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Introduire la biodiversité dans la construction et l'urbanisme/Quelques exemples et études de cas

Un livre de Wikilivres.
L'Immeuble "organique" de Gaetano Pesce construit en 1993 à Osaka au Japon.
Des "poches" préfabriquées contenant de la terre sont ancrées dans le mur, créant un jardin vertical. Dans les zones où le climat le permet, une autre version de cette approche pourrait être d'avoir un bac végétalisé correspondant à l'intérieur de l'immeuble, éventuellement en partie alimenté en eau par des eaux grises pré-épurées

Murs végétalisés :

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Il existe maintenant de nombreux exemples de murs végétalisés de taille, forme, structure différentes et fondés sur des principes constructifs ou de fonctionnement variés.
La palette végétale s'est très élargie, grâce notamment à Patrick Blanc.

Au Royaume-Uni

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On a observé à Londres que non seulement les effets d'ilôts de chaleur peuvent être atténués, mais que certains cortèges faunistiques associés aux plantes utilisées sur les murs et terrasses végétalisées trouvent en ville des îlots où leur survie semble possible[1]. On peut également associer un rucher à la toiture végétalisée, ce qui permet notamment la réintroduction des abeilles en ville, indispensables à la pollinisation de certains végétaux. Quand une partie au moins des espèces installées est autochtone, une certaine biodiversité s'installe sur les bâtiments ; par exemple sur un site étudié en plein Londres (zone du « Canary Wharf et ses environs » où se trouvent des immeubles de plus de 50 m) près de 136 espèces d'invertébrés[2] dits « tecticoles » (typiques des jardins alpins et des rocaille|rocailles) dont coléoptères, hémiptères, arachnides, … qui colonisent la niche écologique offerte par les tapis de sedum, saxifrages et autres plantes Sedum. album, S. acre, S.reflexum, S. spurium, S. pulchellum, S. sexangulare, S. hispanicum, S. kamtschaticum et Saxifraga granulata. Dans ce cas des campanules sont aussi apparues[3]. Des invertébrés peu communs profitent de ces milieux[4].

Fin 2012, l'une des facades végétalisées les plus photographiées et connues du public est celle du musé du quai Branly

Mais le plus grand mur végétalisé de France est celui de l'immeuble Anthos (immeuble de bureaux), construit dans la ZAC Ile Seguin-Rives de Seine (Boulogne-Billancourt) et livré en mai 2010 (par les architectes Elizabeth Naud et Luc Poux). Le mur végétal couvre le pignon sud d'un immeuble (540 m2 : 30 m de hauteur et 18 m de largeur) et se prolonge sur le toit du bâtiment.
La végétalisation était une des conditions pour obtenir le permis de construire avec une telle densité (10.050m² SHON), et - outre un intérêt esthétique et écologique (cf présence de lierre et d'espèces locales ou naturalisées en France), ainsi qu'un rôle de tampon microclimatique et acoustique[5] - il sert de décor vivant à un pignon aveugle (dont le cahier des charges imposait une végétalisation sur cette parcelle).
L'architecte a dans ce cas aussi choisi des végétaux (Cerastium tomentosum, Teucrium fruticans, Helichrysum apicutalum) en fonction de leur couleur (dominante gris argenté-vert) et les plants ont été disposés en bandes de manière à accentuer la verticalité de l'immeuble[6]. Le substrat est un mélange de fibres naturelles et de roche expansée et les plantes ont été insérées dans le substrat une à une (pas de semis). La maitrise d'ouvrage a été assurée par la société CANEVAFLOR[5].

En Italie (Milan), le projet « Bosco Verticale » (forêt verticale) de Stefano Boeri, Gianandrea Barreca et Giovanni La Varra de deux grandes tours végétalisées avec des arbres à tous les étages [7] teste le défi d'une végétalisation assez "lourde" à tous les étages, avec des problèmes nouveaux d'irrigation (utilisant un système de filtrage et de réutilisation des eaux usées de la tour), étanchéité, etc. à résoudre. 65 millions d’euros sont prévus pour ces deux tours de 18 et 26 étages (76 m pour la plus haute). Une des versions du projet proposait une terrasse supérieure supportant en outre plusieurs éoliennes et/ou des e panneaux photovoltaïque. Sont prévus 900 arbres (de 6 à 9 m de hauteur), environ 5 000 arbustes et 10 000 pieds de plantes couvre-sol, grimpantes et fleuries, l'équivalent de 1 ha de milieu naturel en surface développée). Le projet vise aussi à lutter contre la périurbanisation, évitant selon les architectes 50 000 m2 de périurbanisation. Une entreprise spécialisée assurera l'entretien des arbres et accompagnera un entretien fait par les habitants pour les fleurs et buissons [8].


Favoriser la biodiversité sur une zone d'activité :

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Exemple de la zone d'activité de la Haute Borne à Villeneuve d'Asq, France :

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Gestion de l'eau :

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La gestion des eaux pluviales est faite de façon à privilégier un écoulement naturel, propice à la biodiversité. Ainsi, un réseau de noues, d’espaces plantés et de bassins crée une trame « verte et bleue » permettant de connecter les différents points du site entre eux. Les noues et divers bassins servant ainsi à gérer l’eau sur le site permettent le développement d’une faune et d’une flore associées aux zones humides. Les berges en pentes douces, ainsi que les connections mises en place dans le cas de bassins très artificialisés permettent aux amphibiens d’y accéder et de pouvoir s’y reproduire s’ils y trouvent les conditions adéquates. Ce mode de gestion des eaux pluviales est principalement visible sur les espaces publics. Or il est étendu réglementairement à l’ensemble des parcelles privatives. Ainsi, une cohérence d’ensemble et une unité écologique globale se fait par ce dispositif sur le site. Le réseau des noues privatives est relié aux noues publiques pour créer un réseau hydraulique de surface qui couvre tout le site. Les zones humides créées forment ainsi des corridors écologiques aquatiques. Dans certains terrains privés, des bassins de gestion des eaux de toitures sont présents et créent également un environnement propice à la biodiversité. Ainsi, insectes aquatiques, amphibiens, mais aussi quelques végétaux aquatiques peuvent aussi s’y développer. En complément, sur certains bassins et noues, des enrochements sont présents. Ces derniers sont favorables à diverses espèces, comme des amphibiens ou reptiles, qui peuvent y trouver des interstices et s’en servir en tant que gîte.

Les essences végétales :

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Les essences végétales du site comprennent des essences horticoles, et d’autres plus locales. Egalement il y a une tolérance très forte pour le développement des plantes spontanées. Les essences locales furent implantées. Elles proviennent notamment d’un verger constitué d’essences locales provenant d’une pépinière locale (Haute-Borne, 2003).

Des haies sont implantées à divers endroits du site, constituées pour certaines d’espèces champêtres. Lorsqu’elles sont taillées, l’aspect naturel est privilégié. Elles offrent le gîte à diverses espèces animales mais leur permettent aussi de traverser la zone d’activité d’un point à un autre. En effet, elles délimitent des parcelles, ou sont disposées le long de cheminements piétons et routiers, formant ainsi des corridors écologiques. De plus, diverses essences à baies s’y trouvant permettent d’apporter de la nourriture. Ainsi, les haies offrent gîte et nourriture à la faune sauvage, tels des oiseaux, petits mammifères et rongeurs. Egalement, divers amphibiens peuvent s’y réfugier pour passer l’hiver sous des feuilles ou du bois mort qui pourraient s’y trouver. Ces derniers peuvent alors trouver au sein de la zone d’activité, des zones de reproduction que peuvent être les bassins de gestion des eaux pluviales, et le gîte via les haies présentes. Ces dernières croisent parfois les corridors aquatiques, renforçant ainsi les échanges sur le site. Certaines espèces d’oiseaux ou de petits mammifères profitent elles aussi du gîte et du couvert qu’offre l’aménagement de la zone d’activité.

Les zones à dominante humide, c’est-à-dire les noues notamment, mais aussi les bassins de rétention, ont été végétalisées avec des essences adaptées à ces conditions de milieu, à savoir une humidité changeante. Ces essences sont typiques des zones humides, donnant au lieu un caractère naturel très favorable à la biodiversité.

Ainsi, sont retrouvées les essences suivantes :

  • Aulne glutineux (Alnus glutinosa) ;
  • Bouleau verruqueux (Betula pendula) ;
  • Laiche pendante (Carex pendula) ;
  • Roseau (Phragmites australis) ;
  • Jonc glauque (Juncus inflexus) ;
  • Iris des marais (Iris Pseudacorus) ;
  • Saule blanc en têtard (Salix alba) ;
  • Etc.

Les saules blancs, taillés en têtard, pourront d’ici quelques dizaines d’années, s’ils sont toujours présents, développer un bon potentiel de biodiversité. En effet, des cavités se creusent dans ces arbres lorsqu’ils sont taillés ainsi, offrant le gîte à diverses espèces telles des chauves-souris ou divers rapaces nocturnes telle que la chouette chevêche (Athene noctua). Il est également intéressant de noter que ces arbres et la taille qui leur est conférée sont typiques des marais et zones marécageuses de la région Nord-Pas-de-Calais, et offrent ainsi un caractère naturel et rural au site de la région.


La gestion différenciée :

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Sur le site, une gestion différenciée est en place. L'entretien est adapté en fonction de l’usage. Ainsi des zones très fréquentées ont un entretien soutenu, alors qu’au contraire, des zones peu fréquentées sont peu entretenues. Ainsi la végétation peut s’exprimer davantage sur certaines zones. Cela est visible au niveau de la tolérance des plantes spontanées sur divers revêtements comme dans les joints des pavés de diverses allées, ou dans différents massifs. Le développement de plantes pionnières est alors possible, ces dernières étant parfois très intéressantes écologiquement parlant, du fait qu’elles trouvent peu d’endroits pour se développer, du fait de conditions spécifiques de développement pour certaines. Des chardons ont été observés en grand nombre dans certains massifs. Ils offrent nourriture à divers insectes en période estivale, ainsi qu’à divers oiseaux l’hiver comme le chardonneret élégant (Carduelis carduelis).

La gestion différenciée mise en place permet de donner à certaines zones un pouvoir écologique important. En effet, des pelouses sont entretenues en fauche tardive, de même que les noues. Cela recrée divers habitats sur le site, avec par exemple des prairies basses humides, auxquels sont associées une faune et une flore particulières. Des plantes mellifères et nectarifères peuvent ainsi se développer, servant de nourriture à divers hyménoptères, lépidoptères, etc. Il s’agit par exemple de la grande consoude (Symphytum officinale) qui a été observé au sein des noues. Egalement, très peu de clôtures et de zones grillagées sont présentes sur le site. Ainsi, la circulation des espèces animales est possible sur la quasi-totalité de la zone d’activité. Sa situation géographique, c’est-à-dire en périphérie de Villeneuve d’Ascq, à la limite entre la zone agricole au sud, et la cité scientifique au Nord permet des échanges entre la zone à dominante urbaine et celle à dominante agricole. La zone d’activité de la Haute Borne est ainsi une zone de transition.








  1. Brenneisen, S. 2001. Vögel, Käfer und Spinnen auf Dachbegrünungen — Nutzungsmöglichkeiten und Einrichtungsoptimierungen. Basel: Naturhistorisches Museum.
  2. Jones R (2002) Tecticolous invertebrates ; A preliminary investigation of the invertebrate fauna on green roofs in urban London ; English nature, PDF, 36 pages
  3. Bosquet, Sylvain (2014) Le verdissement des toitures pour atténuer l’effet d’îlot de chaleur conforte une biodiversité à Londres, Construction 21 EU France ; consulté 2014-008-28
  4. Gibson, C.W.D. 1998. Brownfield red data: the values artificial habitats have for uncommon invertebrates. English Nature Research Reports No 273. Peterborough: English Nature.
  5. 5,0 et 5,1 Fiche 5 du guide technique Biodiversité & bâti LPO/CAUE de l'Isère
  6. Emmanuelle Borne, Le courrier de l'architecte, consulté 2012-12-07
  7. illustration, projet Bosco Verticale de deux tours végétalisées
  8. Éric Burie, Bosco verticale : forêt à tous les étages !, le Moniteur 27/04/2012, consulté 2013-01-08