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La sociobiologie « ne constitue pas une révolution » rappelle l'anthropologue [[w:en:James D. Cadien|James D. Cadien]] de l'[[w:fr:university of California|Université de Californie à Berkely]]. Plutôt, « ''ses principes de base remontent [...] à la naissance de la [[w:fr:biologie|biologie]] et du [[w:fr:transformisme (biologie)|transformisme]] avec [[w:fr:Jean-Baptiste de Lamarck|Lamarck]] et à l'élaboration du principe de [[w:fr:sélection naturelle|sélection naturelle]] avec [[w:fr:Charles Darwin|Charles Darwin]] et [[w:fr:Alfred Russel Wallace|Alfred Russel Wallace]]''. » <ref>«''In many ways sociobiology is not a revolution, that its basic claims have roots far back in biology and evolutionary thought, and that this is merely the time which some scientists feel is right to dredge them to the surface again.'' » Cadien. 1979:758</ref> Le réputé sociobiologiste français [[w:fr:Pierre Jaisson|Pierre Jaisson]] soutient quant à lui que la sociobiologie « ''n’est pas une idéologie'' ni ''non plus une théorie'' » <ref>Jaisson. 1993:Entrevue.</ref> En 1988, la définition donnée par le spécialiste en sciences politiques, Laurent Dobuzinskis, est assortie d'un abrégé de son cadre théorique fondamental :
La sociobiologie « ne constitue pas une révolution » rappelle l'anthropologue [[w:en:James D. Cadien|James D. Cadien]] de l'[[w:fr:university of California|Université de Californie à Berkely]]. Plutôt, précise-t-il, « ''ses principes de base remontent [...] à la naissance de la [[w:fr:biologie|biologie]] et du [[w:fr:transformisme (biologie)|transformisme]] avec [[w:fr:Jean-Baptiste de Lamarck|Lamarck]] et à l'élaboration du principe de [[w:fr:sélection naturelle|sélection naturelle]] avec [[w:fr:Charles Darwin|Charles Darwin]] et [[w:fr:Alfred Russel Wallace|Alfred Russel Wallace]]''. » <ref>«''In many ways sociobiology is not a revolution, that its basic claims have roots far back in biology and evolutionary thought, and that this is merely the time which some scientists feel is right to dredge them to the surface again.'' » Cadien. 1979:758</ref> Le réputé sociobiologiste français [[w:fr:Pierre Jaisson|Pierre Jaisson]] soutient quant à lui que la sociobiologie « ''n’est pas une idéologie'' ni ''non plus une théorie'' » <ref>Jaisson. 1993:Entrevue.</ref> En 1988, la définition donnée par le spécialiste en sciences politiques, Laurent Dobuzinskis, est assortie d'un abrégé de son cadre théorique fondamental :
::« ''l’hypothèse centrale de la sociobiologie consiste en ceci que les comportements animaux (et humains) ont une origine génétique et donc qu’ils résultent des effets de la sélection naturelle.'' » <ref>Dobuzinskis, Laurent. 1981:171</ref>
::« ''l’hypothèse centrale de la sociobiologie consiste en ceci que les comportements animaux (et humains) ont une origine génétique et donc qu’ils résultent des effets de la sélection naturelle.'' » <ref>Dobuzinskis, Laurent. 1981:171</ref>



Version du 25 décembre 2017 à 15:41

La sociobiologie « ne constitue pas une révolution » rappelle l'anthropologue James D. Cadien de l'Université de Californie à Berkely. Plutôt, précise-t-il, « ses principes de base remontent [...] à la naissance de la biologie et du transformisme avec Lamarck et à l'élaboration du principe de sélection naturelle avec Charles Darwin et Alfred Russel Wallace. » [1] Le réputé sociobiologiste français Pierre Jaisson soutient quant à lui que la sociobiologie « n’est pas une idéologie ni non plus une théorie » [2] En 1988, la définition donnée par le spécialiste en sciences politiques, Laurent Dobuzinskis, est assortie d'un abrégé de son cadre théorique fondamental :

« l’hypothèse centrale de la sociobiologie consiste en ceci que les comportements animaux (et humains) ont une origine génétique et donc qu’ils résultent des effets de la sélection naturelle. » [3]

Sur le plan de la théorie, la sociobiologie se situe dans le prolongement d'un courant de pensée évolutionniste pressenti et inoculé par d'éminents naturalistes, scientifiques et chercheurs, à commencer par Érasme Darwin (1731-1802), Jean-Baptiste de Lamarck 1744-1829 et Patrick Matthew 1790-1874 jusqu'à William Donald Hamilton (1936-2000), en passant par Charles Robert Darwin (1809-1882), Alfred Russel Wallace (1823-1916), Herbert Spencer (1820-1903), Gregor Mendel (1822-1884), Hugo de Vries (1848-1935), Ronald Aylmer Fisher (1890-1962), John Burdon Sanderson Haldane (1892-1964), Sewall Wright 1889-1988), Theodosius Grygorovych Dobzhansky (1900-1975), Julian Sorell Huxley (1887-1975), Ernst Mayr (1904-2005), Bernhard Rensch (1900-1990), George Gaylord Simpson (1902-1984), George Ledyard Stebbins (1906-2000), John Paul Scott (1909-2000), et bien d'autres encore.

Évolution des comportements sociaux

Évolution

Podarcis siculus. Des lézards des ruines déposés sur l'île de Prod Mrcaru en 1971 ont évolué en 36 ans de façon à disposer d'un nouvel organe de digestion absent chez l'espèce d'origine : les valves cæcales. [4]

Le premier outil d'analyse des sociobiologistes est invariablement la théorie de l'évolution, comme l'enseigne le Pr John Alcock de l'Arizona State University. [5] Bref, la sociobiologie prend racine dans la problématique de l'évolution des espèces.

En biologie, l'évolution désigne une modification génétique graduelle transmise dans une population de génération en génération. [6] Elle dénote un changement dans le taux de certains gènes retrouvés dans une population donnée au cours des générations successives. [7]

Au chapitre de l'évolution, la sociobiologie et l'écologie comportementale se chevauchent. Pour ce motif, John Alcock propose un distingo théorique entre ces deux champs d'analyse. L'écologie comportementale est l'étude du lien évolutif entre le comportement d'un animal et son environnement. De ce point de vue, la sociobiologie serait le volet de l'écologie comportementale qui explore les effets de l'environnement sur l'évolution du comportement social. » [8]

Sélection naturelle

En sciences de la vie, a fortiori en sociobiologe, le principe d'évolution des organismes vivants est indissociable du principe de « sélection naturelle » . En biologie, la sélection naturelle constitue l'un des mécanismes moteurs de l'évolution.

L'expression « sélection naturelle » a été conçue et popularisée par Charles Darwin à la fois par opposition et par analogie avec la « sélection artificielle » concoctée par l'humain dans le but d'obtenir, par exemple, un cheptel de qualité convoitée. On nommait alors ce principe la « sélection domestique » en référence aux animaux reproduits en fonction d'un perfectionnement recherché.

C'est pour comprendre comment opère l'évolution biologique que Darwin a imaginé le processus plausible et concis de « sélection naturelle » d'une puissance explicative sans précédent pour l'époque :

1. « La sélection naturelle est l’équivalent de l’élevage domestique naturel. Au cours des siècles, les éleveurs ont produit des changements spectaculaires dans les populations d’animaux domestiques en sélectionnant les individus destinés à se reproduire. Au fil du temps, les éleveurs éliminent progressivement les caractéristiques indésirables. De même, la sélection naturelle élimine progressivement les espèces désavantagées. » [9]
2. « les individus qui ont un certain avantage, même léger, sur les autres, ont davantage de chance de survivre et de reproduire leur espèce, tandis que toute variation, même peu nocive, sera sévèrement éléminée. Cette observation des variations favorables et le rejet des variations nocives, c'est ce que j'appelle la sélection naturelle » . [10]
3. « La sélection naturelle agit pour préserver et accumuler des mutations génétiques avantageuses mineures. » [11]

Bref, explique Darwin:

« J’ai donné le nom de sélection naturelle ou de persistance du plus apte à cette conservation des différences et des variations individuelles favorables et à cette élimination des variations nuisibles. » [12]

Principe en vertu duquel, énonce-t-il encore (1876:66-84)

«  une variation si insignifiante qu’elle soit se conserve et se perpétue, si elle est utile, [que j'appelle la] sélection naturelle, [indique] les rapports de cette sélection avec celle que l’homme peut accomplir. » [13]

De ce point de vue, la fréquence des caractéristiques favorables à la survie et à la reproduction s'accroit de génération en génération. Car les entités qui possèdent ces caractéristiques auront plus de descendants que celles qui ne les possèdent pas. Les spécimens moins favorisés s'éteignent donc peu à peu puisqu'ils ne survivent pas à la lutte pour l'existence et donc se reproduisent de moins en moins.

En somme, « La sélection naturelle est le processus par lequel certains gènes obtiennent à la génération suivante une représentation supérieure à celle des autres gènes localisés dans la même position chromosomique » (Cité par Hopkins 1979:293)

Comportement social

En biologie de l'évolution et plus précisément du point de vue de l'éthologie, le comportement social désigne une interaction entre au minimum deux organismes, le plus souvent de la même espèce. Une variété extrêmement large d'organismes vivants commettent quantité de comportements sociaux. Les invertébrés, les poissons, les oiseaux et les mammifères exhibent des comportements sociaux tels que, entre autres, la communication, l'interaction, la reproduction, la coopération, le comportement territorial, grégaire, agressif, l'infanticide. [14]

En sociobiologie, le comportement social est, par hypothèse, le résultat de l'évolution, au sens où il a été avantageux donc retenu au moyen de la sélection naturelle. En pratique, ce comportement social est censé procurer une meilleure aptitude à survivre et à se reproduire.

Le fait de savoir que le comportement animal possède une histoire aiguillée par la sélection naturelle est extrêmement important car il en découle nécessairement le problème scientifique de comprendre et d'expliquer comment il se fait et pourquoi tels animaux agissent de telles ou telles manières notamment par rapport à leur organisation sociale.

Appuis empiriques

  • Castes d'ouvrières infertiles chez les fourmis, abeilles, termites
  • Mammifères tels que les rats-taupes
  • Soldats, sentinelles
  • Sélection domestique ou artificielle, élevage sélectif
  • Horticulture, culture sélective

Méthodes d'approche

  • Observation directe
  • Expérimentations en agronomie et en botanique
  • Expérimentations en élevage sélectif des animaux, culture sélective des plantes [15], [16]
  • Modèles mathématiques, par exemple, le comptage de gènes
  • Instruments et techniques expérimentales
  • Biométrie
  • Logique hypothético-déductive
  • Démarche heuristique

Plages conceptuelles de base

En guise de survol général, le transformisme (Lamarck, 1802), la descendance avec modification (Darwin, 1859), la sélection naturelle, les lois de Mendel, les mutations, la théorie synthétique de l'évolution, la génétique des populations, le néo-darwinisme, représentent la toile de fond conceptuelle de la sociobiologie.

Plus spécifiquement, les concepts élémentaires de la sociobiologie proposés par Edward Osborne Wilson (1980:7) sont :

  • Société, agrégation, colonie, groupe, population, individu.
  • Communication, coordination, hiérarchie, régulation (Wilson. 80:7-9).
  • Organisation sociale, socialisation, démographie adaptative.

Et très précisément :

  • Évolution des espèces
  • Sélection naturelle
  • Eusocialité
  • Altruisme
  • Valeur sélective ou adaptative ou succès reproducteur
  • Sélection de groupe, sélection de parentèle, sélection multi-niveaux

Dans l'ensemble, « Instinct versus comportement acquis (Wilson 80:9-19) » tient lieu de problématique globalement interpellée.

Eusocialité

En biologie de lévolution, l'eusocialité est un mode d'organisation sociale chez certains animaux, comme les fourmis par exemple, au sein de laquelle un groupe vivant ensemble est divisé en castes d'individus fertiles et non fertiles. Plus précisément, les individus stériles sont astreints à des activités avantageuses pour les individus reproducteurs. [17]

À l'heure actuelle, 2017, le rat-taupe glabre serait le seul mammifère à présenter un comportement eusocial (Gozlan. 2012:4), son mode de vie ressemblant à celui des fourmis, des termites et des abeilles. [18]

Altruisme

Le mot « altruisme » est polysémique. C'est dire que l'altruisme n'a pas la même signification pour tous ni dans tous les contextes.

La population en général sait spontanément ce que ce mot veut dire et l'utilise d'emblée dans le langage courant. Sur ce registre, l'altruisme représente un comportement de générosité envers autrui, abnégation, don de soi. À ce titre, s'y rattachent connotations morales, éthiques, philosophiques, sociodynamiques.

À la différence, en sociobiologie l'altruisme est directement et uniquement rattaché au domaine de la biologie. Sur ce registre, il s'agit d'un concept sans lien ni rapport avec l'éthique, la religion, la philosophie ni connotation psychologique ni intention ni valeur morale.

En biologie, l'altruisme est un comportement de donneur, en référence à l'entité qui donne. Il s'adresse à un receveur, en référence à l'entité qui reçoit. Il désigne un acte qui favorise la survie et le succès reproducteur du receveur au détriment du donneur. [19]

En sciences de la vie, par conséquent, l'altruisme est indissociable de son impact sur le potentiel augmenté de reproduction génétique du receveur. En faisant appel à des formules mathématiques savantes, on calcule le nombre probable de descendants viables, c'est-à-dire utiles, que le receveur procréera à maturité sexuelle. [20]

Valeur sélective ou valeur adaptative ou succès reproducteur (fitness)

En biologie, la valeur sélective est un concept fondamental de la théorie de l'évolution qui désigne la capacité de survivre jusqu'à maturité sexuelle ce qui permet de créer une descendance, donc succès reproducteur, c'est-à-dire capable de transmettre ses gènes à la génération suivante. Plus un organisme produit de descendants durant sa vie, plus sa valeur sélective est grande. Ainsi, pour reprendre un exemple connu, si les scarabées bruns produisent constamment plus de rejetons que les scarabées verts, c'est que les scarabées bruns possèdent une valeur sélective plus élevée.

Références

  1. «In many ways sociobiology is not a revolution, that its basic claims have roots far back in biology and evolutionary thought, and that this is merely the time which some scientists feel is right to dredge them to the surface again. » Cadien. 1979:758
  2. Jaisson. 1993:Entrevue.
  3. Dobuzinskis, Laurent. 1981:171
  4. Wikipédia Exemple d'évolution à l'échelle de temps humaine
  5. Persons who call themselves sociobiologists [...] invariably use evolutionary theory as the primary analytical tool for their work. Alcock. 2001. Chapitre 1. What is Sociobiology ? Refining the Definition (liseuse)
  6. Wilson. 1980:311
  7. Aron et Passera. Chapitre 1:15
  8. « Behavioral ecology » is the study of the evolutionary relationship between an animal's behavior and its environment; sociobiology can be viewed as that component of behavioral ecology that explores the effects of the social environment on behavioral evolution. » Alcock, 2001:9.
  9. All about Science. Darwin's Theory of Evolution - A Theory in Crisis. Natural Selection.[1]
  10. Darwin cité par Hopkins, 1978:291-292
  11. Supposons, cite encore Hopkins, qu’un membre d’une espèce a développé un avantage fonctionnel (il lui a poussé des ailes et il a appris à voler). Sa progéniture hérite de cet avantage et le transmet à sa descendance. Les membres désavantagés de la même espèce meurent peu à peu, laissant seuls les membres avantagés de l’espèce. La sélection naturelle est le maintien d’un avantage fonctionnel permettant à une espèce de mieux contrer la concurrence à l’état sauvageTexte en italique.
  12. Darwin dans L'origine des espèces, en français, 1906. Chapitre IV.
  13. Darwin dans Darwin, Charles (trad. Edmond Barbier), L’Origine des espèces (1859 (1re éd.) — 1872 (6e éd., traduite en 1876)), Paris, Librairie C. REINWALD, Schleicher Frères éditeurs, (lire sur Wikisource), p. 66-84. Consulté le 18 juin 2017. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  14. Social Behavior [2]
  15. Sélection artificielle
  16. Selective breeding
  17. http://fr.wikipedia.org/wiki/Eusocial
  18. Gozlan, Marc. 2012, « Le rat-taupe glabre », Le Monde, « Science & Techno », 28 avril 2012, p. 4
  19. Bell, 2008
  20. « Comportement au détriment de l’acteur et au bénéfice du receveur. Dans ces définitions biologiques, coûts et bénéfices en fonction de leurs effets sur la valeur adaptative globale (= « fitness », efficience darwinienne, succès reproducteur), c’est-à-dire le nombre de descendants. On n’y attache pas de connotation psychologique ou d’intention, ni de valeur morale. » (Sévigné et van Helden. Diapositive Slide player #3).