Histoire de France/Guerre de Cent ans

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Chapitre V
Guerre de Cent ans

La guerre de Cent Ans couvre une période de cent seize ans, de 1337 à 1453, au cours de laquelle s’affrontent sur le sol français deux dynasties, les Plantagenêts et la Maison capétienne de Valois, lors de nombreux conflits, entrecoupés de trêves plus ou moins longues. Elle se divise en deux parties séparées par un intervalle de 35 ans, et chaque partie renferme une période de revers et une de succès pour les Capétiens. Bien qu'aucune bataille d'importance n'ait eu lieu après 1453, la guerre de Cent Ans ne se termine officiellement qu'avec la signature du traité de Picquigny par Louis XI de France et Édouard IV d'Angleterre en 1475.

Philippe VI de Valois[modifier | modifier le wikicode]

La mort de Charles IV, roi de France, en 1328, laisse le trône vacant. En l'absence de descendant mâle survivant, se pose la question de savoir qui va alors régner. Trois prétendants se présentèrent pour recueillir son héritage : Philippe VI dit Philippe de Valois, qui tenait ses droits de son père ; Édouard d'Angleterre, qui les tenait de sa mère, et Philippe d'Évreux, époux de Jeanne de Navarre, fille de Louis X. En vertu de la loi salique, Philippe de Valois fut proclamé roi par les états généraux de 1328.










 
 
 
 
 
Marie
de Brabant
† 1322
 
 
 
 
 
 
Philippe III
† 1285
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Isabelle
d'Aragon
† 1271
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Philippe IV
† 1314
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Charles
de Valois
† 1325
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Louis
d'Évreux
† 1319
 
 
 
Louis X
† 1316
 
 
 
 
 
Philippe V
† 1322
 
 
 
Isabelle de France
mariée à Édouard II
d'Angleterre
 
Charles IV
† 1328
 
Philippe VI de Valois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Philippe III
d’Évreux

† 1343
 
Jeanne II
de Navarre

† 1349
 
Jean Ier
† 1316
 
Jeanne
mariée à Eudes IV
de Bourgogne
 
Marguerite
mariée à Louis Ier
de Flandre
 
Édouard III
d'Angleterre

né en 1312
† 1377
 
 
 
 
 

Suit la
Maison de Valois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Charles II le Mauvais
né en 1332
† 1387
abandonne ses droits en 1365
 
 
 
 
 
 
 
Philippe
de Bourgogne

né en 1323
† 1346
 
Louis II de Flandre
né en 1330
† 1384

Légende : Trône de Navarre Trône de France Trône d'Angleterre

Guerre de Flandre

Philippe VI inaugura son règne par une victoire. Les Flamands formaient deux partis : les nobles, d'origine française, et les bourgeois, d'origine flamande. Les bourgeois flamands, irrités contre leur comte Louis de Nevers, qui violait souvent leurs privilèges, se révoltèrent (1328). Philippe alla lui-même au secours de son vassal, gagna une bataille sous les murs de Cassel et s'empara de cette ville, malgré les bravades des Flamands, qui traitaient Philippe de « roi trouvé » et avaient mis sur leurs drapeaux un coq avec cette devise :

Quand ce coq chanté aura,
Le roi trouvé ci entrera.
Hommage du roi Édouard

Cette victoire décida Édouard III à venir rendre hommage au roi de France pour le duché de Guyenne. La cérémonie se fit en grande pompe dans la cathédrale d'Amiens ; mais le roi d'Angleterre en garda un profond ressentiment qui ne tarda pas à se manifester.

Guerre de Cent ans
Bataille de Crécy, par Jean Froissard

Les principales causes de la guerre de Cent ans sont :

  • La conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant ;
  • Le divorce de Louis VII avec Éléonore ;
  • Les prétentions d'Édouard III à la couronne de France ;
  • L'absence d'héritier direct à la couronne ;
  • Une crise démographique, économique et sociale.

Les premières hostilités eurent lieu contre les alliés de l'Angleterre, en Flandre et en Bretagne ; la lutte se continua ensuite directement contre les Anglais qui envahirent la France et triomphèrent à Crécy, puis à Calais.

Seconde guerre de Flandre

En 1337, les bourgeois flamands se révoltèrent de nouveau, sous la conduite de Jacques Arteweld[1], qui travaillait ardemment à faire reconnaître roi de France Édouard, son allié, Philippe fit arrêter tous les marchands anglais qui venaient vendre leur laine au marché de Bruges. Une flottille anglaise ayant mis à la voile, fut attaquée par la flotte française ; mais celle-ci fut battue au port de l'Écluse (1340). Une trêve d'un an interrompit la guerre ; toutefois les Anglais et les Français se retrouvèrent bientôt en Bretagne.

Succession de Bretagne

Jean III, duc de Bretagne, venait de mourir sans enfants. Deux prétendants se disputèrent sa succession : Charles de Blois marié à Jeanne de Penthièvre, nièce du feu duc, et Jean de Montfort son frère. La France soutint le premier ; l'Angleterre, le second. Les femmes des deux prétendants, appelées toutes les deux Jeanne[2] déployèrent tant de vaillance, pendant la captivité de leurs maris, que cette guerre reçut le nom de guerre des deux Jeanne. Elle se termina seulement sous Charles V, vingt-deux ans plus tard. Un de ses plus remarquables faits d'armes fut le combat des Trente.

Tableau généalogique des prétendants au duché de Bretagne
Combat des Trente

Beaumanoir, gouverneur du château de Josselin et partisan de Jeanne de Penthièvre, avait porté un défi au capitaine anglais Brambourg, commandant de Ploërmel, du parti de Montfort. Ils convinrent de se battre à la tête chacun de vingt-neuf de leurs meilleurs soldats. La rencontre eut lieu à mi-voie entre Ploërmel et Josselin. Le combat fut acharné et dura plusieurs heures. Beaumanoir, couvert de blessures étendu par terre, se plaignait de la soif. « Bois ton sang, Beaumanoir, lui cria un de ses soldats ». À ces mots, Beaumanoir se relève, fond sur les Anglais, tue leur chef, Brambourg, et la victoire est complète.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Quels étaient les trois prétendants à la couronne de France, en 1328 ?
  2. Quel est celui qui fut proclamé ? Quel était son caractère ?
  3. Pourquoi les Flamands se soulevèrent-ils ? Qui fut vainqueur à Cassel ?
  4. Pourquoi Édouard III rendait-il l'hommage ?
  5. Quelles sont les causes de la guerre de Cent ans ? Comment se subdivise-t-elle ? Où se battit-on d'abord ?
  6. Quel était le chef des Flamands ? Où la flotte française fut-elle battue ?
  7. Quels étaient les prétendants à la succession de Bretagne ? Comment appela-t-on la guerre de Bretagne ? Pourquoi ?
  8. Racontez le combat des Trente.

Philippe VI, Crécy et Calais[modifier | modifier le wikicode]

1ère phase de la guerre de Cent Ans      Principales batailles de la 1ère phase de la guerre

      Chevauchée d'Édouard III en 1339

      Itinéraire de l'armée d'Édouard III en 1346

      Chevauchée du Prince noir en Languedoc en 1355

      Chevauchée de Lancastre en 1356

      Itinéraire du Prince noir en 1356

      Chevauchée d'Édouard III en 1359-60

La bataille de Crécy, Chroniques de France, Jean Froissart, XVe siècle
Invasion d'Édouard

Édouard III, guidé par Geoffroi d'Harcourt, descendit en Normandie, avec une forte armée, et dévasta les bords de la Seine. Philippe marcha contre lui avec 60 000 hommes, le força de s'éloigner et l'atteignit à Crécy, où il s'était retranché. Sans donner à ses troupes fatiguées le temps de se reposer, le roi de France engagea la bataille, qu'il perdit par sa téméraire impatience (1346).

Bataille de Crécy

Les Anglais s'étaient échelonnés sur la pente de la colline de Crécy. Vers trois heures la chevalerie française arrive en désordre, sous une pluie battante, Philippe donne aussitôt ordre aux arbalétriers[3] génois de commencer l'attaque ; mais la pluie a détendu leurs arcs, et les flèches n'arrivent pas jusqu'à l'ennemi. Les Anglais bien postés, criblent leurs adversaires de traits, les bombardes[4], nouvelle arme de guerre, jettent le désordre dans les rangs ; les Génois reculent. Philippe, indigné, commande à sa chevalerie de passer sur cette « ribaudaille[5] ». Les chevaliers s'élancent la lance au poing ; le roi lui-même pénètre jusqu'au cœur de l'armée anglaise. Un moment le jeune prince de Galles[6] est sur le point de succomber : « Laissez-lui gagner ses éperons[7] », dit Édouard à ceux qui venaient lui demander du secours.

On redoubla d'efforts de part et d'autre, mais les Français sont écrasés. Une foule de chevaliers et 30 000 soldats restent sur le champ de bataille.

Prise de Calais

Édouard profita de sa victoire pour aller investir Calais qui était pour lui comme la clef de la France. Les habitants, après s'être défendus avec acharnement pendant onze mois, furent enfin obligés de se rendre. On les chassa tous de la ville qui fut repeuplée avec des familles anglaises.

Héroïque dévouement

Édouard irrité de la longue résistance des Calaisiens, les voulait passer tous au fil de l'épée ; il consentit toutefois à leur laisser la vie, à condition que six des notables viendraient nu-pieds lui apporter les clefs de la ville. À cette nouvelle, la foule éclate en sanglots. Eustache de Saint-Pierre se lève et dit : « J'ai si grande espérance qu'en mourant pour ce peuple j'obtiendrai pardon de Notre-Seigneur que je veux être le premier ». Son exemple est suivi par Jean d'Aire, Jacques et Pierre de Vissant, Jean de Vienne et André d'Ardres. Tous les six s'avancent pieds-nus, tête nue, la corde au cou, et présentent à Édouard les clefs de la ville. Le roi, courroucé, s'écrie : « Qu'on fasse venir le coupe-tête ». Son entourage le supplie d'être miséricordieux ; il grince des dents. La reine d'Angleterre se jette à ses genoux, les yeux baignés de larmes ; le monarque est ému : « Ah ! Madame, dit-il, j'aimerais mieux que vous fussiez autre part qu'ici... Tenez, je vous les donne... ». Les six bourgeois et la ville furent sauvés, mais Calais devait rester 211 ans au pouvoir des Anglais.

Peste de Florence

À cette époque une terrible peste, dite peste noire ou peste de Florence, ravagea toute l'Europe et enleva, dit-on, en France le quart de la population ; elle augmenta la détresse publique et força les belligérants à conclure une trêve.

Acquisition de la couronne

Philippe compensa les désastres de son règne par quelques acquisitions. À son avènement, il avait réuni à la couronne les duchés de Valois, d'Anjou et du Maine ; avant de mourir, il acheta le comté de Montpellier au dernier roi de Majorque, et Humbert II, comte de Vienne, lui céda le Dauphiné (1449), moyennant une pension, à condition que l'héritier présomptif de la couronne porte le titre de Dauphin.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Quelle province ravagea Édouard III ?
  2. Racontez en peu de mots la bataille de Crécy. Pourquoi lez archez gênois reculèrent-ils ?
  3. Que fit Édouard après sa victoire de Crécy ?
  4. Nommez les six bourgeois calaisiens qui sauvèrent la ville.
  5. Que savez-vous sur la peste de Florence ?
  6. Quelles provinces possédait Philippe VI à son avènement ? Quelles sont celles qu'il acquit ensuite ?

Jean le Bon[modifier | modifier le wikicode]

Sacre de Jean le Bon tiré des Grandes Chroniques de France de Jean Froissart, XVe siècle
Royaume de France entre 1356 et 1363 : Jacqueries et Compagnies      Possessions de Charles de Navarre      Territoires contrôlés par Édouard III avant le traité de Brétigny      Territoires cédés par la France à l'Angleterre par le traité de Brétigny (suit le tracé du premier traité de Londres)

      Chevauchée d'Édouard III en 1359-1360

Caractère du roi Jean

Jean II dit Jean le Bon[8], monté sur le trône en 1350, était loyal, brillant chevalier, mais téméraire, prodigue et violent. Il souilla le commencement de son règne par le meurtre du connétable Raoul, comte d'Eu, faussement accusé de trahison. Des seigneurs ayant tenté d'assassiner le nouveau connétable, Charles de Lacerda, Jean vint les surprendre à Rouen dans un banquet et les fit décapiter. Pour se venger, le roi de Navarre Charles le Mauvais, et les amis des victimes excitèrent le roi d'Angleterre à envahir la France.

Bataille de Poitiers

Le prince de Galles, surnommé le Prince Noir, à cause de la couleur de son armure, fit une descente en Guyenne. Jean, à la tête d'une nombreuse armée, coupa la retraite aux Anglais qui avaient déjà ravagé plusieurs provinces. Le Prince Noir se voyant cerné sur une hauteur, à Maupertuis, près de Poitiers, demanda la paix à certaines conditions ; mais Jean le Bon voulut lui en imposer de beaucoup plus dures. On combattit. Les Français, ayant commis les mêmes fautes qu'à Crécy, furent battus et le roi Jean tomba au pouvoir des Anglais, malgré des prodiges de valeur (1356).

Le roi, lâchement abandonné des siens, et resté presque seul avec son jeune fils, Philippe le Hardi, continuait à se défendre ; mille ennemis l'entouraient et lui criaient : « Rendez-vous ! ». Pour toute réponse, Jean assommait de sa hache d'armes tous ceux qui osaient l'approcher. « Père, lui criait le jeune prince, gardez-vous à droite ; père, gardez-vous à gauche ! ». Enfin épuisé de fatigue, il fut contrait de rendre son épée.

Le prince de Galles se montra digne de son triomphe : il traita son prisonnier avec tous les égards dus à la majesté royale. Le soir même de la bataille, il lui fit préparer un magnifique souper et le servit lui-même à table. Le captif fut conduit d'abord à Bordeaux, puis à Londres, où sa détention se prolongea plusieurs années.

États généraux

Le dauphin Charles, investi de la régence, convoqua les états généraux (1356). Les députés du tiers état avaient à leur tête Étienne Marcel ; ceux du clergé, Robert le Coq, évêque de Laon, et ceux de la noblesse, Jean de Picquigny. Tous se montrèrent hostiles au régent et se séparèrent sans avoir rien fait.

Conspiration d'Étienne Marcel

Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, chercha à abaisser le pouvoir royal en favorisant les desseins de Charles le Mauvais, qui aspirait à la royauté. Soutenu par la populace, il envahit le palais de la Cité et massacra les maréchaux de Champagne et de Normandie, sous les yeux du dauphin qui parvint à s'échapper. Marcel triomphant allait ouvrir les portes de Paris à Charles le Mauvais, roi de Navarre, lorsqu'il fut tué lui-même par Jean Maillard, chef du parti resté fidèle au dauphin (1358).

La Jacquerie

Là n'étaient pas les seuls embarras du dauphin : les paysans, pillés, rançonnés par les seigneurs, s'étaient révoltés sous le nom de Jacques et leur association avait pris le nom de Jacquerie. Puis, réunis aux malandrins, aux routiers, aux tard-venus[9], aux soldats licenciés[10], ils incendiaient, égorgeaient sans pitié ; la France entière était terrifiée.

Pendant que les Jacques désolent le pays, les Anglais continuent de le ravager dans le nord de la France. Toutefois le sentiment national, le patriotisme se réveille et la résistance locale commence un peu partout. Près de Creil (Oise), les Anglais attaquent un village ; le Grand Ferré, jouant de la hache avec une force et une dextérité extraordinaire, en abat quarante-cinq. Il tombe malade : les Anglais l'apprennent en envoient douze de leurs soldats pour le tuer. La femme du moribond les aperçoit : « Ah ! mon pauvre Grand Ferré, s'écrie-t-elle, voilà les Anglais qui viennent pour te tuer ». « Brigands, s'écrie le géant, vous venez pour me prendre au lit, mais vous ne me tenez pas encore ». Et s'élançant de sa couche, il saisit sa hache, tombe sur les assassins, en tue sept, les autres s'enfuient. Mais le héros, épuisé, se couche pour ne plus se relever.

Traité de Brétigny

La paix fut enfin signée avec les Anglais, en 1360 ; elle fut désastreuse. Par le traité de Brétigny, le roi Jean cédait à l'Angleterre le duché d'Aquitaine et ses dépendances, c'est-à-dire le Poitou, la Saintonge, etc. ; il renonçait aussi à Calais, à Guines et au comté de Ponthieu. Il devait en outre payer, en six ans, 3 millions d'écus d'or pour sa rançon, et laisser ses deux fils en otage. À ce prix le roi Jean fut mis en liberté ; mais apprenant qu'un de ses fils s'était échappé d'Angleterre, il se constitua de nouveau prisonnier en prononçant ces paroles : « Si la bonne foi et la justice étaient bannies du reste de la terre elles devraient se retrouver dans le cœur des rois ». Il mourut dans sa prison de Londres, en 1364.

Apanages

À son retour de Londres, Jean le Bon commit la même faute que Louis VIII en donnant plusieurs provinces en apanage à ses fils puînés : Louis eut le Maine et l'Anjou ; Jean, l'Auvergne et le Berry, et Philippe le Hardi, son compagnon de captivité, le duché de Bourgogne.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Quel était le caractère de Jean le Bon ? Quels furent les premiers actes de son règne ?
  2. Que savez-vous sur les états généraux de 1356 ?
  3. Qui était Étienne Marcel ?
  4. Qu'appelle-t-on la Jacquerie ?
  5. Quelles étaient les conditions du traité de Brétigny ? Comment furent-elles exécutées ?
  6. Quels princes reçurent des apanages ?

Charles V, Duguesclin[modifier | modifier le wikicode]

Enluminure tirée du livre de chasse de Gaston Phébus ; Charles V est à gauche
Caractère de Charles V

À la mort de Jean le Bon, le dauphin Charles, qui avait déjà la direction des affaires depuis plusieurs années, prit le titre de roi (1364). Il fut sage, prudent et habile : les malheurs de la régence l'avaient instruit. Faible et maladif, incapable de combattre, le nouveau roi se tenait habituellement dans son palais, au milieu des savants et des livres, il lui fallait le concours d'un homme d'action qu'il trouva dans Bertrand Duguesclin, gentilhomme breton. L'un fut la tête, l'autre fut le bras, et à eux deux, ils sauvèrent la France.

Duguesclin

Duguesclin naquit en Bretagne. « C'était, disait-on, l'enfant le plus laid qu'il y eût de Rennes à Dinan ». Il était sans cesse en querelle avec ses frères, et en lutte avec les enfants des paysans. Jeune homme, il désirait ardemment prendre part aux tournois où les chevaliers faisaient assaut de bravoure et d'adresse. Un jour, à Rennes, il endosse en secret une lourde cuirasse, court au tournoi, renverse quinze champions et porte le prix du vainqueur à son père qui l'embrasse en pleurant. Dès ce moment, uni à quelques compagnons dévoués, il fait aux Anglais une guerre sans trêve de surprises et d'embuscades. Dans la guerre de Bretagne, lorsque les Anglais entendaient son cri de guerre : « Notre-Dame, Duguesclin ! », lorsqu'on voyait briller sur sa bannière l'aigle à deux têtes aux ailes déployées, l'effroi s'emparait des plus intrépides, dit-on. Avec soixante hommes, déguisés en bûcherons, il s'empara du château de Fougeray, occupé par deux cents Anglais. AU siège de Melun, dans un assaut, après avoir reçu sur lui un tonneau de pierres, il sorti des décombres malgré ses blessures, retourna au combat, et la ville fut prise.

Guerre des Anglais contre les alliés

Pour relever la France, il fallait d'abord réduire à l'impuissance Charles le Mauvais, roi de Navarre ; terminer la guerre de Bretagne, et débarrasser le pays des grandes Compagnies. Cette triple tâche remplie, on pourrait s'attaquer rapidement aux Anglais pour reprendre les provinces qu'ils avaient enlevées lors du traité de Brétigny.

Bataille de Cocherel
La bataille de Cocherel selon une enluminure du XVe siècle de Toison d'or par Guillaume Fillastre

Le jour même du sacre du roi, Duguesclin battit Charles le Mauvais à Cocherel : ce furent là les « nobles étrennes » de la royauté de Charles V. Cette victoire amena le traité de Saint-Denis (1364), par lequel le roi de Navarre renonçait à toutes ses prétentions[11].

Guerre de Bretagne

En Bretagne, la rivalité de Charles de Blois contre Jean de Montfort durait toujours. Pour y mettre un terme, Charles V envoie Duguesclin qui essaye vainement de négocier ; une furieuse bataille s'engage à Auray : Charles de Blois y est battu et tué, et Duguesclin fait prisonnier.

Le traité de Guérande (1365) donne la Bretagne au vainqueur, Jean de Montfort ; mais celui-ci se reconnaît le vassal du roi de France, et Jeanne la Boiteuse conserve son comté de Penthièvre.

Les grandes compagnies

Rendu à la liberté, Duguesclin délivra la France des grandes Compagnies, bandes de malfaiteurs et de soldats licenciés, qui, ne recevant plus de solde, vivaient de pillage. Duguesclin les décida à le suivre et les conduisit en Espagne, contre Pierre le Cruel qui avait assassiné sa femme, Blanche de Bourbon, sœur de la reine de France. Le prince Noir alla au secours de Pierre le Cruel, battit Duguesclin, le fit prisonnier à Navarette (1367) et le conduisit à Bordeaux.

À la bataille de Navarette, Duguesclin, appuyé contre une muraille, se battait. Le prince Noir lui cria : « Bertrand, rendez-vous à moi ». Pierre le Cruel survint en ce moment : « Voilà mon ennemi, s'écria-t-il, je veux me venger par sa mort ! ». Mais Duguesclin, s'élançant en avant, lui porta avec son épée un si rude coup, qu'il le renversa évanoui. Se tournant après vers le prince Noir : « Je rends mon épée, dit-il, au plus vaillant prince de la Terre ».

Captivité de Duguesclin

Pendant sa captivité, à Bordeaux, il porta le prix de sa rançon à cent mille livres. « Et où prendrez-vous tout cet argent ? » dit le prince étonné. « Le roi de France et don Henri de Transtamare en payeront chacun une moitié ; et s'il était besoin, il n'y a femme ou fille en mon pays, sachant filer, qui ne voulût gagner avec sa quenouille de quoi me tirer de prison ». Bertrand, ayant trouvé le prix de sa rançon, reprit, à petites journées, le chemin de Bordeaux. Partout, sur sa route, il trouvait des chevaliers, de simples hommes d'armes qui, moins heureux que lui, venaient se reconstituer prisonniers. Ému de pitié, Bertrand donnait, donnait toujours ; il donnait tant, qu'arrivé aux portes de la ville, il ne lui restait plus rien. Il fallut le racheter une deuxième fois.

Henri roi de Castille

À peine libre, Duguesclin courut en Espagne, battit Pierre le Cruel à Montiel[12], et rétablit sur le trône de Castille Henri de Transtamare, qui devint un fidèle allié de la France.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Qu'était Duguesclin dans son enfance ? Comment se fit-il connaître ?
  2. Contre qui Charles V fit-il d'abord la guerre ?
  3. Quel fut le résultat de la bataille de Cocherel ?
  4. Comment se termina la guerre de Bretagne ?
  5. Que fit Duguesclin à Navarette ?
  6. Comment Duguesclin montra-t-il sa générosité ?
  7. À qui demeura la Castille ?

Charles V et les Anglais[modifier | modifier le wikicode]

Guerre contre les Anglais

Charles V et Duguesclin pouvaient enfin entreprendre de réaliser leur projet : déchirer le traité de Brétigny. L'occasion était favorable. Les populations de la Gascogne et de la Guyenne, mécontentes du gouvernement du prince Noir, adressèrent leurs réclamations à Charles V, le considérant toujours comme leur suzerain. Celui-ci somma le prince de comparaître devant la cour des pairs : « Je m'y rendrai volontiers, répondit le fils d'Édouard, mais ce sera le bassinet[13] en tête et soixante mille hommes en ma compagnie ». La guerre fut déclarée (1369).

Duguesclin connétable[14]
Remise de l'épée de connétable à Bertrand du Guesclin, enluminure de Jean Fouquet (XVe siècle)

« Messire Bertrand, dit le roi en remettant au guerrier l'épée qu'il faisait difficulté d'accepter, je n'ai frère ni cousin, comte ni baron en mon royaume, qui ne vous obéisse ; prenez cette épée, je vous prie ». Duguesclin l'accepta en s'en servit dignement. Après avoir pris l'avis de Charles V, il résolut de détruire les armées anglaises sans courir le risque de grandes batailles. Il s'attacha à leurs pas, ruinant le pays autour d'elles pour les empêcher de vivre, leur dressant des embuscades, puis les surprenant tout à coup, quand l'occasion était favorable, comme à Pontvallain, où profitant d'une nuit sombre, il surprit dix mille Anglais et les mit en pièces.

Invasions anglaises

Cette méthode eut un plein succès. C'est en vain que Robert Knolles ravagea le nord de la France, que le prince Noir parcourut le Poitou, que le duc de Lancastre traversa le royaume du nord au sud ; ils ne purent brûler que de petits villages ; toutes les places fortifiées étaient ferment défendues, et les armées d'invasion étaient vite épuisées et anéanties par cette guerre d'escarmouches, sans paix ni trêve.

Nouveaux succès

Le prince de Galles et son père Édouard III étant morts en 1377, Duguesclin reprit l'offensive contre Richard II qui n'était qu'un enfant, et bientôt les Anglais ne possédèrent plus en France que les villes de Bayonne, Bordeuax, Brest, Cherbourg et Calais, avec quelques places à l'intérieur.

Mort de Duguesclin
Mort de Bertrand Duguesclin, « Grandes Chroniques de France », enluminées par Jean Fouquet, Tours, vers 1455-1460

Le connétable assiégeait Châteauneuf-de-Randon lorsqu'il fut emporté subitement par une fièvre aiguë (juillet 1380) : « Adieu, mes amis, dit-il à ses compagnons d'armes, qu'il vous souvienne qu'en quelque lieu que vous fassiez la guerre, les gens d'église, les femmes, les enfants et le pauvre peuple ne sont point vos ennemis ».

Le capitaine avait promis de se rendre dans six jours s'il n'était pas secouru. Le terme expiré, il sortit de la ville suivi de toute sa garnison, traversa l'armée française rangée en bataille, pénétra dans la tente du connétable agonisant et remit les clefs de la place « au plus brave chevalier qui ait vécu depuis les cent ans passés ». Pour reconnaître les services de Duguesclin, Charles V lui accorda la sépulture royale à Saint-Denis, ce que seul Turenne recevra après lui.

Mort de Charles V

Charles V ne tarda pas à suivre son ami dans la tombe. Il mourut en septembre probablement atteint de tuberculose pulmonaire.

Administration de Charles V

Charles V s'entoura de bons généraux : Duguesclin, Olivier de Clisson, de Boucicaut, etc... Il confia l'administration à d'habiles ministres, tels que Bureau de la Rivière, Philippe de Savoisy, Hugues Aubriot, etc... Il régularisa la levée des impôts, fixa la majorité des rois à quatorze ans, substitua les légistes aux barons dans le parlement, et leur donna le château de saint Louis qui devint le palais de justice.

Les lettres et les arts

Ami des lettres, Charles V fonda au Louvre la bibliothèque royale composée de neuf cents volumes. Parmi les écrivains de cette époque il faut citer le chroniqueur[15] Froissart, l'historien de la guerre de Cent ans, et Christine de Pisan qui écrivit la vie de Charles V, son bienfaiteur. L'enceinte de Paris fut reculée et la Bastille[16] construite, ainsi que le château de Saint-Germain et divers autres.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Quelle fut l'occasion de la guerre contre les Anglais ? Que répondit le prince de Galles cité devant les pairs ?
  2. À quelle dignité fut élevé Dugesclin ? Comment fit-il la guerre ?
  3. Quelles furent les principales invasions anglaises ?
  4. Quels furent les résultats de cette guerre ?
  5. Que savez-vous sur la mort de Dugesclin ? Où fut-il enterré ?
  6. Que fut le gouvernement de Charles V ? Quels furent ses principaux généraux ? Ses principaux ministres ?
  7. Qu'a-t-il fondé de remarquable ?

Charles VI[modifier | modifier le wikicode]

La Bataille de Rosebecque, Les chroniques de Froissart, milieu du XVe siècle
Les oncles font couronner rapidement Charles VI de manière à prendre le pouvoir au détriment des conseillers de Charles V, Les Grandes Chroniques de France par Fouquet vers 1455-1460
Avènement de Charles VI

Après la mort de Charles V et de Duguesclin, la France tomba dans une période d'anarchie et de désordre. Le nouveau roi n'ayant que douze ans, ses trois oncles, les ducs d'Anjou, de Berry et de Bourgogne, se partagèrent le gouvernement comme une proie. Ils pillèrent le trésor amassé par Charles V et établirent de nouveaux impôts. Des révoltes éclatèrent à Paris, à Rouen, etc... Comme les insurgés s'étaient emparés des maillets de fer déposés à l'arsenal, on leur donna le nom de Maillotins.

Guerre de Flandre

Dans le Nord, les Flamands, conduits par Philippe Arteweld[17], prirent aussi les armes contre leur comte Louis et le vainquirent à Bruges (1382). Le jeune Charles VI, aidé d'Olivier de Clisson, résolut de frapper au cœur l'esprit de sédition ; il marcha au secours de son vassal, attaqua les rebelles et les écrasa à Rosebecque. Arteweld périt dans le combat. Charles VI, après sa victoire, rentra à Paris ; ses oncles l'y suivirent et se rendirent de plus en plus odieux par leurs exactions et leur tyrannie.

Bataille de Rosebecque

Les Flamands, au nombre de soixante mille, armés de lances, de coutelas, de maillets, s'avançaient en masse compacte. Pour être plus sûrs de charger avec ensemble, ils s'étaient liés les uns aux autres. La masse flamande avançait en silence, toute hérissée de piques. Le premier choc fut terrible, il ébranla l'armée française. Mais le connétable de Clisson avait habilement disposé ses troupes. Lorsque l'action fut bien engagée, les chevaliers français placés à droite et à gauche se déployèrent ; les Flamands attaqués de tous côtés, resserrés dans un étroit espace percés par les longues lances des chevaliers français reculèrent les uns sur les autres. C'est alors que s'opéra sur la masse une lente mais terrible pression qui écrasa les bataillons, et il périt d'autant plus d'hommes qu'ils étaient plus serrés. Vingt-six mille Flamands restèrent sur le champ de bataille.

Olivier de Clisson

Né en 1336, Olivier de Clisson fut d'abord partisan de Jean de Montfort. Après la bataille d'Auray, il passa au service de Charles V, fut le compagnon et le frère d'armes de Duguesclin, et détruisit l'armée anglaise de Robert Knolles. Charles VI le fit connétable et lui accorda toute sa faveur ; mais les oncles du roi le dépouillèrent de sa dignité. Olivier se retira alors dans ses terres de Bretagne.

Majorité du roi

Devenu majeur, le roi « remercia ses oncles » et rappela les sages ministres de son père. Le gouvernement de ces simples gentilshommes fut mesuré et honnête, aussi le peuple donna-t-il au roi le nom de Bien-Aimé. Les princes, par dépit, appelèrent les nouveaux ministres Marmousets[18]. Malheureusement pour la France, le jeune roi, dont la minorité avait été si agitée, perdit la raison en 1392 et l'anarchie régna de nouveau plus que jamais dans le royaume.

Démence de Charles VI

Pierre de Craon avait tenté d'assassiner le connétable de Clisson, puis s'était réfugié chez le duc de Bretagne, son suzerain et son parent. Pour tirer vengeance de cet attentat, le roi s'était mis à la tête de son armée et marchait contre la Bretagne. On était au commencement d'août ; Charles VI traversait la forêt du Mans à la tête de ses chevaliers. Tout à coup, un homme vêtu de blanc sortit d'un fourré, saisit le cheval du roi en s'écriant : « Ne chevauche pas plus avant, noble sire, tu es trahi ! ». L'émotion du roi fut extrême. Sombre et rêveur, il continua sa route, traversant une grande plaine, sous un soleil ardent, lorsqu'un page qui sommeillait laissa tomber sa lance sur le casque de son camarade. Au bruit du fer, le roi mit l'épée à la main et courut sur sa suite en criant : « À bas les traîtres ! ». Il était fou.

Tutelle des oncles du roi

Les duc de Berry et de Bourgogne, oncles du monarque, s'emparèrent de nouveau du gouvernement, chassèrent les ministres de Charles VI et enlevèrent à Olivier de Clisson l'épée de connétable. Le frère du roi, Louis d'Orléans, âgé de 21 ans, réclama la régence du royaume ; mais ses oncles l'écartèrent. De là une rivalité qui devait amener bientôt les plus funestes conséquences.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Par qui fut gouvernée la France pendant la minorité de Charles VI ? Qui appela-t-on Maillotins ?
  2. Quelle révolte eut lieu en Flandre ?
  3. Comment furent défaits les Flamands ?
  4. Qui était Olivier de Clisson ?
  5. Que fit Charles VI à sa majorité ? Qu'appelait-on Marmousets ?
  6. Pourquoi Charles VI déclara-t-il la guerre au duc de Bretagne ? Quelle aventure lui arriva dans la forêt du Mans ?
  7. Qui s'empara du pouvoir quand le roi perdit la raison ? Comment en usèrent-ils ? Qui réclama en vain la régence ?

Charles VI, guerre civile[modifier | modifier le wikicode]

Assassinat du duc d'Orléans

La rivalité entre Philippe, duc de Bourgogne, et Louis d'Orléans, frère du roi, ne tarda pas à dégénérer en guerre civile. Philippe étant mort en 1404, fut remplacé par son fils Jean sans Peur, prince violent et hautain qui voulut dominer le pouvoir comme avait fait son père. Pour y parvenir, il fit assassiner son rival, le duc d'Orléans, qui venait d'être nommé lieutenant général du royaume (1407).

Portrait de Jean sans Peur
Jean sans Peur

Jean sans Peur, du vivant de son père, avait fait une croisade contre les Turcs. De nombreux chevaliers français sous ses ordres étaient allés au secours du roi de Hongrie et avaient été battus à Nicopolis par le terrible sultan Bajazet. Tous furent pris et décapités, sauf vingt-quatre des plus notables qui furent mis à rançon.

Les Armagnacs et le Bourguignons

Les deux fils du duc assassiné prirent aussitôt les armes contre le meurtrier. L'aîné, Charles d'Orléans, gendre du comte d'Armagnac, fut soutenu par son beau-père, l'un des plus puissants seigneurs du Midi, qui devint le chef du parti. Jean sans Peur, maître de Paris, donna des armes à la puissante corporation des bouchers, dont le chef s'appelait Caboche. Tous les Parisiens soupçonnés d'appartenir aux Armagnacs furent emprisonnés, tués ou jetés dans la Seine. Paris, effrayé et indigné, ouvrit ses portes aux Armagnacs qui firent à leur entrée un massacre général des Cabochiens et des Bourguignons (1413).

Seconde partie de la guerre de Cent ans
Le matin avant la bataille d'Azincourt, le 25 octobre 1415, par John Gilbert

Après un intervalle de trente-cinq ans, la guerre de Cent ans fut reprise, les Anglais profitant de la discorde française pour envahir de nouveau la France. Henri V demanda l'exécution du traité de Brétigny et la main de Catherine, fille de Charles VI. Sur le refus des Armagnacs, il débarqua à Harfleur avec trente mille hommes. Le connétable d'Albret, à la tête d'une nombreuse armée, essaya vainement de lui couper le passage ; les mêmes fautes qui avaient amené les défaites de Crécy et de Poitiers amenèrent celle d'Azincourt. Quatorze mille hommes restèrent sur le champ de bataille, et le duc d'Orléans était prisonnier (1415).

Nouvelle guerre civile

Un si grand désastre ne réconcilia pas les esprits : la guerre civile reprit avec plus de fureur que jamais. Jean sans Peur, de nouveau maître de Paris en 1418, fit massacrer les Armagnacs. Pendant ce temps, Henri V s'empara de Rouen après un siège héroïquement soutenu par les habitants.

Défense de Rouen

Les habitants de Rouent se défendirent pendant sept mois avec un courage admirable. Pressés de plus en plus, ils demandèrent du secours au duc de Bourgogne, au dauphin et au roi lui-même, et les conjurèrent de ne pas les laisser devenir sujets du roi d'Angleterre.

La faim devint cruelle ; déjà trente mille personnes étaient mortes, il fallut songer à se rendre. Le roi anglais exigea une rançon de trois cent-soixante-cinq mille écus d'ors ; de plus, il se fit livrer cinq bourgeois avec le chef des arbalétriers, Alain Blanchard. Ils devaient avoir la tête tranchée. Les bourgeois purent payer leur rançon, mais Alain Blanchard fut envoyé à l'échafaud. À Calais, Édouard III avait été moins cruel.

Entrevue de Montereau

Pour arrêter l'ennemi, il fallait absolument s'unir contre lui. Une entrevue fut ménagée pour cela à Montereau entre le duc de Bourgeogne et le dauphin Charles qui s'était jeté dans le parti des Armagnacs. D'abord, on parla de paix ; mais les princes ne pouvant se mettre d'accord, on en vint à des paroles vives au sujet du passé. Aussitôt Tanneguy Duchatel se jette sur Jean sans Peur et lui fend la tête d'un coup de hache (1419).

Traité de Troyes
Mariage du roi Henri V d'Angleterre et de Catherine de Valois, fille de Charles VI.

Pour venger son père, le nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, d'accord avec la reine Isabeau, femme de Charles VI, se jeta dans le parti anglais et signa avec Henri V le traité de Troyes (1420), qui livrait la France aux Anglais. Henri V devait épouser la fille de Charles VI, prendre le titre de régent jusqu'à la mort du roi, puis hériter de la couronne à l'exclusion de Charles « soi-disant dauphin ». Charles VI mourut deux ans après (1422), mais Henri V l'avait précédé dans la tombe.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Quel était le caractère de Jean sans Peur ?
  2. Quels partis se formèrent ? Qu'étaient-ce que les Cabochiens ?
  3. À quelle date fut reprise la guerre de Cent ans ? Quelle bataille fut perdue ?
  4. Quel parti domina dans Paris à partir de 1418 ?
  5. Que savez-vous d'Alain Blanchard ?
  6. Comment se passa l'entrevue de Montereau ?
  7. Qu'était-ce que le traité de Troyes ? Quelles en étaient les conditions ?

Charles VII — Jeanne d'Arc[modifier | modifier le wikicode]

Deux rois de France

Le fils d'Henri V et de Catherine de France, enfant de huit mois, fut proclamé roi de France et d'Angleterre sous le nom d'Henri VI. Pendant ce temps, le dauphin Charles étaient reconnu par quelques sujets fidèles, et se faisait couronner à Poitiers sous le nom de Charles VII.

Henri VI possédait Paris, toutes les provinces au nord de la Loire et quelques-unes dans le Midi ; plus du tiers du royaume lui était soumis. Le dauphin Charles, héritier légitime du trône, manquait d'argent et de troupes ; les Anglais ne le craignaient guère et le nommaient par dérision « le roi de Bourges ».

Siège d'Orléans
Jeanne d'Arc au siège d'Orléans, par Jules Eugène Lenepveu, 1886-1890

Le jeune roi Charles VII passait son temps dans les fêtes et les plaisirs, et semblait prendre à tâche de « perdre gaiement son royaume » ; aussi sa petite armée fut-elle battue à Cravant-sur-Yonne (1423) et à Verneuil (1424) ; puis les Anglais se portèrent sur Orléans, clé des provinces du Midi. Les plus vaillants capitaines de l'armée du roi, La Hire, Xaintrailles, Dunois, Richemont et La Trémouille se jetèrent dans la place et s'y défendirent ; bientôt cependant les assiégés furent à bout de ressources et la situation paraissait désespérée.

Jeanne d'Arc

Jeanne était une pauvre bergère, née en 1412, à Domrémy en Lorraine. Elle était animée d'un ardent patriotisme. À treize ans, elle fut inspirée, dit-on, par une voix du Ciel de délivrer la France des Anglais. « Jeanne, va au secours du roi de France et tu lui rendras son royaume ». Pendant quatre ans, elle ne fit rien ; son père était d'ailleurs hostile à ce projet, disant qu'il préférerait la « noyer de ses propres mains que de la voir partir avec des hommes d'armes ». Toutefois, ayant appris le péril d'Orléans, elle se résolut à accomplir sa mission.

Jeanne à Vaucouleurs

Conduite par son oncle, Jeanne se présente devant le sire de Beaudricourt, commandant les troupes du roi à Vaucouleurs, et lui expose son projet. Celui-ci la traite de visionnaire et veut la renvoyer « bien souffletée[19] à ses parents ; elle insiste et donne des preuves de sa mission. Elle annonça que ce jour-là même, les troupes royales étaient battues ; or, quelques jours après, on apprit qu'en effet ce jour-là les Anglais avaient triomphé à la journée des Harenas. Le commandant se décide alors à l'envoyer au roi qui résidait à Chinon. On se cotise pour lui acheter un cheval et un habit, et elle part avec une escorte de six hommes.

Jeanne d'Arc à Chinon

Après avoir parcouru cent cinquante lieues de pays occupé par l'ennemi, Jeanne arrive à Chinon et va trouver le roi. Celui-ci, pour éprouver la bergère, se déguise et se mêle aux courtisans, mais la légende veut que Jeanne soit allée droit à lui pour lui exposer ses projets. Elle veut l'emmener à Reims pour le faire sacrer roi de France. Charles, après l'avoir fait examiner, se laisse convaincre, lui fait donner un cheval, une armure[20] et lui confie une petite armée.

Délivrance d'Orléans

Jeanne se mit à la tête des soldats, se dirigea sur Orléans où elle pénètre à la vue des Anglais interdits. Les habitants reprennent courage et combattent avec élan ; aussi, huit jours après, le 8 mai 1429, les assiégeants découragés levaient le siège et Orléans était délivré.

Sacre du roi à Reims
Le sacre de Charles VII, Jules Eugène Lenepveu, 1889-1890

Après ce premier succès, Jeanne poursuit les Anglais et les bat à Jargeau, à Beaugency et à Patay, où le célèbre général anglais Talbot est fait prisonnier : ensuite elle presse le roi de se rendre à Reims pour s'y faire sacrer : « Je ne durerai guère qu'un an », disait-elle. L'entreprise était périlleuse, il fallait en effet traverser 440 km de pays occupé par l'ennemi. Charles se décide cependant, et la garnison anglaise de Reims est chassée ; Charles VII est sacré le lendemain.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Quels sont les deux rois proclamés en France en 1422 ? Quelle batailles furent perdues par les Français ? Quels généraux défendaient Orléans ? Dans quelle situation se trouvait la place ?
  2. Où naquit Jeanne d'Arc ?
  3. Où alla-t-elle trouver le roi ? Comment délivra-t-elle Orléans ?

Charles VII — Fin de la guerre de Cent ans[modifier | modifier le wikicode]

Siège de Paris

La délivrance d'Orléans et le sacre du roi avaient rempli les Français de confiance et les Anglais de crainte. Jeanne voulut en profiter pour rendre au roi sa capitale : elle le décida à marcher sur Paris ; mais elle y fut blessée, et l'entreprise échoua.

Jeanne prisonnière
La mort de Jeanne d'Arc, par Jules-Eugène Lenepveu

Au printemps de 1430, Jeanne alla défendre Compiègne assiégée par les Bourguignons. Prise dans une sortie, elle fut vendue aux Anglais par Jean de Luxembourg ; ceux-ci l'enfermèrent dans la tour de Rouen, la chargèrent de chaînes et lui firent un procès.

Son procès

Un tribunal, présidé par Pierre Cauchon, instruisit son procès. Ils la condamnèrent d'abord à la prison à perpétuité, puis à être brûlée vive comme hérétique et sorcière. L'arrêt de mort fut exécuté à Rouen, sur la place du Vieux-Marché, le 30 mai 1431. Vingt-quatre ans après la mort de Jeanne, le pape Callixte III fit réviser ce procès. Le tribunal, présidé par l'archevêque de Reims, après avoir interrogé les témoins encore vivants, cassa le jugement porté contre Jeanne.

Fin de la guerre de Cent ans

Après la mort de Jeanne, la haine contre les Anglais n'en devint que plus profonde. En 1435, le duc de Bourgogne se réconcilia avec le roi de France, il signa le traité d'Arras ; l'année suivante, les bourgeois de Paris livrèrent la ville au connétable de Richemont, et le roi fit son entrée dans la capitale. Les victoires de Formigny et de Castillon terminèrent la guerre de Cent ans (1453).

Fin du moyen âge

Avec la guerre de Cent ans finit le moyen âge. À ce moment, les grands royaumes sont constitués, le régime féodal tend à disparaître ; une nouvelle période commence : ce sont les temps modernes.

Dernières années de Charles VII

Les seigneurs, mécontents des réformes opérées par le roi, se révoltèrent à plusieurs reprises. Ils furent soutenus par le dauphin Louis qui attrista les dernières années de son père. Cette révolte fut appelée la Praguerie[21] Charles VII mourut en 1461, après trente-neuf ans de règne.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Où fut prise Jeanne d'Arc ? Par qui ? Pourquoi les Anglais lui firent-ils un procès ?
  2. À quoi Jeanne fut-elle condamnée ?
  3. Où fut-elle brûlée vive ? Comment sa mémoire a-t-elle été réhabilitée ?
  4. Comment le roi entra-t-il dans la capitale ? Comment finit la guerre de Cent ans ?

Institutions de Charles VII[modifier | modifier le wikicode]

Administration de Charles VII

Charles VII, après avoir été d'abord roi frivole, puis roi conquérant, fut, vers la fin de son règne, roi réparateur. Il sut rétablir l'ordre dans le pays, créer une administration et relever la France de ses ruines après la guerre de Cent ans. Ses principales réformes portèrent sur la justice, les finances et sur l'armée.

Institutions judiciaires

Charles VII enleva au parlement de Paris les droits que ce corps avait usurpés pendant la guerre ; il en diminua même le pouvoir en créant les parlements de Toulouse et de Grenoble ; par là, il rendit la justice plus prompte et plus équitable.

Finances

Les états généraux de 1439 votèrent la taille pour l'entretien d'une armée permanente. C'était un impôt direct sur les maisons et les propriétés foncières. Le roi rendit cet impôt perpétuel, et chargea la cour des aides d'en surveiller le recouvrement.

Jacques Cœur
Un des bateaux de Jacques Cœur. Ce dernier pourrait être représenté sur ce vitrail en jaune. Salle des galées, Palais Jacques-Cœur, Bourges

Fils d'un orfèvre de Bourges, Jacques Cœur fut d'abord ouvrier. Vers l'an 1432, dans un voyage en Orient, il noua des relations avec un marchand de Damas. Bientôt il eut des comptoirs dans plusieurs villes de Syrie, à Marseille, à Damas, à Bourges, en Espagne, en Italie, en Angleterre, en Afrique. Il eut à son service une véritable flotte, et, à lui seul, il dirigeait plus d'affaires que tous les négociants réunis de France et d'Italie. De là l'expression : « Riche comme Jacques Cœur ».

Charles VII le nomma son « argentier »[22] et le mit à la tête des finances du royaume. Jacques Cœur mit de l'ordre dans la perception des impôts et prêta au roi les sommes nécessaires à la solde de ses troupes. Cependant, il fut calomnié, accusé de trahison et condamné à mort (1453). Charles VII ne sut pas le défendre, mais le pape fit commuer la peine en un bannissement. Jacques Cœur alla mourir en essayant d'arrêter le déferlement des Ottomans sur la chrétienté.

Armée permanente

La taille perpétuelle permit d'entretenir une armée permanente[23] dont l'institution assura le triomphe de l'autorité royale sur la féodalité. Jusque-là les soldats servaient pour la durée de la guerre seulement ; dès que la paix était conclue, ils rentraient dans leurs foyers ou se livraient au brigandage.

L'armée organisée par Charles VII se composa d'une cavalerie comprenant quinze compagnies de cent lances, et d'une infanterie formée des francs-archers fournis par chaque paroisse du royaume.

Une lance comprenait six hommes : l'homme d'armes qui portait la lance, son écuyer, trois archers et un coutillier[24]. Le franc-archer était ainsi appelé parce qu'en compensation de son service, il était affranchi de tout impôt ; seulement, les jours de dimanche et de fête, il devait s'exercer à tirer de l'arc.

« Les hommes d’armes seront montez de trois chevaux, dont l’un sera souffisant de courre et rompre lance… les deux autres chevaux ne soient moindres du priz, l’un de XXX escus, et l’autre de XX escus, pour porter leur paige et coustiller. » — Charles du Fresne (18 décembre 1610 - 23 octobre 1688)
Commerce et industrie

Pendant ce règne, le tiers état fut favorisé ; les villes protégées et enrichies par le commerce et l'industrie. Une partie des péages sur les rivières de France fut abolie ; des foires et des marchés furent établis ; l'industrie commença à faire son profit des découvertes de cette époque : papier de linge, imprimerie, gravure sur bois et sur cuivre.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Quels services Jacques Cœur rendit-il au roi ?
  2. Qu'appelait-on armée permanente ? De quoi se composait cette armée ? Comment était organisée une compagnie ? Qu'était-ce qu'un franc-archer ?
  3. Que fit Charles VII dans l'intérêt du commerce et de l'industrie ?

Le moyen âge[modifier | modifier le wikicode]

Le Moyen Âge

Le Moyen Âge, c'est-à-dire l'âge du milieu, est la période qui s'est écoulée, dans l'histoire du monde, entre l'Antiquité et les temps modernes. Elle s'étend, par convention, de la chute de l'empire d'Occident, en 476, à celle de l'empire d'Orient, en 1453, soit une durée de dix siècles ; cependant, ces limites sont toujours discutées par les historiens.

Influence de l'Église

Le Moyen Âge fut une époque pendant laquelle le christianisme tint une grande place dans la vie des peuples occidentaux. L'autorité de l'Église était forte et respectée ; les évêques prenaient part au gouvernement des peuples.

Accroissement du pouvoir royal

La royauté a profité du Moyen Âge pour grandir. Elle a imposé à ses turbulents vassaux son administration, ses tribunaux, sa monnaie ; et peu à peu l'unité nationale a remplacé la division et l'anarchie. La guerre de Cent ans a rapproché le roi, les nobles, les bourgeois et les paysans pour la défense du territoire. Bientôt la royauté, victorieuse, dépassera la mesure : elle deviendra « absolue » sous François Ier.

Armée, Artillerie
Une bombarde

Le triomphe du pouvoir royal fut surtout favorisé par l'institution d'une armée permanente et par l'invention de l'artillerie. Les grands vassaux ne purent plus braver impunément le roi qui avait toujours une armée prête à leur répondre, et des canons pour renverser leur forteresses.

Les premiers canons, appelés bombardes, furent en bois cerclés de fer ; sous Charles V, les frères Bureau de la Rivière les perfectionnèrent et les placèrent sur des affûts. Bientôt les archers remplacèrent leurs arbalètes par de petits canons portatifs qu'on appela arquebuses ou mousquets, lesquels par des perfectionnements successifs sont devenus les fusils. Les armes à feu opérèrent une transformation complète dans l'art de la guerre et des fortifications : les châteaux forts et les lourdes armures de la chevalerie devinrent inutiles ; il fallut des méthodes nouvelles en rapport avec les nouvelles armes.

Imprimerie
Une imprimerie

La fin du Moyen Âge fut encore marquée par une autre découverte dont les résultats furent immenses, celle de l'imprimerie. Avant cette invention, il n'y avait que des livres écrits à la main, et comme la copie d'un manuscrit exigeait beaucoup de temps et de travail, ces livres étaient rares et chers. L'imprimerie les multiplia rapidement, les mit à la portée de tous, et donna ainsi un véritable essor à la littérature et à la science.

Vers l'an 1450, Jean Gutemberg[25], de Mayence, inventa des caractères mobiles, d'abord en bois, puis en métal ; sur ces pages de métal qu'il enduisit d'encre grasse, il appliqua des feuilles de papier à l'aide d'une presse, et multiplia ainsi les exemplaires du même ouvrage. Il publia d'abord une Bible en 1455, et un psautier en 1457.

Boussole

Une troisième découverte, celle de la boussole, favorisa les grandes découvertes maritimes qui allaient illustrer la fin du XVe siècle. La boussole, connue des Chinois depuis longtemps, fut apportée en Occidant par les Arabes, puis perfectionnée par Gioia d'Amalfi. Elle permit dès lors aux navigateurs de s'orienter sur l'Océan et de tenter des expéditions lointaines.

État social

À la fin du Moyen Âge, les différents ordres de la société subsistaient toujours comme aux siècles précédents, mais la bourgeoisie avait grandi en nombre, en richesse, en influence ; elle peuplait les villes, monopolisait le grand commerce et les carrières libérales. La condition du menu peuple s'était adoucie ; les droits féodaux avaient diminué et les serfs parvenaient peu à peu à l'affranchissement.

Aspect des villes
Une rue d'aspect médiéval à Honfleur en Normandie

Les villes à cette époque ne ressemblaient pas à nos cités modernes. Les rues tortueuses et étroites n'étaient pas pavées ; les maisons des bourgeois étaient petites, incommodes et obscures, car les étages supérieurs faisaient souvent saillie sur les inférieurs et interceptaient en grande partie l'air et la lumière.

À l'entrée des rues, se trouvaient de grosses chaînes que l'on tendait les jours d'émeute. De hautes murailles, percées de portes que l'on fermait chaque soir, protégeaient la ville contre les ennemis du dehors. Dans la tour ou beffroi qui surmontait l'hôtel de ville veillait le guetteur, qui signalait les incendies ou l'approche de l'ennemi en sonnant le tocsin.

Costumes

Les différentes classes de la société se distinguaient les unes des autres par la forme des vêtements. Après les croisades, les nobles adoptèrent un costume oriental consistant en une longue robe de fourrure avec des manches traînant jusqu'à terre, et se coiffèrent d'une toque surmontée de plumes. Les dames portaient un bonnet de forme pyramidale tout enguirlandé de longues dentelles flottantes. Le paysan et l'homme du peuple avaient une cotte ou veste avec ceinturon, une culotte courte nommée haut-de-chausses et un chaperon ou capuchon pour coiffure.

Divertissements

Les tournois et la chasse étaient les principaux passe-temps des seigneurs. Pour tromper les ennuis du château, ils jouaient à la balle, au palet, aux quilles, aux dés. Les cartes à jouer furent inventées pour distraire Charles VI pendant sa démence.

On donnait parfois des représentations théâtrales appelées mystères parce qu'on y mettait en scène les faits de l'Évangile et de la vie des saints, surtout la Passion. On jouait aussi des comédies plus divertissantes nommées farces ou comédies.

Questionnaire[modifier | modifier le wikicode]

  1. Qu'est-ce que le Moyen Âge ?
  2. Quel rôle a joué l'Église dans la société de cette époque ?
  3. Comment s'est accru le pouvoir royal ? Quel a été, à ce sujet, le résultat de la guerre de Cent ans ?
  4. Quels changements se sont produits alors dans les armées ? Par quoi furent remplacées les arbalètes ? Qu'appelait-on bombarde ?
  5. Quelle fut la plus importante invention du XVe siècle ? Quel fut le résultat de cette invention ? À qui la doit-on ?
  6. Indiquez une autre invention qui fut favorable à la navigation.
  7. Quel était l'état de la société à la fin du Moyen Âge ?
  8. Quel était l'aspect des villes ? Qu'était-ce que le beffroi ? le guetteur ?
  9. Quel était le costume des nobles ? du peuple ?

Questions de récapitulation[modifier | modifier le wikicode]

Dates[modifier | modifier le wikicode]

Quels faits se sont accomplis aux dates suivantes : 1328, 1346, 1356, 1360, 1380, 1415, 1431, 1453, 1461 ?

Première partie[modifier | modifier le wikicode]

  1. Pourquoi Édouard III fut-il écarté du trône ?
  2. Qu'est-ce que la guerre de Cent ans ?
  3. Quelles en furent les causes ?
  4. Quel était le caractère du roi Jean ?
  5. Qui était Charles le Mauvais ?
  6. Que savez-vous de la jeunesse de Duguesclin ?
  7. Quelle charge Charles V lui confia-t-il ?
  8. Comment mourut Duguesclin ?
  9. Quelles furent les conditions du traité de Brétigny ?
  10. Qui était Étienne Marcel ?

Tableau synoptique de la guerre de Cent ans[modifier | modifier le wikicode]

Périodes Rois Faits importants Résultat
1ère, 1337-1364
Échecs
La France est abaissée et
démembrée.
Philippe VI,
Jean le Bon
Philippe est vaincu à Crécy (1314) par Édouard III.
Vaincu à Poitiers par le prince Noir, Jean est réduit
à signer le traité de Brétigny (1360). Les états
généraux et Étienne Marcel se montrent hostiles au régent.
Perte de Calais (1347).
Perte de la Gascogne, de la Guyenne, de l'Agénois,
du Quercy, du Poitou, de la Saintonge, du Limousin,
de quelques villes, de 3 millions d'écus d'or pour la rançon du roi.
2e, 1364-138
Succès
La France est relevée
et reconstituée.
Charles V Charles et Duguesclin font d'abord la guerre aux
alliés des Anglais, Charles le Mauvais, Jean de Montfort
et Pierre le Cruel.
Les Anglais sont vaincus par une guerre de surprises.
Les Anglais ne gardent que Bayonne, Bordeaux, Brest, Calais et quelques châteaux sans importance.
1380-1415 Charles VI Intervalle de trente-cinq ans.
3e, 1415-1429
Échecs
La France déchirée par les
divisions est à moitié
conquise par les Anglais.
Charles VI,
Charles VII
Les ducs d'Anjou, de Berry et de Bourgogne saisissent le pouvoir,
gaspillent le trésor et se déchirent entre eux. La France, vaincu
à Azincourt (1415), est envahie par les Anglais.
Charles VII ne pense qu'à ses plaisir, ses généraux se découragent.
Le nord de la France devient anglais par le traité de Troyes (1420).
Orléans est sur le point de succomber (1429).
4e, 1429-1453
Succès
La France est délivrée des Anglais.
Charles VII Jeanne d'Arc va au secours de Charles VII ; elle délivre
Orléans (1429), bat les Anglais à Patay (1429), fait sacrer
le roi à Reims (1429). Prise à Compiègne (1430), elle est brûlée à Rouen (1431).
Après la mort de Jeanne, Charles VII se réconcilie avec la maison de Bourgogne par
le traité d'Arras (1435), avec Jacques Cœur, il gagne les batailles
de Formigny (1450) et de Castillon (1453).
Les Anglais sont battus.
Fin de la guerre de Cent ans. Les Anglais ne gardent plus que Calais (1453).

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Jacques Arteweld : brasseur de bière de Gand.
  2. Jeanne de Penthièvre était aussi appelée Jeanne la Boiteuse, et Jeanne de Flandre, Jeanne la Flamande.
  3. Arbalétrier : soldat armé d'une arbalète ou arc.
  4. Bombarde : nom des premières pièces de canon. Elles firent d'abord plus de peur que de mal !
  5. Ribaudaille : terme méprisant formé de ribaud qui signifiait mauvais soldat.
  6. Prince de Galles : prince héritier du trône d'Angleterre.
  7. Gagner ses éperons : mériter le grade de chevalier dont les éperons dorés étaient les insignes.
  8. Jean le Bon, c'est-à-dire Jean le brave, le vaillant.
  9. Malandrins, tards-venus, routiers : bandes d'aventuriers et de pillards qui désolaient les provinces, sous Jean le Bon et sous Charles V. On les appelait encore cottereaux, brabançons et plus généralement grandes compagnies.
  10. Licencié : congédié. Au moyen âge, lorsque la guerre était finie, l'armée était dissoute et les soldats renvoyés dans leurs foyers.
  11. Charles le Mauvais recevait Montpellier en échange de Mantes-la-Jolie et Évreux situés trop près de Paris ; de plus il renonçait à réclamer le trône de France.
  12. Pierre le Cruel et Henri, son frère, s'étaient rencontrés après la bataille, sous la tente de Duguesclin, se précipitèrent l'un sur l'autre avec fureur. Pierre y fut tué par Henri.
  13. Bassinet : sorte de casque en fer, de forme très simple.
  14. Connétable : commandant supérieur de toutes les armées du royaume. Dans les grandes cérémonies, le connétable marchait devant le souverain dont il portait l'épée. Cette dignité fut abolie par Richelieu.
  15. Chroniqueur : celui qui rédige des chroniques, c'est-à-dire l'histoire des événements et des faits par ordre de date.
  16. Bastille : forteresse située dans Paris et démolie en 1789.
  17. Philippe Arteweld : fils de Jacques Arteweld, l'allié d'Édouard III au début de la guerre de Cent ans.
  18. Marmouset : petit garçon sans importance. Ce terme de mépris indiquait que les ministres étaient d'humble condition.
  19. Bien souffletée : bien châtiée.
  20. Elle se fit confectionner un étendard blanc sur lequel étaient les mots « Jésus, Maria ». Elle demanda aussi qu'on lui apportât l'épée de Charlemagne. D'après la légende, on creusa à l'endroit qu'elle indiqua, derrière l'autel d'une église, et on trouva une épée marquée de cinq croix, comme elle l'avait dit.
  21. Praguerie : ainsi nommée par allusion à la révolte de Prague contre l'empereur d'Allemagne.
  22. Argentier : nom donné au surintendant des Finances.
  23. Permanente : qui reste toujours. C'est l'opposé de temporaire.
  24. Coutiller : soldat armé d’une coutille, un petit couteau, qui accompagnait un homme d’armes.
  25. Jean Gutemberg fut secondé dans son invention par ses associés Jean de Fust de Mayence et Pierre Schœffer qui trouva l'alliage pour la fonte des caractères.