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Les mêmes concepts ne sont pas forcément adéquats pour une diffusion a priori de l'information et pour une recherche rétrospective.
Les mêmes concepts ne sont pas forcément adéquats pour une diffusion a priori de l'information et pour une recherche rétrospective.

== Performances d'un système documentaire ==

Comme nous l'avons signalé, ces performances dépendent étroitement de la qualité de l'analyse et de l'indexation. Il est intéressant de les chiffrer, ne serait-ce que pour en tirer les renseignements nécessaires à l'amélioration du service.

=== Notion de cohérence ===

Si deux indexations d'un même document ont fourni deux ensembles A et B de descripteurs, le taux de cohérence s'écrit :

<math>C_{AB}= \frac{nombre de descripteurs communs}{nombre total de descripteurs}</math>




Le taux de cohérence peut être externe, A et B provenant de deux analystes différents, ou interne, les deux InrlA)(~tinns étant l'œuvre du même analyste à des dates





Version du 12 février 2010 à 12:30

Introduction

Un développement exponentiel de l'information

Au développement spectaculaire des sciences et des techniques correspond un accroissement sans précédent des connaissances humaines. Il n'est pas exagéré de parler d'un « règne de l'information ». Cette dernière, sous toutes ses formes, est plus que jamais à la base de toute activité humaine. L'apparition récente de systèmes d'information libres tels que Wikipédia ou Wikilivres accompagne depuis quelques années ce mouvement général.

Les spécialistes disent que le nombre des données disponibles double tous les dix ans. Cela correspond à une multiplication par mille en un siècle et par seize, ce qui n'est déjà pas si mal, au cours des quelques quarante années d'une vie professionnelle. Naturellement, il ne s'agit là que d'une moyenne, certains domaines de la connaissance sont « en léthargie », on ne fait plus guère de recherches sur la machine à vapeur, tandis que d'autres connaissent au contraire un développement quasi explosif.

Chaque découverte suscitant plusieurs nouvelles questions, disait un humoriste, il s'ensuit que la quantité d'ignorance croît beaucoup plus vite que la quantité de savoir ! On peut s'en amuser mais c'est un vrai sujet de préoccupation. Chaque cerveau ne peut emmagasiner qu'une partie de plus en plus faible des connaissances humaines, celles-ci sont donc de plus en plus dispersées chez des spécialistes dont le niveau est très élevé dans quelques domaines très restreints mais de plus en plus faible en valeur relative dans la quasi totalité des autres domaines, même quand ceux-ci sont relativement proches de leur domaine d'excellence.

Le problème n'est pas nouveau

Les « Observations sur la physique », créées en 1771 par l'abbé Rozier, sont particulièrement intéressantes. Leur fondateur présente ainsi les caractéristiques et les fonctions du périodique scientifique spécialisé, et s'alarme par la même occasion des délais de publication par les académies :

« Ces motifs ont fait désirer qu'un ouvrage périodique, d'un débit sûr et animé, annonçât les découvertes qui se font chaque jour dans les différentes parties des Sciences, soit par des notices abrégées, soit par des mémoires très étendus, qui continssent le développement de toutes les preuves de ces découvertes, en traçant même la marche de l'esprit inventeur ».

La forme des publications et la démarche scientifique sont bien définies dans son esprit. L'auteur précise encore quelques critères de choix des travaux à publier :

« Nous rejetterons (ce qui) ne seroit que compilation indigeste et dénuée de vues neuves et utiles. L'importance des matières, la manière dont elles sont présentées, nous décideront sur le choix des morceaux qui doivent être insérés dans ce recueil ».

Et il ajoute :

« Les vrais savans n'ont pas la manie de faire des secrets de leurs découvertes ; amis de l'humanité, leur gloire est de lui être utile ; aussi c'est à eux que nous offrons ce Recueil, comme un dépôt où ils ont droit de prendre acte de leur découverte ».

Transmission des connaissances, enrichissement et appauvrissement

L'information n'est pas une « marchandise » comme les autres. Lorsqu'une information est communiquée d'un « émetteur » à un « récepteur », le second est normalement enrichi sans que le premier s'en trouve appauvri. C'est que le savoir, au contraire des biens matériels, se multiplie par transmission. Sa possession et sa diffusion au sein d'une communauté humaine sont deux préalables au rêve d'une Société à la fois plus riche et plus juste.

La concurrence effrénée, au contraire, engendre la rétention d'information, le secret, voire la falsification, qui sont autant de facteurs d'appauvrissement collectif. Elle a finalement les mêmes effets pervers que la soif du pouvoir, dont elle n'est au fond qu'un autre aspect. Nous en reparlerons sans doute un peu plus loin, à propos du financement de la recherche par des sociétés privées et de ses conséquences sur la publication des résultats.

Reste que voir dans l'information une simple marchandise serait absurde mais pas autant que minimiser l'aspect de valeur économique et humaine qu'elle prend chaque jour davantage.

Quelques problèmes d'enseignement et de qualification

Comme tout le reste, les techniques documentaires s'apprennent. Il s'agit même d'une discipline difficile mais il faut distinguer deux niveaux : celui qui correspond à une pratique de la documentation comme utilisateur et celui des professions documentaires, beaucoup plus complexe, qui intègre à la fois tous les éléments permettant une gestion économique de collections souvent très importantes et la mise à disposition du public concerné du contenu de ces collections.

Dans l'esprit de beaucoup, une documentaliste est avant tout une sorte de secrétaire, mais c'est évidemment une lourde erreur. En France, la plus faible qualification que l'on puisse acquérir dans le domaine de la documentation est un DUT, ce qui représente tout de même deux ans d'études à plein temps. Dans les établissements d'enseignement secondaire, le rôle des documentalistes est particulier ; depuis quelques années, après de longues luttes syndicales, ils, ou plutôt elles, car la profession est outrancièrement féminisée, ont acquis le statut de professeurs, ce qui était pour le moins logique ; l'accès à la profession se fait sur concours au niveau CAPES. Naturellement, d'autres formations de plus haut niveau existent, comme celles dispensées à l'École nationale des chartes [1].

De nombreuses entreprises importantes possèdent un ou plusieurs services de documentation, dans lesquels travaillent souvent de façon conjointes des documentalistes diplômé(e)s et d'autres personnes hautement qualifiées dans d'autres domaines, par exemple des ingénieurs ayant une ancienneté suffisante pour bien connaître tous les rouages de la production. Ces derniers ont été souvent formés à la documentation sur le tas, d'autant plus que les formations classiques de documentalistes sont beaucoup plus consacrées à la gestion des livres et des périodiques qu'à celle de la « littérature grise » constituée par toutes sortes de documents de forme mal définie et très variable, rapports internes, catalogues industriels, notes de calculs, etc.

À propos des diverses manières d'apprendre

Il n'y a finalement que trois manières d'apprendre :

  • La première est l'expérimentation. C'est la seule ou presque dont dispose le petit enfant, qui grandit en essayant de faire les choses lui-même, ce qui ne va pas toujours sans risque. C'est également la seule manière possible lorsque l'on explore un domaine totalement inconnu.
  • La seconde est l'enseignement. On va demander à quelqu'un qui sait. Lorsque la question est répétitive, alors il vaut mieux que celui qui sait puisse transmettre ses connaissances simultanément à beaucoup de « récepteurs ».
  • La troisième est la documentation. L'information ne vient plus toute seule comme sur les bancs de l'école, il faut aller la chercher, par des méthodes qui exigent d'ailleurs également un certain apprentissage.

Naturellement, toutes les connaissances et tout le savoir faire qu'un homme peut acquérir ne relèvent pas des mêmes modes d'acquisition. Par exemple, pour apprendre à monter à bicyclette, il n'existe guère d'autre méthode que celle qui consiste à enfourcher l'engin, puis à payer de sa personne. On n'apprend pas à monter à bicyclette auprès de quelqu'un qui sait, ni en se plongeant dans les livres. Par ailleurs, deux étudiants différents pourront peut-être acquérir plus facilement les mêmes notions de mécanique appliquée, l'un en partant de l'expérience, l'autre en partant de la théorie, sur ce plan les différences individuelles sont énormes.

On aurait donc grand tort, non seulement de vouloir trop normaliser la pédagogie et les modes d'apprentissage, mais surtout de rendre l'enseignement de plus en plus théorique sous le fallacieux prétexte de faire des économies.

Ayant acquis un certain savoir, une certaine expérience, l'être humain qui avance en âge se doit d'en faire profiter les générations suivantes ; après avoir été longtemps un récepteur d'informations, il devient à son tour producteur. La boucle est bouclée, même si bien sûr l'apprentissage ne s'arrête véritablement jamais, tant que l'on est sain d'esprit.

À propos de l'enseignement des techniques documentaires

En France, contrairement à ce qui se passe dans de nombreux autres pays, l'intérêt d'enseigner les techniques documentaires n'est pas convenablement perçu. Pourtant il s'agit là d'un élément vital dans tous les secteurs d'activité. Dans le domaine industriel, par exemple, quiconque veut lancer un produit ou un procédé de fabrication nouveau sans se préoccuper de l'état de la technique et des données économiques du marché s'expose à de cuisantes désillusions ! Détenir le maximum d'informations fiables permet de décider avec une probabilité maximale de succès.

La plupart des petites ou moyennes entreprises françaises fonctionnent sans aucune structure documentaire digne de ce nom. Les données nécessaires à leur activité y sont malgré tout recherchées, recueillies et utilisées, mais avec quel « rendement » et, finalement à quel coût ? Sachant qu'une bonne information est à la fois rapide, complète, fiable et à jour, on peut s'interroger.

Cette situation est d'autant plus paradoxale que le savoir-faire des intellectuels français en matière de théories et techniques documentaires est de tout premier ordre. Ailleurs, du Japon au Canada, de la Tunisie à l'Allemagne, les étudiants sont initiés, parfois depuis de nombreuses années, aux techniques documentaires. La « pratique de la documentation et de l'enquête », inscrite au programme fondateur des IUT en 1966 dans un accès de clairvoyance, n'est entrée dans les faits sous forme d'un enseignement organisé qu'à l'IUT de Bordeaux, dans le Département de Génie Mécanique et Productique. Les mots eux-mêmes ont disparu des programmes un peu plus tard, n'y faisant en 1985 qu'une fausse rentrée. Il est comme toujours plus facile de mettre les principes en accord avec les actes, que l'inverse ; les meilleures intentions du monde restent au niveau des beaux discours, si elle ne sont pas accompagnées des moyens humains et matériels qui permettent de les concrétiser.

Sait-on qu'il a même fallu une loi, du reste peu appliquée, pour imposer à nos Grandes Écoles d'Ingénieurs d'organiser une information sur la propriété industrielle ? Pourtant, parmi les milliers de brevets d'invention déposés chaque année dans le monde entier, 80% décrivent des techniques dont il n'est question nulle part ailleurs.

La « Mission Interministérielle pour le Développement de l'Information Scientifique et Technique » (MIDIST), créée en 1979, n'a pu commencer à travailler sérieusement qu'à partir de 1981, lors de l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de gauche. Le mathématicien Jean-Pierre Kahane, qui la présida de 1981 à 1986, n'a pas ménagé ses efforts pour faire avancer les choses.

La mission de la MIDIST était « d’étudier et de proposer au gouvernement les orientations de la politique nationale dans le domaine de l’information scientifique et technique, d’animer l’action des ministères et organismes intéressés et d’assurer leur cohérence ; de promouvoir toute action d’intérêt commun de nature à renforcer les moyens d’information scientifique et technique et de veiller à la compatibilité technologique des bases de données et des réseaux ».

En 1983 et 1984, à l'initiative de la Conférence des Grandes Ecoles, diverses réunion de travail avaient ensemencé un terrain qui qui aurait pu se montrer fertile si les moyens à la fois matériels mais surtout humains avaient suivi. Nous avions participé à ces réunions et répondu à l'époque à ceux qui décrivaient alors « ce qu'il faudrait faire » dans ce domaine faisait déjà l'objet d'un enseignement en bonne et due forme, depuis 1972, à l'IUT GMP de Bordeaux. Nous n'avions alors fait que notre devoir, qui était de mettre en application dans les meilleures conditions possibles les diverses disciplines définies dans les programmes pédagogiques.

Aujourd'hui... il va encore falloir attendre car le retour des gouvernements de droite a balayé la plupart de ces initiatives depuis déjà pas mal d'années.

Notions de documentation et de document

Définitions

Le terme documentation, dont l'origine remonte aux environs de 1870, avait alors le sens de « recherche de documents pour faire une étude ou une thèse ». Vers 1930 il est devenu « exploitation méthodique de l'information ». Aujourd'hui on parle de la « fonction documentation » d'un organisme, fonction qui est destinée, selon M. Guillot (1973), « à l'établissement d'un réseau organisé de collecte et de diffusion de l'information venant renforcer et compléter les réseaux d'information propres à chacun des agents de l'organisme considéré ».

On appelle document tout objet qui peut apporter de la connaissance, enseigner, renseigner...

Pour que l'on puisse parler de document, il faut à la fois un contenu et un support : un discours, pas exemple, ne peut être cité comme document que si l'on dispose du texte écrit ou d'un enregistrement. En outre, un document ne peut jouer son rôle que grâce aux canaux de diffusion ou media.



Il convient d'ajouter immédiatement qu'une information n'est utile à son destinataire que si celui-ci possède les connaissances adéquates pour la déchiffrer, la comprendre ou même seulement la pressentir.

Types de documents

Les documents peuvent être de types très divers :

  • documents visuels :
- textes imprimés de toutes sortes,
- graphiques, cartes, schémas, diagrammes, plans,
- travaux iconographiques, dessins avec ou sans texte, tableaux, photographies sur papier, diapositives, films fixes et muets...
  • documents sonores :
- disques,
- bandes magnétiques...
  • documents audio- visuels :
- films,
- bandes magnétiques,
- vidéodisques,
- mémoires informatiques,
- montages audio- visuels...
  • objets :
- pièces de musée,
- échantillons industriels ou commerciaux...

Les supports autres que le papier sont de plus en plus utilisés.

Critères de classement

Les documents peuvent être classés en fonction de multiples critères, tels que :

  • la nature de l'information :
- numérique,
- sonore,
- textuelle,
- iconique,
- graphique...
  • le mode de diffusion des documents :
- interne,
- public,
- confidentiel,
- souterrain (littérature grise)...

Changement de support

Chaque type de support peut contenir des informations très diverses. Le papier peut supporter du texte, des images, un disque compact numérique ou une mémoire informatique peut contenir des textes, des images, des sons, etc. De même, une information peut changer de support sans changer de nature : un même texte peut être gravé dans la pierre, imprimé sur du papier, enregistré sous forme d'une image photographique ou scanné pour créer un fichier numérique. En réalisant une microcopie d'un document, on ne fait que créer, à partir de l'original, un document de substitution, de même qu'en scannant les pages d'un livre. L'usage de documents de substitution est la règle pour tous les documents précieux que l'on souhaite mettre à disposition du public tout en préservant l'original.

Chaîne documentaire et rôle des documentalistes

Les systèmes d'information vont du simple stockage des documents, sans service associé, à une exploitation systématique et optimisée du contenu informatif. Un service de documentation a généralement deux missions fondamentales :

  • répondre aux requêtes, c'est-à-dire aux questions concrètes posées par les utilisateurs en fournissant autant que possible à ces derniers TOUS les documents pertinents (pas de silence) et SEULEMENT les documents pertinents (pas de bruit).
  • précéder la demande en informant directement les usagers potentiels de toutes les données nouvelles susceptibles de les intéresser.


Dans les deux cas, il est clair que le service de documentation doit être lui- même parfaitement informé des activités et des besoins de ses utilisateurs. A ce niveau se situent les premières sources de conflits. D'abord, le documentaliste doit choisir les documents dignes d'intérêt et se débarrasser des autres. Hélas, il y aura toujours quelqu'un pour ressentir l'impérieux besoin de cette notice qui a été mise au panier avant-hier après une longue hésitation. Bien des utilisateurs vous diront que ces incapables de documentalistes n'ont jamais le document voulu. De leur côté, les documentalistes vous parlerons de ces c... d'utilisateurs qui ne savent même pas ce qu'ils cherchent. Il est heureusement possible de trouver quelques contre-exemples !

On compare parfois le travail du documentaliste à un iceberg : neuf dixièmes faits d'opérations aussi invisibles que fastidieuses et un dixième d'opérations apparentes de réponse et de diffusion. Il faut ajouter que lorsque le traitement de l'information a été bien fait, les recherches deviennent complètes et rapides et cela contribue à accréditer l'idée que le travail des documentalistes est facile et pourrait être fait par n'importe qui.

Le travail des documentalistes comporte plusieurs phases, ou tâches fondamentales :

  • analyse des besoins : on ne se documente pas pour faire joli mais par besoin, un bon documentaliste doit non seulement satisfaire les demandes, mais aussi les prévoir.
  • recherche des sources  : elle n'est pas toujours simple, surtout si le demandeur n'a pas une idée claire de ce qu'il cherche ! Par exemple : où faut-il s'adresser si l'on recherche « un truc pour entraîner simultanément 50 paires de rouleaux de petit diamètre formant une chaîne à géométrie variable qui transporte des feuilles molles de différents formats pour en assurer le traitement dans divers bains chimiques plus ou moins agressifs » ? On vous souhaite ... bon courage !
  • acquisition des documents : par achat, prêt, échange, don ... ne riez pas, cela existe, c'est même assez fréquent et parfois à la fois embarrassant et encombrant.
  • sélection des documents à conserver dans les collections et choix des documents à supprimer : pas de droit à l'erreur !
  • enregistrement des documents : opération administrative de type « inventaire ».
  • catalogage : opération qui consiste à définir les références d'un document afin de pouvoir l'identifier et le retrouver.
  • analyse : c'est une opération purement intellectuelle, très coûteuse. mais fondamentale car elle conditionne la qualité du service documentaire. Nous en reparlerons !
  • stockage physique du document (classement) et stockage des données issues du catalogage (description du contenu) ; le stockage sous forme de dossiers documentaires réalise d'un seul coup l'ensemble de ces opérations mais il n'est pas toujours possible ni souhaitable.
  • diffusion des informations sous forme de services (prêts, recherches rétrospectives, consultation) et de produits (bulletins signalétiques, diffusion sélective de l'information).
  • contrôle.

Tout cela n'inclut pas le temps passer à prêcher dans le désert, à s'auto-persuader que l'on n'est pas encore gâteux et à pousser un bon coup de gueule de temps a autres, histoire de faire savoir que décidément, trop c'est trop. On ne peut être documentaliste sans posséder ce que les autres appellent un mauvais caractère, mais dont on peut avoir la faiblesse de penser qu'il s'agit de caractère tout court. Que les plaignants se fassent une raison, on n'a pas encore trouvé le moyen de robotiser intégralement les chaînes documentaires. Malgré l'informatisation et l'interrogation en ligne, qui du reste ne favorisent guère les contacts humains, on ne peut pas encore se passer totalement des documentalistes :-) !

Ces différents travaux peuvent être rattachés à l'une ou l'autre des trois étapes fondamentales des processus documentaires, qui correspondent à :

  • une fonction entrée (collecte des documents)
  • une fonction traitement (indexation et catalogage)
  • une fonction sortie (produits documentaires et diffusion)

Il s'agit là des trois maillons de ce qu'il est convenu d'appeler la « chaîne documentaire ».

La fonction entrée

Il n'y a pas grand chose à en dire si l'on reste comme ici au niveau des généralités, si ce n'est que les acquisitions dépendent étroitement, en quantité comme en qualité, des besoins spécifiques au système documentaire considéré. Elles sont donc d'une nature et d'un niveau extrêmement variables.

La fonction traitement

On désigne par « fonction traitement » l'ensemble des opérations de mise en forme, de mise en mémoire et de restitution des informations contenues dans les collections disponibles.

Le détail de ces opérations dépend bien sûr de la nature des entrées, mais encore plus de la phase suivante, c'est-à-dire des modalités de la recherche documentaire.

Le traitement documentaire comporte essentiellement deux aspects :

  • la condensation,
  • l'indexation.

Condensation

Le travail de condensation a pour but de résumer le document d'origine, ce qui exige préalablement une analyse approfondie aboutissant à la compréhension de la pensée de l'auteur, puis la rédaction d'un texte adapté aux besoins. Il existe différents types de résumés, classés ici dans l'ordre des longueurs croissantes.

  • Le titre peut parfois suffire, s'il reflète vraiment l'essentiel du contenu,
  • Le résumé signalétique, qui comporte de 10 à 30 mots, est un travail hautement élaboré,
  • Le résumé indicatif, plus large, peut contenir de 50 à 200 mots,
  • Le résumé informatif, qui va de 100 à 300 mots, développe les thèmes, met en valeur les idées, l'argumentation et les conclusions de l'auteur,
  • L'extrait (en anglais, abstract) comporte des éléments d'origine du texte de l'auteur et des raccords pour le bon enchaînement des idées,
  • Le condensé ou abrégé (en anglais, digest), agencé par l'analyste à partir de l'original, représente de 10 à 50 % de ce dernier.

L'auteur est apparemment mieux placé qu'un analyste extérieur pour condenser son propre travail, surtout en raison de sa connaissance (en principe) du sujet traité. Pourtant, le résumé d'un analyste compètent se révèle très souvent meilleur que le résumé d'auteur par la méthode, l'exhaustivité, l'objectivité, la cohérence. Un résumé d'analyste, faut-il le préciser, est aussi bien plus coûteux qu'un résumé d'auteur.

On ne fait pas le même genre de résumé pour tous les documents, ni pour tous les types de « clientèle » ; par ailleurs, le but du résumé peut être la diffusion immédiate d'une information condensée ou la préparation du travail d'indexation qui permettra de mémoriser l'information à exploiter ultérieurement.

Indexation

Il est généralement impossible de faire coïncider l'analyse documentaire et la recherche documentaire sans avoir recours à un outil de travail fondamental que l'on appelle un langage documentaire.

Selon l'Association Française de Normalisation (AFNOR), l'indexation est « un procédé destiné à représenter par les éléments d'un langage documentaire ou naturel des données résultant de l'analyse du contenu d'un document ou d'une question ».

L'United Nations International Scientific Information System (UNISIST), programme des Nations Unies destiné à faciliter la publication des données scientifiques au niveau mondial, donne une définition voisine : l'indexation est « l'opération qui consiste à décrire et à caractériser un document à l'aide de représentations des concepts contenus dans ce document, c'est-à-dire à transcrire ces concepts en langage documentaire, après les avoir extraits du document par une analyse. La transcription en langage documentaire se fait grâce à des utils d'indexation tels que thésaurus, classifications, etc. »

L'indexation se déroule normalement en trois étapes : prise de connaissance du contenu, choix des concepts à représenter, traduction de ces concepts en langage documentaire.

Les langages documentaires se répartissent en deux grandes catégories :

  • Les classifications sont des langages à structure hiérarchique, elles constituent historiquement les premiers langages documentaires ayant été largement utilisés. Une classification, ou « plan de classement » établit a priori des subdivisions dans un ensemble de concepts traités de manière hiérarchique. La Classification de Dewey et la Classification Décimale Universelle (CDU), sont les plus connues, mais on peut aussi trouver des classifications spécialisées dans un domaine très restreint.
  • Les thésaurus sont des langages analytiques, ou langages à structure combinatoire. En pratique, un thésaurus est un dictionnaire de termes normalisés ou descripteurs, organisés en fonction des concepts qu'ils représentent et reliés entre eux par des relations sémantiques.


Quel que soit le langage documentaire utilisé, c'est de la qualité de 1'indexation que dépend le bon fonctionnement du système documentaire. Une mauvaise indexation engendre des quantités de bruit et de silence qui diminuent le confort et le rendement d'une recherche rétrospective.


Les concepts retenus pour l'indexation dépendent de multiples facteurs : objectifs du centre de documentation, besoins des utilisateurs, indexations précédentes, système documentaire, qualification du personnel...

L'exhaustivité ou profondeur d'indexation dépend du nombre moyen de descripteurs utilisés pour les documents. Elle augmente avec la richesse du langage documentaire et la connaissance de ce dernier par les analystes.

La spécificité de l'analyse est relative à la nécessité du choix entre des concepts généraux (traitements thermiques, produits chimiques, usinage, animaux, physique fondamentale...) ou plus spécialisés (durcissement superficiel par laser, pyralène, taillage des engrenages coniques, Pyronia tithonus, neutrino solaire...).

Les mêmes concepts ne sont pas forcément adéquats pour une diffusion a priori de l'information et pour une recherche rétrospective.

Performances d'un système documentaire

Comme nous l'avons signalé, ces performances dépendent étroitement de la qualité de l'analyse et de l'indexation. Il est intéressant de les chiffrer, ne serait-ce que pour en tirer les renseignements nécessaires à l'amélioration du service.

Notion de cohérence

Si deux indexations d'un même document ont fourni deux ensembles A et B de descripteurs, le taux de cohérence s'écrit :



Le taux de cohérence peut être externe, A et B provenant de deux analystes différents, ou interne, les deux InrlA)(~tinns étant l'œuvre du même analyste à des dates


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Bibliographie

  • GABLOT, Ginette .- Qu'est-ce qu'un périodique scientifique ?. In : Bulletin des Bibliothèques de France, 1984, n° 5, pp. 384-387 [en ligne]. Disponible sur l'internet : http://bbf.enssib.fr/. [Consulté le 10 février 2010].
  • GUILLOT, M. .- Pourquoi un service de documentation d'entreprise .- Paris, Management France, juillet 1973.