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La science de la finance/Comment crée-t-on de l'argent à partir de rien ?

Un livre de Wikilivres.

Il semble que pour avancer des fonds il faille en disposer par avance. Ce serait vrai si toute la monnaie était en or, s'il n'y avait ni billets de banques, ni dépôts sur des comptes bancaires. Mais le système bancaire crée de l'argent à partir de rien, seulement de l'encre et du papier, ou d'une comptabilité informatisée. Il permet ainsi d'avancer des fonds qui n'existaient pas auparavant, qui sont créés à l'instant même où ils sont prêtés. Cela ressemble à de la fausse monnaie, mais c'est pourtant très différent, parce que la monnaie est créée en échange de promesses de remboursement.

L'une des plus anciennes façons de créer de l'argent à partir de rien était le seigneuriage. Le seigneur du royaume exigeait qu'on lui remette en dépôt les pièces existantes, il les faisait ensuite frapper à une valeur différente, plus élevée, et il restituait les dépôts à leur valeur faciale, en encaissant la différence, ce qui lui permettait de rembourser ses dettes ou d'augmenter son trésor.

Les billets de banque et les échanges de reconnaissances de dettes

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Les billets de banque sont d'abord apparus comme des titres de dépôt. On déposait son or à la banque et on recevait en échange un titre de dépôt qu'on pouvait utiliser à la place de l'or pour ses paiements. La simple écriture d'un titre de dépôt ne suffit pas pour créer de la monnaie. La quantité de monnaie en circulation n'augmente pas. L'or qui était en circulation est immobilisé en dépôt et il est remplacé par un titre qui est le seul à circuler. Mais ces titres de dépôt ont joué le rôle de promesses de remboursement au porteur et les banques pouvaient mettre en circulation plus de promesses de remboursement qu'elles n'avaient d'or dans leurs coffres, parce que les promesses de remboursement n'étaient pas toutes exigées en même temps. Elles pouvaient être utilisées comme de l'or et elles étaient faciles à faire circuler. En période normale, elles restaient donc en circulation et leur remboursement n'était pas exigé. Mais s'il y avait une perte de confiance dans la capacité de la banque à rembourser ses billets, tous les porteurs pouvaient se présenter en même temps pour exiger de l'or, et la banque ne pouvait pas s'acquitter de ses obligations.

Le privilège d'émission de billets pouvait être très profitable et peu risqué, parce que les banques prêtait avec intérêt de l'argent créé qui ne leur coûtait rien. Si les emprunteurs étaient fiables, une banque craignait peu de ne pas pouvoir rembourser les billets qu'elle avait émis. Mais elle faisait quand même face à un risque d'illiquidité, c'est à dire qu'on pouvait lui demander de rembourser ses billets avant que les prêts qu'elle avait accordés soient remboursés.

Une autre façon de créer de la monnaie à partir de rien consiste à imprimer des faux billets. Si leur qualité est suffisante pour qu'ils ne soient pas distingués des autres, la quantité de monnaie en circulation a été augmentée.

Imaginez deux amis qui se signent mutuellement des reconnaissances de dette, d'égales valeurs. Une reconnaissance de dette peut fonctionner comme de la monnaie, pourvu que la réputation du débiteur soit bonne. Si personne n'est au courant de la supercherie, et si les deux amis ont chacun une bonne réputation, ils peuvent chacun payer avec la reconnaissance de dette de l'autre, et faire ainsi circuler leurs papiers comme de la monnaie. Ils ont donc créé de la monnaie à partir de rien - presque, seulement un peu d'encre et de papier.

Si les dettes sont remboursées, les reconnaissances de dette sont détruites et disparaissent de la circulation. De façon générale, la monnaie peut être créée avec des reconnaissances de dette et détruite lorsque les dettes sont remboursées.

Les particuliers ne peuvent pas en général faire circuler des reconnaissances de dette comme de la monnaie. En revanche, les banquiers le peuvent toujours, parce que leurs reconnaissances de dette sont considérées comme très fiables. Lorsqu'une banque accordait un prêt avec des billets qu'elle avait créés, elle échangeait une reconnaissance de dette, les billets, contre une autre, celle de son client.

Les banques centrales

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Les banques qui avaient acquis le droit d'imprimer des billets ont progressivement perdu ce privilège, sauf les banques centrales. À l'origine une banque centrale était la banque du prince, ou du souverain. De riches particuliers qui prêtaient leur or aux souverains en échange de privilèges ont constitué ensemble des banques pour affermir leur position (qui était parfois délicate : une façon pour les princes de se libérer d'une dette était tout simplement de couper la tête du créancier). C'est ainsi qu'elles ont progressivement acquis le monopole d'émission de billets de banque.

Les billets de banque ont progressivement cessé d'être convertibles en or, ou en argent métal. Une telle convertibilité est dangereuse et coûteuse pour les banques, parce qu'elles doivent conserver des réserves d'or qui risquent de ne pas suffire si les porteurs de billets qui demandent à être remboursés sont trop nombreux. Même les banques centrales, qui conservaient d'importantes réserves d'or, étaient bridées dans leur création monétaire par l'exigence de convertibilité or. De fait en période de crise, elles ne se sont pas gênées pour suspendre cette convertibilité dès qu'elles craignaient pour leurs réserves.

Avec l'abandon de la convertibilité or, les banques centrales ont cessé d'être bridées par la nécessité de conserver des réserves d'or, elles peuvent créer tout l'argent qu'elles décident. L'or en tant que monnaie est devenu inutile. Désormais les économies n'ont plus besoin d'or pour les échanges monétaires.

Imaginez que quelqu'un trouve un immense trésor, des réserves d'or gigantesques. Il n'a pas intérêt à écouler une telle richesse trop rapidement, parce que s'il inonde tout le monde avec son or, il fait augmenter les prix et cela diminue la valeur de son trésor. Les banques centrales ont le même problème. Elles disposent d'une réserve de monnaie illimitée, une sorte d'immense trésor, mais si elles l'écoulent trop rapidement, elles font monter les prix.

Comment l'argent créé par les banques centrales est-il écoulé dans l'économie ? En principe, elles peuvent acheter tout ce qu'elles veulent, y compris des stocks d'or, et même toutes les richesses disponibles à la vente. Mais bien sûr accaparer toutes les richesses n'est pas leur rôle.

Une banque centrale met de la monnaie en circulation par une technique qui ressemble à un échange de reconnaissances de dettes, parce qu'en général elle prête l'argent qu'elle crée, soit directement, en prêtant aux banques, elle est alors une banque des banques, soit indirectement, en achetant des reconnaissances de dette sur les marchés financiers. Quand la banque centrale accorde un prêt, ou quand elle achète une obligation, elle met de l'argent en circulation. Quand le prêt ou l'obligation est remboursé, l'argent est retiré de la circulation. Mais ce n'est pas vraiment un échange de reconnaissances de dettes, parce qu'une banque centrale ne doit rien. Ses billets ne sont pas des droits sur des richesses réelles mais seulement des droits d'être échangés contre des richesses réelles à un prix a priori indéterminé. Depuis que la convertibilité or a été complètement abandonnée, les banques centrales n'ont plus jamais à rembourser de dettes, parce qu'elles n'ont plus de dettes. Tout s'est passé comme si elles avaient refusé de rembourser leurs dettes, puisqu'à l'origine les billets étaient des reconnaissances de dettes.

Une banque centrale peut aussi donner l'argent qu'elle crée, soit à l'État, ce qui lui permet de réduire les impôts ou de rembourser ses dettes, soit directement aux citoyens, en leur donnant à tous une somme égale, par exemple, comme un cadeau de Noël égalitaire. Dans ce cas, on parle parfois de monnaie-hélicoptère, comme si la banque centrale distribuait ses billets par hélicoptère. L'expression monnaie-hélicoptère est évidemment une plaisanterie, mais pas la réalité. Créer de l'argent et la donner à tous les citoyens peut être un moyen très efficace de lutter contre la déflation (cf. chapitre suivant).

Les économies d'aujourd'hui sont en général des économies d'endettement. Les montants de toutes les dettes y sont importants par rapport aux richesses produites. Cela permet aux banques centrales, et aux autres banques, d'écouler facilement la monnaie qu'elles créent, en la prêtant à ceux qui veulent l'emprunter. Si les agents refusaient de s'endetter, s'ils remboursaient toutes leurs dettes, la monnaie disparaîtrait-elle de l'économie ? Toute la monnaie aujourd'hui en circulation serait détruite par le remboursement des dettes. Pour remplacer la monnaie détruite, la banque centrale serait conduite à donner l'argent qu'elle peut créer.

Les comptes bancaires

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Perdre le privilège d'émission de billets n'a pas privé les banques du privilège de création monétaire, parce que les comptes bancaires sont une forme de monnaie. Un compte bancaire créditeur est une reconnaissance de dette de la banque vis à vis de son client. Pour octroyer un crédit un banquier n'a pas besoin de disposer de l'argent au préalable, il lui suffit de cliquer sur son ordinateur et le crédit est automatiquement affiché sur le compte du client. C'est tout. Quand un banquier octroie un crédit, il s'agit simplement d'un échange de reconnaissances de dette. Le client signe une reconnaissance de dette vis à vis de la banque. En échange la banque augmente le compte courant du client.

On pourrait croire que les banques ne créent pas d'argent parce qu'elles ne feraient que prêter l'argent qu'on leur prête, mais ceci est faux. Une banque n'a pas le droit de prêter plus que ce que ses déposants lui ont confié, mais cela ne l'empêche pas de créer de l'argent. Quand elle octroie un crédit, elle ne débite pas le compte de ses déposants. Comme la masse monétaire inclut tous les comptes courants, elle augmente à chaque fois qu'une banque octroie un crédit : le compte courant de l'emprunteur est augmenté sans qu'aucun autre compte courant ne soit débité.

Bien sûr si les banquiers étaient complètement libres d'accorder ainsi des crédits nous vivrions dans une complète anarchie monétaire, parce que des banquiers complices pourraient se prêter mutuellement de l'argent et en créer ainsi autant qu'ils le souhaitent, au point d'acheter toute la richesse de l'humanité ! Qu'est-ce qui les empêche de devenir ainsi des escrocs ? Seulement la règle qui leur interdit d'accorder plus de crédits que l'argent qui leur a été confié par les déposants, parce que s'ils dépensaient l'argent qu'ils ont ainsi créé, les dépôts ne suffiraient plus pour couvrir les crédits accordés. Cette règle ne les empêche pas de créer de l'argent, mais elle les empêche d'en créer autant qu'ils pourraient le souhaiter.

Seule une banque centrale peut créer de l'argent sans limite. Quand elle prête de l'argent, elle n'est limitée que par ses propres règles de fonctionnement. Elle peut créer des milliards en un seul clic. Il suffit qu'elle le décide. Bien sûr elle n'a pas le droit d'abuser de ce privilège, sinon elle coulerait l'économie.

Les dépôts font les crédits et les crédits font les dépôts

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Les banques ont le droit d'accorder de nouveaux crédits dès qu'elles reçoivent de nouveaux dépôts. Donc les dépôts font les crédits.

Lorsqu'une banque accorde un crédit, l'argent ainsi créé est en général laissé en dépôt, dans la même banque, ou dans une autre si le crédit a été dépensé. Seule une partie du crédit accordé se retrouve sous la forme de billets en circulation. La majeure partie se retrouve en général quelque part sur des comptes bancaires. Donc les crédits font les dépôts.

Chaque crédit fait un nouveau dépôt qui peut faire un nouveau crédit, et ainsi de suite. Faut-il alors craindre que les banques puissent créer de l'argent sans limites et noyer l'économie sous un déluge monétaire ?

Comme une partie de l'argent créé par les banques est conservé sous formes de billets et n'est pas redéposé, l'enchaînement des crédits et des dépôts ne peut pas conduire à une création illimitée, parce que chaque nouveau dépôt n'est qu'une fraction du crédit qui l'a créé. En outre les banques centrales imposent en général aux banques des réserves obligatoires. Pour chaque dépôt, elles doivent en conserver une fraction en réserve et donc ne pas s'en servir pour accorder un nouveau crédit. Il résulte de ces deux effets que l'argent créé par les banques ne peut être qu'un multiple, fini, de l'argent mis en circulation par la banque centrale. Ce multiplicateur monétaire dépend des réserves des banques, obligatoires ou excédentaires, et de la masse d'argent liquide en circulation.

Si on supprimait l'argent liquide et s'il n'y avait pas de réserves obligatoires, la masse monétaire augmenterait-elle à l'infini ? Vraisemblablement non, parce que les banques ne prêtent que si elles trouvent des emprunteurs fiables, et ce n'est pas toujours facile à trouver. Même si elles n'étaient pas obligées de conserver des réserves, elles en conserveraient quand même, faute d'emprunteurs à qui les prêter.

Faut-il interdire aux banques de créer de la monnaie ?

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Du point de vue d'un déposant, son argent à la banque est conservé, puisqu'il peut le retirer à tout moment, mais du point de vue de la banque, tout se passe comme s'il était prêté, puisqu'elle peut prêter presque autant d'argent que celui qui est déposé. La création monétaire par les banques est une façon de transformer l'argent qui dort en argent qui circule. En déposant son argent à la banque, on le conserve sans le laisser dormir, puisqu'il fait circuler davantage d'argent dans l'économie.

D'un point de vue comptable, l'argent déposé à la banque est prêté à des emprunteurs. Un déposant pourrait s'insurger contre cette pratique. Si jamais la banque fait faillite, il pourrait perdre son dépôt. On peut donc songer à des dépôts 100% réserve (Fisher), c'est à dire que la banque promettrait de ne pas les prêter, qu'elle s'interdirait d'en faire usage pour créer de la monnaie bancaire. Les banques d'aujourd'hui pourraient proposer un tel service de monnaie bancaire 100% réserve, mais les déposants devraient payer davantage de frais bancaires pour la gestion de leurs comptes, parce que les banques ne pourraient pas se rémunérer en prêtant l'argent qui leur est confié. Une telle augmentation des frais serait dissuasive. En outre, les déposants n'auraient rien à gagner, parce que les dépôts à vue sont déjà garantis. Même si sa banque fait faillite, le déposant ne perd pas son argent. Pourquoi alors vouloir un compte 100% réserve ?

Les intérêts d'un prêt bancaire sont-ils un vol ?

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On peut trouver qu'il y a quelque chose de malhonnête à percevoir des intérêts en prêtant de l'argent qu'on n'avait pas au préalable. Faut-il accuser les banques d'escroquerie en bande organisée et leur demander de rembourser tous les intérêts indûment perçus ?

Légalement les banques, sauf les banques centrales, ne créent pas d'argent, elles ne font que prêter l'argent qui leur est prêté par les déposants. On compte pourtant une création monétaire en faisant la somme de tous les comptes de dépôt à vue. Où est la vérité ? L'argent est-il créé par les banques, ou seulement prêté ? Cette ambiguïté sur la création monétaire par les banques vient de l'ambiguïté des dépôts à vue : est-ce de l'argent conservé par les banques, ou de l'argent qu'elles remettent en circulation dans l'économie en le prêtant ? Les deux réponses sont légitimes. Du point de vue du déposant, un compte bancaire fonctionne comme une caisse, et l'argent qu'il y dépose est conservé, puisqu'il peut le retirer quand il veut. Mais du point de vue de la banque, l'argent déposé est remis en circulation dès qu'il est prêté.

Les banques font un travail utile et important en évaluant les projets des emprunteurs. Il faut bien qu'elles soient rémunérées pour cela. En outre elles sont nécessaires à l'économie, ne serait-ce que pour gérer nos moyens de paiement. Qu'elles soient rémunérées est donc légitime. C'est seulement si les intérêts qu'elles demandent sont trop élevés, ou pour d'autres formes de prêts malhonnêtes, que l'on peut vraiment parler de vol.

Si on interdisait aux banques de percevoir des intérêts sur leurs prêts, elles ne pourraient plus prêter, puisqu'elles ne pourraient plus couvrir leurs frais. On priverait alors l'économie d'une source importante de financement, et on empêcherait les banquiers de faire leur travail, alors qu'il est utile et important pour tout le monde.

Les banques de dépôt ne sont pas propriétaires des fonds qu'elles prêtent. Les intérêts qu'elles perçoivent ne sont donc pas des revenus de la propriété, ce sont seulement des revenus du travail.

Les particuliers pourraient se plaindre de la concurrence déloyale des banques. Pour percevoir des intérêts, ils doivent d'abord gagner l'argent qu'ils prêtent. Les banques leur font concurrence en prêtant de l'argent qu'elles n'ont pas gagné. Les propriétaires fortunés sont ainsi concurrencés par des travailleurs, les banquiers, qui prêtent des fonds qu'ils n'ont même pas acquis.

Faut-il revenir à la convertibilité des billets en or ?

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Depuis l'abandon de la convertibilité de leurs billets en or, les banques centrales peuvent créer de la monnaie sans limite. Cela leur permet en particulier d'intervenir sur le marché des fonds prêtables pour y faire baisser les taux d'intérêt, si cela leur semble souhaitable. Elles n'ont qu'à prêter l'argent qu'elle crée à un taux aussi bas qu'elles le décident. Les autres prêteurs doivent alors baisser leurs propres taux, s'ils veulent rester concurrentiels. Le marché des fonds prêtables n'est donc pas un marché ordinaire ou les particuliers se rencontrent sur un pied d'égalité. Les banques centrales sont clairement privilégiées. Elles mènent la danse. C'est pourquoi elles sont régulièrement accusées de perturber dangereusement l'économie. Leurs décisions ne profitent pas toujours à tout le monde.

Le retour à la convertibilité des billets en or serait une façon de limiter le pouvoir des banques centrales. Si on est opposé à l'intervention de l'État dans l'économie, cela peut donc sembler souhaitable, mais on ignore alors qu'une telle convertibilité ne peut pas être une solution durable. Les réserves d'or ne peuvent pas en général augmenter au même rythme que le reste de l'économie. Or pour répondre aux besoins, une banque centrale doit augmenter la masse monétaire dans une économie en croissance. Les réserves d'or augmentent peu tandis que la masse de billets en circulation augmente davantage. Cela ne peut pas durer éternellement. Tôt ou tard des agents comprendront que les réserves d'or ne sont pas suffisantes et ils demanderont à convertir leurs billets. De ce point de vue il est étonnant que la convertibilité en or ait été abandonnée aussi tardivement. Ce ne pouvait être qu'un système provisoire, qui a incité les agents à accepter la monnaie papier et la monnaie bancaire, mais qui ne pouvait pas durer.

Pourquoi la création monétaire n'est pas forcément un mal

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Lorsque les banques centrales et les autres banques créent de l'argent, elles ne le font pas à la façon d'un escroc faux-monnayeur qui dilapiderait une fortune mal acquise, elles le font à la façon d'une banquière sérieuse qui évalue la qualité de l'emprunteur et qui demande des garanties. L'argent est créé seulement en échange de promesses fiables de remboursement, pas pour aller jouer au poker. Cela permet de répondre aux besoins de financement de l'économie sans être limité par les quantités d'or disponibles. L'argent peut être créé pour répondre aux besoins réels d'investissement, et à la capacité de l'économie à s'engager dans des projets profitables. Un bon projet est une garantie suffisante pour légitimer la création de l'argent qui le finance.

Il faut rappeler que la création monétaire par les banques n'est pas définitive. Il suffit qu'elles décident de prêter moins que les prêts qui leur sont remboursés pour détruire une partie de l'argent qu'elles ont créé. L'argent prêté peut donc toujours être finalement détruit s'il le faut. Il n'y a que l'argent hélicoptère, donné par la banque centrale, qui ne peut pas être ainsi retiré de la circulation.

Plus les taux d'intérêt sont élevés, plus les propriétaires prélèvent une part importante du revenu intérieur, au détriment des travailleurs non-propriétaires. Avec la création monétaire, les banques centrales ont en général le pouvoir d'imposer des taux d'intérêt assez bas en permanence. Si l'inflation est déjà maîtrisée, une légère hausse des taux suffit en général pour contenir d'éventuelles tendances inflationnistes. Même en période de plein emploi, les taux peuvent rester assez bas sans qu'il y ait d'inflation excessive. Avec la création monétaire les banques centrales ont donc un pouvoir de redistribution. Comme dans la légende de Robin des bois, elles peuvent prendre aux riches, les propriétaires, pour donner aux pauvres, les travailleurs non-propriétaires. Elles le font quotidiennement en imposant des taux d'intérêt aussi bas que possible.


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