Affaire Priore/Grandes lignes

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L'AFFAIRE PRIORE EN 25 ÉTAPES



Introduction[modifier | modifier le wikicode]

Wikipédia propose un article sur : « Affaire Priore ».

Entre 1965 et 1982 l’Affaire Priore a provoqué des secousses importantes dans le microcosme de la recherche médicale et des sciences biologiques en France. En quelques mots, et de façon très caricaturale, elle peut être résumée en deux volets de la manière suivante :

  • Un "amateur", hors des circuits officiels de la recherche scientifique, construit un appareil complexe et de dimensions considérables (son dernier appareil était abrité dans un bâtiment de trois étages) : un générateur de rayonnements électromagnétiques, de type particulier, capables, entre autres, de "guérir le cancer".
  • L'amateur en question, Antoine Priore, refuse de livrer au grand jour les « secrets » de son générateur. Il veut créer directement des usines pour la production en série de ses appareils, sans passer par les protocoles, essais et confirmations appliqués en recherche médicale pour valider une thérapeutique nouvelle.
De temps à autre en « médecine officielle », souvent en « médecine parallèle », on retrouve des illuminés, des charlatans de toutes sortes qui tiennent des propos semblables et couvrent du secret leur manigances. Affaire à classer pour la science officielle...

De prime abord cette réaction est pertinente mais il se trouve que, du fait de la science officielle, il existe un troisième volet à « l'Affaire ». Volet qui situe les appareils d'Antoine Priore sur un autre plan que les bricolages, trouvailles et affabulations des habituels escrocs et illuminés:

  • Plus d'une trentaine de chercheurs universitaires, de spécialités (biologistes, médecins, physiciens) et d’appartenances diverses (C.N.R.S., I.N.S.E.R.M., I.N.R.A., etc.) ont eu l'occasion, sur une période de 20 ans, d'utiliser diverses versions des appareils construits par Antoine Priore.
Ils y ont réalisé des expériences selon des protocoles scientifiques établis, avec des modèles biologiques variés. Tous ont mis en évidence des résultats surprenants sur le plan biologique et prometteurs sur plan thérapeutique. Beaucoup de ces travaux ont été publiés ou ont fait l’objet de rapports officiels et on peut considérer que les résultats y sont comparables et homogènes.

Citons par exemple :

  • Guérison de plusieurs types de tumeurs expérimentales (au moins 10 types différents de tumeurs cancéreuses sur environ 1 000 souris et rats). Les animaux traités seraient devenus immuns aux réimplantations de la même tumeur. L’immunité ne s’étendrait pas à des tumeurs expérimentales différentes.
  • Ralentissement de la croissance de cellules cancéreuses en culture (cinq types de cancers).
  • Éradication d'une maladie parasitaire mortelle sur plusieurs milliers d'animaux (souris, rats et lapins). Comme pour les animaux guéris des divers cancers, une immunité serait acquise contre les ré-infestations par la même maladie.
  • Traitement, sous strict contrôle médical, avec l’appareil conçu pour des animaux (rats, souris et lapins), d'un petit nombre de cancéreux considérés comme perdus. Résultats modestes, mais encourageants.

Les biologistes et médecins qui ont effectué ces expériences n'étaient pas en mesure de faire une description technique des appareils utilisés ni de caractériser le rayonnement qu'ils émettaient. Ils constataient uniquement des effets biologiques attribués au rayonnement.

Cependant quelques physiciens, ayant eu un accès limité aux appareils, ont pu relever les composants principaux du champ électromagnétique et ont pu mésurer une corrélation entre des effets biologiques et la variation de certains paramètres de l'environnement électromagnétique des appareils.

Ces résultats attesteraient une découverte qui, si elle est avérée, a potentiellement des applications au niveau du déclenchement, par stimulation physique, des systèmes de reconnaissance cellulaires et de défenses immunitaires.

Cette stimulation serait applicable au traitement de plusieurs types de cancer et d’autres maladies. Un tel éventail d’expérimentations et de résultats positifs ou encourageants aurait dû stimuler la recherche et les appareils d'Antoine Priore auraient dû trouver leur place au moins dans les laboratoires de recherche médicale.

Il semble que cela ne s'est pas fait simplement parce qu’un quatrième volet a parasité la découverte : le volet « humain » ou « psychologique ». Il comporte a priori quatre facteurs essentiels :

  • L’attitude d’Antoine Priore, qui, pour protéger « son secret », entourait ses appareils d’écrans de fumée et de mystère. Par exemple, il ne permettait à nul autre que lui de manipuler ses appareils et refusait de les construire ailleurs que chez lui.
  • La parution, dans la presse populaire et la presse spécialisée, d’articles dithyrambiques ou au contraire destructeurs, dont les titres évocateurs vont de « Priore, l’homme qui a vaincu le cancer ! » à « Affaire Priore ! Arrêtez ce charlatan ! ».
Ces articles, avec leur odeur de soufre, ont largement influencé les administrateurs de la science française.
  • Les jalousies et coups bas d’un certain mandarinat médical devant l’attribution de subventions d’État aux collaborateurs scientifiques et industriels d’Antoine Priore. Certains médecins et physiciens, ayant travaillé avec Antoine Priore, ont essayé de s’accaparer sa découverte.
  • L'appât du gain des dirigeants d’une P.M.E. d’Angoulême, Leroy-Somer, qui avait des liens commerciaux avec Priore et qui voulait, à tout prix, garder une mainmise sur les appareils..

On peut éventuellement ajouter un facteur supplémentaire :

  • L’aspect interdisciplinaire du projet. Tout chercheur objectif sait pertinemment qu’il est particulièrement difficile de faire collaborer sur un même projet des scientifiques d’horizons divers lorsqu’il n’existe pas un maître d’œuvre charismatique.

La communauté scientifique française concernée, alertée par les publications dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences en 1965, s’est divisée en trois camps :

  • Ceux qui ignoraient tout, étaient indifférents ou restaient prudemment dans l’expectative. (« Affaire de spécialiste... », « Hors de mes compétences... », « J'attends de savoir ce que pensent les autres... » ).
  • Ceux qui étaient passionnément « priorephiles ». Au vu des résultats biologiques obtenus par eux-mêmes, qu’ils qualifiaient de spectaculaires, ou par foi dans des expérimentateurs reconnus. L’affaire devenait une « cause » pour les « priorephiles » humanistes ou une source potentielle de richesse ou de gloire pour les « priorephiles » vénaux.
  • Ceux qui étaient passionnément « priorephobes ». Pour cette troisième catégorie, tous les moyens étaient bons afin de dénigrer Antoine Priore et ses zélateurs. Il est à noter que, curieusement, aucun « priorephobe » constant, biologiste ou médecin, n’a utilisé les appareils d'Antoine Priore et que certaines personnalités, « priorephobes » à l’origine, ont changé d’attitude après les avoir expérimentés.

Il semble que la suspicion de départ, des « priorephobes » à l’égard d’Antoine Priore et de ses partisans, était essentiellement due au fait qu'ils n’acceptaient pas, d’une part, le battage médiatique et le mystère entourant les appareils, d’autre part l’anticipation sur le traitement de tous les cancers humains, alors que les résultats étaient obtenus sur des cancers expérimentaux. Devant l’anticipation faite par certains journalistes et Antoine Priore lui-même, cette réaction était, en soi, tout à fait justifiée.

Il est regrettable que l’on soit passé insensiblement de ce comportement de prudence naturelle à des prises de position épidermiques, à des condamnations sans appel, en l’absence de réelle connaissance du dossier et en conséquence sans argumentation contradictoire.

Jeter le bébé avec l'eau du bain supprimait les problèmes et apaisait les humeurs, mais c'est plutôt nocif pour le bébé. Nous verrons par la suite que des cancérologues reconnus occupant des positions en vue ont ainsi tenu des propos foncièrement mensongers, dans le seul but de contrecarrer certains « priorephiles ».

Cette attitude, d’une partie des « priorephobes », est plus inadmissible que le comportement d'Antoine Priore voulant « garder son secret », elle est l’antithèse parfaite de la « démarche scientifique » que ces « priorephobes » prétendaient adopter.

Les 25 étapes de l'Affaire Priore[modifier | modifier le wikicode]

Nous présentons ci-dessous un résumé très condensé de l’Affaire Priore. Ce résumé permet de situer les événements principaux les uns par rapport aux autres.

  1. L’Anécdote apocryphe. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Antoine Priore, radio-technicien dans la marine italienne, observe que des oranges oubliées plusieurs semaines dans la zone d'influence d'un champ électromagnétique n'ont pas moisi.
  2. 1946 - 1950. Installé à Bordeaux, Antoine Priore ouvre un atelier de construction et de réparations radioélectriques. Il consacre ses moments perdus à imaginer et à construire des appareils produisant un rayonnement électromagnétique destiné à conserver les fruits et légumes.
  3. 1950 - 1957. Antoine Priore a obtenu l'accès aux laboratoires des abattoirs municipaux de Bordeaux où il travaille avec Francis Berlureau, vétérinaire. Ils font des expériences sur les animaux, au cours desquelles Antoine Priore découvre les effets de son rayonnement électromagnétique sur les tumeurs cancéreuses animales.
  4. 1953 - 1961. Deux médecins, les docteurs M. Fournier et H. Dagréou, travaillent avec Priore pour prodiguer des soins auprès des personnes atteintes de divers types de cancer. De cette façon Antoine Priore développe, d’une façon empirique, des appareils de plus en plus complexes.
  5. 1959 Antoine Priore rencontre deux chercheurs, J. Biraben et G. Delmon de la Faculté de Médecine de Bordeaux. Ils expérimentent sur des rats greffés avec la tumeur T8. Des résultats positifs sont obtenus sans que soient éclaircies la nature et la composition exactes des rayonnements électromagnétiques utilisés.
  6. 1960 Une commission de la Faculté de Médecine de Bordeaux, sous la présidence du Pr. F. Tayeau, refuse de cautionner une demande de subventions de Priore, Biraben et Delmon. Commission devant laquelle Antoine Priore refuse de dévoiler les ‘secrets’ de son appareil ou d’apprendre à une tierce personne son maniement. Il refusera jusqu'à sa mort.
  7. 1963 Antoine Priore prend contact avec les Professeurs M. Guérin et M. R. Rivière, du centre anticancéreux de Villejuif, qui acceptent de se livrer à des expériences sur des rats auxquels on a greffé des tumeurs expérimentales: régression complète des tumeurs et disparition des métastases.
  8. 1964 Premières publications des observations de l’effet biologique du rayonnement Priore dans les comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris.
  9. 1965 Le Pr. Courrier présente les résultats de Rivière et Guérin à l'Académie des sciences, en séance publique, le 1er mars 1965. Le monde scientifique prend violemment parti ‘pour’ ou ‘contre’.
  10. 1965 La firme LEROY-SOMER d'Angoulême signe un contrat avec Antoine Priore pour la construction d’un nouvel appareil, le M235, et pour commercialiser ses brevets. Une collaboration très ‘houleuse’ commence.
  11. 1966 Des chercheurs du Chester Beatty Institut de Londres, le ‘Villejuif’ anglais, prennent contact avec Antoine Priore et expérimentent son appareil avec des souris et rats avec diverses tumeurs greffées.
  12. 1966 Le Pr. Pautrizel (Faculté de Médecine de Bordeaux) commence ses expériences sur l'influence d'ondes électromagnétiques sur la souris infestée par le Trypanosoma equiperdum. Résultats positifs, publiés à l'Académie des sciences.
  13. 1966 Le Pr. R. Latarjet (Fondation Curie, Paris) lance une rumeur (et l’entretient pendant 20 ans) selon laquelle les expériences avec l’appareil Priore sont « truquées ».
  14. 1967 - 69 Avec l’aide du Pr. Pautrizel, Antoine Priore construit un nouvel appareil, plus puissant que les précédents.
    Des centaines d’expériences du Pr. Pautrizel et de son équipe pendant la période 1969 - 1978 démontrent que le rayonnement Priore ne détruit pas directement les divers agents pathogènes, mais qu’il provoque une stimulation des systèmes de défenses immunitaires chez le sujet exposé.
  15. 1969 Une commission de Contrôle reconnaît officiellement l'effet biologique du rayonnement émis par l'appareil de Priore sur l’expérience de base avec les souris infestées avec les Trypanosomes.
  16. 1970 - 1971 La D.R.M.E. subventionne les recherches du Pr. Pautrizel et charge deux physiciens du CNRS, A. J. Berteaud et A. M. Bottreau, d’effectuer une étude physique du rayonnement émis par l’appareil Priore et utilisé par le Pr. Pautrizel.
  17. 1975 L’INSERM supprime l’unité de recherches du Pr. R. Pautrizel à cause de ses travaux avec PRIORE.
  18. 1971 - 1977 La DGRST accorde une subvention de 3,5 M.F. à la société LEROY-SOMER, pour la construction d’un appareil Priore à paramètres variables. Après bien des difficultés, un appareil gigantesque est construit. Quelques expériences sont faites en février 1975 mais, un peu plus tard, une fausse manœuvre détruit une grande partie de l’appareil.
  19. 1977 Le président de l’université de Bordeaux met fin au projet de soutenance de thèse par Antoine Priore.
  20. 1977 - 1979. Sous l'égide du Pr. Dubourg, Pr. Courty et du Pr. Pautrizel, des expérimentations, avec l’appareil de Priore financé par le Pr. Pautrizel, sont faites sur des malades du cancer. Résultats très encourageants.
  21. 1978-1980 Impossibilité de trouver un financement pour reconstruire l’appareil en panne de LEROY-SOMER.
  22. 1981 Le Pr. Pautrizel est convoqué à l’Élysée. Le Président Giscard d’Estaing donne son "feu vert" le 2 février pour débloquer la situation et que des médecins militaires de la C.R.E.S.S.A. prennent l’Affaire en main. Le changement de Président en Mai 1981 bloque de nouveau la situation.
  23. 1982 Un rapport, écrit par le Pr. J. Bernard et le Pr. R. Latarjet, démolit le dossier Priore tout en reconnaissant que le rayonnement émis a un effet biologique incontestable dans le domaine immunologique !
  24. 1983 Mort d'Antoine Priore le 9 mai, sans laisser le « secret » du fonctionnement de ses appareils.
  25. 1984 Publication de deux livres sur l’Affaire PRIORE : Jean-Pierre Bader, Le cas Priore : Prix Nobel ou imposture ?, J.C. Lattès, , 223 p. et Jean-Michel Graille, Dossier Priore : une nouvelle affaire Pasteur ?, Paris, Denoël, , 307 p. (ISBN 978-2-207-23002-2)

À partir de 1984 diverses groupes hétéroclites tentent de retrouver l'« effet Priore », sans succès jusqu'à ce jour.