Pathologie/Pathologie générale/Pathologie tumorale/Initiation tumorale

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Le développement du cancer (du développement clonal initial à partir d'une cellule-souche à la dissémination métastatique du processus cancéreux) passe par différents stades, caractérisables sur le plan morphologique, mais également sur le plan génétique ou moléculaire. Nous prendrons comme modèle de description un carcinome dont les différentes phases d'extension sont caractéristiques.

États précancéreux et phase initiale du cancer

États précancéreux - Dysplasie

L'O.M.S. distingue:

- les conditions précancéreuses, états cliniques associés à un risque significativement élevé de survenue de cancer.

• les lésions précancéreuses, anomalies histopathologiques qui, si elles persistent suffisamment longtemps, peuvent aboutir à l'apparition d'un cancer. Ce terme est souvent considéré comme synonyme de dysplasie.

Dysplasie : lésion acquise caractérisée par l'association d'anomalies de maturation, de différenciation et de multiplication d'un tissu épithélial (ex: dysplasie du col utérin, de la vessie, dysplasie sur gastrite chronique)

Attention : le terme de "dysplasie" a un deuxième sens, plus près de son étymologie (grec: dys- anomalie; platein : construire).

Il désigne toute lésion résultant d'une anomalie du développement d'un tissu, d'un organe ou d'une partie de l'organisme (par exemple, dysplasie rénale, dysplasie dentaire). Il est également utilisé pour désigner certaines maladies constitutionnelles rares à caractère malformatif plus ou moins manifeste (exemple: dysplasie fibreuse des os).

Certains cancers apparaissent sur des lésions préexistantes: carcinomes cutanés développés sur cicatrice (par exemple, de brûlure), sur kératose solaire ou sur radiodermite; carcinome épidermoïde du col utérin sur dysplasie du col ancienne (10 ans environ). Par ailleurs, un cancer colique se développe plus volontiers à partir d'un adénome tubuleux ou villeux qu'à partir d'une muqueuse digestive normale.

Carcinome in situ (carcinome non invasif, carcinome intra-épithélial)

Carcinome in situ : prolifération de cellules épithéliales cancéreuses ne franchissant pas la membrane basale de l'épithélium C'est un carcinome au stade initial de son développement, ne franchissant pas la membrane basale de l'épithélium. Il n'existe donc que dans les structures épithéliales limitées par une membrane basale (épithélium de revêtement, glandes et canaux excréteurs) et est propre aux carcinomes.

Le carcinome in situ s'oppose au carcinome invasif dont les cellules envahissent le tissu conjonctif. Le carcinome au stade in situ ne métastase jamais. Il a donc un meilleur pronostic ce qui justifie un traitement beaucoup plus limité que celui du cancer invasif.

À l'examen microscopique, le carcinome in situ peut être détecté par l'existence de signes cytologiques de malignité : . densité cellulaire . basophilie cytoplasmique . augmentation du rapport nucléo-cytoplasmique . polymorphisme et anomalies nucléaires . mitoses nombreuses, situées dans toutes les couches de l'épithélium, et parfois anormales.

Ces signes sont à l'origine d'une discontinuité nette entre l'épithélium tumoral et l'épithélium normal. Ces anomalies cytologiques associées à la désorganisation architecturale de l'épithélium concerné réalisent le carcinome in situ mais il n'y a pas obligatoirement d'épaississement de l'épithélium et surtout la basale de l'épithélium n'est pas franchie par les cellules néoplasiques. Le cancer demeure donc limité à son tissu épithélial d'origine et ne rompt pas la basale qui le sépare du chorion. Il ne peut donc pas métastaser.

Exemple: Cancer du col: Au niveau du col de l'utérus, le carcinome in situ peut évoluer environ une dizaine d'années avant de devenir invasif. Toutefois, il faut savoir que le même aspect histologique peut être découvert de façon transitoire, sans évolution secondaire vers un cancer invasif. C'est le cas au niveau de la muqueuse du col utérin chez la femme enceinte, ou, expérimentalement, chez l'animal, par application de certaines substances. Par contre, cette régression ne s'observe pas au niveau de la muqueuse de la sphère ORL et l’évolution sera celle d’un carcinome infiltrant.

Des carcinomes in situ s'observent au niveau d'épithéliums malpighiens (lèvres, bouche, larynx, col utérin, muqueuses génitales et peau) ou non malpighiens (voies urinaires, bronches, muqueuses digestives, glande mammaire).

Pour des raisons moléculaires mal connues, certaines tumeurs ont une extension plus particulièrement intra-épithéliale. Ainsi, la maladie de Paget du mamelon est l'extension à l'épithélium cutané du mamelon d'un adénocarcinome mammaire; le mélanome d'extension superficielle (SSM, Superficial Spreading Melanoma) a initialement (stade I) une extension intra-épidermique.

Nécrose tumorale

Celle-ci peut être soit due à un défaut de vascularisation (nécrose ischémique) soit due à des phénomènes d’apoptose Il n’a pas été démontré de phénomènes d’auto-immunité bien que ceux-ci soient presque certains pour des mélanomes involutifs.