soleil, l’est, la journée, l’ensoleillement », divinité tutélaire de Rhodes, et fille de Poséidon (en grec ancien Ποσειδῶν / Poseidỗn).
Livre Α
* De l’arabe أبجد / abjad, « alphabet »; mot composé de ﺍ / alif, « a » + ﺏ / bâ, « b » + ﺝ / ǧīm, « g » + ﺩ / dāl, « d », les quatre premières lettres de l’alphabet arabe historique.
Texte grec
Traductions
— Auteur et chef de ce système de philosophie, et non, d'une manière générale, « Fondateur de la philosophie», comme l'ont cru quelques commentateurs. On sait, d'ailleurs, que Thalès n'avait rien écrit.
— La terre repose et flotte sur l'eau. Voir le Traité du ciel, liv. II, ch. xiii, § 7, p. 194 de ma traduction. Aristote a parlé plusieurs fois de Thalès, et avec plus d'estime qu'il ne semble en avoir ici.
— La nourriture de tous les êtres est toujours humide. Il est vrai qu'il y a une partie des aliments qui est humide ; mais il y en a aussi une bonne partie qui est sèche, et l'observation de Thalès ne serait pas exacte.
— La chaleur même vient de l'humidité. Il n'y a pas à s'arrêter beaucoup à ces explications physiques. Dans le Traité de l'âme, liv. 1, ch. ii, § 18, p. 118 de ma traduction, Aristote prête une partie de ces doctrines sur l'eau non point à Thalès, mais à Hippon ; voir plus bas, § 16.
— Aux premiers Théologues. Alexandre d'Aphrodise croit qu'Aristote veut désigner ici Homère et Hésiode. On pourrait sans doute ajouter Orphée.
— L'OcéanI et TéthysVI, Platon dans le Cratyle, p. 55, traduction de M. V. Cousin, cite des vers d'Homère, d'Hésiode et d'Orphée, où se retrouvent des idées analogues.
— Les poètes. C'est Homère qui est certainement désigné ici; voir l'Iliade, chant xv, vers 37 et 38 : « Et l'eau noire du StyxVII en ses torrents secrets, Le plus grand des serments que les dieux font jamais! »
Du ciel
Livre II
Texte grec
Traductions
— Plus étranges, le mot grec est précisément : « plus absurdes. »
— Infini... sans fin, cette répétition est dans le texte, où elle est même encore plus marquée. — Xénophane de Colophon, Aristote a fait un traité spécial sur le système de Xénophane; et il y rappelle cette théorie sur la profondeur infinie de la terre; voir l'édition de Berlin, page 976, a, 32 ; voir aussi l'étude de M. V. Cousin sur Xénophane, pages 32 et 33, édition de 1847.
— Empédocle lui-même, voir les fragments d'Empédocle, édition de Firmin Didot, page 53, colonne 1.
— Font reposer la terre sur l'eau, il restait alors à savoir sur quoi reposait l'eau, comme il est dit un peu plus bas, au § 8.
— Thalès de Milet, voir sur Thalès, le 1er livre de la Métaphysique, ch. 3, page 134, traduction de M. V. Cousin.
— Ou quelqu'autre matière analogue, c'est-à-dire plus légère que l'eau.
(également disponible ici)
De l’âme
Livre I
Texte grec
Traductions
Pour le mouvement, opinions de Démocrite, de Leucippe, des Pythagoriciens et d'Anaxagore.
Pour la sensibilité et la connaissance, opinions d'Empédocle, de Platon et de quelques autres, de Démocrite, d'Anaxagore, de Thalès, de Diogène, d'Héraclite, d'Alcméon, d'Hippon, de Critias. - Exception pour Anaxagore. Diversité des systèmes sur l'espèce et le nombre des principes des choses.
Texte grec
Traductions
Réfutation de cette autre théorie « que l'âme est formée des éléments, et qu'elle ne peut connaître les choses qu'à la condition de leur être semblable. »
- L'âme n'est pas non plus répandue dans l'Univers entier.
L'âme agit-elle dans tous les cas tout entière ? ou chacune de ses fonctions correspond-elle à une partie spéciale ?
Callimaque de Cyrène (-305 ⏳, à Cyrène — -240 ⏳, à Alexandrie)
Iambes
Texte grec
(The Oxyrhynchus Papyri. VII, n° 1011, v. 92 sqq.)
Supplementa, aliunde nota, in texta ipso apposuimus. | |
Ἀνὴρ Βαθυκλῆς Ἀρκάς — οὐ μακρὴν ἄξω | |
·······························καὶ γὰρ οὐδ αὐτός | |
μέγα σχολάζων εἰμὶ πὰρ μέσον δινεῖν | |
··························································································· | |
Quae sequuntur — circa triginta uersus — aut ualde mutila sunt, aut omnino desunt... | |
··························································································· | |
Ἔπλευσεν ἐς Μίλητον ἦν γὰρ ἡ νίκη | |
Θάλητος, ὅς τ ἦν τἄλλα δεξιὸς γνώμῃ | 15 |
καὶ τῆς ἁμάξης ἐλέγετο οταθμήσασθαι | |
τοὺς ἀστερίσκους, ᾗ πλέουσι Φοίνικες. | |
13 μέσον δινεῖν Iectio incerta ǁ 14-15 in charta non comparent ; restituendi sunt ex Acill. Tat. in Arat. Phaenom. cap. I (fr. 94 Schneid.) |
Εὗρεν δ ὁ προυσέληνος αἰσίῳ σίττῃ | |
ἐν τοῦ Διδυμέος τὸν γέροντα κωνείῳ | |
ξύοντα τὴν γῆν καὶ γράϕοντα τὸ σχῆμα | 20 |
τοὐξεῦῤ ὁ Φρὺξ Εὔϕορϐος, ὅστις ἀνθρώπων | |
τρίγωνα καὶ σκαληνά πρῶτος ἔγραψε | |
καὶ κύκλον επ. ············································ | |
τῶν ἐμπνεόντων ε. ······································ | |
οὐ πάντες ἀλλ οὓς εἶχεν ······························· | 25 |
πρὸς δή μιν ὧδ ἔϕησε. ································· | |
ἐκεῖνο τοὐλόχρυσον ἐξ. ································ | |
οὑμὸς πατὴρ ἐϕεῖτο του ································ | |
δοῦν ὅστις ὑμέων τῶν σοϕ. ··························· | |
τῶν ἑπτά· κἠγὼ σοὶ δίδωμ. ··························· | 30 |
··············· σκίπωνι τοὔδα. ··························· | |
··········· ην ὑπήνην τἠτέρῃ ···························· | |
ἐξεῖπε· τὴν δόσιν μὲν. ··································· | |
··························································································· | |
Quae sequebantur usque ad finem narrationis desunt. Enotuerunt haec : | |
ex Cramer Anecd. Ox. II, 297 (fr. 89, Schn.). | |
Σόλων· ἐκεῖνος δʹ ὡς Χίλωνʹ ἀπέστειλε. | |
ex Etym. Magn. 442, 10 (fr. 96 Schn.). | |
πάλιν τὸ δῶρον ἐς Θάλητʹ ἀνώλισθεν. | 35 |
ex Diog. Laert. I, 29 (fr. 95 Schn.). | |
Θαλῆς με τῷ μεδεῦντι Νειλέω δήμου | |
δίδωσι, τοῦτο δὶς λαϐὼν ἀριστεῖον. | |
19 ϰωνείῳ Hunt: ϰωνηω ǁ 22 τρίγωνα Hunt: ιγ desunt ǁ σϰαληνὰ Hunt: in charta tantum σϰ. Haec supplementa ex Diog. Laert. I, 24 et Diod X. 6 petita sunt (fr. 83 a. Schneid.) ǁ 23 sqq. Hos uersus sic restituit Hunt, supplementa petens ex iisdem auct. (fr. 83 a. Schn.) atque ex Schol. Pind. Pyth. III, 64 (fr. 91 Schn.). τὸν ϰύϰλον ἐπταμήϰεʹ, ήδὲ νηστεύειν | τῶν ἐμπνεόντων εἷπεν· οἱ δʹὑπήϰουσαν οὐ πάντες, ὰλλʹοὒς εἷχεν οὔτερος δαίμων ǁ 29 δοῦν ʹὅστις Hunt: νʹος in charta desunt. ǁ σοφ: σοφῶν ὁνήιστος restit. Hunt ǁ 30 in fine uersus ἀριστεῑον Hunt ǁ 31-32 Θαλῆς δὲ τῷ σϰίπωνι τοὅδαφος πλήξας ϰαὶ τὴν ύπήνην τἠτέρῃ λαϐὼν χειρί rest. Hunt. |
Traductions
« Cette coupe d'or massif.... mon père m'a chargé... de la donner au meilleur des sept sages... Et je te la donne.... »
Alors Thalès, frappant le sol de son bâton, et tenant sa barbe dans sa main, répliqua : « Ce présent...
Cicéron 📚 (3 janvier -106 ⏳, à Arpinum — 7 décembre -43 ⏳, assassiné à Formies)
De Re Publica 📚
Livre I
- Textes latin
1 In codice modo scribitur sfæra, modo sphæra, modo sphera. 2 Cod. primâ manu Marcellus; secundâ Marcelli avus, quæ est emendatio certissima. 3 Archimedi in secundo casu more suo Tullius, ut pro Balbo XXV Theophani; ad Brut. ep. XV, et de Or. II. 74 Themistocli; ad Att. XIII. 28 Aristoteli; Brut. VII. LXXXIII Thucydidi, Tusc. I. 41 Ulyxi; de Or. II. 22. 23. Brut. XV. LXXXIII Demostheni et Pericli: unde etiam Persius IV. 3 magni pupille Pericli. Lege et Quintilianum Inst. I. 5. Sic loquitur etiam Fronto. 4 Cod. primâ manu novilior, secundâ nobilior. 5 Cod. judicam; sed mox factum judicabat. Mihi videbatur scribendum judicabam. 6 lta cod. secundâ manu; et primâ ornatam. Cicero in Arateis 3o4 : tam tornare cate contorlos possiet orbes. 7 Cod. primâ manu illam stellisque cœlo; secundâ vero deletum stellisque et scriptum astris. 8 Cod. sine diphthongo, inherentibus , sed deinde haud scio an sit superaddita a. 9 Cod. habet quod, ob sonum videlicet similem sequentis litteræ d. Profecto Longus p. 2231 jani obacrvavit, quot et quod male aliquoties confundi. 10 Cod. sphela, quamquam l non caret interpolatione. Superius cap. V vidimus lacelari. Sed enim vox ipsa sphœra hîc omittenda videtur, vel scribendum cœli sphœrâ. |
11 Cod. primâ manu vello, secundâ bello. 12 Ita in cod. constanter Lacœdemonius et Lacœdemon curm diphthongo in secundâ syllabâ, cùm vulgo scribatur in tertiâ. Vaticanæ scripturæ favet gentile lacœna, et vocis etymologia, siqua est, ex δῆμος 📚 13 Eadem locutio est in sacris litteris Matth. XXVII. 45, Marc. XV. 33. 14 Cod. illut pro illud. 15 Intermenstruo superadditum est secundâ manu. 16 Cod. primâ manu tum, secundâ tunc. 17 Ita cod. 18 Cod. junis pro juniis. 19 Cod. primâ manu superioris, secundâ superiores. 20 Cod. primâ manu quinctilibus; mox deleta c, quod fieri non fuit necesse, propter alia in vetustis codicibus exempla. |
(également disponible ici et une édition de 1868 là)
- Traductions
1 Cicéron nomme plusieurs fois ce Gallus, pour sa science et sa passion de l’astronomie. — Pline, liv. II, ch. xix, le cite comme partageant l’opinion de Pythagore, que la terre est éloignée de la lune de 126,000 stades, et que sa distance du soleil est double de ce nombre. |
2 On sait que ce fut Cicéron qui, curieux de toute espèce d’étude et de gloire, rechercha et découvrit, à Syracuse, la sépulture d’Archimède, oubliée dans un lieu désert, entourée de ronces, et reconnaissable seulement par la figure d’une sphère qui surmontait le tombeau. |
3 Cette sphère, à l’exactitude près, ressemblait, comme l’on voit, à la sphère mobile que les Anglais ont appelée Orery, du nom d’un célèbre protecteur des sciences, qui fit construire cette machine : « C'est, dit Voltaire, une très-faible copie de notre monde « planétaire et de ses révolutions. La période même du change- « ment des solstices et des équinoxes, qui nous amène, de jour « en jour, une nouvelle étoile polaire, cette période, cette course « si lente d’environ vingt-six mille ans, n'a pu être exécutée par « des mains humaines, dans nos Orery. Cette machine est très- « imparfaite; il faut la faire tourner avec une manivelle. Cepen- « dant c'est un chef-d’œuvre de l’habileté de nos artisans. Jugez « donc quelle est la puissance, quel est le génie de l’éternel Ar- « chitecte, si l’on peut se servir de ces termes impropres, si mal « assortis à l’Être suprême ! » 📚 La science actuelle parlerait avec moins de respect de ces Orery; mais on concevra sans peine quelle admiration devait inspirer, dans la peu savante et ingénieuse antiquité, la première ébauche d’un semblable travail. |
4 La traduction a complété la phrase mutilée de l’original; la suite de ce détail astronomique manque dans le manuscrit, jusqu'au moment ou Scipion en revient à parler de Gallus. |
I Dont subsiste un potentiel exemplaire récent de plus d’un siècle, nommé Machine d’Anticythère II puisque découvert au large de cette île grecque en 1901 dans une épave d’un navire de charge romain qui a fait naufrage au deuxième quart du Ier siècle avant notre ère. II En grec ancien Ἀντῐκῠ́θηρᾰ / Antikúthēra, « en face de Cythère »; de ᾰ̓ντῐ- / anti-, « en face, en opposition, à l’égal de, semblable à ») + Κῠ́θηρᾰ / Kúthēra, « Cythère »; Île grecque située entre le Péloponnèse et la Crète, près de Cythère. IIIEn grec ancien Ἀρχιμήδης / Arkhimḗdēs; le préfixe ἀρχι- / arkhi- + μήδεα / mḗdea + le suffixe -ης / -ēs ➥ de ἄρχω / árkhō, « commencer, gouverner » ou ἀρχός / arkhós, « chef »; du Proto-Indo-Européen *h₂ergʰ-, « commencer, régner, commander » ➥ du Proto-Hellénique *mḗdeha; du Proto-Indo-Européen *méh₁desh₂; de *med-, « mesurer, conseiller » Célèbre géomètre, physicien et mathématicien (-287, à Syracuse — -212, à Syracuse) ⏳. IV En grec ancien Εὔδοξος / Eúdoxos ὁ Κνίδιος / ho Knídios; astronome, géomètre (élève du pythagoricien Archytas de Tarente), médecin (élève de Philistion de Locres) et philosophe grec, il composa plusieurs ouvrages dont aucun ne nous est parvenu, seul son traité sur Les Phénomènes se retrouve presque en entier dans la première partie du poème d’Aratos V (-408, à Cnide — -355, à Cnide) ⏳. V En grec ancien Ἄρατος / Áratos ὁ Σολεύς / ho Soleús; poête grec, dont seuls les Phénomènes, un poème de 1 154 vers en grec sur l'astronomie, est parvenu jusqu'à nous. La seconde partie provient du Des Signes du temps de Théophraste, premier ouvrage de prévisions météorologiques en Europe (-315 ⏳, à Soles — -245 ⏳, à Pella). VI Du latin planeta, planetes; du grec ancien πλανήτης / planḗtēs, « errant »; ellipse de πλάνητες ἀστέρες / plánētes astéres, « étoiles errantes »; de πλανάω / planáō, « errer, s’égarer » et de ᾰ̓στήρ / astḗr, « corps céleste ». |
VII En grec ancien Περικλῆς / Periklễs; de περί / perí, « autour » + κλέος / kléos, « gloire »; Stratège, orateur, homme d’État et général athénien très influent durant l’Âge d’Or d’Athènes ⏳, en particulier entre les guerres médiques et la guerre du Péloponnèse. Il serait aussi à l'origine des projets de construction de la plupart des structures encore présentes aujourd'hui sur l'Acropole d'Athènes dont le Parthénon. Marquant ses contemporains et les générations suivantes à Athènes, dans le monde hellénistique, puis romain, il a été acclamé par Thucydide, un historien contemporain, comme « le premier citoyen d'Athènes ». (-495, à Athènes — -429, à Athènes) ⏳. VIII En grec ancien Ἀναξᾰγόρᾱς / Anaxagórās; de ᾰ̓́ναξ / ánax, « seigneur » + ᾰ̓γορᾱ́ / agorā́, « agora, assemblée (par opposition à un conseil, βουλή / boulḗ), le lieu dun rassemblement »; du Proto-Indo-Européen *h₂ger-, « rassembler »; + le suffixe adjectival -ης / -ēs; philosophe présocratique grec s’étant entièrement consacré à la recherche savante et à l’explication rationnelle des phénomènes naturels. Dans son traité De la Nature, il décrit les étapes de la formation de l’univers, selon un processus cosmogonique d’où sont bannies toute naissance et toute destruction : puisque rien ne saurait naître du néant, ni non plus y retourner, Anaxagore affirme que « les choses qui sont » se réunissent ou se dissocient dans un processus sans fin (-500, à Clazomènes — -428, à Lampsaque) ⏳. IX Poète, dramaturge, écrivain, historien et annaliste de l’époque de la République romaine, dont seuls quelques fragments de son œuvre nous sont parvenus. X Très probablement une dérivation régressive (ou troncation) de Rōma; le légendaire fondateur de Rome et frère jumeau de Rémus. |
(également disponible ici et une édition de 1868 là)
De Legibus
Livre II
- Texte latin
XI. Dictum est a Pythagora. Pythagore disait que les hommes deviennent meilleurs lorsqu'ils s'approchent des dieux (Plut., de Sperst.(169e), et de Orac. defect.[7]); ou, selon la version de Sénèque, qu'ils changent d'esprit en entrant dans un temple, en voyant de près l'image des dieux, en écoutant un oracle (Epist. 94[116]). Suivant Thalès, le monde était animé et plein des dieux (Diog. Laert., I, 27). L'interprétation que Cicéron donne de leur pensée n'est pas incontestable; elle est entachée d'idolâtrie. (Wagner.) Eamdemque rationem luci habent in agris. On comprend peu comment la même raison fait placer les temples dans les villes, et les bois sacrés dans les campagnes : c'est sans doute pour que les habitants des campagnes comme ceux des villes aient à leur portée un lieu d'oraison et de recueillement. Ces bois étaient de simples bocages : aussi, malgré Cicéron, il y en eut toujours dans les villes; c'étaient comme les jardins des temples. Fortium bonorumque divinos. Ceci est plus poétique que philosophique. Cette distinction des âmes immortelles et des âmes divines n'est point réelle, ou n'est pas assez certaine pour être affirmée. Il y a dans cet ouvrage même des principes qui la combattent. Cicéron revient souvent à cette idée, qui ressemble à la doctrine du petit nombre des élus, mais qui n'a point l'appui des mêmes arguments; et il est permis de n'y voir qu'une concession aux croyances de son temps, et une illusion du vainqueur de Catilina, qui espérait que les sauveurs de la patrie seraient admis parmi les dieux indigètes. (Nat. des dieux, II, 24XXIV. ; Devoirs, III, 5. ; Républi., VI, 7VII. ; Lactance, I, 15CAPUT XV., etc.) XI. Deos ipsos in animis. Les temples de toutes ces vertus existaient en effet à Rome (Nat. des Dieux, II, 23XXIII.). Lactance blâme l'approbation donnée par Cicéron à ce culte allégorique, qui lui parait propre à substituer l'adoration des vertus déesses à l'amour des vertus pratiques. « C'est la vertu, dit-il, qu'il faut honorer, et non son image » (I, 20CAPUT XX.). Turnèbe veut placer ici une phrase que Lactance rapporte, et que l'on trouvera parmi les Fragments ; il y est question des statues de l'Amour que l'on voyait dans les gymnases grecs : c'est évidemment à cette idée qu'elle se rapporte ; mais placée au lieu indiqué par Tunèbe, elle se lierait difficilement à ce qui précède, et donnerait lieu de supposer une lacune plus étendues. |
Cylonio. Cylon, athénien, vainqueur aux jeux olympiques, s'était emparé, par l'ordre d'un oracle, de la citadelle. Assiégé par les Athéniens, et réduits à la famine, il parvint à s'évader avec son frère, et ses compagnons se réfugièrent en suppliants au pied de l'autel qui était dans l'Acropole ; ceux à qui la garde en fut confiée les séduisirent par des fausses assurances, et les immolèrent, ainsi que quelques autres qui s'étaient retirés près de l'autel des Euménides (Thucydide, I, 126CXXVI.). Pour expier ce crime, on fit venir de Crète Épiménide, dix ans avant la guerre Persique (Platon, Lois, I📚 ; Diog. L., I, 110📚), et des autels furent élevés à l'Affront et à l'Impudence. Il parait qu'Épiménide consacra ces autels dans la même intention que le roi Tullus avait élevé des temples à la Pâleur et à la Peur, non pour les adorer, mais pour les apaiser et détourner leurs coups (liv. I, 27XXVII.(7)). La même observation doit s'appliquer aux autels de la Fièvre et de la mauvaise Fortune (Nat. des D., III, 25XXV.). XI. Vicepotæ. On trouve Vicepota ou Vicapota, dans Tite Live, II, 7, et la déesse Stata, dans Festus. L'origine du titre Stator est connue (Tite Live, I, t2 XII. ; Ovid., Fast., VI, V. 793 §§791-794). Il y parle aussi de celui d'Invictus (Ibid., v. 650). Salutis. Il y avait à Rome des temples érigés au Salut, sur le Quirinal (ad Att., IV, I 📚 ; Plin., H. N. XXXV, 4 VII.); à l'Honneur (Tite Live, XXVII, 25 XXV.); au Secours (Varr., de Ling. lat., IV, 10 ; Macr., Sat. I, 10 X., XII.); à la Victoire, à l'Espérance (Nat. des D., II, 23 XXIII.), etc. Fortunaque sit tel hujusoe diei. Le temple de la Fortune de ce jour avait été dédié par Q. Catulus, à l'époque de la guerre des Cimbres, en 651📚 ; celui de la Fortune Respiciens était auprès du temple de Jupiter vainqueur (Plut., Quest. Rom.)§74. Servius Tullius invoqua le premier, la Fortune du hasard, dont le temple, situé près du Tibre, fut réparé par, pendant la guerre de Toscane (Tite Live, X, 46 XLVI. ; Ovid., Fast., VI, V. 773 §§771-784). Le temple de la Fortune primigénie, déesse de la naissance, fut aussi voué par le même roi, et plus tard par P. Sempronius, pendant la deuxième guerre Punique (Tiv., xxxiv, 53 ; XLIII, 13)XXXVI.. L'épithète de Comes, compagne, était aussi un surnom divin de la Fortune ; mais en cet endroit le texte est interrompu et peut-être altéré. |
(également disponible ici et une édition de 1868 là)
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k282068z/f419.item
De Divinatione
Livre I
- Textes latin
(également disponible ici, une édition de 1868 là ainsi qu'une autre publication de 1826 là encore)
- Traductions
(également disponible ici, une édition de 1868 là ainsi qu'une autre publication de 1826 là encore)
De la nature des dieux, I, X, 25
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k282068z/f88.image.r=milet
- Thales enim Milesius, qui primus de talibus rebus quaesivit, aquam dixit esse initium rerum, deum autem eam mentem, quae ex aqua cuncta fingeret [...]
- Thalès de Milet, qui ouvre la marche dans les recherches de cette nature, fit de l’eau le principe de toutes choses, son dieu était l’intelligence qui de cet élément les façonne.
Académiques I, Livre II, XXXVII
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796311p/f241.item
Clément d'Alexandrie, Stromates, I, 65
Sextus Empiricus
Hypot III, 30, et Liv I contre les phys., sect. 319 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796311p/f305.item.r=thales
Tatien, Discours aux Grecs, 41
Eusèbe
Preparation Évangélique, XI, 2 Prepar. évang. I, 8, page 22-25 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796311p/f310.image.r=thales
Sénèque
Questions naturelles, III
- [13,1] Adiciam, ut Thales ait, "ualentissimum elementum est."
- [14,1] Quae sequitur Thaletis inepta sententia est. Ait enim terrarum orbem aqua sustineri et uehi more nauigii mobilitateque eius fluctuare tunc, cum dicitur tremere: non est ergo mirum, si abundat umor ad flumina profundenda, cum mundus in umore sit totus.
Questions naturelles, IV
- [2,22] Si Thaleti credis, etesiae descendenti Nilo resistunt et cursum eius acto contra ostia mari sustinent: ita reuerberatus in se recurrit nec crescit, sed exitu prohibitus resistit et quacumque mox potuit ui congestus erumpit.
Questions naturelles, VI
- [6,1] In aqua causam esse nec ab uno dictum est nec uno modo. Thales Milesius totam terram subiecto iudicat umore portari et innare, siue illud oceanum uocas, siue magnum mare, siue alterius naturae simplicem adhuc aquam et umidum elementum. Hac, inquit, unda sustinetur orbis uelut aliquod grande nauigium et graue his aquis quas premit.
Pline
Histoire naturelle, II, 53
Apud Graecos autem investigavit primus omnium Thales Milesius Olympiadis XLVIII anno quarto praedicto solis defectu, qui Alyatte rege factus est urbis conditae anno CLXX.
Plutarque
Vie de Solon §3
- En général, Thalès fut de tous les sages le seul qui porta au-delà des choses d’usage la théorie des sciences ; tous les autres ne durent qu’à leurs connaissances politiques leur réputation de sagesse.
Le Banquet des Sept Sages §2
- Ainsi, vous, Thalès, le roi d'Egypte vous admire beaucoup, et, entre autres choses, il a été, au-delà de ce qu'on peut dire, ravi de la manière dont vous avez mesuré la pyramide sans le moindre embarras et sans avoir eu besoin d'aucun instrument. Après avoir dressé votre bâton à l'extrémité de l'ombre que projetait la pyramide, vous construisîtes deux triangles par la tangence d'un rayon, et vous démontrâtes qu'il y avait la même proportion entre la hauteur du bâton et la hauteur de la pyramide qu'entre la longueur des deux ombres.
d'Isis et d'Osiris page 364
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796311p/f306.image.r=thales
Diogène Laërce
Ce texte est un extrait de la traduction de Robert Genaille (1933)
Thalès[1], au dire d’Hérodote, de Douris et de Démocrite, était fils d’Examios et de Cléobuline, et membre de la famille des Thélides, Phéniciens descendant en droite ligne d’Agénor[2] et de Cadmus[3], s’il faut en croire Platon. Le premier, il porta le nom de sage, au temps où Damasias était archonte à Athènes[4]. C’est sous le même archontat que fut créée l’expression : « les sept sages » (cf. Démocrite de Phalère, Registre des Archontes). Thalès fut inscrit comme citoyen de Milet quand il vint dans cette ville avec Nélée chassé de Phénicie. Une autre tradition très courante veut qu’il soit natif de Milet et qu’il descende d’une bonne famille. Il s’occupa de politique avant d’étudier la nature. On croit qu’il ne laissa aucun écrit, car l’Astrologie nautique qu’on lui attribue est de Phocos de Samos.
Callimaque[5] croit qu’il découvrit la Petite Ourse et le raconte en vers iambiques :
Il mesura, dit-on, les étoiles du Chariot
Sur quoi les Phéniciens règlent leur navigation.
D’autres auteurs disent qu’il écrivit seulement deux ouvrages, un sur le solstice et un sur l’équinoxe, car il pensait le reste inaccessible. Il passe pour avoir le premier étudié l’astrologie et prédit les éclipses de soleil et les solstices (cf. Eudème, Histoire de l’astrologie)[6]. Xénophane et Hérodote le louent à ce propos, et leur témoignage est confirmé par celui d’Héraclite et de Démocrite. On dit encore (cf. le poète Choirilos) qu’il fut le premier à affirmer l’immortalité des âmes.
Le premier il dessina la course du soleil d’un solstice à l’autre, et démontra que comparée au soleil, la lune en est la cent vingtième partie. C’est encore lui qui fixa à trente jours la durée du mois, et qui écrivit le premier traité sur la Nature.
Aristote et Hippias disent aussi qu’il accordait une âme aux choses qu’on croit inanimées ; il en donnait pour preuve l’ambre et la pierre de Magnésie.
Selon Pamphile[7], il apprit des Égyptiens la géométrie, inscrivit dans un cercle le triangle rectangle, et pour cette découverte immola un bœuf. D’autres, comme Apollodore le calculateur, attribuent cette invention à Pythagore. Thalès a encore développé et précisé l’invention du Phrygien Euphorbe citée par Callimaque dans ses Iambes et concernant le triangle scalène, et tout ce qui touche aux considérations sur les lignes.
Il semble encore avoir été en politique un homme de bon conseil. Ainsi, quand Crésus[8] envoya une ambassade aux Milésiens pour demander leur alliance, il s’y opposa, et son intervention sauva la ville, puisque Cyrus l’emporta.
Héraclite cite une opinion de Clytos selon laquelle Thalès aurait eu une vie retirée et solitaire. Les uns disent qu’il se maria et eut un fils nommé Kibissos. D’autres prétendent qu’il resta célibataire et adopta le fils de sa sœur, qu’on lui demanda un jour pourquoi il ne cherchait pas à avoir des enfants, et qu’il répondit : « Par amour pour les enfants. » Sa mère l’exhortait à se marier, il lui répondit : « Non, par Zeus, il n’est pas encore temps. » Elle l’y invita une nouvelle fois quand il eut pris de l’âge, mais il lui dit : « Il n’est plus temps. »
D’après Hiéronyme de Rhodes (Notes, livre II), il voulut montrer combien il était facile de s’enrichir ayant prévu pour l’année une abondante récolte d’huile, il prit à loyer une oliveraie et gagna beaucoup d’argent[9].
Il soupçonna que l’eau était le principe des choses, que le monde était animé et rempli de démons. On dit qu’il découvrit les saisons de l’année, et qu’il la divisa en trois cent soixante-cinq jours. Il ne suivit les leçons d’aucun maître, sauf en Égypte, où il fréquenta les prêtres du pays. A ce propos, Hiéronyme dit qu’il mesura les Pyramides en calculant le rapport entre leur ombre et celle de notre corps. Si l’on en croit Minuès, il vivait au temps de Thrasybule, qui fut tyran de Milet[10].
L’histoire du trépied trouvé par des pêcheurs et dédié aux sages par le peuple de Milet est bien connue.
Des jeunes gens d’Ionie achetèrent à des pêcheurs milésiens leur coup de filet. Ils tirèrent de l’eau un trépied. On se querella et les Milésiens envoyèrent une ambassade à Delphes. Voici quel fut l’oracle de la divinité :
Race de Milet, tu interroges Phébus au sujet d’un trépied ?
Au plus sage de tous, je donne ce trépied[11].
Ils le donnent alors à Thalès, qui le donne à un autre, et cet autre à un autre, et ainsi de suite jusqu’à Solon, qui, déclarant que seul le dieu était le plus sage de tous, rendit le trépied à Delphes.
Callimaque, dans ses Iambes, rapporte cette histoire autrement ; il la tient de Léandre de Milet. Il dit qu’un certain Bathyclès d’Arcadie laissa en mourant une coupe pour qu’elle fût donnée à l’homme le plus sage. Elle fut donc donnée à Thalès, et après être passée de main en main et avoir fait le tour des sages, elle revint à Thalès. Celui-ci en fit don alors à Apollon de Didyme, en ces termes selon le poème de Callimaque :
Thalès me donne au protecteur du peuple du Nil,
Thalès qui a reçu deux fois ce présent,
ce qui, en prose, se dit ainsi : « Thalès de Milet, fils d’Examios, à Apollon delphien, ce présent qu’il a reçu deux fois des Grecs. » Celui qui portait la coupe de sage en sage, le fils de Bathyclès, s’appelait Thyrion (cf. Éleusis, Livre sur Achille, et Alexon de Mynde, Fables, livre IX).
Eudoxe de Cnide et Évanthès de Milet disent de leur côté qu’un ami de Crésus reçut du roi un vase d’or, pour le donner au plus sage des Grecs, qu’il le donna à Thalès et que ce vase parvint jusqu’à Chilon. Celui-ci consulta la Pythie, pour savoir qui était plus sage que lui. Elle répondit que c’était Myson (je parlerai de lui : Eudoxe le met parmi les sages à la place de Cléobule et Platon à la place de Périandre.) Voici la réponse que lui fit la Pythie :
Il y a un habitant de l’Oeta, Myson, né à Chénée,
Qui plus que toi est riche de sages pensées.
L’homme qui consulta l’oracle pour Chilon s’appelait Anacharsis. Dédale le Platonicien et Cléarque disent que la coupe fut envoyée par Crésus à Pittacos, et que c’est ainsi qu’elle passa de main en main. D’après Andron, d’autre part (Livre du trépied), les Argiens décidèrent que le trépied serait attribué comme prix de vertu au plus sage des Grecs. Aristodème de Sparte fut choisi et c’est lui qui donna le trépied à Chilon.
Alcée est aussi partisan d’Aristodème dont il parle dans les vers suivants :
- Comme jadis Aristodème, dit-on,
- Prononça à Sparte cette parole bien juste :
- C’est de l’argent, un homme, oui de l’argent,
- Car l’homme vertueux n’est jamais pauvre.
D’autres disent encore que Périandre envoya à Thrasybule, tyran de Milet, un navire chargé, que ce navire fit naufrage dans la mer de Cos, et que quelque temps après le trépied fut trouvé par des pêcheurs. Phanodicos dit que le trépied fut trouvé dans la mer Attique, porté à la ville, et que l’assemblée du peuple s’étant réunie le fit porter à Bias. Pourquoi cela, je le dirai quand je parlerai de Bias. Selon d’autres auteurs, le trépied avait été fabriqué par Héphaïstos et donné en présent de la part de ce dieu à Pélops lors de son mariage. Il vint ensuite à Ménélas, fut enlevé avec Hélène par Alexandre, jeté dans la mer de Cos à l’instigation de la Spartiate qui prévoyait qu’il serait un sujet de querelle. Plus tard, en ce lieu, des Lébédiens achetèrent le produit d’un coup de filet et c’est le trépied qui fut tiré de l’eau. Il y eut querelle avec les pêcheurs, on vint jusqu’à Cos, et comme on ne s’accordait pas, on s’adressa à Milet, qui était la capitale. Les Milésiens envoyèrent des députés qui ne furent pas écoutés, aussi firent-ils la guerre aux gens de Cos. Comme de chaque côté il mourait beaucoup de gens, l’oracle déclara qu’il fallait donner le trépied au plus sage. Les deux camps s’entendirent alors pour l’attribuer à Thalès, qui par la suite le consacra à Apollon de Didyme. Pour en revenir à la réponse de l’oracle aux gens de Cos, elle disait ceci :
La querelle entre Ioniens et Méropes ne cessera pas
Avant que le trépied d’or qu’Héphaïstos jeta dans la mer
N’ait quitté votre ville pour la maison de l’homme
Qui connaît le présent, l’avenir et le passé.
La réponse aux Milésiens fut la suivante :
Race de Milet, tu interroges Phoebus au sujet d’un trépied...
comme il a été dit plus haut.
En voilà assez sur ce sujet[12].
Hermippe, dans ses Vies, rapporte à Thalès ce qui est dit par d’autres de Socrate : il aimait à dire qu’il remerciait la fortune de trois choses : d’être un humain et non une bête, d’être un homme et non une femme, enfin d’être un Grec, et non un barbare. On raconte encore qu’étant sorti de chez lui pour contempler les astres, il tomba dans un puits[13]. Une vieille femme survenant se moqua de lui en ces mots : « Comment, Thalès, toi qui n’es pas capable de voir ce qui est à tes pieds, t’imagines-tu pouvoir connaître ce qui est dans le ciel ? »
Timon[14] a bien connu aussi la science de Thalès en astronomie, et dans ses Silles, il le loue en ces termes :
Comme Thalès, un des sept sages, qui fut savant astronome.
L’Argien Lobon dit que ses écrits font un total de quelque deux cents vers, et que sous sa statue on écrivit :
Thalès de Milet repose ici dans le sol qui l’a nourri,
Il fut un sage, et le premier des astrologues.
Voici un de ses poèmes :
Le trop parler n’est pas marque d’esprit.
Trouvez une seule chose sage,
Choisissez une seule chose belle,
Et vous clouerez le bec à bien des bavards.
On lui attribue encore les sentences suivantes : de tous les êtres, le plus ancien, c’est Dieu, car il n’a pas été engendré ; le plus beau, c’est le monde, car il est l’ouvrage du dieu ; le plus grand, c’est l’espace, car il contient tout ; le plus rapide, c’est l’esprit, car il court partout ; le plus fort, c’est la nécessité, car elle vient à bout de tout ; le plus sage, c’est le temps, parce qu’il découvre tout. La mort, dit-il, ne diffère en rien de la vie. On lui répond : « Pourquoi, alors, ne te donnes-tu pas la mort ? » ; « Parce que vie ou mort, c’est tout un », réplique-t-il. Quelqu’un lui demande ce qui du jour ou de la nuit fut créé d’abord ; il répond : « La nuit est en avance d’un jour. » On lui demande si les mauvaises actions d’un homme échappent au regard des dieux. Il répond : « Ils voient même les mauvaises pensées. » Un homme adultère lui demandait s’il pouvait jurer qu’il n’avait pas commis d’adultère. Il répondit : « Le parjure n’est pas pire que l’adultère. »
On lui demandait ce qui était difficile : « Se connaître » dit-il ; ce qui était facile : donner un conseil à autrui ; ce qui était le plus doux : jouir ; ce que c’était que la divinité : un être sans commencement ni fin ; encore une chose difficile : voir un tyran âgé ; comment supporter aisément l’infortune : en voyant ses ennemis plus malheureux encore ; comment vivre vertueusement : en ne faisant pas ce que nous reprochons à autrui ; qui est heureux : l’homme bien portant, riche, courageux et instruit.
Il disait encore que l’on doit penser à ses amis aussi bien en leur absence qu’en leur présence, que la beauté ne vient pas d’un beau visage, mais de belles actions. « Ne t’enrichis pas injustement, conseillait-il, et veille à ne pas être cité en justice pour de mauvaises paroles contre tes proches et tes amis. Comme tu traites tes parents, tes enfants te traiteront. »
Du Nil[15] il disait qu’il débordait quand ses eaux étaient repoussées par les vents étésiens qui soufflent contre son cours.
Apollodore dans ses Chroniques dit que Thalès naquit la première année de la trente-cinquième olympiade[16]. Il mourut dans sa soixante-dix-huitième année ou, comme le dit Sosicrate, dans sa quatre-vingt-dixième année, car ce fut dans la cinquante-huitième olympiade. Il vécut du temps de Crésus, auquel il promit de faire traverser l’Hallys[17] sans pont, en détournant le cours du fleuve.
Il y eut cinq autres personnages du nom de Thalès (cf. Démétrios de Magnésie, Homonymes) : un rhéteur de Callatie, au style prétentieux, un peintre de Sicyone, de noble origine, un troisième, très ancien, du temps d’Hésiode, d’Homère et de Lycurgue, un quatrième, mentionné par Douris dans son traité de la peinture, un cinquième, plus jeune et peu connu, cité par Denys dans ses Critiques.
Pour en revenir à notre sage, il mourut en regardant les jeux gymniques, pour avoir eu trop chaud et trop soif et par suite de sa fatigue et de son grand âge. Voici son épitaphe :
- Ce tombeau, certes, est bien petit,
- Mais la renommée de l’homme est allée au ciel.
- C’est celui de Thalès le très sage.
J’ai écrit sur lui les vers suivants dans le premier livre de mes épigrammes ou « vers de mètres divers[18] :
- Tandis qu’il regardait les jeux, ô Zeus Hélios,
- Tu as ravi du stade le sage Thalès.
- Je te loue de l’avoir rapproché du ciel. Il était si vieux
- Que de la terre il ne pouvait plus voir les astres.
Thalès est l’auteur du fameux « connais-toi toi-même » qu’Antisthène (Livre des Filiations) attribue à Phémonoé, en déclarant que Chilon se l’appropria mensongèrement.
Sur les sept sages, qu’il est juste de citer maintenant l’un après l’autre, voici la tradition. Damon de Cyrène, qui blâme tous les philosophes dans ses écrits, s’attaque surtout aux sept sages. Anaximène dit que tous étaient poètes. Dicéarque dit qu’ils n’étaient ni sages ni philosophes, mais hommes d’esprit et législateurs. Archétimos de Syracuse a décrit leurs assemblées chez Cypsélos[19] et dit qu’il y assista personnellement. Euphoros dit que tous, sauf Thalès, fréquentèrent Crésus.
D’autres disent qu’ils se réunirent à Panionium, à Corinthe et à Delphes. On rapporte même leurs paroles, et qui a prononcé telle ou telle. Exemple :
Le Spartiate Chilon fut sage,
Lui qui dit : Rien de trop,
Tout est bien qui vient en son temps !
On n’est pas d’accord sur leur nombre. Léandre, au lieu de Cléobule et de Myson, met Léophante, fils de Gorsias, ou Lébédios d’Éphèse et Épiménide de Crète. Platon, dans le Protagoras[20], met Myson à la place de Périandre. Éphoros met Anacharsis à la place de Myson et d’autres ajoutent Pythagore.
Selon Dicéarque, il y en a quatre sur qui tout le monde est d’accord : Thalès, Bias, Pittacos et Solon. Le même auteur en nomme six autres, parmi lesquels il en choisit trois : Aristodème, Pamphile, le Lacédémonien Chilon, Cléobule, Anacharsis et Périandre. D’autres ajoutent Acousilaos, Caba ou Scala, un Argien.
Hermippe, dans son livre sur les sages, dit qu’ils furent dix-sept et que chacun en choisit sept selon ses préférences. Ce sont Solon, Thalès, Pittacos, Bias, Chilon, Cléobule, Périandre, Anacharsis, Acousilaos, Épiménide, Léophante, Phérécyde, Aristodème, Pythagore, Lasos, fils de Charmantidas ou de Sisambrinos ou, selon Aristoxène, de Chabrinus, Hermonée, Anaxagore.
Hippobotos (Catalogue des Philosophes) les inscrit ainsi : Orphée, Linos, Solon, Périandre, Anacharsis, Cléobule, Myson, Thalès, Bias, Pittacos, Épicharme et Pythagore.
Voici des lettres attribuées à Thalès[21] :
Thalès à Phérécyde
« J’apprends que vous vous disposez à présenter aux Grecs le premier traité ionien des choses divines. Vous agiriez peut-être plus sagement en lisant votre ouvrage à vos amis, qu’en communiquant à n’importe quelles gens des écrits qui ne peuvent guère leur être utiles.
« Si cela vous plaît, j’aimerais profiter de vos recherches et, si vous m’y invitez, je viendrai vous trouver au plus tôt. Car Solon d’Athènes et moi, qui avons déjà traversé deux fois la mer pour aller visiter la Crète, et pour aller en Égypte nous entretenir avec les prêtres et les astronomes du lieu, nous sommes assez sages pour ne pas hésiter à la traverser de nouveau pour aller vous voir.
« Je parle de Solon, parce qu’il viendra avec moi si vous le permettez. Vous êtes un sédentaire, vous allez rarement en Ionie, vous n’aimez guère aller voir les étrangers, et vous ne songez, j’imagine, qu’à écrire.
« Mais nous qui n’écrivons pas, nous parcourons volontiers la Grèce et l’Italie. »
Thalès à Solon
« Si vous quittez Athènes, vous aurez, je crois, tout avantage à venir vous établir à Milet, parmi les colons athéniens. Il n’y a là pour vous aucun danger. Si vous hésitez, sous prétexte que nous, Milésiens, sommes gouvernés par un tyran (je sais que vous haïssez tout pouvoir absolu), songez du moins que vous aurez plaisir à vivre avec nous qui sommes vos amis. Je sais que Bias vous a écrit et vous invite à aller à Priène. Si vous trouvez préférable d’habiter la ville de Priène, j’irai vivre là-bas avec vous. »
Ausone
Le Jeu des Sept Sages
- Thalès a trouvé [texte grec] pour nous défendre de nous porter cautions, parce qu'il y a du danger à répondre ainsi pour d'autres[iv]. Nous donnons-là un avis qui ne plaira pas beaucoup aux emprunteurs.
- THALÈS : Je suis Thalès de Milet ; j'ai dit, comme le poète Pindare, que l'eau est, le principe de toute chose. C'est à moi que des pêcheurs donnèrent autrefois [un trépied d'or] qu'ils avaient tiré de la mer : ils m'avaient choisi pour obéir au dieu de Délos, qui envoyait ce présent à un sage. Je refusai de le recevoir, je le leur rendis pour le porter à d'autres que je croyais plus dignes. Envoyé à tous les sept Sages, et renvoyé par eux, il nie fut rapporté. Je le reçus alors pour le consacrer à Apollon : car si Phébus a voulu qu'on choisit un sage, ce n'était pas d'un homme, mais d'un dieu qu'il fallait l'entendre. Je suis donc ce Thalès : mais un motif m'amène sur la scène. Comme les deux sages qui m'ont précédé, je viens défendre la sentence dont je suis l'auteur. Elle déplaira, mais non certes aux esprits prudents que l'expérience a instruits et rendus plus avisés. Nous avons dit : [texte grec], ou, en latin : Cautionne, mais tu t'en trouveras mal. Je pourrais parcourir mille exemples pour vous montrer des cautions et des répondants bien et dûment convaincus de repentir. Mais je ne veux nommer personne. Que chacun de, vous ré-fléchisse, et compte en lui-même combien de gens ont perdu ou souffert de s'être ainsi portés cautions pour d'autres. Toutefois, si un pareil service a du charme pour vous, n'y renoncez ni les uns ni les autres.
- Alors que les uns applaudissent, et que les autres, si je les blesse, me sifflent.
- THALÈS DE MILET.
- AVANT d'oser une mauvaise action, à défaut de Témoin redoute ta conscience. La vie s'éteint, mais la gloire de la mort ne meurt point. Ce que tu veux faire, abstiens-toi de le dire. C'est un supplice de craindre ce qu'on ne peut empêcher. Si tu blâmes avec raison, ton hostilité même est profitable ; si tu loues mal à propos, ton amitié même est nuisible. Rien de trop. - Arrêtons-nous, et qu'ici même il n'y ait rien de trop.
Vitruve
De l'architecture, livre VIII
- 1. Le premier des sept sages, Thalès de Milet, soutenait que l'eau était le principe de toutes choses; Héraclite prétendait que c'était le feu.
De l'architecture, livre IX, 6
- 3. Mais si l'on veut connaître le principe des choses, il faut lire les savants ouvrages des Thalès de Milet, des Anaxagore de Clazomène, des Pythagore de Samos, des Xénophane de Colophon, des Démocrite d'Abdère, qui nous font connaître les lois qui gouvernent la nature, et les effets qu'elles produisent.
Flavius Josèphe
Contre Apion, I, 2
- Mais bien certainement les premiers philosophes grecs qui aient traité des choses célestes et divines, comme Phérécyde de Syros, Pythagore et Thalès furent, tout le monde s'accorde là dessus, les disciples des Égyptiens et des Chaldéens avant de composer leurs courts ouvrages, et ces écrits sont aux yeux des Grecs les plus anciens de tous ; à peine même les croient-ils authentiques.
Lucien
Dialogues des morts
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6227866x/f7.item https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6227866x/f103.double
Hippias ou le bain
- (2) Mon but est de prouver que les constructeurs de machines qui méritent le plus notre admiration sont ceux qui, distingués par leur science théorique, ont laissé en outre à la postérité des monuments de leur art et des oeuvres de leur génie, tandis que les hommes, qui se sont seulement exercés dans la parole méritent plutôt le nom de sophistes que celui de savants. C'est sur la liste traditionnelle de ces artistes que nous voyons figurer Archimède et Socrate de Cnide, qui inventèrent, l'un les moyens de soumettre à Ptolémée la ville de Memphis, sans recourir à un siège, mais en détournant et en divisant le cours du Nil ; l'autre, ceux d'incendier les galères des ennemis. Avant eux, Thalès de Milet, ayant promis à Crésus de faire passer à pied sec à son armée les eaux du fleuve Halys, imagina de les détourner en une seule nuit derrière le camp ; et pourtant ce n'était pas un mécanicien de profession, mais un sage d'un esprit inventif et à l'intelligence duquel on pouvait s'en rapporter.
Exemples de longévité
- (18) Solon, Thalès et Pittacus, que l'on compte au nombre des Sept sages, vécurent chacun cent années.
Elien
Histoires diverses
- On a vu des philosophes à la tête des affaires publiques : d'autres, se bornant à cultiver leur raison, ont passé leur vie dans le repos. Entre les premiers sont Zaleucus et Charondas qui réformèrent, l'un, le gouvernement des Locriens, l'autre, d'abord celui des Catanéens, puis, après qu'il eut été exilé de Catane, celui des Rhéginiens. Archytas servit utilement les Tarentins. Les Athéniens durent tout à Solon. Bias et Thalès rendirent les mêmes services à l'Ionie, Chilon à Lacédémone, Pittacus à Mitylène, Cléobule à Rhodes.
Proclus
Commentaire sur le premier livre d'Euclide, 65, 3
ὥσπερ οὖν παρὰ τοῖς Φοίνιξιν διὰ τὰς ἐμπορείας καὶ τὰ συναλλάγματα τὴν ἀρχὴν ἔλαβεν ἡ τῶν ἀριθμῶν ἀκριβὴς γνῶσις, οὕτω δὴ καὶ παρ' Αἰγυπτίοις ἡ γεωμετρία διὰ τὴν εἰρημένην αἰτίαν εὕρηται. Θαλῆς δὲ πρῶτον εἰς Αἴγυπτον ἐλθὼν μετήγαγεν εἰς τὴν Ἑλλάδα τὴν θεωρίαν ταύτην καὶ πολλὰ μὲν αὐτὸς εὗρεν, πολλῶν δὲ τὰς ἀρχὰς τοῖς μετ' αὐτὸν ὑφηγήσατο τοῖς μὲν καθολικώτερον ἐπιβάλλων, τοῖς δὲ αἰσθητικώτερον.
Valère Maxime
Actions et paroles mémorables, VII, § 2
- 8. Il y a aussi un mot admirable de Thalès. On lui demandait si les actions des hommes échappaient à la connaissance des dieux. "Leurs pensées non plus", répondit-il. Aussi faut-il nous appliquer à avoir, je ne dis pas seulement les mains, mais encore le coeur pur, dans la persuasion que la divinité est témoin des mouvements les plus secrets de nos âmes.
Suidas, Lexique
Θαλῆς, Ἐξαμύου καὶ Κλεοβουλίνης, Μιλήσιος, ὡς δὲ Ἡρόδοτος Φοῖνιξ: γεγονὼς πρὸ Κροίσου, ἐπὶ τῆς λε# ὀλυμπιάδος, κατὰ δὲ Φλέγοντα γνωριζόμενος ἤδη ἐπὶ τῆς ζ#. ἔγραψε περὶ μετεώρων ἐν ἔπεσι, Περὶ ἰσημερίας, καὶ ἄλλα πολλά. ἐτελεύτησε δὲ γηραιός, θεώμενος γυμνικὸν ἀγῶνα, πιληθεὶς δὲ ὑπὸ τοῦ ὄχλου καὶ ἐκλυθεὶς ὑπὸ τοῦ καύματος. πρῶτος δὲ Θαλῆς τὸ τοῦ σοφοῦ ἔσχεν ὄνομα καὶ πρῶτος τὴν ψυχὴν εἶπεν ἀθάνατον ἐκλείψεις τε καὶ ἰσημερίας κατείληφεν. ἀποφθέγματα δὲ αὐτοῦ πλεῖστα: καὶ τὸ θρυλλούμενον: γνῶθι σαυτόν. τὸ γάρ, ἐγγύα, πάρα δ' ἄτα, Χίλωνός ἐστι μᾶλλον, ἰδιοποιησαμένου αὐτό: καὶ τό, μηδὲν ἄγαν.
Lactance
Épit. 4 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k282068z/f300.image.r=thales) Inst. 111, 16 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k282068z/f621.item.r=thales)