Histoire de France/Lutte contre l'Autriche
Lutte contre l'Autriche
- Introduction
Cette lutte a pour but de maintenir l'équilibre européen[1]. Elle comprend six guerres, quatre sous François Ier, deux sous Henri II, et dure 38 ans, de 1521 à 1559.
La compétition pour la couronne impériale du Saint-Empire
[modifier | modifier le wikicode]Maximilien Ier, empereur du Saint-Empire romain germanique, meurt le 12 janvier 1519. Cette couronne, si elle n’ajoute aucun contrôle territorial, apporte en revanche à son titulaire un surcroît de prestige et un poids diplomatique certain ; ainsi, la succession est difficile entre Charles Ier d'Espagne, son petit-fils, et François Ier, roi de France, qui tous deux sont sur les rangs pour obtenir la couronne. Si ces deux concurrents sont officiellement en compétition devant une Europe jurant sa neutralité suite aux accords de paix du traité de Londres de 1518, nous savons que, de son côté, le roi d'Angleterre Henri VIII craignait la montée en puissance de François Ier. Ce dernier, outre asseoir son prestige, voulait éviter que le souverain qui contrôle déjà plus de la moitié de l’Europe et le Nouveau Monde ibérique se voie auréolé d’un prestige diplomatique supplémentaire et parvienne à réaliser son rêve avoué de constituer un nouvel empire de Charlemagne.
Les électeurs allemands préférèrent Charles, qui prit le nom de Charles-Quint. Il est élu à 19 ans Roi des Romains le 28 juin 1519 et est sacré empereur à Aix-la-Chapelle le 23 octobre 1520. François Ier en éprouva une profonde jalousie ; cause principale de toutes les guerres qui remplirent son règne. Le Saint-Empire comprenait un grand nombre de principautés et de communes libres. L'empereur était élu par les sept princes les plus importants de l'empire qu'on appelait les sept électeurs ; c'étaient les archevêques de Mayence, de Trèves, de Cologne, le roi de Bohême, le comte palatin du Rhin, le duc de Saxe, le margrave[2] de Brandebourg.
De part et d'autre, les deux royaumes rivaux cherchèrent à se constituer des alliés en vue d'une guerre qui paraissait inévitable. « Qui je défends est maître », disait Henri VIII, roi d'Angleterre. François Ier eut une entrevue avec lui au camp du Drap d'Or, du 7 au 24 juin 1520 entre Ardres et Guînes[3], mais il l'éblouit au lieu de conduire un traité diplomatique ente son royaume et l'Angleterre. Charles-Quint, plus habile, se rend en Angleterre, et avec l’aide du cardinal Thomas Wolsey à qui il fait miroiter l’élévation au pontificat, obtient la signature d’un accord secret contre la France au traité de Bruges.
L'an subséquent 1520, par le moyen de l'amiral de Bonnivet, lequel avoit le maniement des affaires du Roy depuis le trespas du grand maistre de Boisy son frère et du cardinal d'Iore, qui avoit la supérintendence des affaires du roy d'Angleterre, fut accordée une entreveuë entre leurs deux Majestez, à celle fin qu'en personne ils peussent confirmer l'amitié faicte entre eux par leurs députez. Et fut pris jour auquel le Roy se trouveroit à Ardres et le roy d'Angleterre à Guines; puis par leurs députez fut ordonné un lieu, my-chemin d'Ardres et Guines, où les deux princes se devoient rencontrer. Ledit jour de la Feste-Dieu, au lieu ordonné, le Roy et le roy d'Angleterre, montez sur chacun un cheval d'Espagne, s'entre-abordèrent, accompagnez, chacun de sa part, de la plus grande noblesse que l'on eust veu cent ans auparavant ensemble, estans en la fleur de leurs aages, et estimez les deux plus beaux princes du monde, et autant adroits en toutes armes, tant à pied qu'a cheval. Je n'ay que faire de dire la magnificence de leurs accoustremens puisque leurs serviteurs en avoient en si grande superfluité, qu'on nomma ladite assemblée le camp de Drap d'Or. Ayans faict leurs accollades a cheval descendirent en un pavillon ordonné pour cest effect, ayant le Roy seulement avecques luy l'amiral de Bonnivet et le chancelier Du Prat et quelque autre de son conseil, et le roy d'Angleterre, le cardinal d'York, le duc de Norfolk et le duc de Suffolk. Où, après avoir devisé de leurs affaires particulières, conclurent que audit lieu se feroient lisses et eschaffaulx, où se feroit un tournoy, estans délibérez de passer leur temps en déduit et choses de plaisir, laissans négocier leurs affaires à ceux de leur conseil, lesquels de jour en autre leur faisoient rapport de ce qui avoit esté accordé. Par douze ou quinze jours coururent tes deux princes l'un contre l'autre et se trouva audit tournoy grand nombre de bons hommes-d'armes, ainsi que vous pouvez estimer; car il est à présumer qu'ils n'amenèrent pas des pires.
Ce faict, le roy d'Angleterre festoya le Roy, près de Guines, en un logis de bois où y avoit quatre corps de maison, qu'il avoit faict charpenter en Angleterre, et amener par mer toute faicte; et estoit couverte de toille peinte en forme de pierre de taille, puis tendue par dedans des plus riches tapisseries qui se peurent trouver, en sorte qu'on ne l'eust peu juger autre sinon un des beaux bastimens du monde et estoit le dessein pris sur la maison des marchands à Calaiz. La maison, estant après désassemblée, fut l'envoyée en Angleterre, sans y perdre que la voiture. Le lendemain, le Roy devoit festoyer le roy d'Angleterre près Ardres, où il avoit faict dresser un pavillon ayant soixante pieds en quarté le dessus de drap d'or frizé, et le dedans doublé de veloux bleu, tout semé de fleurs de lis de broderie d'or de Chypre, et quatre autres pavillons aux quatre coings, de pareille despense et estoit le cordage de fil d'or de Chypre et de soye bleue turquine, chose fort riche. Mais le vent et la tourmente vint telle, que tous les cables et cordages rompirent, et furent lesdites tentes et pavillons portez par terre de sorte que le Roy fut contrainct de changer d'opinion, et fit faire en grande diligence un lieu pour faire le festin, où de présent y a un boullevart nommé le boullevart du Festin. Je ne m'arresteray à dire les grands triomphes et festins qui se firent là, ny la grande dcspense superflue, car il ne se peult estimer tellement que plusieurs y portèrent leurs moulins, leurs forests et leurs prez sur leurs espaules.
Après lesquels festins et tournois, le Roy se retira à Boulongnc, et le roy d'Angleterre à Calaiz. Toutes gens de bon jugement ne pouvoient penser de veoir jamais inimitié entre ces deux princes mais estant le roy d'Angleterre de retour à Calaiz adverty comme l'esleu Empereur estoit arrivé en Angleterre, venant d'Espagne, s'embarqua et le fut trouver à Cantorbéry, puis s'en vint à Calaiz et à Gravelines, en telle fraternité comme il avoit faict avec le Roy où fut accordé entre eux que là où le Roy et l'Empereur tomberoient en quelque différend, il seroit arbitre et celuy qui ne voudroit tenir son arbitrage, il se pourroit déclarer contre luy chose contraire aux accords qu'il avoit fait avec nostre Roy. Puis s'en retourna l'Empereur en Flandres et le roy d'Angleterre en Angleterre.
Les États de Charles-Quint étaient disséminés, un peu indépendants, en butte aux attaques des Turcs. Les États de François Ier étaient très compactes, et il y commandait en maître. Ce dernier, quoique seul, engagea résolument la guerre contre Charles-Quint. Elle commença en 1521, au nord et au sud, avec la volonté que conquérir la Bourgogne. Sur ce premier front, Franz von Sickingen et le comte Philippe Ier de Nassau obligent Bayard à s’enfermer dans Mézières assiégée, qu’il défendra sans capituler. Au sud, les armées de l'Empereur menées par le maréchal Odet de Foix sont décimées par celle commandée par François II Sforza et Prospero Colonna, et la bataille de la Bicoque le 27 avril 1522 à proximité de Milan, voit la défaite de la France et annonce l'effondrement des positions françaises en Italie du Nord. En même temps, Charles de Bourbon, connétable de France, le plus puissant seigneur du royaume, le meilleur général de François Ier, traitait secrètement avec Charles-Quint pour se partager la France. Cette défection fut provoquée par la mère du roi, Louise de Savoie, qui désirait le Bourbonnais et la vicomté de Châtellerault. Charles-Quint le combla d'honneur, le fait lieutenant général de ses armées et lui assigna comme demeure le palais d'un gentilhomme espagnol.
Cette défection retarde la contre-offensive de François Ier. En 1524, Guillaume Gouffier de Bonnivet prend la tête de l’armée qui doit reconquérir Milan mais trouve Charles de Bourbon sur son chemin, doit se retirer sur la Sesia[4]. Blessé, il confie son arrière-garde à Bayard, qui succombe lui-même le 30 avril 1524 d'un coup d'arquebuse. On l'assit au pied d'un arbre le visage tourné vers l'ennemi. La colonne vertébrale brisée, il enjoint à ses compagnons de le quitter et leur dit : « Je n'ai jamais tourné le dos devant l'ennemi, je ne veux pas commencer à la fin de ma vie ». La voie est alors ouverte aux armées impériales pour une invasion par la route de Lyon, offensive préconisée par Charles de Bourbon. Charles Quint préfère attaquer par la Provence et, en août et septembre 1524, fait mettre le siège devant Marseille, qu’il échoue à prendre. François Ier en profite pour reprendre l’initiative et conduit lui-même son armée au-delà des Alpes pour arriver le 28 octobre sous les murs de Pavie. La ville est défendue par Antonio de Leiva et reçoit les renforts du vice-roi de Naples, Charles de Lannoy. Mal conseillé par Bonnivet et malgré l’avis de Louis de la Trémoille, François Ier engage la bataille dans la hâte. L’artillerie, mal placée, doit cesser le feu sous peine de tirer dans les rangs français. L’armée ne peut résister aux troupes impériales ; Bonnivet, La Palice et La Trémoille sont tués. François Ier remet son épée à Charles de Lannoy et reste prisonnier jusqu’à la signature, le 14 janvier 1526, du traité de Madrid. Aux termes de ce traité, François Ier doit céder le duché de Bourgogne et le Charolais, renoncer à toute revendication sur l’Italie, les Flandres et l’Artois, réintégrer Charles de Bourbon au sein du royaume de France et restituer ses terres, et épouser Éléonore de Habsbourg, sœur de Charles. François est libéré en échange de ses deux fils aînés, le dauphin François de France et Henri de France (futur Henri II).
Questionnaire
[modifier | modifier le wikicode]- Qui était Charles-Quint ?
- Qu'appelle-t-on le camp du Drap d'Or ?
- Quelle ville défendit Bayard ?
- Quelle défaite éprouva la France en Italie ? Qui trahit François Ier ? Quelle fut la cause de cette défection ?
- Indiquez une seconde défaite en Italie. Quelle perte fit l'armée française ?
- Comment mourut Bayard ?
- Comment fut perdue la bataille de Pavie ? Quelles furent les conditions du traité de Madrid ?
François Ier — Charles-Quint
[modifier | modifier le wikicode]- Deuxième guerre
De retour en son royaume, François Ier protesta contre la violence qui lui avait été faite ; il consulta la Bourgogne qui refusa de passer sous la domination espagnole, et il fit alliance avec le roi d'Angleterre, le pape et les princes italiens, tous effrayés de la puissance de Charles-Quint. La guerre recommença.
Bourbon forma une nouvelle armée, composée en partie de protestants, et se précipita sur Rome où il fut tué en donnant un assaut (6 mai 1527). Une fois Rome prise, les soldats adonnèrent au pillage de la ville pendant près de deux ans. En ces temps, les soldats sont payés tous les cinq jours : lorsque le commandant ne dispose pas de l'argent suffisant pour la rétribution des soldats, il autorise la mise à sac de la ville qui ne dure pas, en général, plus d'une journée, le temps suffisant pour que la troupe prélève son butin. Le saccage de la ville a de graves conséquences sur la ville : vingt mille victimes, des dommages incalculables sur le patrimoine artistique ; les travaux de la construction de basilique Saint-Pierre sont interrompus et repris seulement en 1534 avec le pape Paul III. À la fin de l'année, Rome ne compte plus qu'un habitant sur cinq ; à la dévastation succède la peste en raison des cadavres que personne n'a enterrés.
- Paix des Dames ou de Cambrai
L'année suivante, Lautrec délivra Rome des soldats de bourbon ; mais la maladie se mit dans son armée et le contraignit à la retraite. Charles-Quint, de son côté, avait à défendre Vienne, sa capitale, contre les Turcs devenus, à cette occasion, alliés des Français. La paix fut donc signée à Cambrai (1529) et négociée par Louise de Savoie et marguerite d'Autriche[5] ; ce fut la paix des Dames. La Bourgogne resta française ; mais l'Italie passa sous la domination de Charles-Quint.
- 3e guerre
Les princes d'Europe, effrayés de la puissance de Charles-Quint, firent alliance avec François Ier, et, six ans après, la guerre recommença (1536). Charles-Quint envahit une seconde fois la Provence ; mais le connétable de Montmorency détruisit les récoltes, et l'empereur fut obligé de se retirer pour ne pas voir tous ses soldats mourir de faim et de maladie. Le pape Paul III fit signer entre les deux rivaux la trêve de Nice (1538).
Charles-Quint, parvenu en Provence, ne se proposait rien de moins que la conquête de tout le royaume. « Combien de journées, demanda-t-il à un capitaine français prisonnier, combien de journées peut-il y avoir d'ici à Paris ? — Si, par journées, votre majesté entend des batailles, répond celui-ci, il peut y en avoir une douzaine, à moins que l'agresseur n'ait la tête cassée dès la première ».
- 4e guerre
L'empereur avait promis le Milanais au duc d'Orléans[6], si François Ier lui permettait de traverser la France pour châtier les Gantois révoltés. Il ne tint pas parole, et la guerre recommença encore (1542). Dans le Piémont, les troupes françaises remportèrent la victoire de Cérisoles ; mais elles furent moins heureuses dans le Nord, où la France eut à subir une double invasion : Charles-Quint s'avança jusqu'à Château-Thierry, et Henri VIII assiégea Boulogne. Le traité de Crespy-en-Laonnais (1544) délivra le territoire du premier, et le traité d'Ardres (1546) du second. La France conservait ses frontières.
Pendant que Charles-Quint mettait la Champagne à feu et à sang, le jeune duc d'Enhien, qui commandait en Italie, faisait demander au roi la permission de livrer bataille. François Ier consulta ses vieux capitaines, qui ne furent pas de cet avis. Le capitaine Montluc, envoyé du duc d'Enghien, fut introduit dans le conseil et parla avec une énergie toute militaire. Finalement, François Ier accorda la bataille, qui fut gagnée par Montluc.
- Mort du roi
François Ier mourut le 31 mars 1547. Il avait tenu en échec une puissance qui aurait disposé de l'Europe si elle eût dompté la France. S'il ne fut pas toujours heureux dans la lutte, il sauvegarda l'indépendance de la France et fit échouer les projets de Charles-Quint, qui rêvait d'une domination européenne.
- Son gouvernement
François Ier avait gouverné en roi absolu ; il terminait ses ordonnances royales par ces mots : « Car tel est notre[7] bon plaisir ». Il fit plusieurs réformes : l'ordonnance de Villers-Cotterets établit les registres de l'état civil, qui devaient être tenus par les curés de chaque paroisse, et remplaça le latin par le français dans les actes publics. le port du havre fut creusé, et les premiers essais de colonisation tentés au Canada.
Questionnaire
[modifier | modifier le wikicode]- Qu'arriva-t-il à Bourbon dans la deuxième guerre ?
- Par qui fut négocié le traité de Cambrai ?
- Comment les impériaux furent-ils chassés de Provence ?
- Quelle fut la cause de la quatrième guerre ?
- Quelle en fut la principale bataille ?
- Quel était le but principal des guerres de François Ier ?
- Quel était le caractère de son gouvernement ? Quelles réformes opéra-t-il ?
Henri II
[modifier | modifier le wikicode]- Caractère de Henri II
Henri II était intelligent, mais il se laissa trop gouverner par d'ambitieux conseillers. Pour suffire aux prodigalités de la cour et aux frais de la guerre, il augmenta les impôts, ce qui excita de nombreuses révoltes, surtout en Guyenne.
- 2e guerre — Conquête des Trois-Évêchés
Henri II songea bientôt à reprendre la guerre contre la maison d'Autriche. Il renoua les alliances de son père avec les princes allemands, les États italiens et les Turcs ; puis il s'empara de Metz, Toul, Verdun, qu'on appelait les Trois-Évêchés (1552).
- Siège de Metz
Charles-Quint irrité vient assiéger Metz avec une grande armée. Mais François de Guise, jeune prince lorraine, est là pour la défendre ; il discipline ses soldats, renvoie les bouches inutiles, ménage les vivres et se rit de l'Empereur qui lutte vainement pendant deux mois contre les rigueurs de l'hiver, les remparts de Metz et la bravoure des assiégés. Désespéré, le vieil empereur lève le siège, après avoir perdu les deux tiers de son armée.
- Abdication[8] de Charles-Quint
Après quelques autres échecs, Charles-Quint signe avec Henri II la trêve de Vaucelles (1556) ; puis il partage ses vastes États entre son frère et son fils. À son frère Ferdinand, il remet la dignité impériale et les domaines de la maison d'Autriche en Allemagne ; à son fils, Philippe II, il donne l'Espagne, les Pays-Bas, Milan, les Deux-Siciles et le nouveau monde. Ce partage fait, Charles-Quint descend de son trône et se retire dans le monastère de Saint-Just (Espagne), où il meurt deux ans après.
- 6e guerre — Bataille de Saint-Quentin
Philippe II, qui avait épousé Marie Tudor, reine d'Angleterre, renouvelle bientôt les hostilités. Son général, Philibert-Emmanuel, se porte sur Saint-Quentin ; Coligny se jette dans la ville pour la défendre. Montmorency accourt avec une armée pour la délivrer ; mais il se laisse envelopper par la cavalerie espagnole, perd la bataille et reste prisonnier (1557). Henri II eut le temps, grâce à Philippe II qui s'était attardé à faire le siège de places peu importantes, de rassembler de nouvelles forces ; il les confia au duc de Guise qui s'empara de Calais.
- Prise de Calais
Guise, rappelé d'Italie, vengea l'échec de Saint-Quentin. Les Anglais qui possédaient Calais depuis 211 ans, disaient qu'ils « avaient les clefs de la France pendues à leur ceinture ». Sur une des portes de la ville était même gravée cette inscription :
- Les Français à Calais viendront planter le siège
- Quand le fer et le plomb nageront comme liège.
Guise, par une marche habile, sut tromper l'ennemi ; en plus hiver, au mois de janvier, il parut avec une armée devant Calais, et en huit jours cette ville fut prise (1558).
- Traité de Cateau-Cambrésis
Le roi d'Espagne, vaincu dans la personne de son alliée l'Angleterre, ne tarda pas à signer la paix de Cateau-Cambrésis (1559). La France gardait les villes de Calais, Metz, Toul, Verdun ; des mariages unirent les maison de France et d'Espagne.
- Mort du roi
Dans un des tournois donnés à l'occasion de ces mariages, Henri II fut blessé par Montgommery, son capitaine des gardes, d'un éclat de lance dans l'œil, le 30 juin 1559. Malgré les soins des médecins et chirurgiens royaux dont Ambroise Paré, autorisé à reproduire la blessure sur des condamnés afin de mieux la soigner, il meurt dans d'atroces souffrances le 10 juillet 1559.
Questionnaire
[modifier | modifier le wikicode]- Quelles alliances fit Henri II ? Quelles villes prit-il à Charles-Quint ?
- Racontez le siège de Metz.
- Comment Charles-Quint partagea-t-il ses États ?
- Racontez la bataille de Saint-Quentin. Comment le duc de Guise répara-t-il ce désastre ?
- Comment les Anglais considéraient-ils Calais ?
- Quelles furent les conditions du traité de Cateau-Cambrésis ?
- Comment mourut Henri II ?
La Renaissance — la réforme
[modifier | modifier le wikicode]À la fin du XVe siècle, l'esprit humain, en Occident, sembla s'animer d'une nouvelle vie. L'imprimerie était inventée ; la prise de Constantinople, en dispersant les savants grecs, répandit partout les ouvrages anciens, et on se mit à les étudier avec ardeur, puis à les imiter. Les lettres et les arts reçurent ainsi comme une nouvelle naissance, c'est ce qu'on a appelé la Renaissance. C'est donc un épanouissement des lettres et des arts dû à l'étude et à l'imitation des chefs-d'œuvre de l'antiquité.
- Les ouvriers de la Renaissance
L'Italie, poussée par le pape Léon X, entra la première dans la voie de la Renaissance : elle se glorifia de Léonard de Vinci, de Raphaël et de Michel-Ange ; des poètes comme Dante, Pétrarque, le Tasse, etc... Toutes les autres puissances eurent aussi leurs grands hommes, mais c'est la France qui tint le second rang.
François Ier ramena de Milan et de Florence des artistes illustres, fonda le Collège de France et l'Imprimerie royale. Il fit venir des architectes, des peintres, des sculpteurs italiens, qui formèrent les sculpteurs Jean Goujon et Germain Pilon, les peintres Jean Cousin et François Clouet, les architectes Pierre Lescot et Philibert Delorme. Aux châteaux succédèrent les habitations princières du Louvre, des tuileries, de Saint-Germain et de Fontainebleau, d'Amboise, de Chambord, de Blois, de Chenonceaux, chefs-d'œuvres de l'architecture.
François Ier accorda sa protection aux savants et aux artistes et mérita le nom de Père des Lettres; Il fut contemporain des poètes Marot et Ronsard, des écrivains Rabelais, Amyot, Montaigne et Marguerite de Navarre. Parmi les savants de cette époque on peut citer les jurisconsultes Alciat et Cujas, le mathématicien Viète, le médecin Fernel et Ambroise Paré, le père de la chirurgie française.
Marguerite de Navarre était la sœur de François Ier qui l'appelait la Marguerite des Marguerites. Mariée à Henri d'Albret, roi de Navarre, elle a été la mère de Jeanne d'Albret et la grand-mère d'Henri IV.
Ambroise Paré (vers 1510 — 20 décembre 1590) met au point la ligature des artères, qu'il substitue à la cautérisation, dans les amputations.
Jacques Amyot, d'une famille pauvre, devint un des plus savants hommes de son temps. Il fut le précepteur des fils d'Henri II, puis évêque d'Auxerre.
- Découvertes maritimes
Le progrès des sciences, autant que l'invention de la boussole, favorisa les découvertes maritimes qui illustrèrent les grands navigateurs de cette époque. des marins portugais découvrent les Açores (1448), Barthélémy Diaz pousse jusqu'au cap de Bonne-Espérance (1486), Vasco de Gama double le cap et parvient jusqu'aux Indes (1498) ; des missionnaires tels que François-Xavier furent envoyés par ces nouvelles routes diffuser le christianisme.
Pendant que les navigateurs portugais cherchent la route des Indes par l'est, le Génois Christophe Colomb, soutenu par Isabelle de Castille, s'avance à travers l'océan Atlantique et découvre l'Amérique (1492) ; Fernand Cortez conquiert le Mexique (1519) ; Pizarre et Almagro s'emparent du Pérou.
Les Anglais, en 1513, fondent des établissements dans l'Amérique du Nord, et le Français Jacques Cartier découvre le Canada.
- La Réforme
On désigne sous le nom de Réforme la révolte qui éclata dans la société chrétienne, au XVIe siècle, et sépara de l'Église romaine une partie notable de l'Europe. Elle se propagea rapidement en Allemagne[9], en Suisse, en Angleterre et dans la plupart des États du Nord de l'Europe, semant partout le trouble et la guerre civile.
- Les auteurs de la Réforme
Le premier auteur de la révolte fut Martin Luther, moine allemand. Il remit en question l'autorité du pape, les dogmes de l'Église et promit aux princes l'affranchissement de la tutelle des papes, ainsi qu'au peuple le partage des biens du clergé.
En Suisse, les idées nouvelles furent surtout répandues par Jean Calvin. Banni de France, il se réfugia à Genève.
L'Angleterre fut aussi séparée de l'Église romaine par le roi Henri VIII ; il imposa le schisme à ses sujets pour se venger du pape qui avait refusé d'approuver son divorce.
- Le calvinisme en France
En France, le calvinisme se répandit rapidement. François Ier qui, dans un but politique, avait pour alliés les protestants allemand, laissa à peu près libre les protestants français. Mais Henri II, son sucesseur, rendit des édits sévères contre eux ; ses trois enfants se laisseront dominer par des ambitieux, et la France sera déchirée par des guerres civiles.
- Le concile de Trente
Face à de telles divisions, l'Église réunit un concile, à Trente, qui s'ouvrit en 1545 et réalisé une restauration du catholicisme. Il décida notamment l'instauration de séminaires.
Questionnaire
[modifier | modifier le wikicode]- Qu'est-ce que la Renaissance ? Quelles en furent les causes ?
- Quels furent les principaux artistes italiens de la Renaissance ? les artistes français ? les écrivains français ? les savants ? Quels châteaux furent construits ?
- Quelles découvertes firent les navigateurs portugais ? espagnols ? anglais ? français ? Qu'est-ce qui facilita ces découvertes ?
- Qu'est-ce que la Réforme ? Quelles en furent les causes ?
- Quels furent les auteurs de la Réforme ? Quelle fut la conduite de François Ier à l'égard des protestants ?
- Qu'est-ce que le concile de Trente ?
Questions de récapitulation
[modifier | modifier le wikicode]Première partie
[modifier | modifier le wikicode]- Quel était le caractère de François Ier ?
- Quelle alliance rechercha François Ier au camp du Drap d'or ?
- Quelles furent les conditions de la paix de Cambrai ?
- Comment François de Guise défendit-il Metz, en 1522 ?
- Comment Bayard s'est-il rendu célèbre ?
- Comment mourut Henri II ?
- Qu'est-ce que la Renaissance ?
- Quelle fut la part de François Ier dans ce mouvement ?
- Citez les noms des principaux écrivains de la Renaissance.
- Qu'est-ce que l'équilibre européen ?
Deuxième partie
[modifier | modifier le wikicode]- Comment étaient élus les empereurs d'Allemagne ?
- Quelle fut la cause de la défection du connétable de Bourbon ?
- Quels traités terminent chacune des guerres d'équilibre ?
- Que savez-vous sur les chevaliers de Rhodes ?
- Quels sont les écrivains français de la Renaissance ?
- Quelle fut la conduite d'Henri II à l'égard des protestants ?
- Quelles conquêtes a faites Henri II ?
- Que savez-vous sur Henri VIII ?
Troisième partie
[modifier | modifier le wikicode]- Quels guerriers furent tués à Pavie ?
- Comment mourut le connétable de Bourbon ?
- Quelles étaient les conditions du traité de Madrid ?
- Qui a négocié le traité de Cambrai ?
- Comment Montmorency défendit-il la Provence ?
- Quelles sont les dates des six guerres de ce chapitre ?
- Comparez les forces de François Ier et de Charles-Quint.
- Quelles furent les conditions du traité de Cateau-Cambrésis ?
- Quel but se proposa François Ier dans toutes ses guerres ?
- Qu'est-ce que la Réforme ?
Tableau synoptique des guerres contre Charles-Quint
[modifier | modifier le wikicode]Les quatre premières sont sous François Ier ; les deux autres sous Henri II.
Guerre | Explications |
---|---|
1ère guerre 1521-1526 contre Charles-Quint et Henri VIII |
Causes :
Événements :
Résultats :
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2e guerre 1527-1529 contre Charles-Quint |
Causes :
Événements :
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3e guerre 1536-1538 contre Charles-Quint |
Causes :
Événements :
Résultat :
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4e guerre 1542-1546 contre Charles-Quint et Henri VIII |
Causes :
Événements :
Conséquences :
|
5e guerre 1551-1556 contre Charles-Quint |
Cause :
Événements :
Résultat :
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6e guerre 1556-1559 contre Philippe II et les Anglais |
Causes :
Événements :
Résultats :
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Notes
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ Équilibre européen : système politique en vertu duquel, lorsque l'Europe se sent menacée par l'agrandissement excessif d'une puissance, les autres s'associent pour lui faire contrepoids.
- ↑ Le titre de margrave (de l'allemand Markgraf) était donné sous l'empire Carolingien aux chefs militaires ; le titre fut conservé dans le Saint-Empire, et attribué à certains princes. Le titre équivalent en français est marquis.
- ↑ Camp du Drap d'Or : ainsi nommé à cause des étoffes de soie et d'or dont étaient ornées les tentes des deux rois et de leur suite.
- ↑ Affluent du Pô, au nord de l'Italie.
- ↑ Marguerite d'Autriche : la tante de Charles-Quint, celle qui avait été fiancée à Charles VIII au traité d'Arras en 1482.
- ↑ Duc d'Orléans : le deuxième fils de François Ier
- ↑ Comprendre : « Car tel est mon bon plaisir ».
- ↑ Abdiquer : renoncer à la couronne
- ↑ Les réformés d'Allemagne ayant protesté contre les décisions de la diète de Spire furent désormais appelés protestants.