Pour lire Platon/Introduction par les mythes

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Lire Platon à l'aide des mythes et métaphores

Invitons-nous à la table philosophique de Platon. Il clarifie certaines discussions par le recours aux mythes. C'est une façon de présenter ses questionnements. La liste des questions proposées n'est pas close.

La philosophie[modifier | modifier le wikicode]

Fille de l'étonnement et de l'arc-en-ciel[modifier | modifier le wikicode]

'Paris à l'Arc-en-ciel' by Robert Delaunay, 1914

Théêtète [155d] SOCRATE « Je vois, mon ami, que Théodore n’a pas mal deviné le caractère de ton esprit ; car c’est la vraie marque d’un philosophe que le sentiment d’étonnement que tu éprouves. La philosophie, en effet, n’a pas d’autre origine, et celui qui a fait d’Iris la fille de Thaumas n’est pas, il me semble, un mauvais généalogiste. »

Fille de l'étonnement et de l'arc-en-ciel telle est la philosophie. Qu'est-ce que cela signifie?

Le philosophe s'étonne sans être béat ou stupéfait. Il découvre l'illusion des évidences, sources de préjugés. L'arc-en-ciel réunit les opposés par un lien qui semblable au fil du discours cherche à rassembler, réconcilier. La philosophie rassemble ce qui se contredit et produit à ce propos de beaux discours, à l'image de l'arc-en-ciel.

Désirer le vrai ou la question du manque[modifier | modifier le wikicode]

La chouette est le symbole de la philosophie

La définition du Banquet : l'opinion, Aristophane et Diotime.[modifier | modifier le wikicode]

L'étymologie du mot philosophie est l'amour de la sagesse ou du savoir. Mais, quoique connue, cette signification n'étonne peut-être pas autant qu'elle le devrait. L'étonnement (au sens du coup de tonnerre, ce qui réveille par l'effet inattendu qu'il produit) est la vertu première de la philosophie. La lecture de Platon va nous montrer de quelle manière cet amour peut nous paraître déroutant.

Tout d'abord, être sage, ou connaître, semble se rapporter à un état intellectuel. Or, il ne va pas de soi que l'on puisse dire qu'une réalité qui a à voir avec nos facultés intellectuelles puisse susciter une affection, et encore moins une affection telle qu'un désir. On peut ressentir de la joie à trouver une vérité, mais ce sentiment n'est pas ce qui fait la vérité. À plus forte raison, il est étrange que le désir amoureux soit non pas seulement dirigé vers le savoir, mais que ce savoir ne soit pas possible sans lui.

Dans le Banquet, le désir se définit dans un premier temps par sa relation au plaisir sexuel, et on perçoit mal le rapport qu'il peut entretenir avec la sagesse. C'est le poète comique Aristophane[1] qui le présente dans un mythe, le mythe de l'androgyne. Un mythe est un discours qui semble échapper au discours de la raison puisqu'il est fondamentalement produit par l'imagination. Au moment où il le présente, Aristophane, ivre, s'est enfin remis d'un hoquet insistant. Les interlocuteurs du Banquet sont d'ailleurs assez ivres dans l'ensemble. Le contexte est ainsi apparemment fort éloigné de la sagesse. Pour être tranquilles les hommes présents ont demandé à la servante de les laisser entre eux. C'est dans ces conditions qu'Aristophane prend la parole.

Discours d'Aristophane ou le désir du corps.[modifier | modifier le wikicode]

Le désir se donne à comprendre comme une punition divine. Au début, raconte-t-il dans un récit mythique qu'il crée pour l'occasion, les hommes avaient des formes sphériques et ne manquaient de rien.Puis leur vint cette tentation d'escalader le ciel et de se mesurer aux Dieux. Zeus, pour les punir, les coupa en deux et c'est ainsi que naquit le désir et le manque à combler. Le nombril est la trace de l'antique châtiment.

Ceux qui jusqu'à présent, n'avaient pas la moindre idée du manque (quoique s'ils ont voulu escalader le ciel de l'Olympe, c'est peut-être parce qu'il leur manquait quelque chose!) sont dans un tel état de souffrance qu'ils ne cessent de chercher leur moitié perdue.

On désire ainsi ce que l'on a perdu. Pour Aristophane le désir se nourrit de la perte.

Diotime ou le désir philosophique.[modifier | modifier le wikicode]

C'est un discours assez énigmatique que tient cette prêtresse dans le Banquet. Socrate évoque sa rencontre avec elle et la fait parler du désir.

Lisons :

D: C’est une assez longue histoire, [203b] Je vais pourtant te la raconter. Il faut savoir que, le jour où naquit Aphrodite [2], les dieux festoyaient ; parmi eux, se trouvait le fils de Mètis [3], Poros[4] . Or, quand le banquet fut terminé, arriva Pénia [5], qui était venue mendier comme cela est naturel un jour de bombance, et elle se tenait sur le pas de la porte. Or Poros, qui s’était enivré de nectar, car le vin n’exis­tait pas encore à cette époque, se traîna dans le jar­din de Zeus et, appesanti par l’ivresse, s’y endormit. Alors, Pénia, dans sa pénurie, eut le projet de se faire faire un enfant par Poros ; [203c] elle s’étendit près de lui et devint grosse d’Éros. Si Éros est devenu le suivant d’Aphrodite et son servant, c’est bien parce qu’il a été engendré lors des fêtes données en l’hon­neur de la naissance de la déesse ; et si en même temps il est par nature amoureux du beau, c’est parce qu’Aphrodite est belle.

Puis donc qu’il est le fils de Poros et de Pénia, Éros se trouve dans la condition que voici. D’abord, il est toujours pauvre, et il s’en faut de beaucoup qu’il soit délicat et beau, comme le croient la plupart des gens. Au contraire, il est rude, malpropre, va­nu-pieds et [203d] il n’a pas de gîte, couchant toujours par terre et à la dure, dormant à la belle étoile sur le pas des portes et sur le bord des chemins, car, puis­qu’il tient de sa mère, c’est l’indigence qu’il a en par­tage. À l’exemple de son père en revanche, il est à l’affût de ce qui est beau et de ce qui est bon, il est viril, résolu, ardent, c’est un chasseur redoutable ; il ne cesse de tramer des ruses, il est passionné de savoir et fertile en expédients, il passe tout son temps à philo­sopher, c’est un sorcier redoutable, un magicien et un expert [6]. Il faut ajouter que par nature il n’est ni immortel [203e] ni mortel. En l’espace d’une même journée, tantôt il est en fleur, plein de vie, tantôt il est mourant ; puis il revient à la vie quand ses expédients réussissent en vertu de la nature qu’il tient de son père ; mais ce que lui procurent ses expédients sans cesse lui échappe ; aussi Eros n’est-il jamais ni dans l’indigence ni dans l’opulence.

Par ailleurs, il se trouve à mi-chemin entre le savoir et l’ignorance. Voici en effet ce qui en est. Aucun dieu ne tend vers le savoir ni ne [204a] désire devenir savant, car il l’est ; or, si l’on est savant, on n’a pas besoin de tendre vers le savoir. Les ignorants ne tendent pas davantage vers le savoir ni ne désirent devenir savants. Mais c’est justement ce qu’il y a de fâcheux dans l’ignorance : alors que l’on n’est ni beau ni bon ni savant, on croit l’être suffisamment. Non, celui qui ne s’imagine pas en être dépourvu ne désire pas ce dont il ne croit pas devoir être pourvu. […] Il va de soi, en effet, que le savoir compte parmi les choses qui sont les plus belles ; or Eros est amour du beau. Par suite, Éros doit nécessairement tendre vers le savoir, et, puisqu’il tend vers le savoir, il doit tenir le milieu entre celui qui sait et l’ignorant. Et ce qui en lui explique ces traits, c’est son origine car il est né d’un père doté de savoir et plein de res­sources, et d’une mère dépourvue de savoir et de res­sources. Telle est bien, mon cher Socrate, la nature de ce démon. »

[Platon, Le Banquet, 203b-204b trad Brisson GF pp. 142-145]


[1] C’est un problème de logique : sont contraires deux classes exclusives, dont les éléments ne peuvent qe trouver dans l’une et l’autre, ex repos/mouvement. Mais il existe des êtres « intermédiaires » [metaxu = mélangé # pureté de l’idée]

[2] Fille de Zeus et de Dionè.

[3] Première épouse de Zeus.

[4] Platon personnifie Poros qui signifie le « passage » au sens d’une voie maritime, donc au sens figuré « ressource ».

[5] La « Pauvreté » [cf. pénurie]

[6] Dont les discours « enchantent » comme ceux des sophistes.

Cette introduction vise surtout à présenter une démarche. Nous ne rentrons pas pour le moment dans le détail analytique.

Socrate parlait, Platon écrit.[modifier | modifier le wikicode]

P1050775 Louvre statue Gudea statue A détail écriture rwk

Socrate n'est pas dans les dialogues de Platon un personnage historique. Il permet de problématiser des questions et de libérer en fin de parcours Platon de Socrate. Socrate n'a rien écrit. Platon ne cesse de critiquer l'écriture, tout en la pratiquant excellemment. Les premiers dialogues, jusqu'au Ménon inclus, sont des dialogues dits "aporétiques" car on ne trouve pas de solution ou la violence s'installe entre Socrate et certains de ses interlocuteurs.[2]Il y a une impuissance philosophique de la parole à convaincre. Platon souligne l'échec de la maïeutique, art d'accouchement des âmes. Mais dans le même temps il y a une critique virulente de l'écriture. On la trouve par exemple dans le mythe de Theuth dans Phèdre (274b-275b). Platon y voit le déploiement d'une mauvaise mémoire attachée à un apprentissage passif et par conséquent une absence de réelle connaissance.

La philosophie et le mythe : puissance de l'imagination pour suppléer à la raison?[modifier | modifier le wikicode]

Une des réponses à cette situation où le silence remplace la réflexion, est le recours au mythe qui ne se réduit pas à une simple illustration. Il permet d'introduire autrement le questionnement et de réconcilier les interlocuteurs.

Prenons un exemple à propos de la justice si difficile à élaborer : le Mythe de l'anneau de Gygès[modifier | modifier le wikicode]

Les hommes prétendent que, par nature, il est bon de commettre l'injustice et mauvais de la souffrir, mais qu'il y a plus de mal à la souffrir que de bien à la commettre. Aussi, lorsque mutuellement ils la commettent et la subissent, et qu'ils goûtent des deux états, ceux qui ne peuvent point éviter l'un ni choisir l'autre estiment utile de s'entendre pour ne plus commettre ni subir l'injustice. De là prirent naissance les lois et les conventions, et l'on appela ce que prescrivait la loi légitime et juste. Voilà l'origine et l'essence de la justice : elle tient le milieu entre le plus grand bien — commettre impunément l'injustice — et le plus grand mal — la subir quand on est incapable de se venger. Entre ces deux extrêmes, la justice est aimée non comme un bien en soi, mais parce que l'impuissance de commettre l'injustice lui donne du prix. En effet, celui qui peut pratiquer cette dernière ne s'entendra jamais avec personne pour s'abstenir de la commettre ou de la subir, car il serait fou. Telle est donc, Socrate, la nature de la justice et telle son origine, selon l'opinion commune.

Maintenant, que ceux qui la pratiquent agissent par impuissance de commettre l'injustice, c'est ce que nous sentirons particulièrement bien si nous faisons la supposition suivante. Donnons licence au juste et à l'injuste de faire ce qu'ils veulent ; suivons-les et regardons où, l'un et l'autre, les mène le désir. Nous prendrons le juste en flagrant délit de poursuivre le même but que l'injuste, poussé par le besoin de l'emporter sur les autres : c'est ce que recherche toute nature comme un bien, mais que, par loi et par force, on ramène au respect de l'égalité. La licence dont je parle serait surtout significative s'ils recevaient le pouvoir qu'eut jadis, dit-on, l'ancêtre de Gygès le Lydien. Cet homme était berger au service du roi qui gouvernait alors la Lydie. Un jour, au cours d'un violent orage accompagné d'un séisme, le sol se fendit et il se forma une ouverture béante près de l'endroit où il faisait paître son troupeau. Plein d'étonnement, il y descendit, et, entre autres merveilles que la fable énumère, il vit un cheval d'airain creux, percé de petites portes ; s'étant penché vers l'intérieur, il y aperçut un cadavre de taille plus grande, semblait-il, que celle d'un homme, et qui avait à la main un anneau d'or, dont il s'empara ; puis il partit sans prendre autre chose. Or, à l'assemblée habituelle des bergers qui se tenait chaque mois pour informer le roi de l'état de ses troupeaux, il se rendit portant au doigt cet anneau. Ayant pris place au milieu des autres, il tourna par hasard le chaton de la bague vers l'intérieur de sa main ; aussitôt il devint invisible à ses voisins qui parlèrent de lui comme s'il était parti. Etonné, il mania de nouveau la bague en tâtonnant, tourna le chaton en dehors et, ce faisant, redevint visible. S'étant rendu compte de cela, il répéta l'expérience pour voir si l'anneau avait bien ce pouvoir ; le même prodige se reproduisit : en tournant le chaton en dedans il devenait invisible, en dehors visible. Dès qu'il fut sûr de son fait, il fit en sorte d'être au nombre des messagers qui se rendaient auprès du roi. Arrivé au palais, il séduisit la reine, complota avec elle la mort du roi, le tua, et obtint ainsi le pouvoir. Si donc il existait deux anneaux de cette sorte, et que le juste reçût l'un, l'injuste l'autre, aucun, pense-t-on, ne serait de nature assez adamantine pour persévérer dans la justice et pour avoir le courage de ne pas toucher au bien d'autrui, alors qu'il pourrait prendre sans crainte ce qu'il voudrait sur l'agora, s'introduire dans les maisons pour s'unir à qui lui plairait, tuer les uns, briser les fers des autres et faire tout à son gré, devenu l'égal d'un dieu parmi les hommes. En agissant ainsi, rien ne le distinguerait du méchant : ils tendraient tous les deux vers le même but. Et l'on citerait cela comme une grande preuve que personne n'est juste volontairement, mais par contrainte, la justice n'étant pas un bien individuel, puisque celui qui se croit capable de commettre l'injustice la commet. Tout homme, en effet, pense que l'injustice est individuellement plus profitable que la justice, et le pense avec raison d'après le partisan de cette doctrine. Car si quelqu'un recevait cette licence dont j'ai parlé, et ne consentait jamais à commettre l'injustice, ni à toucher au bien d'autrui, il paraîtrait le plus malheureux des hommes, et le plus insensé, à ceux qui auraient connaissance de sa conduite ; se trouvant mutuellement en présence ils le loueraient, mais pour se tromper les uns les autres, et à cause de leur crainte d'être eux-mêmes victimes de l'injustice. Voilà ce que j'avais à dire sur ce point.

Platon, République

Si on lit de près ce texte, il en ressort que l'homme n'est pas spontanément quelqu'un de tourné vers la justice. En effet, le berger trouve une bague et son premier mouvement est de se l'approprier. Cependant, il avait la réputation d'être juste; ainsi la nature de l'homme est-elle présentée comme injuste et la justice comme une convention nécessaire à la vie commune.

Il va donc dérober une bague qui a le pouvoir de lui permettre de se dérober aux regards d'autrui.

Cette insistance sur le verbe dérober manifeste que l'homme est spontanément porté à prendre les biens d'autrui, à lui en usurper la propriété, et que sa raison est fondamentalement une raison calculatrice, rusée et dissimulatrice. Cette raison déraisonnable, que l'on retrouvera dans les analyses de Rousseau, est bien loin de la raison valorisée par les philosophes. Au contraire, elle est au service des affects et des intérêts particuliers.

Voler les biens d'autrui est un penchant naturel. Ce texte donne à penser que la justice est d'abord là pour protéger la propriété privée. ( Même définition de la justice chez Marx, qui y voit l'origine d'un droit formel, au service d'une liberté et d'une égalité tout autant formelles).

La justice malgré les limites que nous venons de poser apparaît nécessaire, comme nécessaire à des hommes seulement guidés par leur intérêt personnel. On retrouvera la même analyse chez Hobbes, à propos de l'homme qu'il qualifie de "loup pour l'homme".

Gygès d'ailleurs ne fait pas que voler, il dépouille un cadavre. Acte sacrilège. Aucune morale, aucun respect, sans justice. C'est le portrait d'un barbare.

Quelle est la place du philosophe dans la cité ?[modifier | modifier le wikicode]

Lecture conseillée : Apologie de Socrate et Pour lire Platon/Études de quelques passages des dialogues : étude de la Lettre VII


Socrate prononce plusieurs discours devant les juges d'Athènes. Il est en effet accusé de corrompre la jeunesse et d'introduire de nouvelles divinités. Pourtant le philosophe passait son temps à interroger les gens et n'enseignait aucune doctrine en particulier, mais pensait avoir une activité politique de première importance en soumettant ces concitoyens à l'épreuve de ses objections. Qu'est-ce qui fait que le philosophe est malvenu dans la cité et y a-t-il une place s'il risque la mort en exerçant son activité ?

Une philosophie politique en réponse au Procès[modifier | modifier le wikicode]

Pourquoi obéir aux lois ?[modifier | modifier le wikicode]

Lecture conseillée : Criton (sur Wikisource)[modifier | modifier le wikicode]

Quelques jours avant son exécution, Socrate reçoit la visite en prison d'un vieil ami, Criton. Celui-ci lui propose de s'évader. À son grand désarroi, Socrate refuse, et lui explique pourquoi il se doit de se soumettre à sa condamnation. Pourquoi Socrate choisit-il d'obéir à la loi, alors que cette obéissance le conduit à une mort injuste ? Il fait parler les lois dans ce qu'on appelle une prosopopée[3].

Le texte commence ainsi :

Vois si tu l’entendras de cette autre manière : Au moment de nous enfuir ou de sortir d’ici, quel que soit le mot qu’il te plaira de choisir, si les Lois et la République venaient se présenter devant nous, et nous disaient : « Réponds-moi, Socrate, que vas-tu faire ? L’action que tu entreprends a-t-elle d’autre but que de nous détruire, nous qui sommes les Lois, et avec nous la République tout entière, autant qu’il dépend de toi ? Ou te semble-t-il possible que l’État subsiste et ne soit pas renversé, lorsque les arrêts rendus restent sans force et que de simples particuliers leur enlèvent l’effet et la sanction qu’ils doivent avoir ? » Que répondrons-nous, Criton, à ce reproche et à d’autres semblables ? Car on aurait beaucoup à dire, surtout un orateur, sur cette infraction de la loi qui ordonne que les jugements rendus aient tout leur effet. Ou bien dirons-nous aux Lois que la République a été injuste envers nous et qu’elle n’a pas bien jugé ? Est-ce là ce que nous leur dirons ? ou que pourrons-nous leur dire ?

Criton

Rien de plus, Socrate, absolument rien.

Socrate

« Eh quoi ! Socrate, diraient les Lois, est-ce là ce dont nous étions convenues avec toi ? Ou plutôt n’étions-nous pas convenues avec toi que les jugements rendus par la République seraient exécutés ? » Et si nous paraissions surpris de les entendre parler ainsi, elles nous diraient peut-être : « Socrate, ne t’étonne pas de ce langage, mais réponds-nous, puisque tu as coutume de procéder par questions et par réponses. Voyons : quel sujet de plainte as-tu contre nous et contre la République pour entreprendre ainsi de nous renverser ? Et d’abord, n’est-ce pas nous qui t’avons donné la vie ? N’est-ce pas nous qui avons présidé à l’union de ton père et de ta mère, ainsi qu’à ta naissance ? Déclare-le hautement : as-tu à te plaindre de celles d’entre-nous qui règlent les mariages et les trouves-tu mauvaises ? »

Criton

Je ne m’en plains pas, dirais-je.

Socrate

« Est-ce de celles qui déterminent la nourriture de l’enfant et l’éducation selon laquelle tu as été élevé toi-même ? Celles qui ont été instituées pour cet objet n’ont-elles pas bien fait d’ordonner à ton père de t’élever dans les exercices de la musique et de la gymnastique ? »

Criton

Très bien, répondrais-je.

Socrate

« À la bonne heure. Mais, puisque c’est à nous que tu dois ta naissance, ta nourriture et ton éducation, peux-tu nier que tu sois notre enfant, notre esclave même, toi et tes ancêtres ? Et s’il en est ainsi, crois-tu que tu aies contre nous les mêmes droits que nous avons contre toi, et que tout ce que nous pourrions entreprendre contre toi, tu puisses à ton tour l’entreprendre justement contre nous ? Eh quoi ! tandis qu’à l’égard d’un père ou d’un maître, si tu en avais un, tu n’aurais pas des droits égaux, comme de leur rendre injures pour injures, coups pour coups, ni rien de semblable, tu aurais tous ces droits envers les lois et la patrie, en sorte que si nous avons prononcé ta mort, croyant qu’elle est juste, tu entreprendras à ton tour de nous détruire, nous qui sommes les Lois, et la patrie avec nous, autant qu’il est en toi, et tu diras que tu es en droit d’agir ainsi, toi qui te consacres en réalité au culte de la vertu ? Ta sagesse va-t-elle jusqu’à ignorer que la patrie est, aux yeux des dieux et des hommes sensés, quelque chose de plus cher, plus respectable, plus auguste et plus saint qu’une mère, un père et tous les aïeux ? qu’il faut avoir pour la patrie, même irritée, plus de respect, de soumission et d’égard, que pour un père ? qu’il faut l’adoucir par la persuasion ou faire tout ce qu’elle ordonne, et souffrir sans murmure ce qu’elle commande, soit qu’elle nous condamne aux verges ou aux fers, soit qu’elle nous envoie à la guerre pour être blessés et tués ? que notre devoir est de lui obéir, que la justice le veut ainsi, qu’il ne faut jamais ni reculer, ni lâcher pied, ni quitter son poste ? que dans les combats, devant les tribunaux et partout, il faut faire ce qu’ordonnent l’État et la patrie, ou employer les moyens de persuasion que la justice avoue ? qu’enfin, si c’est une impiété de faire violence à son père ou à sa mère, c’est une impiété bien plus grande encore de faire violence à sa patrie ? » Que répondrons-nous à cela, Criton ? Reconnaîtrons-nous que les lois disent la vérité, ou non ?

Criton

Il me semble qu’elles disent la vérité.

Socrate

« Considère donc, Socrate, ajouteraient les Lois, que, si nous disons la vérité, ce que tu entreprends contre nous n’est pas juste. En effet, ce n’est pas assez pour nous de t’avoir donné la vie, de t’avoir nourri et élevé, de t’avoir admis au partage de tous les biens qui étaient en notre pouvoir, toi et tous les autres citoyens, nous déclarons encore, et c’est un droit que nous reconnaissons à tout Athénien qui veut en user, qu’aussitôt qu'il a été reçu dans la classe des éphèbes, qu’il a vu ce qui se passe dans la République, et qu'il nous a vues aussi, nous qui sommes les Lois, il est libre, si nous ne lui plaisons pas, d’emporter ce qu'il possède et de se retirer ou il voudra. Et si quelqu'un d’entre-vous veut aller dans une colonie, parce que nous lui déplaisons, nous et la République, si même il veut aller s’établir quelque part à l’étranger, aucune de nous ne s’y oppose et ne le défend : il peut aller partout où il voudra avec tous ses biens.

Dans cette première partie du texte, les lois rappellent leur but : elles ont donné la vie à Socrate et ont fait de lui un être humain possesseur de plusieurs biens. Elles ne nous forcent pas à rester contre notre gré..nous ne sommes tenus qu'à un devoir de respect si nous vivons sous leur tutelle, sinon nous pouvons partir en choisissant par exemple l'exil. C'est la proposition qui sera faite à Socrate au cours de son procès..

Elles se présentent immédiatement comme protectrices de l'homme et surtout de ses biens. Comme le soulignera plusieurs siècles plus tard, Marx, les lois sont au service de la propriété et à ce titre elles visent non pas la justice mais l'intérêt d'une certaine classe sociale qu'il qualifiera de bourgeoise.

Il y a un contrat juridique qui est passé entre les citoyens et la Cité. Ce contrat est à tout moment rétractable. Rien ne peut forcer à rester dans la Cité. Mais rejeter le contrat c'est alors devenir étranger, extérieur. Les lois se présentent dès lors comme ce qui rassemble, autour d'un intérêt commun. Si elles introduisent cet intérêt commun c'est justement parce que les hommes sont plutôt portés spontanément à l'inverse..Animés d'un naturel égoïste ils ont une tendance à oublier les autres.On ne peut forcer les hommes à rester contre leur gré. Aristote considérera que l'homme qui vit hors la Cité ne peut être qu'un Dieu ou une bête..Platon au contraire laisse la porte ouverte...On choisit d'être citoyen, ce qui suppose une liberté de choix.

Retour au texte :

Mais quant à celui de vous qui persiste à demeurer ici, en voyant de quelle manière nous rendons la justice et nous administrons toutes les affaires de la république, nous déclarons dès lors que par le fait il s’est engagé envers nous à faire tout ce que nous lui ordonnerions, et s’il n’obéit pas, nous le déclarons trois fois coupable : d’abord, parce qu’il nous désobéit à nous qui lui avons donné la vie, ensuite parce que c’est nous qui l’avons élevé, enfin parce qu’ayant pris l’engagement d’être soumis, il ne veut ni obéir ni employer la persuasion à notre égard, si nous faisons quelque chose qui ne soit pas bien ; et tandis que nous lui proposons à titre de simple proposition, et non comme un ordre tyrannique, de faire ce que nous lui commandons, lui laissant même le choix d’en appeler à la persuasion ou d’obéir, il ne fait ni l’un ni l’autre. Voilà, Socrate, les accusations que tu vas encourir, si tu accomplis ton projet, et tu les encourras plus que tout autre Athénien. »

Que faire alors si on est resté dans la Cité? Obéir répondent les lois. Mais obéir n'est nullement un acte de soumission. Comme le rappelle le texte, on peut toujours discuter la loi. Seul le discours persuasif peut faire face à la loi..Il faut donc argumenter c'est à dire donner les raisons de son désaccord. La loi n'est pas parfaite et peut donner lieu à un conflit  qu'on peut qualifier comme le dira Ricoeur de conflit d'interprétation. La loi est soumise à discussion avant son adoption. Une fois décidée, elle doit être suivie.

Si je leur demandais pour quelle raison elles me traiteraient comme je le mérite, en me disant que je me suis engagé avec elles plus formellement que tout autre Athénien, elles me diraient : « Socrate, tu nous as donné de grandes preuves que nous te plaisions, Nous et la République. Tu n’aurais pas habité Athènes avec plus de constance que tout autre, si elle n’avait pas eu pour toi un attrait particulier. Jamais aucune des solennités de la Grèce n’a pu te faire quitter cette ville, si ce n’est une seule fois, lorsque tu es allé à l’Isthme de Corinthe ; tu n’es sorti d’ici que pour aller à la guerre ; jamais tu n’as entrepris aucun de ces voyages que font tous les hommes ; jamais tu n’as eu le désir de connaître une autre ville ni d’autres lois ; mais toujours nous t’avons suffi, nous et notre ville ; telle était ta prédilection pour nous, tu consentais si bien à vivre sous notre gouvernement, que c’est dans notre ville que tu as voulu entre autres choses devenir père de famille, témoignage assuré qu’elle te plaisait. Enfin, pendant ton procès, tu aurais pu te condamner à l’exil, si tu l’avais voulu, et faire avec notre consentement ce que tu entreprends aujourd’hui malgré nous. Alors tu affectais de ne pas craindre la nécessité de mourir, mais, comme tu disais, tu préférais la mort à l’exil. Et maintenant, sans égard pour ces belles paroles, sans respect pour nous, qui sommes les Lois, tu médites notre ruine, tu fais ce que ferait l’esclave le plus vil, tu vas t’enfuir au mépris des traités et des engagements que tu as pris de te laisser gouverner par nous. D’abord réponds-nous sur cette question : avons-nous raison de dire que tu as pris l’engagement, de fait, et non de parole, de te soumettre à notre empire ? Est-ce vrai, ou non ? » Que dirons-nous à cela, Criton ? Y a-t-il autre chose à faire que d’en convenir ?

Dans ce passage les lois rappellent à Socrate qu'il préfère la mort à l'exil. Fidélité à Athènes ou à soi-même? Trahir la loi c'est finalement se trahir soi-même, ne pas être fiable et sombrer dans un immoralisme qui n'est pas sans rappeler le personnage de Calliclès dans le Gorgias, personnage violent qui refuse la loi au nom d'un droit à la violence et du droit du plus fort.

Criton

Il le faut de toute nécessité, Socrate.

Socrate

« Eh bien, diraient-elles encore, ne violes-tu pas les conventions et les engagements qui te lient à nous ? Et pourtant tu ne les as contractés ni par force, ni par surprise, ni sans avoir le temps de prendre un parti, mais tu as eu, pour y penser, soixante-dix années, pendant lesquelles tu avais la faculté de te retirer, si tu n’étais pas satisfait de nous, et si nos conventions ne te paraissaient pas justes.

Les lois certes sont des conventions..cependant l'homme ne peut faire ce qu'il veut des conventions. La convention ne se confond pas avec l'arbitraire. Il ne s'agit pas pour lui de subir ces conventions mais bien plutôt de les réfléchir afin de ne pas s'y soumettre aveuglément. Ainsi, obéir n'empêche pas l'exercice de la réflexion, ce qu'Alain appelait le droit de résistance:

Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance, il assure l'ordre ; par la résistance il assure la liberté. Et il est bien clair que l'ordre et la liberté ne sont point séparables, car le jeu des forces, c'est-à-dire la guerre privée, à toute minute, n'enferme aucune liberté ; c'est une vie animale, livrée à tous les hasards. Donc les deux termes, ordre et liberté, sont bien loin d'être opposés ; j'aime mieux dire qu'ils sont corrélatifs. La liberté ne va pas sans l'ordre ; l'ordre ne vaut rien sans la liberté.

Obéir en résistant, c'est tout le secret. Ce qui détruit l'obéissance est anarchie ; ce qui détruit la résistance est tyrannie. Ces deux maux s'appellent, car la tyrannie employant la force contre les opinions, les opinions, en retour, emploient la force contre la tyrannie ; et inversement, quand la résistance devient désobéissance, les pouvoirs ont beau jeu pour écraser la résistance, et ainsi deviennent tyranniques. Dès qu'un pouvoir use de force pour tuer la critique, il est tyrannique.

ALAIN Propos d'un Normand, 4 septembre 1912

Ce texte d'Alain a le mérite de mettre à jour les enjeux de ce texte de Platon: les deux risques quand on ne comprend pas le sens de la loi, c'est d'abord de la réduire à la tyrannie (confusion entre obéir et se soumettre) ou de tomber dans l'anarchie, par le refus d'obéissance (on  confond désobéir et être vigilant, c'est à dire réfléchir) '

Or, tu n’as préféré le séjour ni de Lacédémone, ni de la Crète, dont tu vantes sans cesse le gouvernement, ni d’aucune ville grecque ou barbare, mais tu es sorti d’Athènes moins souvent que les boiteux, les aveugles et les autres infirmes : preuve évidente que tu avais plus d’amour que les autres Athéniens pour cette ville et pour nous-mêmes qui sommes les Lois de cette ville : car peut-on aimer une cité sans en aimer les lois ? Et maintenant seras-tu infidèle à tes engagements ? Non, Socrate, si du moins tu t’en rapportes à nous, et tu ne t’exposeras pas au ridicule en sortant de la ville. »

« Considère, si tu es infidèle à tes engagements et que tu viennes à en violer un seul, quel bien tu te feras à toi-même et à tes amis. Il est à peu près certain que tes amis seront bannis et privés de leur patrie, ou dépouillés de leurs biens ; et toi, si tu vas te retirer dans quelle ville voisine, à Thèbes ou à Mégare, qui sont régies par de bonnes lois, tu y seras reçu, Socrate, comme un ennemi de leur constitution ; tous ceux qui sont attachés à leur pays verront en toi un homme suspect, un corrupteur des lois, et tu confirmeras toi-même l’opinion que tes juges t’ont justement condamné ; car tout corrupteur des lois passera aussi pour corrupteur des jeunes gens et des hommes faibles. Fuirais-tu les villes les plus policées et la société des hommes les plus honnêtes ? Mais, à cette condition, sera-ce la peine de vivre ? Ou bien, si tu les approches, quels discours leur tiendras-tu, Socrate ? Auras-tu le front de leur répéter ce que tu disais ici, que l’homme doit préférer à tout la vertu, la justice, les lois et l’obéissance aux lois ? Ne penses-tu pas qu’ils trouveront bien honteuse la conduite de Socrate ? Il faut bien que tu le penses. Tu t’éloigneras donc de ces villes bien policées, et tu iras en Thessalie chez les amis de Criton ; car le désordre et la licence règnent dans ce pays, et peut-être prendrait-on plaisir à t’entendre raconter la manière plaisante dont tu te serais échappé de prison, enveloppé d’un manteau, affublé d’une peau de bête ou de tout autre déguisement comme font tous les fugitifs, et tout à fait méconnaissable. N’y aura-t-il personne pour s’étonner que dans un âge avancé, lorsque tu n’avais plus, selon toutes les apparences, que peu de jours à vivre, tu aies eu le courage de transgresser les lois les plus saintes pour conserver une existence si misérable ? Non, peut-être, si tu n’offenses personne : autrement, Socrate, tu entendras bien des propos humiliants et indignes de toi. Tu passeras ta vie à t’insinuer auprès de tout le monde par des flatteries et des bassesses serviles ; et que feras-tu en Thessalie que de quêter des festins, comme si tu n’étais allé en Thessalie que pour un souper ? Et tous ces discours sur la justice et les autres parties de la justice, où seront-ils pour nous ? Mais c’est pour tes enfants que tu veux vivre, afin de les nourrir et de les élever ? Quoi donc ! Faut-il les emmener en Thessalie pour les nourrir et les élever ? Faut-il en faire des étrangers, afin qu’ils aient encore cette obligation à leur père ? Supposons que tu ne le fasses pas : s’ils restent ici loin de toi, seront-ils mieux nourris et mieux élevés quand tu ne seras pas avec eux ? Tes amis sans doute en prendront soin pour toi. Mais est-il nécessaire que tu t’exiles en Thessalie, pour qu’ils en prennent soin ? Et si tu vas chez Pluton, les abandonneront-ils ? Non, Socrate, si du moins ceux qui se disent tes amis valent quelque chose ; et il faut le croire. »

La liberté qu'accordent les lois est une liberté contrôlée certes, mais une liberté réelle n'est pensable que si elle s'associe à la contrainte, contrainte que la réflexion personnelle est seule en mesure de donner. La raison est contrainte, mais une contrainte qui libère des passions et impulsions.

Notons aussi que l'amitié n'est pensable que si les lois sont suivies. L'engagement n'a de raison d'être que si la loi nous engage..ainsi le respect de la loi est-il le premier de tous les engagements. Ainsi en va-t-il de l'amitié de Criton et Socrate.

« Rends-toi donc, Socrate, aux conseils de celles qui t’ont nourri : ne mets ni tes enfants, ni ta vie, ni quoi que ce soit, au-dessus de la justice, afin qu’en arrivant dans les enfers tu puisses alléguer toutes ces raisons pour ta défense devant ceux qui y commandent ; car ici-bas, si tu fais ce qu’on te propose, tu ne rends pas ta cause meilleure, plus juste, plus sainte, ni pour toi, ni pour aucun des tiens, et, quand tu seras arrivé dans l’autre monde, tu ne pourras pas non plus la rendre meilleure. Maintenant, au contraire, si tu meurs, tu meurs victime de l’injustice, non des lois, mais des hommes, au lieu que, si tu sors de la ville, après avoir si honteusement commis l’injustice à ton tour, rendu le mal pour le mal, violé toutes les conventions, tous les engagements que tu as contractés envers nous, maltraité ceux que tu devrais le plus ménager, toi-même, tes amis, ta patrie et nous, alors nous te poursuivrons de notre inimitié pendant ta vie, et après ta mort nos surs, les lois des enfers, ne te feront pas un accueil favorable, sachant que tu as fait tous les efforts qui dépendaient de toi pour nous renverser. Ne suis donc pas les conseils de Criton, mais les nôtres. »

Voilà, sache-le bien, mon cher Criton, les discours que je crois entendre, comme les Corybantes croient entendre les flûtes sacrées ; le son de ces paroles retentit dans mon âme et me rend insensible à tout autre langage. Sois donc certain, telle est du moins ma conviction présente, que tout ce que tu dirais pour les combattre serait inutile. Cependant, si tu crois avoir quelque chose de plus à faire, dis-le.

Criton

Non, je n’ai rien à dire, Socrate.

Socrate

Laisse donc là cette discussion, Criton, et suivons la route où Dieu nous conduit.

Liste des mythes[modifier | modifier le wikicode]

ER LE PAMPHYLIEN

ATLANTIDE

LA CAVERNE

PROMÉTHÉE (texte grec et traduction)

ENFERS (Texte grec et traduction)

  1. Théâtre complet d'Aristophane sur Wikisource
  2. Le plus violent d'entre eux sera Calliclès dans Gorgias.
  3. Une prosopopée est une figure de rhétorique qui consiste à faire parler une personne morte ou absente, un animal, une chose personnifiée ou encore une abstraction.