Plantes messicoles de l'Avesnois/Plantes messicoles disparues/Agrostemma githago L.
Nielle des blés | ||
---|---|---|
Agrostemma githago | ||
Classification classique | ||
Règne | Plantae | |
Sous-règne | Tracheobionta | |
Division | Magnoliophyta | |
Classe | Magnoliopsida | |
Sous-classe | Caryophyllidae | |
Ordre | Caryophyllales | |
Famille | Caryophyllaceae | |
Genre | Agrostemma | |
Nom binominal | ||
Agrostemma githago L., 1753 | ||
Classification phylogénétique | ||
Ordre | Caryophyllales | |
Famille | Caryophyllaceae |
Nielle ou
Nielle des blés ou
Nielle des champs
- Annual Knawel,
- common corncockle,
- corncockle,
- corn cockle,
- corn pink,
- githage,
- zizanie pour les anglophones ;
- bolderek pour les Néerlandophones.
Famille des Caryophyllacées
Description
[modifier | modifier le wikicode]La nielle des blés (Agrostemma githago) est une plante commensale associée aux céréales.
- Plante plantes herbacées annuelles mesurant de 30 cm à un mètre de hauteur[1]. Une grande partie de la plante est couverte de poils gris et soyeux, plus denses sur les feuilles et encore plus sur les parties florales ;
- La tige, à port dressé, peut se ramifier dans sa partie supérieure ;
- Les feuilles sont sessiles et de forme linéaire ou étroitement lancéolée[1]. Chaque feuille présente une nervure médiane plus visible que les autres, et mesure de 40 à 130 mm de longueur pour seulement 5 à 10 mm de largeur[2]. ;
- Inflorescences : La floraison a lieu entre juin et août, la fructification entre juillet et septembre, selon la localisation et les conditions climatiques.
L'inflorescence est une cyme bipare. Les fleurs pédonculées, généralement pourpres mais parfois blanches (Cf. illustration), mesurent environ 3 cm de diamètre[1]. Le calice, qui forme à la base un tube renflé, mesure de 3 à 7 cm de longueur totale[1]. Le tube de 1,2 à 1,5 cm de longueur[2] est prolongé par cinq longs sépales foliacés libres, plus longs que les pétales. La corolle est constituée de cinq pétales libres de 1,4 à 1,8 cm de longueur[2]. Ces pétales, émarginés au sommet, peuvent être entièrement blancs, mais le plus souvent, leur onglet est blanc rosé et leur lame d’un rose pourpré devenant plus intense sur le limbe. Quelle que soit la couleur du pétale, ses cinq nervures sont localement sombres, ce qui forme des stries longitudinales plus ou moins visibles et continues. La pollinisation est entomophile. - Fruits : capsule de forme ovoïde, de 1,2 à 1,8 cm de long[2]. Les graines grises à noires mesurent de 2,2 à 3,0 de largeur pour 2,9 à 3,5 mm de longueur[1]. Réniformes, elles sont couvertes de tubercules pointus.
Écologie
[modifier | modifier le wikicode]- Habitat / Biotope:
Elle pousse dans les champs de céréales, ainsi que dans les prés et sur les bords de route, en compagnie de graminées. Elle est une des plantes citées par Natura 2000 comme commensales caractéristiques de cultures extensives, notamment de céréales[3]. - Phytosociologie :
(à compléter) - Distribution :
Elle est originaire d'Europe, d'Asie tempérée et d'Afrique du Nord. Après une dissémination par hémérochorie, son aire de répartition est devenue cosmopolite ; elle a en effet été introduite sur tous les continents du globe, notamment en Amérique du Nord et du Sud, dans la partie sud de l'Afrique, en Australie. On la trouve aujourd'hui même dans certaines îles du Pacifique comme la Nouvelle-Zélande[4]. - Biologie :
Cette plante est une annuelle, thérophyte (survivant à l'hiver sous forme de graines) commensale des cultures sur sols plutôt calcaires. L'espèce est entomogame et fournit pollen et nectar à de nombreux insectes pollinisateurs dont papillons. Sa présence peut donc favoriser la pollinisation d'autres espèces.
Aspects historiques
[modifier | modifier le wikicode]Cette plante a probablement autrefois servi à la fabrication de couronnes de fleurs (dites « chapels » ou « chapelets », faites de fleurs sauvages (ou cultivées), traditionnellement fabriqués au Moyen Âge par des « Herbiers » aussi appelés « chapeliers de fleurs »[5]. (à compléter)
Étymologie
[modifier | modifier le wikicode]- Nielle pourrait venir du bas-latin Nigella, qui signifie noire (Cf. couleur sombre de la graine)
- Agrostemma vient du grec « αγρος », le champ, et στεμμα, la couronne. Ce nom pourrait être en rapport avec la tradition médiévale de fabrication de chapeau ou couronnes de fleurs.
- githago pourrait provenir de l'hébreu « khitah » qui désignerait le froment.
Remarque : La nielle est aussi le nom d'une maladie des céréales, produite par une anguillule qui fait avorter les fleurs[6].
Génétique
[modifier | modifier le wikicode]La nielle des blés possède 2n = 48 chromosomes.
Statuts et conservation
[modifier | modifier le wikicode]Cette espèce, comme toutes les messicoles est en régression à cause d'une intensification de l'agriculture (utilisation de désherbants et engrais de synthèse).
Elle semble avoir totalement disparue de l'Avesnois et figure sur la liste nationale des taxons messicoles comme espèce encore abondante au moins pour certaines régions.
La nielle des champs n'est pas protégée en France, ni en Belgique.
Propriétés et usages
[modifier | modifier le wikicode]Comme de nombreuses messicoles, les fleurs de cette espèce ont pu autrefois être utilisées pour la fabrication de couronnes de fleurs.
Certaines variétés sont encore cultivées comme plante ornementale dans les jardins[4] ou pour faire des bouquets.
(à compléter)
Toxicité surévaluée
[modifier | modifier le wikicode]De nombreuses plantes produisent des substances amères ou toxiques pour se protéger de leurs prédateurs ou parasites.
On a longtemps affirmé que la nielle, plante messicole autrefois très présentes dans les céréales) était source d'empoisonnement du pain en raison de la toxicité de ses graines.
Les graines crues contiennent effectivement des phytotoxines (saponines, qui sont des terpènes cycliques combinant un sucre et un stéroïde. Ces molécules au goût amer et généralement piscicides (c’est-à-dire toxiques pour des poissons) sont également dangereuses pour certains animaux et pour l'homme si elles sont mangées en quantité suffisantes[4]Les feuilles et la tige en contiennent aussi[2].
Cependant, ces semences ne peuvent gâter le pain ni empoisonner la farine de blé, de seigle ou d'orge, car les saponines sont rapidement détruites par la cuisson (on en trouve aussi des quantités significatives dans le soja, les petits pois, les épinards, le plant de tomates, les pommes de terre, l'ail et le quinoa qui ne posent aucun problème de toxicité une fois cuits); C'est probablement un champignon, l'ergot de seigle (Claviceps purpurea) qui était responsable de l'empoisonnement du pain attribué aux nielles, mais cette mauvaise réputation a largement contribué à l'éradication de la plante[7].
Pharmacochimie
[modifier | modifier le wikicode]Trois protéines inactivant les ribosomes (similaires à d'autres déjà identifiées dans les années 1970-1980[8]) ont été trouvées dans la graine de Nielle des blés (deux autres protéines de ce type ont été trouvées au même moment chez Saponaria officinalis et trois dans les graines d'Asparagus officinalis et une dans le latex de crepitans Hura, avec des taux variant de 8 à 400 mg/100 g de matière végétale initiale). Toutes ces protéines ont une masse moléculaire d'environ 30000 et un point isoélectrique alcalin. Leur teneur en sucre varie de 0 (protéines de S. officinalis) à 40% (protéine de H. crepitans).
Expérimentalement, introduits dans des cellules de lapin, ces protéines inactivent les ribosomes en inhibant la synthèse des protéines par lyse de réticulocytes, le DI50 (concentration donnant 50% d'inhibition) va de 1 ng/ml (pour une protéine de S. officinalis) à 18 ng/ l (pour une protéine de A. githago). Les protéines de S. officinalis et de A. githago testées ont aussi inhibé la polymérisation de la phénylalanine par les ribosomes isolés, agissant d'une manière apparemment catalytique.
Ces protéines ont des propriétés anti-virales (en empêchant la réplication des virus par les cellules)[9],[10] ; Celles extraites de S. officinalis et A. githago se montrent capables de réduire le nombre de lésions locales induites par le virus de la mosaïque du tabac dans les feuilles de tabac[11].
Espèces proches, confusions possibles
[modifier | modifier le wikicode](à compléter)
Synonymie :
[modifier | modifier le wikicode]Cette espèce a été scientifiquement décrite pour la première fois par Carl von Linné en 1753, dans le volume 1 de son Species plantarum[12]. Le naturaliste italien Giovanni Antonio Scopoli en 1771 la décrit sous le nom Lychnis githago[13], mais cette appellation, considérée comme synonyme, n'a pas été retenue. (à compléter)
Photos & illustrations
[modifier | modifier le wikicode](à compléter)
Toxicité
[modifier | modifier le wikicode]Cette plante messicole (adventice des céréales) était redoutée à cause de la toxicité de ses graines. En effet, ces dernières contiennent des saponines qui sont toxiques pour les animaux (notamment le bétail et les oiseaux) comme pour l'humain[4]. Mais en fait, les feuilles et la tige sont elles aussi toxiques[2].
La nielle des blés et l'homme
[modifier | modifier le wikicode]Cette espèce a été disséminée sur tous les continents du globe par l'homme, probablement le plus souvent accidentellement, dans des lots de semences de céréales « contaminés » par les graines de nielle (phénomène dit d'hémérochorie).
Mais du fait des techniques agricoles modernes (tri mécanique des grains, herbicides spécifiques) qui ont permis son élimination progressive dans les champs cultivés de nombreux pays, elle est de plus en plus rare aujourd'hui[4].
Pour en savoir plus
[modifier | modifier le wikicode]
Voir aussi
[modifier | modifier le wikicode]Liens externes
[modifier | modifier le wikicode](à compléter)
Bibliographie
[modifier | modifier le wikicode]- français (à compléter)
Références
[modifier | modifier le wikicode]Références taxonomiques
[modifier | modifier le wikicode]- Agrostemma githago (belles_fleurs_de_france)
- Agrostemma githago (Flora of North America)
- Agrostemma githago (Flora of China)
- Agrostemma githago (Flora of Missouri)
- Agrostemma githago (Catalogue of Life )
- Agrostemma githago L., 1753 (Tela Botanica)
- Agrostemma githago L. (ITIS)
- Agrostemma githago
- Agrostemma githago L. (GRIN)
- Agrostemma githago (arkive.org)
- Agrostemma githago (Cabane de Tellus)
Notes et références autres que taxonomiques
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 français HYPPA ; Unité de Malherbologie & Agronomie INRA-Dijon, « Agrostemma githago L. », sur http://www2.dijon.inra.fr, INRA (consulté le 11 décembre 2011)
- ↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 anglais Flora of China, vol.6, page 100, « Agrostemma githago Linnaeus », sur http://www.efloras.org, eFloras (consulté le 12 décembre 2011)
- ↑ français Corine Biotope, « 82 : Cultures ; voir 82.3 : Cultures extensives », sur http://in2000.kaliop.net, Natura 2000 (consulté le 12 décembre 2011)
- ↑ 4,0 4,1 4,2 4,3 et 4,4 anglais Flora of North America, vol.5, « Agrostemma githago Linnaeus », sur http://www.efloras.org, eFloras (consulté le 12 décembre 2011)
- ↑ Dictionnaire encyclopédique de Philippe Le Bas, page 499 et 500
- ↑ Source Article Nielle du dictionnaire Larousse, consulté 2012-02-26
- ↑ Les Caryophyllacées (la Cabane de Tellus), consulté 2012-02-26
- ↑ Barbieri L, Aron GM, Irvin JD, Stirpe F. Purification and partial characterization of another form of the antiviral protein from the seeds of Phytolacca americana L. (pokeweed). Biochem J. 1982 Apr 1;203(1):55–59
- ↑ Foà-Tomasi L, Campadelli-Fiume G, Barbieri L, Stirpe F. Effect of ribosome-inactivating proteins on virus-infected cells. Inhibition of virus multiplication and of protein synthesis. Arch Virol. 1982;71(4):323–332.
- ↑ Aron GM, Irvin JD. Inhibition of herpes simplex virus multiplication by the pokeweed antiviral protein. Antimicrob Agents Chemother. 1980 Jun;17(6):1032–1033 (Résumé)
- ↑ F Stirpe, A Gasperi-Campani, L Barbieri, A Falasca, A Abbondanza, and W A Stevens, Ribosome-inactivating proteins from the seeds of Saponaria officinalis L. (soapwort), of Agrostemma githago L. (corn cockle) and of Asparagus officinalis L. (asparagus), and from the latex of Hura crepitans L. (sandbox tree) ; Biochem J. 1983 December 15; 216(3): 617–625. ; PMCID: PMC1152554
- ↑ (la) Carl von Linne, Species plantarum, vol. 1, Impensis Laurentii Salvii, , 560 p. (lire en ligne), p. 435
- ↑ (la) Ioannis Antonii Scopoli, Flora Carniolica : exhibens plantas Carnioliæ indigenas, , 2e éd., 448 p. (lire en ligne), p. 310-311