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Photographie/Thèmes/La nature/Les papillons

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Généralités

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Souvent spectaculaires, parfois farouches, jamais dangereux, les papillons constituent des sujets de choix pour les amateurs de photos de nature. On en a décrit environ 150 000 espèces de par le monde, mais beaucoup sont en forte régression à la suite de la destruction de leur biotope et à cause des pesticides utilisés de façon massive par l'agriculture dite « moderne ».

Il est vrai que les espèces de lépidoptères « intéressantes » pour l'économie sont peu nombreuses, la plus connue étant le ver à soie, autrement dit le Bombyx du murier. En revanche quelques unes peuvent être considérées comme nuisibles aux cultures, à la production fruitière, aux forêts, etc. En Europe, les papillons de jour, ou rhopalocères, ne comptent guère plus de 400 espèces pour la plupart relativement faciles à déterminer ; en revanche, les papillons de nuit, ou hétérocères, sont beaucoup plus nombreux, plusieurs milliers d'espèces, souvent moins spectaculaires, et leur étude est d'autant plus difficile qu'il n'existe aucun ouvrage exhaustif à leur sujet en librairie.

Quelques éléments de biologie

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Les lépidoptères (Lepidoptera) constituent un ordre d’insectes dont la forme adulte est communément appelée « papillon ». À ce stade, ils sont caractérisés par trois paires de pattes, comme tous les insectes et à quelques exceptions près deux paires d’ailes recouvertes d’écailles de couleurs très variables selon les espèces (les femelles de quelques rares espèces sont aptères).

Le cycle de vie des lépidoptères comporte quatre étapes : l'œuf, la larve ou chenille, la chrysalide et enfin l'insecte parfait ou imago. Les chenilles et parfois les chrysalides peuvent constituer de bons sujets pour les photographes.

Certaines espèces sont extrêmement spécialisées. Par exemple, Maculinea alcon, le rare (et protégé) « Azuré des mouillères » a un cycle de vie très curieux. Les femelles fécondées déposent leurs œufs sur l'extérieur des corolles d'une plante elle-même rare, la Gentiane pneumonanthe, qui ne pousse que dans certaines landes tourbeuses. Les chenilles se nourrissent d'abord dans les fleurs, puis elles se laissent tomber au sol, où elles sont prises en charge par des fourmis du genre Myrmica qui les emportent dans leurs fourmilières et les élèvent comme leurs propres larves. Après avoir été nourries pendant tout l'hiver et le printemps, les chenilles achèvent leur cycle de développement en se transformant en chrysalides, puis en adultes l'été suivant. La disparition des fourmis ou celle, beaucoup plus probable, des gentianes, signe l'arrêt de mort de la colonie de papillons.

Problèmes photographiques spécifiques

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La photographie des papillons ne relève généralement pas de la macrophotographie mais seulement de la photographie rapprochée ou proxiphotographie : à moins que l'on ne s'intéresse aux microlépidoptères, il est en effet peu probable que l'image du papillon qui se formera sur la surface sensible, film ou capteur, soit plus grande que le papillon lui-même.

Selon les espèces, l'approche est plus ou moins difficile. Les Piérides blanches sont particulièrement farouches et leur comportement erratique fait qu'il est très difficile de les photographier correctement. Inversement, les Zygènes sont suffisamment placides, dans la plupart des cas, pour que l'on puisse manipuler la fleur sur laquelle ils sont posés pour obtenir un éclairage mieux orienté. La photographie en vol est pratiquement réservée aux espèces diurnes, peu de photographes la pratiquaient avant l'apparition des prises de vues numériques en raison du coût des pellicules et du taux d'échec particulièrement élevé. Elle est aujourd'hui possible mais les meilleurs résultats sont obtenus par les photographes qui préparent soigneusement leur séance photo.

Certaines espèces diurnes sont rarement photographiées car elles passent leur vie à la cime des arbres, hors de portée et même de vue des photographes. C'est par exemple le cas du Petit Mars changeant (Apatura ilia), un papillon que l'on peut cependant parfois trouver au sol, attiré par des flaques d'eau ou des excréments dans lesquels il trouve les sels minéraux dont il a besoin.

Les papillons de nuit que l'on trouve dans la journée sont presque toujours posés et parfois très bien dissimulés aux regards, ce qui est pour eux un gage de survie. Les ailes antérieures recouvrent alors très souvent les ailes postérieures, de sorte que pour de nombreuses espèces la détermination sur photo devient carrément impossible.

Questions de matériel

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Voici quelques années, il était à peu près impossible de photographier les papillons à l'aide d'un appareil compact argentique en raison d'une distance minimale de mise au point trop importante. La plupart des appareils numériques actuels offrent une position dite abusivement « macro » qui permet de s'approcher très près du sujet, mais attention : cette position correspond généralement à la plus courte focale du zoom, de sorte que l'on risque de se retrouver non pas très près, mais en fait trop près de la bestiole, qui est souvent craintive. Il est donc conseillé aux possesseurs d'appareils numériques compacts ou bridges de regarder ce que donne la position macro quand on l'associe à un réglage sur une focale relativement longue. Ce problème avait été bien résolu à une époque par Minolta : le Minolta Dimâge A1 possédait un excellent objectif avec deux positions macro, l'une sur la plus courte focale et l'autre sur la plus longue (son zoom équivalait à 28-200 mm en 24 x 36). Les appareils reflex présentent évidemment de meilleures possibilités, surtout s'ils sont équipés d'objectifs macro de focale relativement longue.

Le choix d'un objectif dépend avant tout du but à atteindre et des préférences individuelles. Dans le cas où l'on souhaite obtenir des photos « naturalistes », une netteté maximale s'impose, la profondeur de champ doit généralement être très grande, sauf si par chance le papillon se tient dans un plan, car il n'est pas mauvais de montrer en même temps que la bestiole, les éléments de son cadre de vie. Cela suppose que l'on puisse s'approcher suffisamment, ce qui permettra d'utiliser un objectif de focale relativement courte. Au contraire, pour des prises de vues plus « artistiques », un certain degré de flou devient acceptable et les longues focales peuvent donner de très bons résultats.

Certains photographes utilisent en priorité des appareils compacts de haut de gamme, comme le déjà vieux Nikon Coolpix 4500 qui permet de photographier les papillons à quelques centimètres de distance seulement, d'autres montent un objectif macro de focale moyenne ou longue, etc.

Voici quelques décennies, le meilleur rendu photographique des papillons (et de bien d'autres sujets d'ailleurs) imposait l'usage de films de basse sensibilité, seuls capables de fournir des images suffisamment nettes, pratiquement exemptes de grain et restituant les couleurs avec un maximum de fidélité. Le Kodachrome 25 ou le Kodachrome 64 avaient alors les faveurs de beaucoup de photographes naturalistes. Qui dit film peu sensible et diaphragme fermé pour obtenir une profondeur de champ suffisante dit évidemment temps de pose long ou éclairage d'appoint. L'usage d'un pied fait perdre au photographe sa mobilité, et il est loin de résoudre tous les problèmes de flou, car si l'appareil est immobile, le sujet, lui, ne tient souvent pas en place.

Faute de matériel adapté ou financièrement abordable, beaucoup d'amateurs et de professionnels ont donc été amenés à bricoler de nombreux dispositifs permettant d'associer plusieurs flashes à leurs appareils, afin d'obtenir une meilleure lumière que celle émise par un seul flash fixé dans la griffe de l'appareil. Le Macrostand que l'on peut acheter à la boutique Photim de la revue Chasseur d'Images possède deux bras articulés permettant de fixer deux petits flashes de part et d'autre de l'appareil , symétriquement ou non. Il n'est généralement pas nécessaire d'utiliser des flashes très puissants, puisque la mise au point se fait presque toujours à faible distance. D'une façon générale, les papillons réagissent assez peu aux éclairs.

Les appareils numériques récents, surtout les reflex, offrent aujourd'hui des sensibilités qui permettent, dans la plupart des cas, de s'affranchir du flash. Cependant, ils ne résolvent pas la question de la répartition de la lumière. Une solution plus simple et permettant une meilleure mobilité que les montages de flashes est de monter dans la griffe de l'appareil un flash « cobra » unique muni d'une casquette « diffusante », que l'on trouve dans le commerce mais que tout bricoleur est capable de confectionner avec un peu de plastique blanc et de Velcro.

À moins de pouvoir réaliser toute une installation pour des prises de vues spécifiques, la photographie des papillons à l'affût est pratiquement impossible. Tout au plus peut-on repérer dans une prairie les fleurs qui semblent attirer davantage les papillons et se poster à la bonne distance et sous le bon angle, en espérant que les bestioles comprendront que l'intrus qui s'est introduit dans leur milieu ne leur veut pas de mal. C'est loin d'être gagné d'avance, mais cela peut marcher avec certaines espèces particulièrement mobiles comme les Piérides blanches. Dans un jardin, on peut planter un arbuste particulièrement mellifère comme le Buddleia, qui mérite bien son surnom d'« arbre aux papillons ».

La plupart des « chasseurs d'images de papillons » opèrent donc en approchant leurs modèles. Attention au vent, à la direction de la lumière, aux autres éléments du biotope, en particulier aux plantes fragiles qu'il faut éviter de piétiner. L'approche doit se faire bien dans l'axe, très lentement, en évitant tout mouvement latéral brusque. L'expérience montre que les papillons s'envolent moins volontiers si on les approche en étant à genoux ou accroupi, plutôt qu'en se tenant debout. Il n'est jamais très bon de faire de l'ombre au papillon que l'on veut photographier, non seulement pour des raisons esthétiques, mais surtout parce que cela le met facilement en alerte.


Les éclosions

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Il faut beaucoup de chance pour apercevoir un papillon sortant de sa chrysalide si l'on se contente de se promener appareil en main dans la campagne. La plupart de ceux qui photographient des éclosions pratiquent l'élevage des chenilles ou réinstallent en studio des chrysalides trouvées dans la nature, en les remettant exactement dans la position qu'elles occupaient lors de leur "capture". Certaines sont accrochées avec la tête en haut, d'autres en sens inverse, et il ne faut évidemment pas suspendre une chrysalide naturellement enfouie dans le sol.

On peut rappeler ici qu'il est interdit de prélever ou de transporter des spécimens appartenant à des espèces protégées et aucun photographe animalier respectant un minimum d'éthique ne se permettra un tel geste.

Dans la nature, les chrysalides sont protégées de la dessiccation par la condensation, par la pluie ou simplement par l'humidité ambiante, il n'en est pas de même dans l'atmosphère très sèche d'une pièce chauffée. Les spécimens élevés ou capturés seront installés à l'endroit prévu pour les prises de vues et régulièrement humectés par pulvérisation d'eau de pluie.

Le fond choisi pour la prise de vue sera généralement sombre et discret. Sachant que la plupart des chenilles se transforment en chrysalides très près du sol, choisir un fond bleu évoquant le ciel est évidemment une erreur grossière.

Le moment de l'éclosion n'est guère facile à définir. Le processus de transformation du papillon est accéléré par la chaleur, il ne faut donc pas se fier aux dates d'éclosion mentionnées dans les ouvrages de sciences naturelles. Lorsque le papillon qui doit sortir est coloré, la transformation interne se voit à travers la peau de la chrysalide et c'est à partir de ce moment-là qu'il faut commencer à attendre la suite des événements ; cela peut toutefois durer quelques minutes, quelques heures ou quelques jours. Si l'on s'absente pour un moment, il se peut que tout soit terminé lorsque l'on revient... Après l'apparition de la pigmentation, un voile laiteux traduit la présence d'air entre la peau de la chrysalide et le papillon, les choses se précisent. Ensuite la chrysalide s'agite, sa peau se fend, et moins d'une minute plus tard l'imago est sorti de son fourreau. Après cet instant furtif, il est encore possible de suivre le déploiement complet et le séchage des ailes, avant le premier envol.

  • BRICOUX, Francis .- Photographiez les éclosions. In : Chasseur d'Images, n° 17, 10 septembre - 30 octobre 1979, pp. 38-44.
  • DAMPIERRE, Marie et FLEURY, Guy .- Tous à la chasse aux papillons. In : Chasseur d'Images, n° 5, mai-juin 1977, pp. 38-48.
  • HIGGINS, Lionel G. et RILEY, Norman D. .- Guide des papillons d'Europe .- Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1972. (ISBN 2603000381 et 978-2603000380)
  • LAFRANCHIS, Tristan .- Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles .- Mèze, France, éditions Biotope, collection Parthénope, octobre 2000. (ISBN 2-9510379-2-9) [sans doute la meilleure référence actuelle dans le domaine considéré]
  • LALANNE, abbé Jean-Philippe-Auguste .- Manuel entomologique pour la classification des lépidoptères de France, 3e édition, revue et augmentée par J. Rohmer .- Lyon, Périsse Frères, 1840, 400 p. [ou comment décrire les papillons sans pratiquement aucune illustration, mais avec un vocabulaire très précis]
  • PERCEVAL, Tim .- Papillons, somptueux et fragiles [propos recueillis par Raphaëlle Bourguignon]. In : Photofan, n° 11, 5 juillet 2006, pp. 86-93.
  • REICHHOLF-RIEHM, Helgard .- Les papillons .- Paris, Solar, Guide vert poche, 1984. (ISBN 2-263-834-9[à vérifier : ISBN invalide])
  • SIMARD, Ghislain .- « En vol », quand technique rime avec poésie [photos de papillons]. In : Photofan, n° 1, mai 2007, pp. 18-31.
  • THOMAS, Hervé .- Guide des papillons communs de France [photographies d'Arnaud Duprat, Sébastien Labatut, Michel Laguerre, Jean-Jacques MILAN, Nicolas Nys, Hervé Thomas et Laurent Triolet].- Bordeaux, Éditions Sud-Ouest, 2009. (ISBN 978-2-87901-855-3)