Escalade/Ouvrir une voie en S.A.E.

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L'ouverture de voies en SAE Comme en SNE les grimpeurs qui ouvrent deviennent les créateurs du terrain de jeu. Ce jeu, essentiel pour la pratique, une spécificité à cultiver et une chance à saisir pour tout grimpeur. Ce n'est pas un privilège réservé à une élite ou à des professionnels, ni une corvée, c'est une composante de l'activité du « grimpeur citoyen ». Il n'est jamais trop tôt, ni trop tard pour s'y mettre. Tout grimpeur est capable d'ouvrir de belles voies y compris les enfants. Il est donc souhaitable que dans un cadre concerté, en tenant compte de tous les utilisateurs, le plus grand nombre de pratiquants soient incités à s'y impliquer.

Une orientation démocratique[modifier | modifier le wikicode]

La gestion, une question cruciale : La qualité technique d'une structure artificielle d'escalade (SAE) est un élément important mais non suffisant pour en garantir sa réussite. Une gestion concertée d'un tel équipement est souhaitable pour une animation sportive innovante et performante. Quand l'équipement est financé par la collectivité, les usagers n’en sont plus des clients mais des acteurs potentiels. Mais si la concertation entre usagers est insuffisante ou pire conflictuelle la collectivité peut être amenée à faire appel à une autorité régulatrice pour sa gestion. Une gestion associative des murs d'escalade dans un esprit de service public prenant en compte les besoins et projets des différents publics est donc importante.

Les voies présentes sur les murs ne peuvent pas être figées. Elles doivent être renouvelées pour des raisons sportives (maintenir l'intérêt du mur, proposer de nouveaux défis) et pratiques (les prises se salissent et s'usent : il faut les retirer et les laver périodiquement). Le rythme de renouvellement est à définir avec tous les usagers qui ont des besoins et des envies différents.

Schéma directeur[modifier | modifier le wikicode]

La qualité d’un mur d’escalade se mesure différemment selon ses finalités et les publics usagers (scolaires du primaire et du secondaire, adhérents du club, compétiteurs…). C’est donc en fonction des besoins de ces usagers que l’on déterminera le cahier des charges en termes de type de voies et de niveau. Dans le cas d’une gestion associative, il faut être attentif à ce que tous les niveaux soient représentés de façon équilibrée. La répartition des difficultés sur tout le mur est importante pour offrir suffisamment de lignes à un groupe homogène, scolaires par exemple, et favoriser le brassage des grimpeurs de différents niveau. Cela en ouvrant autant que possible, des voies simples et complexes sur sa totalité chaque ligne devrait proposer un éventail de difficultés large plutôt que 3 voies d'un niveau proche. (les dévers restreignant évidemment l’éventail des difficultés vers le bas).

Une densité suffisante de prises dans la partie basse, entre 10 cm et 2 m du sol, permettra plus facilement la pratique des enfants du primaire, des centres de loisirs qui peuvent grimper jusqu'à cette hauteur sans corde, pratique dites de bloc et sans besoin d'un encadrement spécialisé, avec leurs maîtres et animateurs. Plus la densité au m2 est importante et plus ce sera facile de mettre en place des situations intéressantes pour ce public. Une solution, est d'utiliser des prises de remplissage d’une couleur nettement différente des voies.

Plan et suivi des voies[modifier | modifier le wikicode]

Un topo (plan du mur avec le détail des voies et de leur difficulté) peut être élaboré, permettant un suivi et une organisation des ouvertures (gestion optimisée des couleurs de voies). Dans la pratique la numérotation des lignes et une étiquette aux pieds des voies est le plus fonctionnelle.

Étapes préalables[modifier | modifier le wikicode]

Avant d'ouvrir, démontage des voies existantes. Si le stock de prises est insuffisant le temps de nettoyage des prises doit être prévu.

Le nettoyage[modifier | modifier le wikicode]

Le « Karcher » est le moyen le plus efficace, un trempage préalable dans l'eau chaude apporte un petit plus. Méthode : fixer le Karcher et passer les prises dessous. Danger si le Karcher est puissant : protection, gants épais obligatoire !

Le lave-vaisselle industriel s'avère bien moins efficace quel que soit le détergent employé. On trouve sur le marché différent produit dont le principal principe actif est l'acide. Autant donc utilisé l'acide, beaucoup moins chèr, directement (c'est la méthode de certains murs privés). Pas du tout écolo, efficace sauf pour les traces de gomme, qui demanderont de toute façon nettoyage au Karcher. Comme il y a pratiquement des traces de gomme sur toutes les prises, et que le Karcher nettoie aussi la graisse et la magnésie, autant se contenter du Karcher !

Conception et montage de la voie[modifier | modifier le wikicode]

Qu'est-ce qu'ouvrir une voie ? et après, on la ferme ?

La méthode quasiment toujours adoptée pour l'ouverture de voies est celle de la composition de mouvement d'escalade les uns après les autres. L'ouvreur, le créateur, l'artiste ! (car « l'ouverture c'est de l'art ! ») emploie rarement cette méthode inventée par le 1er créateur de mur d'escalade en France, Jean-Marc Blanche :

Jean-Marc était architecte et son concept fût argumenté par des conceptions de cet ordre (Le Corbusier, Léonard de Vinci -l’homme de Vitruve), son texte et dessins d'origines sont malheureusement perdus.

L'idée est en fait simple : le placement des prises doit être tel qu'il contraigne le grimpeur à aller les chercher dans les limites de leurs accessibilités (ce n'est pas qu'une question de distance, valoriser une inversée sous votre nez n'est pas chose aisée). Disposer les prises régulièrement main gauche main droite tout les 30 cm, vous avez une échelle. S'il y a un trou, s'il manque un barreau, c'est déjà une adaptation nécessaire. Finalement l'art de l'ouverture est peut être autant dans la disposition des trous que des prises. Jean-Marc avait donc conceptualisé la disposition des trous, d'espace sans prises, et d'espace de surconcentration de prises. Il avait appelé ça petit cylindre, grand cylindre, etc. (dans le sens vertical, des prises alignées dans un petit cylindre, obligent à des dülfers, oppositions, changements d'oppositions, grenouille, etc. le grand cylindre oblige à des mouvements d'écarts, d'appuis, etc. dans le sens horizontal regroupement extension, etc., en diagonal porte de grange, crochetage, etc. etc.)

Ces concepts peuvent être utiles à l'ouverture de voies. Il serait intéressant de vérifier ce concept sur des voies existantes : est ce que des voies jugées intéressantes on pourrait sortir des schémas tel ceux imaginés par Jean-Marc ? (l'orientation de la préhension principales des prises serait à considérer en plus de leur emplacement), et à l'inverse est-ce que les voies jugées inintéressantes souffriraient d'une trop grande régularité dans la disposition (et l'orientation) de leurs prises ? Nul doute que le bagage technique gestuelle de l'ouvreur sont un gage de qualité de la voie.

Ouvrir, travail d'équipe[modifier | modifier le wikicode]

Une voie peut, par jeu, demander plusieurs séances d'ouvertures. L'ouverture peut aussi être considérée comme un jeu d'escalade faisant partie de l'entraînement même. Cela se fait en bloc, en recomposant de nouvelles voies à partir des voies existantes. Cela peut aussi se faire en voie. Une voie évoluant sans cesse, par un travail d'équipe et de défis, pour atteindre la perfection finale indépassable. Une fois la voie ouverte, elle est fermée à l'ouverture, prête à consommer. Garder cette possibilité, ce droit … à vous de jouer !