Méthodes d'arrêt du tabac

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Arrêt franc[modifier | modifier le wikicode]

La méthode classique consiste à éteindre sa dernière cigarette et à avoir suffisamment de volonté pour ne pas allumer une suivante. C'est la voie choisie avec succès par plus de 90 % des anciens fumeurs.

Les fumeurs qui utilisent cette méthode acceptent en général de passer quelques semaines difficiles, pour ensuite constater qu'ils ont de moins en moins souvent envie de fumer. Les effets du sevrage ne durent pas et sont bénins (hors terrain pathologique avéré).

Les détracteurs de cette méthode l'accusent de ne jamais faire totalement cesser le désir de fumer : on ne chasse pas un désir par une interdiction. Compte tenu des aléas de la vie, il est probable qu'un jour ce désir se réactivera et induira la récidive.

Ce désir peut se formuler ainsi : « si je fume, je vais éprouver du plaisir ». En réalité, on peut réaliser qu'il n'y a en fait pas de plaisir à fumer, c'est une illusion créée par la dépendance. Fumer se limite à soulager temporairement un manque, une souffrance : soulager un déplaisir est différent d'un plaisir.

Prise en charge médicalisée[modifier | modifier le wikicode]

Une prise en charge médicale est recommandée en cas de comorbidité ou risque de complications (hospitalisation, états dépressifs, grossesse, polytoxicomanie, etc.).

Il existe en France près de 540 centres de tabacologie pour cesser de fumer (en 2008), le plus souvent en centre hospitalier. Il convient de prévoir 4 à 6 consultations réparties sur plusieurs mois. La durée nécessaire aux entretiens individuels interdit en pratique la consultation en libéral.

Les médications indiquées ci-après puisent leur efficacité dans l'accompagnement par un professionnel formé à la thérapie de la composante psychologique de la dépendance. Compte tenu de la sensibilisation créée par les effets psychoactifs du tabagisme, une décision irrévocable de cesser définitivement de fumer est un pré-requis.

Les timbres transdermiques (patchs)[modifier | modifier le wikicode]

Les timbres transdermiques sont des palliatifs nicotiniques vendus en pharmacie, éventuellement sur ordonnance. Le dosage est adapté à l'intensité tabagique déclarée.

Un timbre autocollant diffuse progressivement de la nicotine par la peau, ce qui réduit la sensation de manque. La durée de traitement recommandée est de huit semaines, avec diminution progressive des doses.

Efficacité à 12 mois : 16 à 18 % d'après le New-England Journal of Medicine (mars 1999). D'autres études ont montré leur peu d'utilité à long terme (Yudkin, BMJ, 2003, 327:28-29)

Les gommes à mâcher[modifier | modifier le wikicode]

Les gommes à mâcher sont une autre galénique des palliatifs nicotiniques vendus en pharmacie, devant le comptoir parfois. Le dosage est adapté à l'intensité tabagique déclarée.

La gomme diffuse progressivement de la nicotine par la muqueuse buccale, ce qui réduit la sensation de manque.

La durée d'usage est au maximum de 6 mois. Il existe un réel risque de dépendance en cas d'usage prolongé. L'argument selon lequel l'usage de gommes de nicotine permet un arrêt progressif du tabagisme n'est pas scientifiquement prouvé.

Efficacité en sus de l'effet placebo (gommes sans nicotine) sur le taux d'abstinence à 12 mois : + 6% environ.

Il existe aussi des tablettes que l'on suce lentement et qui produisent le même effet.

Le Bupropion (amphébutamone)[modifier | modifier le wikicode]

Ce médicament amphétaminique est évalué à 15% de sevrage confirmé à 12 mois à compter du début du traitement (source Pfizer). Il est délivré sur ordonnance et nécessite un suivi médical strict car il entraîne souvent des effets secondaires et présente quelques contre-indications.

Autres traitements pharmacologiques[modifier | modifier le wikicode]

La nouvelle molécule développée par les laboratoires Pfizer, la varénicline, a la particularité de cibler les mêmes récepteurs que la nicotine. Elle est commercialisée en France sous la marque Champix°. Le taux de succès à 12 mois de l'évaluation sur des fumeurs sans complications pathologiques ou psychiatriques, avec un accompagnement psychologique régulier et intensif (dont 10 min hebdomadaires avec un tabacologue pendant les 3 premiers mois) est de 22,9% (par comparaison le placebo atteint 10%).

De nombreuses autres molécules pour l'aide au sevrage sont en cours de développement par l'industrie du médicament, ainsi qu'un vaccin.

Aides à l'arrêt non validées par la science médicale[modifier | modifier le wikicode]

Si fumer fait croître le risque d'une pathologie, il s'agit d'un comportement et non d'une maladie. Dans leur immense majorité, les fumeurs, notamment les jeunes, ne sont pas des 'malades'. Il est illégitime que la médecine revendique d'être la science ad hoc pour l'aide la cessation du tabagisme :

  1. son discours culpabilisant n'est pas audible par le fumeur dépendant, quand bien même il serait parfaitement compris et accepté par les non fumeurs (cf. Société contre fumeur, J-M. Falomir-Pichastor, PUG, 2004) ;
  2. les stratégies médicamenteuses se sont révélées peu probantes (10 à 25% de taux de sevrage à un an du début du traitement) ; c'est l'accompagnement par le professionnel de santé qui contribue le plus au succès (Source : revue Prescrire 2006, Idées-Forces Sevrage tabagique ; 26, 274, p. 528-533).

Ceci explique la pertinence d'alternatives à la prise en charge médicale. Échappant aux méthodes de la biomédecine, elles ne sauraient être validables suivant les modes d'observation et de preuve de celle-ci (comparaison contrôlée à un placebo par ex.). Cela n'empêche pas qu'elles puissent donner de meilleurs résultats sur le terrain avec des taux de sevrage à un an pouvant dépasser 50% (Source : benchmarking ISSBA 2005).

L'hypnothérapie[modifier | modifier le wikicode]

L'hypnose agit en réduisant l'envie de fumer, en augmentant la désir d'arrêter ou en renforçant les ressources inconscientes visant à l'arrêt du tabac.

La méthode la plus courante est celle du psychiatre américain Herbert Spiegel, qui comporte trois suggestions essentielles :

1) la fumée est un poison 2) le corps mérite d'être protégé de la fumée 3) il est possible et agréable de vivre sans fumée

Ce type de suggestion n'implique pas un rapport hiérarchique au thérapeute car le client est invité à participer à sa propre thérapie et à apprendre l'auto-hypnose. Une ou deux séances suffisent généralement.

L'hypnose (médicale ou eriksonnienne) ne fait pas partie des pratiques médicalement validées mais il n'a pas été non plus démontré qu'elle n'était pas efficace... En pratique la plupart des intervenants en tabagisme ont recours à une forme ou une autre de suggestion vers l'inconscient du fumeur.

L'homéopathie[modifier | modifier le wikicode]

L'acupuncture[modifier | modifier le wikicode]

L'auriculothérapie[modifier | modifier le wikicode]

L'auriculothérapie consiste en la pose d'aiguilles, d'un fil de nylon ou d'une agrafe pour 3 semaines en des points précis de l'oreille.

Les approches psychocognitives[modifier | modifier le wikicode]

Formations psychocognitives[modifier | modifier le wikicode]

Redevenir Non Fumeur relève d'un apprentissage, notamment de la capacité à faire face à une envie de fumer qui peut survenir des semestres ou des années après l'arrêt total de la consommation. Les Sciences de l'Éducation offrent un champ d'interventions psychocognitives, agissant d'une part sur la compréhension de l'addiction au tabagisme et d'autre part sur les motivations et les désirs.

Les palliatifs pharmacologiques de confort, qui atténuent la sensation de manque, sont pour cela contre-indiqués : l'entraînement à faire face est réduit. Dépassant couramment 50% de probabilité de succès à 12 mois (et ceci sans aucun palliatif nicotinique), ces formations sont appréciées dans le cadre d'actions collectives en entreprise.

Méthode Allen Carr[modifier | modifier le wikicode]

La méthode Allen Carr, du nom de son auteur anglais, repose sur la compréhension des mécanismes mentaux de la dépendance psychologique au tabagisme.

À la lecture de ses ouvrages qui sont de vrais succès de librairie, le fumeur peut réaliser la contradiction insoluble entre son désir de continuer à fumer et son souhait de s'affranchir de ce qui est devenu une dépendance. Il s'ensuit une sorte de révélation qui fait perdre sens et plaisir à continuer de fumer et permet un arrêt immédiat du comportement addictif.

Une fois la dépendance psychologique appréhendée, la dépendance physique (syndrome de manque) ainsi que la dépendance comportementale (habitudes) ne font pas obstacle à l'abstinence durable selon cet auteur. Allen Carr est auteur de plusieurs livres sur le sujet (références ci-après)

Autoformation[modifier | modifier le wikicode]

Les ouvrages d'auteurs ayant arrêté de fumer et expliquant comment cesser la cigarette les plus vendus sont :

  • La Fume (R. Molimard, De Borée, 2011),
  • Libérez-vous du tabac (B. Comby, J'ai Lu, 2004)
  • La méthode simple pour en finir avec la cigarette (A. Carr, Ed. Pocket Evolution)

Thérapies comportementales et cognitives (TCC)[modifier | modifier le wikicode]

Ces thérapies présentent l'avantage de permettre une validation scientifique objective. Elles donnent de bons résultats, associées ou non avec un traitement médicamenteux. L'emphase en France étant mise sur l'approche médicale en centre de tabacologie spécialisé, les TCC restent peu pratiquées pour le sevrage tabagique.

Autres approches[modifier | modifier le wikicode]

Assistance téléphonique[modifier | modifier le wikicode]

Les centres d'assistance téléphonique n'ont pas donné lieu en France à une évaluation médicale rigoureuse. Leur utilité en France est sujette à caution, notamment pour le remplacement d'un véritable accompagnement personnalisé par un professionnel de santé formé. Ces services - d'un faible rapport utilité/coût - ne sont que peu utilisés en pratique.

Coaching interactif[modifier | modifier le wikicode]

Le site de Tabac Info Service propose un 'coaching interactif' à l'efficacité inconnue.

Cigarettes sans tabac[modifier | modifier le wikicode]

Les cigarettes sans tabac sont composées de plantes à fumer (tussilage, noisetier, sauge, etc.). Elles dégagent une odeur mal acceptée par les fumeurs voisins.

Leur principal intérêt est de permettre une association avec d'autres produits à fumer en évitant de rechuter à cause d'une absorption même minime de nicotine. A défaut de faciliter l'arrêt, elles préviennent la rechute, notamment lors d'épisodes festifs.

Ce n'est toutefois pas une méthode d'arrêt du tabac car il y a maintien du geste et de l'automatisme. De plus les papiers contiennent eux-mêmes des toxiques et ne sont pas anodins. Leur vente en officine de pharmacie en France a été interdite en octobre 2006 : elles sont en vente dorénavant dans les bureaux de tabac.

Trucs et astuces pour passer une envie[modifier | modifier le wikicode]

  • Croquer une pomme (très efficace, notamment quand on a été gros fumeur)
  • Passer quelques instants ses avant-bras sous l'eau bien froide (très efficace)
  • Boire un grand verre d'eau
  • Se brosser les dents
  • Regarder une photo de poumons de fumeur (radical)
  • Se rappeler de la dernière fois que l'on a monté des escaliers...
  • Prendre trois profondes inspirations

Par contre tous les produits stimulant le cerveau comme le café, l'alcool, les cachous, la gomme à mâcher, ne feront qu'entretenir l'envie : ce n'est pas la solution...

Conséquences de la cessation du tabagisme[modifier | modifier le wikicode]

De nombreux effets sont rencontrés par les fumeurs qui arrêtent de fumer. L'un d'eux souvent rencontré est celui de retrouver une meilleure sensation du goût et des odeurs (nourriture, plantes, odeurs de la vie quotidienne) qui étaient inhibées par l'odeur du tabac et l'utilisation des voies respiratoires et de la bouche pour fumer.

La cessation du tabagisme implique également un sentiment de bien-être. Ce sentiment se traduit par une meilleur forme physique et une diminution de la paresse. En effet, vous pourrez monter des escaliers sans être essoufflés, et ce premier gain de performance vous entraînera sûrement sur les voies d'une reprise d'activité sportive et de satisfaction personnelle.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Revue Prescrire n°274 Juillet-Août 2006 (p. 528-532) Idées-Forces Sevrage tabagique

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

arrêt du tabac[modifier | modifier le wikicode]