Thomas l'obscur

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Thomas l'obscur
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Thomas l'Obscur est le premier roman de Maurice Blanchot, publié en 1941 après huit années d'écriture, puis remanié et publié de nouveau en 1950. Le titre du roman fait référence à Héraclite, philosophe présocratique, surnommé « l'Obscur », et sonne au lecteur d'alors comme la rencontre entre le titre du roman Jude l'Obscur, de Thomas Hardy, publié en Angleterre en 1895, traduit en France en 1901, et celui du roman de Jean Cocteau, Thomas l'imposteur, paru en 1923.

Édition[modifier | modifier le code]

La nouvelle version (1950), considérablement réduite (représentant environ le quart de la première), est devenue le texte de l'édition courante. Blanchot écrit en avant-propos de cette seconde édition : « Il y a, pour tout ouvrage, une infinité de variantes possibles[1]. » La première version (1941), qui constitue le premier ouvrage de Blanchot, et dont le texte original était épuisé depuis plus d'un demi-siècle, a été rééditée par Gallimard en 2005, avec une préface de Pierre Madaule[2].

Présentation et analyse[modifier | modifier le code]

Thomas l'Obscur n'a pas d'intrigue à proprement parler, et commence par cette phrase énigmatique : « Thomas s'assit et regarda la mer. » Le récit est centré sur ce personnage neutre, dépersonnalisé, dont on ne connaît que le prénom « Thomas », et qui écrit ces paroles : « Je pense, donc je ne suis pas[3]. » À l'instar de la belle Anne, on ne sait pas qui est Thomas, « cette humanité en pièces détachées[4] », à la fois mort et vivant[5], baignant dans l'absence, la solitude affective.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Et il ajoute : « Aux pages intitulées Thomas l'Obscur, écrites à partir de 1932, remises à l'éditeur en mai 1940, publiées en 1941, la présente version n'ajoute rien, mais comme elle leur ôte beaucoup, on peut la dire autre et même toute nouvelle, mais aussi toute pareille, si, entre la figure et ce qui en est ou s'en croit le centre, l'on a raison de ne pas distinguer, chaque fois que la figure complète n'exprime elle-même que la recherche d'un centre imaginaire. », Thomas l'Obscur, nouvelle version (1950), Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1992, p. 7.
  2. Selon lui, cet ouvrage est « considéré comme le socle de toute l'œuvre narrative ultérieure de Blanchot », « Retour d'épave », préface à Thomas l'Obscur. Première version, 1941, Gallimard, coll. « Blanche », 2005, p. 9.
  3. Thomas l'Obscur, nouvelle version, Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1992, p. 114.
  4. Thomas l'Obscur. Première version, 1941, Gallimard, 2005, p. 209.
  5. « Je me sens mort - non ; je me sens, vivant, infiniment plus mort que mort », nouvelle version, Gallimard, coll. « L'Imaginaire », p. 122.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Françoise Collin, Maurice Blanchot et la question de l'écriture, Paris, Gallimard,  ; rééd. coll. « Tel », 1986.
  • Roger Laporte (Une passion) et Bernard Noël (D'une main obscure), Deux lectures de Maurice Blanchot, avec deux illustrations de Ramón Alejandro, Montpellier, Fata Morgana, coll. « Le grand pal », 1973.
  • Pierre Madaule, Une tâche sérieuse ?, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1973.
  • Christophe Bident et Pierre Vilar (dir.), Maurice Blanchot, récits critiques, Tours/Paris, Farrago-Léo Scheer, 2003 (Actes du colloque, Paris, Université Paris 3 et Université Paris 7,  : « La place de l’oeuvre de M. Blanchot dans les arts, en France et à l’étranger ». Avec quelques textes inédits de Maurice Blanchot).

Cinéma[modifier | modifier le code]

  • Lecture du chapitre X de “Thomas l'Obscur” de Maurice Blanchot, film de Benoît Jacquot, 1970.

Liens externes[modifier | modifier le code]