Aller au contenu

Rivière Péribonka

Un livre de Wikilivres.
Kayaks sur la rivière Péribonka

En date du 23 janvier 2021 le projet d’aire protégée de la rivière Péribonka n'a pas été accepté par le gouvernement de François Legault. Il faut continuer les pressions.


Projet d’aire protégée de la rivière Péribonka

Par Ève Tremblay, porte-parole du Comité de Sauvegarde de la rivière Péribonka (CSRP), 15 décembre 2020


Rivière Péribonka

Fréquentée depuis cinq millénaires par les autochtones, la rivière Péribonka « rivière qui creuse dans le sable » en langue innue, coule sur 547 kilomètres depuis sa source dans les monts Otish jusqu’à son embouchure dans le lac St-Jean. Maintes fois exploitée par l’industrie au cours du XXe siècle, elle a été harnachée à quatre reprises et ses rives ont subi des coupes à blanc sur une partie de son parcours. Elle a de plus enduré les affres du flottage du bois jusqu’en 1996.

Expédition en canot sur la rivière Péribonka

Malgré les nombreux avatars subis, il demeure un segment de 80 kilomètres de long entre l’embouchure du lac Tchitogama et l’embouchure de la rivière Manouane qui demeure à peu près intact. C’est ce segment de la rivière Péribonka incluant son couloir visuel qui est visé par un important projet d’aire protégée (réserve de biodiversité). Ce segment de la rivière Péribonka se caractérise par de hautes falaises s’élevant jusqu’à 600 mètres faisant de la vallée un véritable fjord. Les paysages y sont spectaculaires et offrent sur plusieurs dizaines de kilomètres un panorama à couper le souffle. La beauté des paysages est rehaussée par la présence de forêts matures et de vieilles forêts qui lui donnent son caractère naturel et sauvage. La rivière Péribonka constitue un des plus beaux joyaux du patrimoine des grandes rivières du Québec.

Vue de la vallée de la rivière Péribonka du haut de la Montagne de la Tour en été

En plus de ses paysages incomparables, le territoire visé par le projet d’aire protégée présente une biodiversité d’une grande richesse, des écosystèmes forestiers exceptionnels, des espèces à la limite de leur aire de distribution naturelle, des espèces vulnérables et des espèces rares.

Vue de la vallée de la rivière Péribonka du haut de la Montagne de la Tour en hiver

C’est ainsi que l’on y retrouve des concentrations de bouleaux jaunes les plus nordiques du Québec et parmi eux, le plus gros bouleau jaune répertorié dans l’Est de l’Amérique du Nord dont l’âge vénérable est estimé à plus de 350 ans.

Secteur des îles de la rivière Péribonka

Sur la rive Est sur une longueur de 25 kilomètres, se trouve une forêt de pin blanc parmi les plus nordiques au Québec. Les forêts de la rivière Péribonka abritent de plus, deux espèces fauniques déclarées vulnérables, le caribou des bois et le pygargue à tête blanche et une espèce susceptible d’être désignée vulnérable, le campagnol des rochers. Elles recèlent aussi plusieurs espèces d’oiseaux désignés prioritaires pour la conservation et des espèces de poissons à la limite de leur aire de distribution naturelle.

Embouchure de la rivière Tarant, affluent de la rivière Péribonka

Rivière au cours tranquille, ses nombreuses plages de sable fin, ses nombreuses îles, ses chutes, ses palissades, ses forêts rares et sa beauté sauvage en font autant de points d’intérêt pour les amateurs de grande nature. L’immensité du territoire, sa situation géographique à proximité du territoire habité, la qualité exceptionnelle de son environnement naturel et son caractère sauvage unique en font un territoire fabuleux pour le développement du tourisme d’aventure et de l’écotourisme de calibre international dont la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean a fait son créneau d’excellence.

Kayaks, entrée des Palissades de la rivière Péribonka

La rivière Péribonka représente une valeur importante pour les citoyens de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui se sont massivement prononcés en faveur de la préservation du couloir visuel de la rivière lors de coupes forestières dévastatrices survenues en 2010. Une pétition de 5,260 signatures a été déposée à l’Assemblée Nationale du Québec le 25 mai 2010 pour réclamer un statut de protection. Conscient de la richesse collective que représente ce magnifique cours d’eau, le milieu régional a clairement exprimé son désir pour que l’intégrité de son territoire soit respectée et que sa nouvelle vocation touristique soit reconnue.

Panorama des Palissades de la rivière Péribonka

En juin 2011 dans le cadre de l’acquisition de la certification FSC de deux entreprises forestières, la rivière Péribonka a été désignée sur 80 kilomètres Forêt à Haute Valeur de Conservation (FHVC). Plusieurs autres secteurs d’intérêt écologique ont été identifiés par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et bénéficient d’une certaine protection administrative dont quatre secteurs d’intérêt faunique, neuf refuges biologiques, et quatre écosystèmes forestiers exceptionnels. Mais pour la plupart, ces zones de protection sont parcellaires, de dimension très réduite et précaires. De plus, il y a une dizaine d’années, un important bloc de protection du caribou des bois avait été établi par le MFFP dans la partie nord du territoire visé par le projet d’aire protégé. C’est ce bloc de protection qui est aujourd’hui menacé.

Camping sauvage au bord de la rivière Péribonka

En 2017, convaincu de la pertinence du projet qui avait reçu de nombreux appuis des organismes environnementaux, de l’industrie touristique ainsi que des citoyens, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques élaborait un projet concret d’aire protégée de 268 km² dans le couloir visuel de la rivière Péribonka. En février 2018, le MELCC présentait ce projet au ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles qui reconnaissant la pertinence de celui-ci, donnait son accord pour sa réalisation. Parallèlement, le projet fut soumis au MFFP qui en date d’aujourd’hui, n’a encore donné aucune réponse enrayant ainsi le processus de mise en place de cette nouvelle aire protégée. C’est d’autant plus incompréhensible que les impacts négatifs sur la possibilité forestière sont négligeables en raison de la topographie escarpée du couloir visuel et des nombreuses zones déjà sous protection administrative.

Le pied du gros bouleau jaune de 350 ans (Betula alleghaniensis, Swamp birch)

La municipalité de Lamarche avec le support de Tourisme Alma-Lac St-Jean et de la MRC Lac St-Jean Est travaille depuis deux ans à l’élaboration d’une stratégie de développement touristique de la rivière Péribonka axée sur les tendances porteuses que sont l’écotourisme et l’aventure douce. Mais il ne saurait y avoir de projet axé sur la mise en valeur d’une nature exceptionnelle sans mesures de protection adéquates de la ressource qui soutient le projet, c’est-à-dire l’attribution d’un statut légal et permanent qui puisse garantir la pérennité de son environnement naturel et qui lui donne le gage de qualité requise pour se démarquer au niveau international. Tourisme Alma Lac-St-Jean compte énormément sur ce projet pour asseoir son positionnement sur la scène du tourisme international. Ce projet prometteur peut sans conteste contribuer à la diversification économique d’une région qui en a grandement besoin en plus de contribuer à l’atteinte de la cible de 17% visée par le gouvernement dans une région qui affiche de graves carences en aires protégées.

Le plus gros bouleau jaune d'Amérique (Betula alleghaniensis, Swamp birch)
Camp du 6000 de la rivière Péribonka