L'effet nucléaire sur la santé

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Il faudrait la ranger dans un wikilivre où elle aurait sa place.

Introduction[modifier | modifier le wikicode]

Depuis maintenant plus de 60 ans un nouveau type de bombe est apparu plus meurtrière et destructrice que jamais : la bombe atomique. Malheureusement, comme toutes nouvelles inventions, l’Homme a dû procéder à un certain nombre d’essais afin de connaître avec exactitude la puissance de la bombe. Ainsi tous les pays qui se sont dotés de l’arme atomique (États-Unis, URSS, France, Chine et Grande Bretagne…) ont totalisé plus de 2000 explosions expérimentales dans le monde.

Lors de ces essais nucléaires, de nombreuses personnes ont participé sans même connaître les dangers qui menaçaient leur vie et donc sans protections adaptées. En effet, lors de l’explosion plusieurs types de particules sont émises, certaines sont plus ou moins dangereuses et nocives pour l’organisme humain. Parmi ces particules, les hélions (noyaux d’hélium ionisés), qui forment le rayonnement alpha, deviennent extrêmement dangereux lorsqu’ils pénètrent à l’intérieur du corps par inhalation, ingestion ou même par une simple exposition. Lors de ces essais nucléaires, la poussière en suspension devient radioactive et elle est donc susceptible d’émettre ces rayonnements alpha. Cependant, les dégâts provoqués sur l’organisme humain sont au début invisibles mais peuvent agir de manière spontanée plusieurs années après en provoquant un certain nombre de maladies dont les cancers.

Les bombes atomiques et non conventionnelles[modifier | modifier le wikicode]

Einstein découvrit en 1905 sa fameuse équation d'équivalence E=mc2, la masse représente potentiellement de l'énergie. Concrètement, suite aux forces extrêmement résistantes qui assurent la cohésion inter atomique (l'interaction forte qui maintient protons et neutrons dans le noyau et maintient la cohésion des quarks qui les constituent), le réarrangement des protons et des neutrons pour former d'autres éléments au cours d'une réaction nucléaire libère énormément d'énergie. Les militaires ont essayé d'en tirer profit en "canalisant" cette énergie grâce à l'utilisation de combustibles fissiles à haut rendement, la forme particulière de la cavité des bombes atomiques et les caractéristiques de l'explosion (explosif, temps de confinement, etc.).

Explosion nucléaire en Polynésie. Inodore et invisible, la radioactivité qu'elle dégage est semblable à cet anneau doré qui vous unit sournoisement avec la mort.

Il existe deux types de bombes atomiques :

  1. La bombe à fission ou bombe A
  2. La bombe à fission-fusion dite thermonucléaire ou bombe H
   Il faut y ajouter une bombe thermonucléaire faiblement radioactive : 
  3. La bombe EMP ou E-bombe
                                                                                                          
  1 -La bombe à fission ou bombe A                                            
    La bombe A exploite une réaction de fission nucléaire enchaînée. On provoque la fission de noyaux d'uranium-235 enrichis auxquels sont souvent ajoutés du tritium (3H) pour accentuer l'explosion. Le tritium est un élément radioactif artificiel dont la période est de 10 ans. On l'obtient en bombardant du lithium (3Li) avec des neutrons. Le tritium est également utilisé dans la bombe H. Les produits de fission sont notamment le strontium (Sr) et le xénon (Xe) suivant la réaction suivante :

235U + neutron → 94Sr + 140Xe + 2 neutrons + h

    Des centaines d'autres combinaisons sont possibles. L'essentiel est de savoir que dans chacune de ces réactions, le nombre total de nucléons (protons + neutrons) est conservé : dans notre exemple 235+1 = 94+140+2.
En accord avec la loi d'équivalence d'Einstein, E=mc2, l'énergie libérée par la fission d'un seul noyau d'uranium-235 libère environ 200 MeV (1 MeV = 1.609 x 10-13 J) et d'environ 210 MeV pour le plutonium-239. Étant donné que les neutrons émis par la première réaction de fission vont frapper chacun un autre noyau d'uranium qui va à son tour émettre deux neutrons et ainsi de suite jusqu'à épuisement de tous les noyaux, il va se produire une réaction en chaîne qui concerna des milliards de milliards de milliards de nucléides d'uranium (1027 nucléides pour 50 kg d'uranium). 
Au cours de l'explosion d'une bombe atomique toute cette énergie est contenue dans le terme h qui correspond à la conversion de la masse en énergie de liaison au cours de la formation des produits de fission.
     Dans une bombe A c'est l'amorce d'un combustible conventionnel qui déclenche la première réaction de fission. Lorsque la bombe n'est pas armée, c'est cette amorce qui peut exploser et notablement endommager l'enveloppe de la bombe mais elle ne la fera jamais exploser, un peu comme un pétard dont la mèche est mouillée. En revanche du combustible radioactif, solide ou gazeux (vapeurs) peut s'échapper de la bombe lors d'un tel accident et contaminer les soldats, les civils ou l'environnement. Quelques accidents de ce genre se sont déjà produits du temps de la Guerre Froide (années 1960) et des exercices aériens du Strategic Air Command, certains bombardiers ayant tout simplement perdu leurs bombes atomiques ainsi que je le rappelle dans cet article consacré aux accidents nucléaires militaires !

      L'explosion atomique est totalement différente et beaucoup plus violente qu'une explosion conventionnelle. Dans une bombe traditionnelle il s'opère une réaction chimique qui n'altère pas les propriétés physiques des substances explosives; elles s'oxydent en présence d'oxygène (brûlent) et le résidu est généralement plus lourd que l'élément original du fait que la molécule d'oxygène de l'air s'est fixée sur la substance (oxydation du plomb, du coke, etc), mais l'élément pur lui-même existe toujours, même s'il est à présent lié à un autre corps.
     Dans une réaction atomique les nucléides d'uranium sont fissionnés et donc physiquement détruits    : l'uranium se brise et génère deux nouveaux éléments presque deux fois plus légers que lui. Ensuite la  quantité d'uranium entrant en jeu est également très importante       
     Les bombes A utilisent au moins 50 kg d'uranium et la réaction en chaîne, non contrôlée dans ce cas ci, implique 1027 nucléides qui vont chacun subir une réaction de fission ! On comprend aisément que dans ces conditions l'énergie libérée soit phénoménale. C'est ainsi qu'on obtient des explosions nucléaires dont l'énergie libérée oscille entre l'équivaut de 13 kT de TNT (Hiroshima) et 60 MT dans le cas d'une bombe H                                                                                                                     

La radioactivité

     Ainsi que nous l'avons expliqué dans l'article précité sur la fission, lorsqu'un neutron frappe un nucléide et parvient à le briser, pour retrouver sa stabilité, le nucléon va générer une émission de radioactivité constituée d'un ou plusieurs des rayonnements corpusculaires suivants :

- rayonnement alpha : émission d'un noyau d'hélium - rayonnement bêta : émission d'un électron

- produits de fission (les 2 fragments résultant de la réaction de fussion , parfois radioactifs).

      Citons également les rayonnements X et gamma, deux rayonnements électromagnétiques de très courte fréquence. Les rayons X sont émis lors de réactions nucléaires impliquant des électrons. Les rayons gamma sont émis soit lorsque le noyau est excité soit au cours de réactions avec d'autres noyaux et sont souvent accompagnés de rayonnements  ou . On reviendra en détail sur leurs effets.
     Suite à la radioactivité émise spontanément par l'uranium et les autres combustibles nucléaires, la masse fissile doit être conservée en petite quantité séparées car la fission est un phénomène spontané au-delà d'une certaine quantité de matière qui, passée ce seuil critique, crée une explosion en l'espace d'un millionième de seconde. Nous reviendrons en détail sur la toxicité de ces rayonnements page suivante.

2 -La bombe à fission-fusion ou bombe H

    Nous avons vu dans l'article précité sur la fission et la fusion que la fusion nucléaire consomme plus d'énergie qu'elle n'en libère. Il faut donc utiliser l'énergie d'une autre réaction exothermique pour augmenter la puissance de la première explosion.
     La bombe à hydrogène (thermonucléaire) explose en trois étapes. Tout d'abord on réalise une fission en tous points similaire à la précédente pour amorcer une réaction de fusion qui ne peut se produire qu'à de très hautes pressions et à des températures proches de 100 millions de degrés dans le noyau afin de vaincre la répulsion atomique.
      La deuxième étape est la fusion thermonucléaire d'atomes légers comme l'hydrogène. 	 
      C'est une réaction identique qui se produit dans les étoiles et qui les rend lumineuses. La fusion thermonucléaire d'un seul atome d'hydrogène produit 24.7 MeV d'énergie. La réaction la plus commune est celle impliquant du deutérium (D ou 2H), isotope stable naturel ayant un neutron supplémentaire et que l'on trouve dans l'eau de mer et du tritium (3H), réaction dans laquelle le neutron présente une énergie de 14 MeV. Les différentes réactions de fusion possibles sont les suivantes :
 D + 3H  →   4He + n + h (17.59 Mev)

D + D → 3He + n + h (3.27 Mev) D + D → 3H + p + h (4.03 Mev) D + 3He → 4He + p + h (18.3 MeV) 3H + 3H → 4He + n + n + h (11.27 Mev)

                                                                                                 La troisième étape se produit au cours de la réaction de fusion durant laquelle des neutrons très rapides sont libérés avec une énergie telle qu'ils sont capables de fissionner les atomes d'uranium-235 et donc de réduire considérablement leur concentration (depletion), un phénomène impossible à réaliser à basse température. Cette troisième étape fait plus que doubler la puissance de l'explosion et produit l'essentiel des retombées radioactives de la bombe H.                                 
        Tous ces événements se produisent en l'espace de 600 milliardièmes de secondes (550 milliardièmes de secondes pour la réaction de fission et 50 milliardièmes de secondes pour la réaction de fusion).
       À l'inverse des bombes à fission dont l'énergie est limitée à l'équivalent de quelques milliers de tonnes de TNT (kT), la puissance des bombes H n'a pas de limite pratique : vous pouvez les faire aussi puissantes que vous voulez en ajoutant simplement du deutérium et du tritium à la deuxième étape. C'est pourquoi l'énergie de la plupart des bombes H est exprimée en mégatonnes (MT), l'équivalent de la puissance libérée par plusieurs millions de tonnes de TNT. Elles sont des centaines voire des milliers de fois plus meurtrières que les bombes A.
       Du temps de la Guerre Froide et jusqu'en 1969, tous les bombardiers stratégiques de l'US Strategic Air Command en alerte (réelle ou exercice) étaient porteur d'au moins quatre bombes H de 1 MT à plus de 20 MT chacune, ce qui conduisit inévitablement à quelques accidents. Heureusement, si ce n'était pas encore réellement la "détente" en ces temps incertains, ces bombes n'étaient jamais armées (l'ogive nucléaire était souvent séparée du cœur de la bombe) et n'ont jamais provoqué d'apocalypse, mais ce fut parfois à un atome près.

3 -La bombe EMP ou E-bombe

        Il existe deux types de bombe à impulsion électromagnétique ou E-bombe. La plus simple est l'UWB à bande ultra large qui tire profit d’un explosif générant un champ magnétique, la seconde est la HPM qui utilise un générateur de micro-ondes de haute puissance. Ces armes peuvent être stratégiques ou tactiques au point qu’elles sont accessibles à de petites armées. Outre les États-Unis et la Russie, la France et l’Allemagne ont développé en secret de telles bombes.
     Les E-bombes se différencient des armes nucléaires par leur fait qu’elles ne produisent pas de radioactivité, mais uniquement des rayons gamma, elles sont discrètes, elles réduisent ou suppriment les dommages aux bâtiments et ne blessent pas les êtres vivants, elles se moquent des protections conventionnelles (abris) et les UWB sont bon marché et peuvent être utilisées par tout temps.
     Comment un champ électromagnétique peut-il détruire des infrastructures ? Le plus simple est d'observer l'effet d'un éclair et de le transposer dans une application militaire avec un effet centuplé. Une arme EMP crée une ionisation des masses de gaz par effet Compton ce qui provoque une interruption temporaire des signaux électriques. Au sol le phénomène se répercute sur plusieurs dizaines de kilomètres et jusqu'à 2500 km de rayon lorsque la bombe explose dans la stratosphère. Ce genre d’arme n’a besoin que d’un support conducteur qui sera endommagé (brûlé) ou explosera à son passage : un système électrique, un réseau téléphonique, un réseau informatique ou une alimentation électronique par exemple.


             En fait, le blocage des signaux électromagnétiques se manifeste déjà au cours d’une explosion         nucléaire à l’instant où se crée la réaction de fission. On estime qu’une bombe atomique de 1 MT libère une énergie équivalent de 10 gigawatts dont 0.3% sont libérés sous forme électromagnétique. Nous y reviendrons dans un instant, lorsque nous discuterons des effets des explosions nucléaires. 

I. les effets des explosions nucléaire , l'explosion d'une bombe atomique produit plusieurs effets : 1. Un effet de souffle 2. Des effets thermiques 3. Une émission électromagnétique 4. Des effets climatiques 5. Une émission de radioactivité 6. L’effet sur la santé.


1)l’ effet de souffle

      Lors de l'explosion de la bombe d'Hiroshima, l'énergie libérée fut équivalente à un tremblement de terre de magnitude 5.5 sur l'échelle ouverte de Richter. Cela donne déjà une idée de l'intensité de l'onde de choc et des dégâts, d'autant plus que dans le cas d'une bombe, l'onde se propage au-dessus du sol et rencontre généralement peu d'obstacles (montagnes).                                                         
     Au cours d'une explosion atomique, la quasi totalité des bâtiments et tous les arbres sont effondrés quand ils n'ont pas disparu, volatilisés ! La détente explosive de l'énergie de la bombe crée un éclair aveuglant (LEMP) au sens propre du terme, et en une fraction de seconde (< 1 ms) une onde de choc tellement forte se manifeste qu'elle génère une onde de pression plus intense que celle du plus puissant cyclone. Elle contient en fait la moitié de toute l'énergie de la bombe !
     En se déplaçant à plus de 1000 km/h, la pression de l'air sur le front de l'onde génère un vent si puissant qu'aucune structure, même massive et enracinée, n'est capable de lui résister. Une bombe conventionnelle de 900 kg aurait détruit toutes les structures en bois dans un rayon de 40 mètres. Avec ses 3900 kg chargés avec l'équivalent d'environ 13 kT de TNT, la bombe d'Hiroshima pulvérisa tout dans un rayon de 2 km autour de l'hypocentre (le point au-dessus duquel elle explosa) : buildings, ponts et arbres furent balayés comme de vulgaires jouets et réduits en charpie quand ils ne furent pas pyrolysés par la chaleur.

L'expérience de Trinity Explosion de la première bombe atomique à Trinity au Nouveau Mexique, USA, le 16 juillet 1945 à 5:29:45 locale. Films enregistrés depuis un abri situé à 3.3 km de distance.


Explosion de la bombe QT de 1.3 MB Développement de la boule de feu QT de 880 KB

     Juste après les survivants durent affronter les effets thermiques et la radioactivité. S'ils ne sont pas blindés, les appareils électriques et électroniques doivent encore tant bien que mal résister à l'impulsion électromagnétique (NEMP). Peu y résisteront (voir plus bas).
        Comme toute explosion, son ampleur dépend de la manière dont elle peut se libérer. C'est ainsi qu'on a démontré que les dégâts provoqués par le souffle sont d'autant plus importants que l'explosion est puissance et se produit en altitude. Selon les calculs des ingénieurs, l'explosion d'Hiroshima allait provoquer le plus de dégâts si la bombe de 13 kT explosait vers 600 mètres au-dessus du sol... Et de fait, l'explosion se produisit à 580 m d'altitude, rasant tout sur une surface de 13 km2. Sur les 76000 bâtiments que comptait la ville, 62.9% furent détruits dont une bonne partie furent réduits en cendres et seulement 8% échappèrent à la destruction. Sous l'hypocentre, seuls le dôme et une partie des murs d'un bâtiment administratif restèrent debout mais furent endommagés. Ils rappellent aujourd'hui au monde l'effroyable catastrophe. 

2. Les effets thermiques

     Les effets thermiques sont les plus apocalyptiques. Juste après l'onde de choc qui survient moins de 20 ms après l'explosion, on assiste au flash lumineux suivi de l'extension de la boule de feu formée par le réchauffement de l'air par les rayonnements X générés durant l'explosion. Cette boule de feu contient 35% de l'énergie libérée par la bombe et peut atteindre 1 km de diamètre pour une bombe de quelques dizaines de kilotonnes ! Pour une grosse bombe de 10 MT, la boule de feu peut atteindre 4 km de diamètre et encore occasionner des brûlures légères à ... 30 km de distance !
     Les chiffres concernant la température libérée au moment de l'explosion d'une bombe atomique sont variables. Dans le cas d'une bombe thermonucléaire la température dans la boule de fe  u dépasse 100 millions de degrés durant une microseconde. Dans le cas d'une bombe A comme celle d'Hiroshima, 
        la bombe créa une boule de feu de 60 à 100 m de diamètre (certains ont affirmé qu'elle mesurait    300 m de diamètre). La pression au point d'impact fut d'environ 4.5 tonnes/m2 durant 0.4 secondes, soit 435 atmosphères ! Dans un espace de 17 m de rayon autour de l'hypocentre, la température était de 300000°C. À 50 m de distance elle oscilla entre 9-11000°C, tandis qu'au sol, sous l'hypocentre la température devait osciller entre 4 et 6000°C, l'équivalent de la température régnant à la surface du Soleil !
    Avec de telles températures, il va sans dire que cette chaleur nettoie tout sur son passage encore mieux qu'un four à pyrolyse (500°C) : au sol, dans un rayon de 500 m autour de l'hypocentre, toute la matière fut volatilisée ou transformée en poussière et fut emportée par les vents brûlants. À mi-chemin les effets thermiques provoquèrent des incendies en tout genres, y compris électriques. La quasi totalité des habitants vivants dans cette zone succombèrent à cet enfer [1] .
     Dans un rayon de 1 km autour de l'hypocentre la boule de feu incandescente réduisit tout en cendres instantanément, y compris les building fabriqués en béton armé. À Hiroshima, parmi les souvenirs que l'on a conservé il y a un escalier de quelques marches. Bruni par le temps on y distingue une empreinte diffuse et noire qui s'étend sur quelques marches; il s'agit de tout ce qui reste d'un homme pulvérisé par la chaleur de l'explosion...  Ailleurs, sous le souffle intense de la chaleur l'ombre d'une vanne fut projetée comme de la peinture contre une citerne.
    Dans un rayon de 1.8 km toutes les habitations en bois brûlèrent spontanément sous l'effet thermique de l'explosion. À Hiroshima, localement, les murs de certains bâtiments réalisés selon des normes anti-sismiques sont restés partiellement debout et permirent de protéger quelques survivants. 
   Dans un rayon de 2 à 3 km les bâtiments furent sévèrement endommagés. Jusqu'à 4 km de l'hypocentre les maisons furent  lourdement endommagées et la chaleur calcina encore tous les êtres vivants. Tous les objets se consumèrent spontanément tandis que les palissades, soufflées par l'onde de choc imprimèrent leurs empreintes dans les pylônes et le revêtement des routes; les personnes situées dans un rayon de 8 km souffrirent de brûlures au 3ème degré et furent souvent blessées par du verre et des objets volants tandis que des victimes furent commotionnées jusqu'à 60 km de l'hypocentre.
    Nous reparlerons un plus des victimes lorsque nous discuterons du Projet Manhattan et des conséquences politique et éthique de l'invention et de l'utilisation de la bombe atomique. Disons pour l'instant qu'en août 1946 on dénombrait 140000 morts à Hiroshima et près de 74000 morts à Nagasaki auxquels il faut ajouter autant de blessés plus ou moins graves, des dizaines de milliers de personnes irradiées et beaucoup de traumatisées, sans parler des centaines de milliers de sans-abris.

3. L'émission électromagnétique

    Au cours d'une explosion nucléaire, les nucléides excités au cours de la réaction en chaîne émettent des rayons gamma, un champ électromagnétique de très haute fréquence et très énergétique en même temps que se forme la boule de feu. 
     Ce processus crée une ionisation des masses de gaz par effet Compton : le rayonnement gamma entre en collision avec les électrons des molécules de l'air, les éjectent de leurs orbites ce qui produit une ionisation de la molécule. Les électrons gagnent ainsi de l'énergie par un mécanisme appelé la "diffusion par effet Compton". Ces électrons entrent ensuite en collision avec d'autres électrons liés qui seront à leur tour expulsés, et de proche en proche c'est l'avalanche électronique, un phénomène identique à celui qui provoque l'éclairement du gaz des tubes au néon. On estime qu'un seul photon gamma peut créer par avalanche 30000 électrons libres; le gaz devient un plasma. Lorsque l'explosion à lieu au sol, l'effet d'ionisation peut s'étendre dans un rayon de 10 km.
      Dans le cas d'une explosion nucléaire le champ électrique est plus intense que celui généré par une E-bombe mais en revanche il s'étend cent ou mille fois plus loin dans le cas d'une bombe électromagnétique.
     Généralement pour que l'effet d'ionisation soit le plus intense, la bombe EMP doit exploser à très haute altitude pour que son effet ne soit pas contrecarré par les obstacles. 
     Lorsque l'explosion se produit dans la haute atmosphère, au-delà de 30 km d'altitude, l'effet électromagnétique est maximum : 3 x 10-4% de l'énergie de l'explosion est convertie en impulsion électromagnétique. Cela représente une énergie de 1011 J (~1 kT) qui se transmet instantanément à la masse d'air. Dans le cas d'une bombe EMP explosant au sommet de l'atmosphère à 500 km d'altitude, le rayon de la zone ionisée atteint 2500 km; toute la nation ennemie est touchée en un instant ! À cette altitude l'effet géomagnétique faisant spiraler les électrons et les accélérant vers le sol, l'impulsion électromagnétique est amplifiée, le champ électrique atteignant une intensité de 20 à 50 kV/m. Cela correspond à une différence de potentiel de 500 V par centimètre, 25 fois plus que dans un four à micro-onde de 850 W (2000 V/m) ! Même une ligne à haute tension de 400000 V irradie cinq fois mois d'énergie à 25 m de distance (1-10 kV/m).

4. Les effets climatiques

      En 1983, un groupe international de chercheurs publia une étude sur les risques encourus par une guerre nucléaire globale. Outre les pertes en vies humaines et économiques que tout le monde pouvait imaginer, le rapport insistait principalement sur les effets climatiques d'un tel événement.
       Jusqu'alors en effet personne n'avait conscience de ces implications. On savait qu'il y avait des retombées comme le fallout dans la région touchée par la bombe et toutes celles situées sous les vents dominants, mais on n'imaginait rien de plus grave. On savait depuis les essais d'Alamogordo que la poussière soulevée par l'explosion atomique retombait au sol en emportant avec elle le rayonnement radioactif. À Hiroshima, après l'explosion le ciel est resté noir durant plusieurs heures, envahi de poussières, de cendres et de fumée à l'image des puits de pétrole en feu du Koweït ou des grands incendies qui ravages des millions d'hectares. Le site devient un véritable enfer mais en plus à Hiroshima et Nagasaki il était jonché de cadavres calcinés, de blessés et de bâtiments en ruines.
     Mais pendant des dizaines d'années personne n'imaginait que le climat pouvait être altéré, comme on ignorait que les systèmes informatiques, les réseaux (dont ceux de la Défense)     

et les systèmes de transmissions (radios et ordinateurs) pouvaient également être touchés par le rayonnement ionisant et ne plus fonctionner du tout ! Tout au plus les ordinateurs blindés utilisés dans les abris atomiques et certaines radios onde-courtes bien protégées pourraient encore fonctionner. Mais même l'ionosphère serait envahie de bruits parasites en raison de l'ionisation de l'air et il serait sans doute très difficile d'établir des communications sur courtes ou longues distances; on entendrait une "friture" permanente et cela pourrait persister durant des mois ou des années si la guerre serait globale.

      En l'espace de quelques mois les arbres, les plantes et les fleurs vont dépérir et mourir faute de pouvoir assurer la photosynthèse. Les animaux végétariens et les oiseaux vont progressivement disparaître faute de trouver leur alimentation. Du fait que le phytoplancton ou plancton végétal n'assurera plus la photosynthèse, le zooplancton et beaucoup de poissons mourront également. Et de maillon en maillon c'est finalement toute la chaîne alimentaire qui va subir une extinction massive et instantanée à l'échelle de l'évolution. Malheureusement l'Homme est au sommet de cet édifice...
      Avec le recul la Terre connaîtra ce qu'il convient aujourd'hui d'appeler un hiver nucléaire, avec des températures similaires à celles de l'âge glaciaire aux quatre coins du monde, y compris sous les Tropiques... On  ignore si l'humanité pourrait survivre dans une telle situation qui la ferait revenir à une économie de subsistance 
       antérieure à l'ère industrielle, avec le froid polaire en plus. Il est probable que les petites sociétés vivant en autarcie loin du conflit s'en sortiront mieux que ses principaux acteurs. Selon la plupart des scenarii catastrophes, ce sera une époque à la "Mad Max" dans un monde gelé à l'économie vagabonde où la survie individuelle prévaudra sur la solidarité.
  Bien sûr on ignore si ce scénario est réel ou s'il constitue une simple hypothèse de travail. Mais quand on voit les effets qui se sont produits dans les deux heures qui ont suivi l'explosion d'Hiroshima (nuages sombres de poussière, pluie), les conséquences écologiques et climatiques de l'explosion des volcans gris (lahars, terres stériles, atmosphère poussiéreuse) ou d'une réduction d'un ou deux degrés de la température moyenne du globe, ces trois événements conjugués et amplifiés semblent indiquer que ce scénario est assez réaliste.

5. L'émission de radioactivité

Le rayonnement émis lors d'une explosion nucléaire est constitué de particules alpha (des noyaux d'hélium ionisés ou hélions), d'électrons rapides (rayonnement bêta), de neutrons, de rayons X et gamma qui se propagent jusqu'à plusieurs kilomètres de l'hypocentre. Tant que ces rayonnements restent dans l'environnement, le risque de contamination reste faible voire nul pour l'organisme même si le rayonnement est intense. C'est en fait au contact de l'organisme qu'il devient toxique. Lorsqu'il pénètre à l'intérieur du corps par inhalation ou ingestion, le rayonnement alpha devient l'agent cancérogène le plus puissant qui puisse exister, plus puissant que les agents neurotoxiques et chimiques : il est vingt fois plus toxique que les rayons X ou gamma ! 25 mai 1953. Tir à NTS d'une bombe A de 15 kT par un canon Mark 9 de 280 mm !

     Dans le cas d'une explosion, les neutrons et le rayonnement électromagnétique (X et gamma) sont qualifiés de "pénétrants" car ils ont la faculté de s'infiltrer à travers les murs et les fines parois de métal. Vu les températures qui règnent près de l'hypocentre, même le rayonnement infrarouge - la chaleur - passe à travers les murs. Seul un mur de plomb épais de plusieurs décimètres peut arrêter ces rayonnements. Donc même abrité dans la cave d'une maison faite en brique avec du béton armé, personne n'est à l'abri de la radioactivité. Le seul abri efficace est sous une montagne, sous plusieurs centaines de mètres de granite (mais il émet du radon radiotoxique) ou derrière d'épais murs en plomb. Et encore, il faut un abri 100% étanche disposant d'un système efficace de filtration de l'air car la poussière radioactive s'immisce dans tous les interstices et tous les conduits de ventilation, elle se mêle à la pluie et contamine les eaux...
     Pire encore que tous les effets décrits précédemment, la radioactivité libérée par une explosion atomique tue à petit feu. Son action au début invisible, agit sournoisement dans le temps en détruisant les tissus corporels et formant des cancers.
     En utilisant la bombe atomique, le Président Harry Truman savait quel effroyable carnage il allait provoquer et hésita un instant à l'utiliser. Mais ni lui ni les militaires n'avaient conscience de la gravité des effets qu'allaient provoquer la radioactivité sur la population. Tant le Gouvernement américain que les civils furent choqués quand ils découvrirent les effets de la radioactivité

6. L’effet sur la santé

     Dans les heures qui suivirent l'explosion de la bombe d'Hiroshima, une pluie noire s'est mise à tomber sur la ville au grand étonnement des survivants, les hibakusha (les victimes de la bombe). La pluie était noire car elle était mêlée de cendres provenant des résidus calcinés par l'explosion. 


Les malheureux survivants en sursis l'ont bue pour se réhydrater sans savoir qu'elle était contaminée et les condamnait encore un peu plus rapidement à une mort dans d'atroces souffrances. En effet, toutes les personnes qui y furent exposées développèrent des symptômes similaires à ceux des personnes exposées directement à l'explosion de la bombe atomique. Selon les médecins Japonais en poste à Hiroshima et à Nagasaki en 1945, durant les premiers jours ils ont soigné de très grands brûlés sans se rendre compte que les victimes présentaient en fait les premiers symptômes d'une autre maladie bien plus grave. Ce n'est que le 4eme jour, après avoir vu mourir des milliers de brûlés et de mutilés sans pouvoir soulager leurs douleurs qu'ils se rendirent compte que les victimes souffraient d'un mal étrange qu'ils ne parvenaient pas à soigner ou très difficilement. Les premières symptômes étranges, différents des plaies et des brûlures occasionnées par une bombe classique furent des vomissements, la perte des cheveux, l'apparition de taches colorées sur la peau et des maladies comme la leucémie et la septicémie, une perte des globules blancs entraînant une perte des défenses immunitaires. La personne meurt à la première infection virale. Tout aussi étrange, lorsque les médecins prélevèrent du sang sur les malades gravement atteints, ils ne parvenaient plus à stopper l'hémorragie, même en pratiquant un garrot. En fait la victime était en train de se nécroser vivante et finissait par mourir au bout de quelques jours. Je vous soulage des détails.


Akuma no tsuma ato... (Marquée par les griffes du diable). Cette femme a été brûlée à travers son kimono. Document Gonichi Kimura

     De quelle maladie furent victimes ces personnes ? C'est évidemment la radioactivité qu'elles ont contractée soit au contact direct de l'air, soit en buvant l'eau ou en mangeant des aliments contaminés ou encore en respirant la poussière contaminée soulevée du sol. En pénétrant dans nos cellules, les particules radioactives microscopiques vont rencontrer les chaînes d'ADN qui participent à la reproduction génétique et à la construction de notre corps par l'entremise des protéines. En raison de leur forte énergie, ces rayonnements corpusculaires vont briser les chaînes moléculaires en provoquant des dommages génétiques souvent irrémédiables.
      En effet, lorsque la cellule tentera de se reproduire, la copie ne sera plus conforme à son original malgré les systèmes de correction d'erreur dont dispose l'organisme; la cellule subit une mutation génétique. La cellule va tenter de la 
     réparer mais si les dégâts sont importants, il s'en suivra un blocage de certaines réactions chimiques; la molécule, voire carrément toute la cellule si le dommage est grave, ne pourra plus assurer sa fonction. Au pire, plusieurs cellules vont subir de multiples mutations, conduisant au développement d'une tumeur, c'est le cancer. L'hôte sera empoisonné et la personne présentera tous les symptômes d'une contamination radioactive. Il peut en résulter des malformations congénitales ou elle décédera des suites de son cancer à plus ou moins courte ou longue échéance en fonction des doses reçues.	 

L'ADN est sensible au rayonnement électromagnétique et corpusculaire. Toute dégradation cellulaire d'ordre génétique peut conduire à l'apparition d'une tumeur.

     Quelque 300000 patients ont été médicalement suivi à l'hôpital d'Hiroshima depuis 1945, dont la moitié sont décédé au cours de la première année. Aujourd'hui, 60 ans plus tard, il ne reste que 55000 survivants dont beaucoup de grabataires. Malgré ce long suivi médical, les scientifiques ignorent encore si leurs descendants sont porteurs ou non de maladies directement liées à la contamination radioactive qu'ont subit leurs parents. À ce jour il n'y a pas de traces et donc a posteriori aucun risque que les enfants contractent une telle maladie mais les études se poursuivent car le risque potentiel existe.                                        
Mais la catastrophe ne s'arrête pas là. Ainsi que nous l'expliquerons, les éléments instables, dits radioactifs, produisent une énergie continue durant des milliers voire des milliards d'années jusqu'à stabilisation où ils deviennent enfin inoffensifs. Entre-temps ils ont rendu la vie impossible ce qu'en 1945 tout le monde ignorait.
      Après l'explosion d'Hiroshima, toutes les personnes résidant dans un rayon de 4 km autour de l'hypocentre ont été exposées à des doses de radiation souvent mortelles et toutes ont présenté des symptômes d'empoisonnement par radiation. 


Si la personne survit à de telles blessures, la radioactivité l'a contaminée et à fortes doses (> 2.5 Sv) la maladie la rongera lentement durant toute sa vie. Elle attrapera des maladies de peau, des infections répétées, ses blessures ne guériront pas avant plusieurs années, et bien souvent, si elle ne meurt pas entre-temps, elle contractera le cancer de la gorge ou la leucémie. Elle devra parfois vivre avec des malformations ou ses enfants nés à l'époque de l'explosion seront handicapés physiques ou mentaux. Aujourd'hui le Japon respecte un protocole d'indemnisation des victimes mis au point aux États-Unis. Toute victime handicapée résidant dans un rayon de 2 km de l'hypocentre est indemnisée, au-delà elle ne reçoit par un yen alors qu'elle présente souvent des malformations évidentes. C'est ainsi qu'une Japonaise vivant à 2.4 km de l'épicentre en 1945 n'a jamais été indemnisée. Heureusement après un long combat, en 2005 elle gagna son procès contre l’État japonais. La détresse d'une génération sacrifiée pour l'enrichissement... de quelques hommes de pouvoir. De quoi se révolter devant l'insoutenable inconscience de nos dirigeants ! Agissez !

      La situation est identique sous nos latitudes. Aujourd'hui, on constate que des enfants qui n'ont pas été directement exposés aux effets d'une explosion nucléaire portent des séquelles dans leurs chaires : cancer de la thyroïde, malformations physiques, etc. C'est notamment le cas chez plusieurs familles habitant dans l'Est de la France où des adolescents ont contracté ce type de maladies suite à l'accident de Tchernobyl en 1986 (bien que les autorités françaises refusent d'établir ce lien de cause à effet). 
       Ces victimes qui n'ont pas hérédité de maladies génétiques ont été contaminées de deux manières. D'une part elles ont probablement respiré des particules radioactives (en suspension dans l'air ou transportées par la poussière) et d'autres part elles ont probablement mangé des légumes, des fruits, des baies, des champignons ou bu du lait ou de l'eau contaminée. La radioactivité des isotopes subsistant très longtemps, ces derniers ont été absorbés par les aliments dont se sont nourris les enfants à leur dépend. La radioactivité de l'iode s'est concentrée dans la glande thyroïde tandis que les autres éléments radioactifs ont perturbé le développement cellulaire au point de créer des malformations.
                                                     Conséquences éthiques
      Quand on assiste impuissant à la souffrance des gens après un conflit ou un accident nucléaire, on ne peut que se révolter devant les conséquences désastreuses qui accompagnent d'une manière ou d'une autre l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins civiles ou militaires. On insistera encore sur cette question très importante dans d'autres dossiers plus ciblés.
     Aujourd'hui encore, suite aux essais nucléaires Français réalisés en Algérie au début des années 1960 puis dans le Pacifique entre 1966 et 1996, il est statistiquement prouvé mais encore difficilement avoué par les autorités, qu'une fraction des populations autochtones (25% en Polynésie) souffrent de maladies imputables à la radioactivité. Près de 40 ans après les événements, un bon milliers de victimes se sont constituées partie civile et ont attaqué l’État français en dédommagement. Des dizaines de milliers d'autres souffrent en silence.      
Une partie de ces pauvres gens sont heureusement soignés gratuitement en Métropole, mais sont bien loin de chez eux et du réconfort de leur famille. Une bien maigre consolation face à la détresse que doivent endurer ces innocentes victimes que la soif de pouvoir de certains chefs d’État français ont conduit en Enfer. Car si le Gouvernement français a finalement arrêté ses essais sous la pression du public, 40 ans après les faits les victimes continuent à vivre tous les jours avec les séquelles de leurs sales expériences.
               
                                                                       par zakaria rahioui