« États généraux du multilinguisme dans les outre-mer/Présentation » : différence entre les versions

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=Introduction=
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Version du 27 avril 2012 à 11:11

Introduction

Les politiques publiques mises en œuvre dans les départements et territoires d’outre-mer doivent nécessairement prendre en compte une réalité linguistique qui différencie profondément ces territoires de la métropole : le français, quoique « langue de la République » selon la Constitution, n’y est pas la langue maternelle de la majorité de la population.

La diversité des langues y est particulièrement riche : 28 langues pratiquées en Nouvelle Calédonie, 19 langues couramment usitées en Guyane dont 7 étrangères, 7 en Polynésie… En Martinique, en Guadeloupe, à la Réunion, le créole est une composante essentielle de l’identité culturelle des citoyens. A Mayotte, le français n’est parlé que par 60 % des habitants de l’île. Sur les 75 « langues de France » dénombrées en 1999, une cinquantaine sont couramment parlées dans ces territoires.

Une telle situation appelle la définition d’une politique des langues spécifique qui, à partir des pratiques concrètes des populations, permette de concilier la nécessaire maîtrise du français (et, au préalable, la lutte contre l’illettrisme), avec la non moins nécessaire prise en compte des langues régionales : sans remettre en cause la place du français, langue de la République, un bilinguisme (ou un multilinguisme) équilibré pourrait ainsi contribuer au développement culturel de ces territoires, et dans une large mesure à leur développement économique et social.

C’est pourquoi a été décidée, dans le cadre du plan ministériel pour l’outre-mer, l’organisation en Guyane, du 14 au 18 décembre 2011, d’États généraux du multilinguisme dans les outre-mer, qui constituent le point d’orgue de « l’Année des outre-mer » français. Une occasion unique est ainsi offerte à ces territoires de dialoguer entre eux.

Microcosme représentatif de l’ensemble des problématiques linguistiques et de diversité culturelle des autres territoires, la Guyane - où sont parlés (outre le créole guyanais), 4 créoles bushinenge à base lexicale anglo-portugaise, 6 langues améridiennes et une langue asiatique (le hmong) - a une légitimité particulière à accueillir une telle rencontre, à l’heure où s’esquisse par ailleurs la constitution à Cayenne d’un « pôle d’excellence dans le domaine de la politique linguistique et des traditions orales ».

Les États généraux rassemblent, sur une période de deux jours et demi, quelque 250 participants venus non seulement de la Guyane, mais de l’ensemble des territoires d’outre-mer, de métropole et de pays voisins, avec pour objectif de formuler des recommandations générales et des propositions concrètes, sur des thèmes aussi divers que l’emploi des langues dans la vie sociale, leur « équipement », leur transmission à l’école et en dehors de l’école, leur place dans la vie culturelle et dans les médias.

Éditos

Éditorial de Mme Marie-Luce PENCHARD, ministre chargée de l’outre-mer

L’Année des outre-mer, voulue par le Président de la République, a pour ambition de changer le regard que l’on porte sur les 12 territoires ultramarins. Son objectif consiste à mettre en lumière les atouts et les richesses des outre-mer pour témoigner de leurs contributions à la grandeur de la France.

Parmi les nombreuses manifestations d’importance organisées dans le cadre de cette Année, les États généraux du multilinguisme dans les outre-mer constituent à n’en point douter l’un des moments essentiels.

Ces États généraux témoignent de la richesse culturelle et patrimoniale des femmes et des hommes vivant dans les territoires ultramarins. Et je tiens à féliciter la Délégation générale à la langue française et aux langues de France d’avoir décidé l’organisation de cette manifestation qui se déroulera en Guyane du 14 au 18 décembre prochains.

Avec plus de 50 langues parlées outre-mer sur les 75 langues qui constituent le patrimoine linguistique exceptionnel de la France, ces États généraux vont permettre de mettre en lumière la diversité et la richesse unique de ce trésor national.

C’est toute l’ambition de ce Gouvernement de permettre aux langues de France de cohabiter sereinement afin que chaque personne connaisse la langue française et s’exprime à travers l’héritage linguistique qui est le sien. Car les langues doivent vivre, doivent être parlées et transmises afin que perdure cette richesse incomparable.

Je souhaite à tous les participants de profiter pleinement de ces États généraux qui remplissent admirablement les objectifs de cette Année des outre-mer.

Marie-Luce PENCHARD

Éditorial de M. Frédéric MITTERRAND, ministre de la Culture et de la Communication

« Aucune langue n'est, sans le concert des autres », écrivaient naguère Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant.

En organisant les États généraux du multilinguisme dans les outre-mer, qui clôturent et couronnent l'Année des outre-mer, j'ai voulu tout d'abord rendre hommage à l'inestimable apport ultramarin qui contribue à la richesse culturelle de notre pays. Cette richesse se manifeste à travers le foisonnement de la création culturelle qui s'exprime et se transmet dans plus de cinquante langues, de France et d'ailleurs. C'est le théâtre caribéen , c'est le déba chanté et dansé par les femmes de Mayotte, l'art oratoire tahitien, Orero, les berceuses kanakes, c'est enfin l'universalité des contes de notre enfance qui se disent chaque fois dans une langue différente. Et chacun sait que si la France fait entendre sa voix dans le concert des musiques du monde, c'est à l'outre-mer qu'elle le doit.

Chacun sait aussi que si la langue française est parlée sur les cinq continents, aux côtés d’un grand nombre d’autres langues, la France a le devoir de prendre en compte la diversité des langues parlées sur son territoire, et singulièrement dans les territoires d’outre-mer, là où cette langue n’est pas la langue maternelle de la majorité de nos concitoyens.

Cette rencontre, qui réunit à Cayenne, 250 personnes venues des quatre océans, est le fruit de la détermination et du travail de coopération de plusieurs services de l’État - notamment de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France dont je salue l'engagement remarquable -, de chercheurs, et de représentants de ceux qui travaillent au quotidien à faire vivre ces langues.

À partir des pratiques des locuteurs, des nombreuses initiatives individuelles ou collectives, des réussites et parfois des déceptions, à partir des expériences et des savoirs élaborés par les scientifiques, il s'agit d'engager une discussion ouverte sur la pluralité des langues dans notre vie sociale.

J'attends de cette confrontation de points de vue exprimés dans notre langue commune, le français, que se dessinent les lignes de force d'une politique linguistique qui réponde aux exigences de diversité, de modernité et de justice sociale que réclame une société démocratique.

Je souhaite que ces États généraux du multilinguisme soient un repère et un signe positif pour les jeunes générations qui auront à sauvegarder la polyphonie du monde, si l'on veut qu'il reste vivable.

Frédéric MITTERRAND

Le mot du Président de la Région Guyane, Rodolphe ALEXANDRE

Les États généraux du multilinguisme dans les outre-mer ne pouvaient sans doute pas trouver meilleure terre d’accueil que la Guyane. La Guyane représente en effet, à elle seule, un véritable laboratoire en termes de diversité des cultures et des langues, qu’il s’agisse des langues régionales (créole guyanais, langues amérindiennes et bushinengues) ou des langues étrangères (anglais, néerlandais, portugais, espagnol, créoles caribéens, mandarin...).

Outre la mise en valeur de la multiplicité linguistique et culturelle de l’ensemble des départements et collectivités d’outre-mer, ces États généraux seront donc également l’occasion pour la Guyane de faire valoir son exceptionnelle densité en la matière et, sans doute, de mettre en avant son savoir-faire en termes d’intégration de toutes les composantes de sa population.

Car, si la langue constitue indubitablement un lien fort entre les personnes, en ce qu’elle leur permet de communiquer entre elles, de se comprendre, et de partager et faire vivre leur culture commune, elle peut aussi contribuer à isoler les communautés les unes des autres si aucun effort n’est entrepris pour leur permettre de se rapprocher et surmonter la barrière de la langue afin d’apprendre à mieux se connaitre.

C’est pourquoi j’ai souhaité, avec l’ensemble de mon équipe, placer cette mandature sous le signe du décloisonnement et du rassemblement de l’ensemble des communautés qui composent la Guyane, en organisant plusieurs rencontres inédites et de grande envergure, telle la grande réunion des chefs coutumiers amérindiens et bushinengues en avril 2011, ou encore les Journée internationale des populations autochtones les 9 et 10 décembre 2011, à Cayenne.

Il va de soi qu’une bonne maîtrise de la langue française par le plus grand nombre est une condition nécessaire à l’aboutissement de notre projet. Car elle seule a vocation à constituer le dénominateur commun permettant de passer d’une langue régionale ou étrangère à une autre. Or, c’est précisément l’objectif que nous nous sommes fixés : ouvrir, et faire découvrir à la Guyane et au monde la richesse des cultures et des langues qui vivent et s’expriment sur l’ensemble de notre territoire.

Ce sera certainement l’un des enjeux portés par chacune des délégations présentes à ces États généraux, dont je ne doute pas qu’ils seront placés sous le signe de l’ouverture, de la diversité, de l’échange et du partage. Bons travaux à toutes et à tous.

Rodolphe ALEXANDRE