« États généraux du multilinguisme dans les outre-mer/Déclaration de Cayenne » : différence entre les versions

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Principes généraux

Les langues ne sont pas seulement des instruments de communication, mais sont aussi l’expression de savoirs et de cultures ; elles ne sont pas interchangeables et portent un point de vue sur le monde qui leur est propre.

Toutes les langues sont d’égale dignité et toutes sont en mesure d’exprimer la complexité du monde : il n’existe aucun argument scientifique valide pour hiérarchiser les langues du point de vue de leur valeur intrinsèque.

L’affirmation des particularités linguistiques d’un territoire est un facteur d’attractivité, dès lors qu’elle s’accompagne d’une ouverture aux grands courants de la communication internationale.

Apprendre une langue n’implique aucunement d’en « désapprendre » une autre ; des compétences linguistiques en plusieurs langues peuvent coexister chez un même individu. En apprenant à construire le sens dans une langue première, on peut apprendre à construire le sens dans une langue seconde.

Or, dans les territoires ultramarins, la langue française n’est pas la langue maternelle de la majorité des citoyens, mais le plus souvent une langue acquise dans la vie sociale et par l’école au terme d’un processus d’apprentissage ;

Et les habitants de ces territoires sont appelés, dans la plupart des cas, à construire leur vie professionnelle et à exercer des droits de citoyen en français, langue de la République, langue du lien entre toutes les communautés linguistiques françaises ;

Les compétences linguistiques des locuteurs dans leurs langues premières n’en sont pas moins constitutives de leur identité et, à ce titre, doivent être prises en compte dans tous les secteurs de la vie sociale.

La diversité des langues parlées dans les territoires ultramarins constitue un patrimoine d’une richesse exceptionnelle et une réalité vivante, une cinquantaine de langues étant reconnues comme « langues de France » dans les départements et collectivités d’outre-mer ;

Les langues et les cultures ultramarines sont porteuses de valeurs et de savoirs, et sont en mesure d’apporter des réponses aux questions de la société contemporaine ;

Aussi le patrimoine constitué par les langues de l’outre-mer doit-il être mis en valeur, afin de permettre l’expression des langues autochtones et garantir leur transmission.

L’évolution accélérée des technologies de l’information et de la communication peut être mise à profit pour favoriser l’utilisation, la modernisation, la diffusion et la transmission de ces langues.

Le cadre législatif et réglementaire offre des possibilités qu’il revient non seulement aux administrations de l’État et aux collectivités territoriales, mais aussi aux citoyens eux-mêmes, d’exploiter ;

Ces possibilités concernent l’usage des langues de l’outre-mer dans l’espace public, leur « équipement » et leur enseignement, les pratiques culturelles et leur place dans les médias.

Objectifs poursuivis

C’est pourquoi les participants aux États généraux du multilinguisme dans les outre-mer, réunis à Cayenne du 14 au 18 décembre 2011, appellent de leurs vœux la mise en œuvre d’une politique des langues qui permette :

  • D’organiser la coexistence du français et des langues de l’outre-mer sur un même territoire, et de concilier la nécessaire maîtrise du français et la non moins nécessaire prise en compte des langues parlées sur les territoires ;
  • De contribuer ainsi, par des mesures de prévention et de remédiation, directement ou indirectement, à la lutte contre l’illettrisme.

Ils souhaitent l’instauration à cet effet d’un dialogue entre l’État et les collectivités territoriales, selon un principe de responsabilité partagée, visant notamment à mettre en place une offre linguistique, de nature à répondre à l’attente des populations et à valoriser leurs ressources culturelles.

Cayenne, le 16 décembre 2011

Présentation des principales recommandations