Sécurité des systèmes informatiques/Sécurité informatique/Administration et exploitation

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Administration[modifier | modifier le wikicode]

Un certain nombre de difficultés sont fréquemment rencontrées par les équipes d'administration par rapport à la gestion quotidienne de la sécurité (à laquelle ils participent nécessairement) :

  • la configuration cohérente de nombreux éléments dans le système informatique ;
  • la mise en place des correctifs de sécurité (éventuellement de manière automatique) dont la principale difficulté est d'éviter toute perturbation du fonctionnement normal du système malgré des modifications parfois d'assez bas niveau ;
  • le déploiement des mises à jour, lequel peut se faire d'une manière parfois très peu sécurisée par défaut (TFTP, etc.), et qui révèle donc une vulnérabilité de l'exploitation ;
  • le besoin de moyens de prise en main à distance pour assurer les tâches d'exploitation :
    • soit via des connexions en ligne de commande comme SSH (ou encore malheureusement Telnet) ;
    • soit par des outils permettant le contrôle d'environnement graphiques complets comme VNC, Patrol, TSE (Terminal Server), Citrix, etc.
  • l'identification et le paramétrage de la collecte et du déport des traces du système pertinentes du point de vue de la sécurité (par exemple via syslog),.

Organisation[modifier | modifier le wikicode]

Fonctions des administrateurs[modifier | modifier le wikicode]

En général, les administrateurs de systèmes informatiques se répartissent suivant différentes spécialités, reliées aux principaux types de systèmes rencontrés, parmi lesquelles on peut notamment distinguer les fonctions suivantes :

  • Administrateur réseau
    • Commutation (LAN)
    • Routage (WAN)
  • Administrateur système
    • monde Unix
    • monde MS/Windows
  • Administrateur de base de données (DBA)
  • Administrateur Web (de plus en plus)
  • Administrateurs d'applications (messagerie, GED, etc.)
  • Administration des services d’infrastructure
    • DHCP, Active Directory, DNS
    • Systèmes de sauvegarde
  • Gestion des postes de travail
    • Configurations types, fabrication
    • Mise à disposition
    • Dépannage, incidents
  • et enfin l'administration sécurité

Variété de l'environnement[modifier | modifier le wikicode]

Les difficultés de répartition des tâches au sein d'une équipe informatique complète s'ajoutent à la grande variété des équipements du système informatique. On peut identifier des systèmes très variés, à la sécurité desquels il faut s'intéresser pour prendre en compte la sécurité du système d'information dans son ensemble :

  • Serveurs
  • UNIX
  • Solaris
  • Linux
  • RedHat
  • Suse
  • Debian
  • AIX
  • Windows
  • Novell
  • Baies de disques
  • Routeurs
  • Switches
  • PC Windows
  • Macintosh
  • Robots (sauvegardes)
  • Imprimantes
  • Boîtiers caches
  • Boîtiers firewall
  • Éléments logiciels
  • Antivirus
  • SGBD
  • IDS

Correctifs et mises à jours[modifier | modifier le wikicode]

Par rapport à l'application de correctifs sur un système d'exploitation, on peut identifier un certain nombre de préoccupations associées à leur prise en compte.

  • La principale contrainte pour l'installation de ces correctifs est de ne pas perturber le fonctionnement normal du système d'exploitation. Dans le cas d'un système bureautique simple, on peut espérer que l'installation n'ait pas d'effets négatifs sur le poste de travail même si, dans certains cas, elle est perceptible pour les utilisateurs (par exemple en rendant certains sites Web moins accessibles). Par contre, quand des applications spécifiques existent sur le système (et c'est fréquemment le cas dans les entreprises pour tous les postes de travail orientés vers une finalité plus précise comme la comptabilité, les achats, la gestion du personnel, etc.), l'installation d'un correctif peut avoir des effets indésirables au point de remettre en cause la faisabilité de cette installation. De plus en plus, l'installation systématique des correctifs est perçue comme indésirable par les équipes d'exploitation (surtout de manière automatique) sans une phase de validation préalable. Celle-ci étant coûteuse, elle remet en cause les mises à jour, surtout en exploitation courante. Dans le cas d'une installation initiale, l'installation des correctifs est plus facile à réaliser, mais elle complique l'installation d'une nouvelle machine.
  • La finalité des correctifs sécurité est avant tout de réagir notamment à des alertes de sécurité en corrigeant les failles avant qu'elles aient pu être exploitées. Dans le cas d'une faille effectivement exploitée par une menace active et répandue (comme un ver efficace), l'installation est extrêmement recommandée en l'absence d'autres moyens de protection. Mais dans ce cas, la mise en place doit être rapide. Par contre, tant que la faille n'est pas exploitée, la mise en place du correctif n'est qu'une action de prévention perçue comme optionnelle. Les deux points de vue conduisent bien évidemment à des attitudes contradictoires et difficiles à arbitrer au quotidien, surtout compte tenu du nombre important de correctifs produits par les grands éditeurs.
  • Pour gérer les déploiements des correctifs, on dispose de plusieurs catégories de méthodes d'installation :
    • Les patches classiques correspondent à des correctifs à appliquer de manière incrémentale (les uns après les autres) généralement fournis sous forme binaire. Leur taille est variable, souvent petite.
    • À part dans cette catégorie, on peut identifier les correctif fournis pour les sources des logiciels. Diffusés exclusivement dans le domaine du logiciel libre, ces patch sont souvent des deltas (diff) des modifications à appliquer au code source, souvent très petits, dont le déploiement implique la possibilité de reconstruire facilement les exécutables binaires sur le système en exploitation. Dans la pratique, cette méthode de diffusion des correctifs sécurité est surtout envisageable pour les systèmes de la famille BSD ; ou pour les logiciels applicatifs eux-mêmes pris isolément. Par contre, du point de vue de la sécurité, elle présente l'énorme avantage de permettre une compréhension précise de l'erreur de programmation à l'origine de la faille de sécurité, ainsi que du contenu du correctif apporté. Ceci permet aussi de juger de la qualité du correctif (notion très opaque pour les correctifs binaires dans le domaine du logiciel propriétaire).
    • Les systèmes de la famille Microsoft offrent depuis Windows 2000 une infrastructure native d'installation des correctifs, nommée Windows Update ou SUS (pour Software Update Services). Celle-ci, bien que relativement simple, permet notamment aux différents systèmes clients de choisir les correctifs les concernant et de gérer leur ordre d'installation, ainsi que pour les administrateurs de gérer des miroirs des correctifs diffusés par Microsoft (et d'activer ou de bloquer la diffusion de certains patch). Pourtant, SUS reste une solution dont le périmètre est limité, une solution payante plus complexe étant désormais disponible auprès de l'éditeur sous le nom de SMS (Software Management Services) pour gérer plusieurs politiques de diffusion des correctifs, permettre les retours arrières et déployer également des correctifs des logiciels applicatifs (au-delà du système d'exploitation et de ses composants).
    • En effet, la gestion des correctifs de sécurité n'est qu'une instance particulière du problème du déploiement des nouvelles versions des logiciels, marquée par une urgence et des préoccupations un peu différentes (celles de la sécurité). Il est bien évidemment préférable de gérer l'ensemble du système informatique (O.S., applications, configurations, etc.) de manière unifiée par rapport à cette problématique. Les liens entre les différents éléments logiciels et les différents types de machine existants dans une entreprise rendent toutefois ce type de gestion encore très difficilement automatisable (il s'agit en fait pour une grande part du travail d'administration système proprement dit).

Prise en main à distance[modifier | modifier le wikicode]

En ce qui concerne le problème de la prise en main à distance des équipements, nous mettons en avant un certain nombre de situations courantes.

  • Connexion via Telnet (sous Windows 2000)
    Connexion via SSH (client PuTTY sous W2K)
    Dans le domaine de l'administration Unix (largement appuyé sur l'utilisation des interpréteurs de lignes de commandes), une tendance qui trouve son origine dans une problématique de sécurité apparaît désormais clairement pour les connexions à distance : l'opposition entre les protocoles anciens que sont Telnet et RSH, et le protocole fortement protégé OpenSSH. Les figures montrent deux connexions distantes ayant la même origine et la même destination utilisant les deux protocoles. On voit bien que, d'un point de vue fonctionnel, les deux outils sont équivalents. En pratique, peu de choses, à part l'habitude ou les scripts d'administration existants s'opposent désormais à la substitution pure et simple de Telnet et RSH par SSH ou OpenSSH ; que nous recommandons bien évidemment. En fait, dans certains cas, l'utilisation du protocole OpenSSH est même largement plus commode : il gère certaines erreurs de manière plus intuitive, peut propager correctement certains signaux et permet d'effectuer en toute sécurité des transmissions automatiques qui auraient demandé d'inscrire les mots de passe dans les scripts. Le seul argument technique encore valide à notre connaissance pour préférer l'utilisation des anciens protocoles est celui de la connexion vers des systèmes EBCDIC.
  • De plus en plus d'équipements, notamment des systèmes embarqués, offrent des interfaces d'administration accessibles via HTTP. Dans certains cas, HTTPS est disponible et il faut bien évidemment le préférer à son alternative en clair. Par contre, dans la plupart des cas, HTTPS ne fournit que la protection de la confidentialité du flux. Il serait souhaitable à notre sens, de gérer également l'authentification réciproque de l'équipement et du navigateur d'administration via des certificats comme c'est possible avec HTTPS (en fait avec SSL/TLS), mais c'est encore rarement le cas.
  • Dans le domaine de l'administration Windows, même si des moyens d'accès en ligne de commande sont disponibles[1], ils sont rarement suffisants pour permettre d'administrer l'ensemble de la machine. Les principaux moyens d'accès utilisés dans la pratique sont alors ceux indiqués ci-dessous. Ceux-ci offrent généralement une authentification relativement solide (en tout cas pour les versions récentes des protocoles) mais aucune protection du flux TCP sous-jacent.
    • soit le service Terminal Server illustré dans la figure 6, qui fait partie intégrante des systèmes Windows serveurs ;
    • soit, assez couramment, le logiciel VNC ou certaines de ses alternatives commerciales. (On notera d'ailleurs que la récente variante commerciale de VNC offre justement une palette de fonctions de sécurité et d'authentification nettement élargie par rapport à la version librement disponible.)
Connexion Windows 2000 via TSE (sous Windows 2000)

Systèmes embarqués[modifier | modifier le wikicode]

De nombreux systèmes pouvant être qualifiés de systèmes « embarqués » sont en fait présent dans le système d'information des entreprises :

  • Il s’agit souvent des équipements associés à l’infrastructure réseau (LAN)
  • TFTP est largement répandu :
    • Mise à jour des OS embarqués (switch Cisco, PIX)
    • Sauvegarde des configurations
  • HTTP et HTTPS également (IHM)
  • SNMP est mis en œuvre de manière large mais hétérogène
  • SSH apparaît sur les équipements réseau

À ces systèmes embarqués présents en entreprise sont en train de venir s'ajouter des équipements à usage personnel ou à destination des PME. Ces équipements sont parfois désignés sous l'acronyme « SOHO » (Small Office and Home Office). La problématique de leur sécurité est émergente mais avec une diffusion élargie, il faut craindre que son importance ne se révèle directement aux yeux du grand public.

Enfin, la problématique de la sécurité des systèmes embarqués risque de voir son importance s'accroître considérablement avec l'arrivée d'équipements informatiques nouveaux dans le domaine domestique : assistants personnels (PDA), systèmes de réception vidéo entièrement numériques (magnétoscope, récepteur TV satellite ou câble), routeurs ADSL incluant des fonctions de téléphonie ou de télévision, téléphones portables, consoles de jeux vidéo avec accès réseau, tablette PC, assistant de navigation avec récepteurs GPS et pourquoi pas un jour des équipements domotiques (systèmes d'alarmes ou de contrôle d'accès physique informatisés, systèmes de surveillance médicale, voire réfrigérateurs, lave-vaisselle, etc.). Il est également probable que certains de ces équipements incluront des fonctions de sécurité avancées et peut-être très contraignantes pour l'individu (notamment dans le domaine de la diffusion vidéo, ou de la télé-surveillance). Face à ces tendances, le titre de « 1984 » prend le sens que son auteur aurait certainement voulu lui donner : celui d'un effort d'anticipation.

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. De toute façon, comme il s'agit en général de serveurs Telnet, nous ne les regretterons pas.