Jean-Jacques Hatt

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Jean-Jacques Hatt
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Jean Jacques Alfred Eugène Hatt
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Jean-Jacques Hatt, né le à Paris et mort le à Zellwiller en Alsace[1], est un archéologue, préhistorien et historien français, spécialiste de la Gaule celtique et de la Gaule romaine, professeur à l'université de Strasbourg, directeur des Antiquités d'Alsace, conservateur du musée archéologique de Strasbourg.

Famille et jeunesse[modifier | modifier le code]

La famille Hatt est une famille de la bourgeoisie protestante strasbourgeoise depuis 1527, année où s’installe à Strasbourg l’humaniste alsacien Matterne Hatten[2]. Son père Jacques Hatt, docteur en droit et en lettres, est un passionné d’histoire, auteur de plusieurs ouvrages sur Strasbourg aux XVe et XVIIe siècles. Il fait rencontrer à son fils encore adolescent Robert Forrer, conservateur du musée préhistorique et gallo-romain de Strasbourg. Dès 1927, Jean-Jacques Hatt travaille sous sa direction et participe à de premières fouilles à Dachstein et à Heiligenberg[3].

Jean-Jacques Hatt épouse en 1937 l'artiste-peintre Suzanne Trocmé (1914-2009)[4]. Plusieurs des œuvres de Suzanne Trocmé-Hatt sont exposées au Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg[5]. Ils auront quatre enfants[4].

Formation[modifier | modifier le code]

En 1934, Jean-Jacques Hatt passe sa licence de lettres à la Sorbonne. En 1935, il obtient son diplôme d’études supérieures sous la direction de Charles Picard sur « Les rites funéraires chez Homère » et en 1937 une agrégation de grammaire. Il commence alors à enseigner au lycée Kléber de Strasbourg tout en commençant des recherches sur la tombe gallo-romaine.

Appelé pour son service militaire en 1938 au 309e régiment d'artillerie, il reste sous les drapeaux à la suite du déclenchement de la guerre et n'est démobilisé qu'en juillet 1940 après la défaite.

Malgré l’interruption des années de guerre pendant lesquelles il enseigne au Lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, il soutient en Sorbonne sa thèse sur la tombe gallo-romaine, qu'il obtient en 1948 avec les félicitations du jury[3].

Parcours universitaire[modifier | modifier le code]

En 1953, Jean-Jacques Hatt est nommé maître de conférences à l’université de Strasbourg, puis professeur titulaire en 1958, prenant la suite d’Albert Grenier. En 1963, il assume la présidence de l’UER des sciences historiques. Il vit difficilement les évènements de mai 1968 et l’occupation de l’université par les étudiants protestataires.

Il délivre les enseignements suivants[3] :

  • Cours général sur la Gaule celtique et la Gaule romaine
  • Cours de spécialité pour la période romaine à l’Institut des Antiquités nationales (art, économie, céramique, rites et religions gauloise et romaine)
  • Cours de protohistoire
  • Cours d’agrégation sur la Gaule du IIIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle après J.-C. (pour le Centre national du Téléenseignement)
  • Conférences sur l’Âge du bronze pour l’École du Louvre
  • Cours de fouilles à l’école d’archéologie du Pègue (Drôme)

Il a appartenu au comité de patronage de la Nouvelle École[6].

Fonctions officielles[modifier | modifier le code]

Conservateur du Musée archéologique de Strasbourg[modifier | modifier le code]

Ayant pris la fonction de conservateur du Musée archéologique de Strasbourg bénévolement à partir de 1945, il assure la réorganisation et la rénovation complète du musée. Les fouilles qu’il dirige en Alsace (Strasbourg, Ehl, Sarre-Union, Seltz, Mackwiller, Saverne, Brumath…) lui permettent également d'enrichir ses collections. Une salle, celle consacrée à la Gaule celtique, lui a été dédiée en 1999[3].

Directeur régional des Antiquités[modifier | modifier le code]

Jean-Jacques Hatt fut pendant de nombreuses années directeur de la Circonscription des Antiquités Historiques d’Alsace et de Moselle. À ce titre, il reconstitua l’histoire ancienne de Strasbourg en appliquant la méthode stratigraphique aux nombreuses fouilles urbaines qu’il eut à superviser (place de la Cathédrale, église Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, rue du Sanglier, rue de l’Ail…)[3].

Travaux[modifier | modifier le code]

Fouilles archéologiques[3][modifier | modifier le code]

  • Fouilles de Gergovie[7] puis d’Aulnat (1941-1945)
  • Fouilles en Champagne (notamment 1954-1961)
  • Fouilles de Strasbourg et d’Alsace (1947-1968)
  • Fouilles du Pègue (1958-1976, 18 campagnes de fouilles)

Activités scientifiques[modifier | modifier le code]

  • Fondation du Groupe d’études sur la céramique antique en Gaule (actuelle SFECAG) en 1962, dont il assure la présidence jusqu'en 1978[8]
  • Recherches sur la sculpture romaine en Gaule (publications en 1964 et 1966)
  • Chronologie de l'Âge du bronze (publications de 1954 à 1961)
  • Religion gauloise, thème récurrent dans ses recherches, depuis sa thèse sur la tombe gauloise commencée dès 1937 jusqu’à son ouvrage de référence Mythes et dieux de la Gaule, dont le tome 1 est paru chez Picard en 1989 et dont le tome 2 est paru de manière posthume sur le site jeanjacqueshatt.free.fr[3].

Jean-Jacques Hatt est à l'origine de la subdivision de l’Âge du bronze français, qu’il propose en 1954 et confirme en 1958 dans le Bulletin de la Société préhistorique française. Sa tripartition de l’Âge du bronze en France, Bronze ancien (1800 à 1400 av. J.-C. environ), Bronze moyen (1500 à 1100 av. J.-C. environ) et Bronze final (1200 à 700 av. J.-C. environ) a longtemps fait référence, avant que les techniques modernes de datation la rendent quelque peu obsolète[9].

Organismes et associations[modifier | modifier le code]

  • Comité des travaux historiques et scientifiques
  • Société archéologique du Midi de la France (membre correspondant (1941), membre associé (1989-1997))
  • Société préhistorique française (vice-président 1959, président 1963)[4]
  • Société philomatique vosgienne

Anecdotes[modifier | modifier le code]

  • Féru de scoutisme et amateur de grand air, il entraine en 1937 ses étudiants du lycée Kléber dans des excursions à vélo pour visiter les fouilles archéologiques de Dachstein et de Heiligenberg[3].
  • En 1956, il découvre à Mackwiller un important sanctuaire de Mithra. En 1966, il revient à Mackwiller à l'occasion de la mise au jour d'un important mausolée non loin des thermes. Faute de crédits, il se porte lui-même acquéreur de la parcelle concernée afin de préserver les vestiges fraichement exhumés[10] !
  • En 1969, il apporte une précieuse contribution à l'aménagement d'une section archéologique au musée de Saverne en proposant spontanément d'assurer la datation de tout le mobilier exposé[10].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • La Tombe gallo-romaine, recherches sur les inscriptions et les monuments funéraires gallo-romains des trois premiers siècles de notre ère, Presses universitaires de France, 1951
  • Strasbourg au temps des Romains, Petite collection alsacienne, 1953
  • Histoire de la Gaule romaine, 120 avant J.-C. - 451 après J.-C., colonisation ou colonialisme ? (préface de Jérôme Carcopino), Payot (Poitiers, Impr. S.F.I.L. et M. Texier réunies), 1959, 2e éd. 1966
  • Sculptures antiques régionales, Musée archéologique de Strasbourg, Éditions des Musées nationaux, 1964
  • Sculptures gauloises : esquisse d'une évolution de la sculpture en Gaule depuis le VIe siècle av. J.-C. jusqu'au IVe siècle après J.-C., Les Éditions du Temps, 1966
  • Les Celtes et les Gallo-Romains, Nagel, 1970
  • La Tombe gallo-romaine : recherches sur les inscriptions et les monuments funéraires gallo-romains des trois premiers siècles de notre ère (suivi de) Les Croyances funéraires des Gallo-romains d'après la décoration des tombes, Picard, 1986
  • Mythes et dieux de la Gaule. 1, Les Grandes divinités masculines, Picard, 1989
  • Argentorate-Strasbourg, Presses Universitaires de Lyon, 1993
  • Mythes et dieux de la Gaule. 2, (inachevé, complété après son décès, consultable en ligne [2])

Contributions à des ouvrages collectifs[modifier | modifier le code]

  • Histoire de l'Alsace. Publiée sous la direction de Philippe Dollinger (articles de Jean-Jacques Hatt, Philippe Dollinger, Francis Rapp, Georges Livet, ...), 1970
  • Documents de l'histoire de l'Alsace, par André Thévenin, Jean-Jacques Hatt, Philippe Dollinger, Roland Recht, etc., publiés sous la direction de Philippe Dollinger, Privat, 1972
  • L'Alsace celtique et romaine : 2200 av. J.-C. à 450 ap. J.-C., sous la direction de Francis Rapp, Éditions Mars et Mercure, 1978
  • Histoire de Strasbourg des origines à nos jours. 1, Strasbourg des origines à l'invasion des Huns, sous la direction de Georges Livet et Francis Rapp, Éditions des Dernières nouvelles de Strasbourg, 1980

Articles[modifier | modifier le code]

  • Une visite aux fouilles de Gergovie, dans Gergovie, haut-lieu de France. Géographie, archéologie, histoire, tourisme, 1943
  • Les Céramiques protohistoriques et gallo-romaines du Puy-de-Dôme, Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, T. 63, 1943
  • Étude d'un lot de poteries gallo-romaines découvert à Clermont, à l'emplacement des nouvelles facultés, Impr. de J. de Bussac, 1945
  • Tombes à incinération découvertes à Issoire (Pierre-François Fournier et J.-J. Hatt), Impr. de J. de Bussac, 1945
  • Essai d'une comparaison entre la céramique celtique d'Aulnat-Sud et la céramique gallo-romaine précoce de Gergovie, Impr. de J. de Bussac, 1946
  • « Les fouilles de la ruelle Saint-Médard à Strasbourg », Gallia, 1953, 11-2, p. 225-248, [lire en ligne]
  • Résultats des dernières fouilles romaines en Alsace, 1956-1957, Extrait de la Revue d'Alsace, T. 96, 1957
  • Les Influences hellénistiques sur la sculpture gallo-romaine dans le Nord-Est de la Gaule, depuis le premier siècle jusqu'au milieu du deuxième, Université de Dijon, Fasc. XVI, Actes du Colloque sur les influences helléniques en Gaule, impr. Bernigaud et Privat, 1958
  • Nouvelles recherches sur les origines de Clermont-Ferrand, Institut d'études du Massif central, 1970
  • « Découvertes archéologiques à Strasbourg, rue du Puits », Cahiers alsaciens d'archéologie, art et histoire, t. XIV, 1970, p. 91-100
  • Divinités orientales et dieux gaulois, 1978
  • L'humanisme chez les Celtes, Bulletin de l'Association Guillaume Budé, no 1, mars 1986, p. 2-7
  • La Montagne sacrée du Donon (avec Francis Mantz), Ed. des Dernières Nouvelles d'Alsace, 1988

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Jacques Hatt, Ancêtres, Imprimeries des dernières nouvelles de Colmar, 1965
  3. a b c d e f g et h Bernadette Schnitzler, Biographie de Jean-Jacques Hatt, avant-propos du tome 2 de Mythes et dieux de la Gaule
  4. a b et c articles de Bernadette Schnitzler et Jacques-Pierre Millotte, Bulletin de la Société préhistorique française, année 1997, Volume 94, Numéro 2, p. 132-133
  5. Références de ces œuvres (une trentaine) sur le site Joconde du Ministère de la Culture [1]
  6. « Droit de réponse de M. Alain de Benoist, concernant Nouvelle École », Courrier hebdomadaire du CRISP, vol. 9, no 715,‎ , p. 1-44 (DOI 10.3917/cris.715.0001)
  7. Jean-Jacques Hatt, « Les fouilles de Gergovie [Campagnes de 1943 et de 1944] », Gallia, vol. 5, no 2,‎ , p. 271–300 (ISSN 0016-4119, DOI 10.3406/galia.1947.2042, lire en ligne, consulté le )
  8. Lucien Rivet et Sylvie Saulnier, La Société Française d’Étude de la Céramique Antique en Gaule (SFECAG) à l'aube de 50 ans d'activités, Actes du congrès 2011 de la SFECAG à Cadix, paru dans Monografías ex officina hispana, tome 1/2013, Éditeur : Université de Cadix, 2013, p. 91 à 114
  9. Jean-Jacques Hatt, « Nouveau projet de chronologie pour l’Âge de bronze en France », dans Bulletin de la Société préhistorique française, p. 304-306, 1958, vol. 55, n° 5-6
  10. a et b Georges Lévy, In Memoriam JJ Hatt, Pays d'Alsace, bulletin de la Société d'Histoire de Saverne et environs, no 178, 1er trimestre 1997

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Biographie de Jean-Jacques Hatt, par Bernadette Schnizler, in Mythes et dieux de la Gaule, tome 2 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • In Memoriam JJ Hatt, Pays d'Alsace, bulletin de la Société d'Histoire de Saverne et environs, no 178, 1er trimestre 1997 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Études offertes à Jean-Jacques Hatt, Revue archéologique de l'Est, no 125-126, juillet-décembre 1981 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Jacques Hatt, à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire, in Cahiers Alsaciens d'Archéologie et d'Histoire - Mélanges offerts à Jean-Jacques Hatt, 1993, lire en ligne sur Gallica Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Bernadette Schnitzler, « Jean-Jacques Hatt », in Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 15, p. 1433
  • Bernadette Schnitzler, Jean-Jacques Hatt (1913-1997), in: Bulletin de la Société préhistorique française, tome 94, no 2, 1997, p. 132-133 [3]
  • Bernadette Schnitzler, « Hatt, Jean-Jacques », dans Patrick Cabanel et André Encrevé, Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, t. 3 H-L, Paris, Les Éditions de Paris / Max Chaleil, (ISBN 9782846213332), p. 53-54

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]