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Grec ancien
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Qu'est-ce que le grec ancien ?
Le grec ancien est une langue « morte » (disons plutôt « ancienne ») parlée en Grèce antique entre les IXe et IVe siècles av. J.-C.. Elle fait partie des langues helléniques dans la branche des langues ioniennnes.
Comme le montre la carte ci-contre, il existe une multitude de dialectes du grec ancien ; le dorien (en marron), l'ionien-attique (en violet), l'éolien (en jaune) et l'arcado-chypriote (en vert). Nous étudierons le grec attique.
On peut toujours se demander — et c'est compréhensible — « Pourquoi apprendre le grec ancien ? » Comme dit au départ, c'est une langue morte ; mais ce n'est pas inutile, comme tentent de le faire croire certains. Cela permet d'apprendre à parler plus justement notre langue maternelle, d'en expliquer de nombreuses subtilités, de maîtriser la grammaire et de développer les facultés d'apprentissage.
L'expression Grèce antique renvoie à la civilisation des peuples de langue et de culture grecques durant l'Antiquité. On entend parfois plus précisément par « Grèce antique » la Grèce classique, en particulier l'Athènes du Ve siècle av. J.-C., celle de Périclès et de la tragédie, et celle du IVe siècle av. J.-C., de Platon et d'Aristote. Toutefois, la culture grecque s'est développée plus tôt : les épopées de l'Illiade et de l'Odyssée remontent sans doute au IXe siècle av. J.-C.. Elle a aussi conservé un réel dynamisme aux siècles suivants, pendant lesquelles elle s'est étendue dans de nombreuses autres régions. En Orient, après les conquêtes d'Alexandre, la culture grecque s'est mêlée aux cultures antérieures pour donner naissance à la civilisation originale des royaumes hellénistiques. Dans le bassin méditerranéen, la culture grecque a joué un rôle décisif, notamment du fait de l'influence qu'elle eut à Rome où le grec devint la langue du savoir couramment utilisée par les élites.
Certaines productions politiques et culturelles du monde grec ont eu un rôle majeur dans le développement de la civilisation occidentale. On estime souvent que les Grecs sont à l'origine d'une nouvelle manière d'appréhender le monde affranchissant la pensée des dogmes religieux et mettant l'homme au cœur de leurs réflexions. On les considère comme les fondateurs de la philosophie (les présocratiques, Socrate, Platon), et des précurseurs de l'investigation scientifique (physique, mathématiques, astronomie). La littérature grecque eut sans doute longtemps moins d'influence que celle de ses imitateurs romains. L'art grec reste considéré comme un modèle de l'équilibre classique.
L'histoire de la Grèce avant le VIIIe siècle av. J.-C. est assez mal connue. La civilisation mycénienne dura de − 1500 à −1100 environ, elle est fortement influencée par la Crète minoenne. Les raisons de sa disparition sont sujettes à controverse. Les chercheurs croyant à l'historicité de la guerre de Troie la situent pendant cette période. Les temps qui suivent, aussi mal connus, sont parfois appelés siècles obscurs. Des changements culturels importants semblent s'y être déroulés.
Il semble qu'à partir du VIIIe siècle av. J.-C. apparaissent les cités, des petits territoires indépendants et politiquement structurés. La population augmente fortement et des colonies grecques sont créées, dans les îles de la mer Egée et en Asie mineure, puis dans d'autres régions méditerranéennes. Les grands penseurs vivent souvent outre-mer : Thalès et Xénophane vivent en Asie ; Pythagore fonde une école en Italie du Sud. C'est la naissance de la Grande Grèce.
Au Ve siècle av. J.-C., les Grecs parviennent à repousser les troupes de l'immense Empire perse. La Grèce connaît alors un « âge d'or ». Certains penseurs, Parménide, Empédocle, Leucippe inaugurent de nouvelles manières d'envisager le monde. Athènes, où une démocratie s'est mise en place, occupe une place prépondérante sur les plans politique et artistique. La tragédie s'y développe. Socrate ne quitte presque jamais la ville.
Après la guerre du Péloponnèse (431-404), les cités grecques sont affaiblies, mais la vie intellectuelle reste vivace (Platon, Aristote). Vers 338, la Macédoine domine la Grèce. Entre 336 et 323, son roi, Alexandre le Grand, conquiert un immense empire. À sa mort, son Empire est démembré, ses anciens généraux règnent en souverain absolus sur de vastes régions. On entre dans la période hellénistique.
Les Séleucides règnent en Asie, sur l'ancien Empire perse. On ressent des influences grecques jusque dans les sculptures bouddhiques d'Afghanistan. Les Ptolémée, qui dominèrent l'Égypte, nous sont toutefois mieux connus. Alexandrie y est un haut lieu du savoir. En Grèce même, de nouvelles philosophies se développent: l'épicurisme et le stoïcisme. La situation politique est assez difficile et, au IIe siècle av. J.-C., la Grèce passe sous domination romaine. La Grèce reste un centre culturel mais perd en créativité.
L'économie de la Grèce antique se caractérise par une forte prégnance de l’agriculture, d’autant plus importante que les sols grecs sont peu fertiles. Plus qu'une source de subsistance, elle façonne une partie des représentations et des rapports sociaux : la majorité de la population du monde grec est rurale et la propriété foncière représente un idéal. L’artisanat et le commerce, principalement maritime, se développent à partir du VIe siècle av. J.-C. dans les cités. Cependant, les Grecs éprouvent une grande répugnance pour le travail rétribué, et en particulier le travail manuel : la politique est la seule activité réellement digne du citoyen, le reste devant être autant que possible abandonné aux esclaves.
L'art grec est l'aspect le plus immédiatement sensible de la Grèce antique : il a influencé l'art romain, celui de la Renaissance et une grande partie de l'art moderne et contemporain d'Occident. Ses monuments sont admirés par les touristes en Grèce même, ainsi que sur les sites des colonies grecques de Grande Grèce et d'Asie mineure ; ses sculptures et ses vases occupent souvent une place de choix dans les musées et les collections privées. Le Parthénon et son décor sculpté, l'aurige de Delphes, le groupe du Laocoon et la Victoire de Samothrace figurent parmi les œuvres d'art les plus connues dans le monde.
Pour autant, l'œuvre d'art grecque est souvent mal comprise. Elle est admirée aujourd'hui pour le plaisir esthétique qu'elle procure, alors que sa fin première est pratique ou religieuse. Les ruines de monuments se trouvent dans des endroits isolés, ou sont incorporées dans des villes modernes, alors que les bâtiments grecs se trouvaient naturellement intégrés à tout un ensemble de bâtiments environnants. La peinture murale, l'une des principales formes d'expression de l'art grec, a presque totalement disparu, alors que la sculpture grecque nous est parvenue principalement sous la forme de copies ou variantes romaines, pour lesquelles il est difficile de départager le génie de l'auteur original de celui du copiste-adaptateur. Il est donc important de replacer l'art grec dans son contexte et de restituer ses origines, évolutions et influences. Par exemple selon les quatre périodes connues :
La religion grecque antique a pour particularité de n'avoir ni textes sacrés, ni dogme, ni Église : elle est polythéiste. Elle accorde une grande importance aux rites et peu à la dévotion personnelle. Les différents cultes peuvent être distingués en trois grandes catégories : cultes publics, rassemblant la communauté des citoyens d'une cité, cultes privés, appartenant à la sphère domestique, cultes à mystères, qui seuls promettent aux initiés une vie heureuse et un au-delà.
La religion comporte douze dieux principaux, dont le plus important est Zeus.
Le divin et intrépide Ulysse suppliait ainsi la déesse Minerve: Nausica arrive à la ville sur le chariot traîné par de fortes mules. Lorsque cette jeune fille est devant la superbe demeure de son père, elle s'arrête sous les portiques. Les frères de Nausica, semblables aux dieux, s'empressent autour d'elle ; les uns détellent les mules du chariot, les autres portent les riches vêtements dans l'intérieur du palais, et Nausica se dirige vers ses appartements. Une vieille femme d'Épire, la suivante Euryméduse, que naguère dix vaisseaux ballottés par les flots amenèrent en cette île, enflamme le bois dans le foyer : les Phéaciens choisirent Euryméduse pour l'offrir en présent au roi Alcinoüs que le peuple écoute comme un dieu ; ce fut elle qui jadis éleva dans le palais la belle Nausica. Maintenant Euryméduse dispose le feu et prépare le repas.
Alors Ulysse se lève pour aller à la ville. Minerve-Pallas chérit ce héros, le couvre d'un épais nuage afin que sur sa route les magnanimes Phéaciens ne puissent ni le railler ni l'interroger. Quand Ulysse est près d'entrer dans cette agréable cité, Minerve, la déesse aux yeux d'azur, marche à sa rencontre sous les traits d'une jeune fille portant une urne ;
21
Στῆ δὲ πρόσθ᾽ αὐτοῦ, ὁ δ᾽ ἀνείρετο δῖος Ὀδυσσεύς·
« Ὦ τέκος, οὐκ ἄν μοι δόμον ἀνέρος ἡγήσαιο
Ἀλκινόου, ὃς τοῖσδε μετ᾽ ἀνθρώποισι ἀνάσσει;
καὶ γὰρ ἐγὼ ξεῖνος ταλαπείριος ἐνθάδ᾽ ἱκάνω
τηλόθεν ἐξ ἀπίης γαίης· τῷ οὔ τινα οἶδα
ἀνθρώπων, οἳ τήνδε πόλιν καὶ γαῖαν ἔχουσιν. »
Τὸν δ᾽ αὖτε προσέειπε θεά, γλαυκῶπις Ἀθήνη·
21
elle s'arrête devant lui, et Ulysse lui parle en ces termes :
« Ô ma fille, pourrais-tu me conduire dans la demeure du héros Alcinoüs, roi des Phéaciens ? Je suis un malheureux voyageur et je viens d'un pays éloigné. Je ne connais, moi, aucun des hommes qui habitent cette ville et cultivent ces champs. »
La déesse Minerve lui répond :
28
« Τοιγὰρ ἐγώ τοι, ξεῖνε πάτερ, δόμον, ὅν με κελεύεις,
« Oui sans doute, vénérable étranger, je t'indiquerai la demeure que tu me demandes ; car le palais de mon irréprochable père touche à celui d'Alcinoüs. Mais marche toujours en silence, et je te montrerai le chemin : surtout ne regarde ni n'interroge personne. Les Phéaciens ne sont point favorables aux voyageurs, et ils accueillent sans bienveillance ceux qui viennent des pays lointains. Ces peuples, protégés par Neptune, se fient à leurs navires légers et rapides, et ils sillonnent sans cesse l'immense surface de la mer ; car leurs vaisseaux sont légers comme l'aile et rapides comme la pensée.»
37
Ὣς ἄρα φωνήσασ᾽ ἡγήσατο Παλλὰς Ἀθήνη
καρπαλίμως· ὁ δ᾽ ἔπειτα μετ᾽ ἴχνια βαῖνε θεοῖο.
Τὸν δ᾽ ἄρα Φαίηκες ναυσικλυτοὶ οὐκ ἐνόησαν
ἐρχόμενον κατὰ ἄστυ διὰ σφέας· οὐ γὰρ Ἀθήνη
εἴα ἐυπλόκαμος, δεινὴ θεός, ἥ ῥά οἱ ἀχλὺν
θεσπεσίην κατέχευε φίλα φρονέουσ᾽ ἐνὶ θυμῷ.
Θαύμαζεν δ᾽ Ὀδυσεὺς λιμένας καὶ νῆας ἐίσας
αὐτῶν θ᾽ ἡρώων ἀγορὰς καὶ τείχεα μακρὰ
ὑψηλά, σκολόπεσσιν ἀρηρότα, θαῦμα ἰδέσθαι.
Ἀλλ᾽ ὅτε δὴ βασιλῆος ἀγακλυτὰ δώμαθ᾽ ἵκοντο,
τοῖσι δὲ μύθων ἦρχε θεά, γλαυκῶπις Ἀθήνη·
37
Minerve ayant ainsi parlé précède le héros qui suit ses pas. — Les Phéaciens, navigateurs illustres, ne l'aperçurent point lorsqu'au milieu d'eux il traversa la ville : Minerve par amour pour Ulysse, l'avait enveloppé d'un nuage céleste. — Le héros, en s'avançant, admire le port rempli de navires égaux, la place publique où s'assemblent les chefs du peuple, les longues et hautes murailles garnies de gigantesques pieux : spectacle admirable à voir. Lorsqu'ils sont arrivés tous deux devant le magnifique palais du roi, la déesse aux yeux d'azur dit à Ulysse :
48
« Οὗτος δή τοι, ξεῖνε πάτερ, δόμος, ὅν με κελεύεις
πεφραδέμεν· δήεις δὲ διοτρεφέας βασιλῆας
δαίτην δαινυμένους· σὺ δ᾽ ἔσω κίε, μηδέ τι θυμῷ
τάρβει· θαρσαλέος γὰρ ἀνὴρ ἐν πᾶσιν ἀμείνων
ἔργοισιν τελέθει, εἰ καί ποθεν ἄλλοθεν ἔλθοι.
Δέσποιναν μὲν πρῶτα κιχήσεαι ἐν μεγάροισιν·
Ἀρήτη δ᾽ ὄνομ᾽ ἐστὶν ἐπώνυμον, ἐκ δὲ τοκήων
τῶν αὐτῶν οἵ περ τέκον Ἀλκίνοον βασιλῆα.
Ναυσίθοον μὲν πρῶτα Ποσειδάων ἐνοσίχθων
γείνατο καὶ Περίβοια, γυναικῶν εἶδος ἀρίστη,
ὁπλοτάτη θυγάτηρ μεγαλήτορος Εὐρυμέδοντος,
ὅς ποθ᾽ ὑπερθύμοισι Γιγάντεσσιν βασίλευεν.
Ἀλλ᾽ ὁ μὲν ὤλεσε λαὸν ἀτάσθαλον, ὤλετο δ᾽ αὐτός·
τῇ δὲ Ποσειδάων ἐμίγη καὶ ἐγείνατο παῖδα
Ναυσίθοον μεγάθυμον, ὃς ἐν Φαίηξιν ἄνασσε·
Ναυσίθοος δ᾽ ἔτεκεν ῾Ρηξήνορά τ᾽ Ἀλκίνοόν τε.
Τὸν μὲν ἄκουρον ἐόντα βάλ᾽ ἀργυρότοξος Ἀπόλλων
νυμφίον ἐν μεγάρῳ, μίαν οἴην παῖδα λιπόντα
Ἀρήτην· τὴν δ᾽ Ἀλκίνοος ποιήσατ᾽ ἄκοιτιν,
καί μιν ἔτισ᾽, ὡς οὔ τις ἐπὶ χθονὶ τίεται ἄλλη,
ὅσσαι νῦν γε γυναῖκες ὑπ᾽ ἀνδράσιν οἶκον ἔχουσιν.
Ὣς κείνη περὶ κῆρι τετίμηταί τε καὶ ἔστιν
ἔκ τε φίλων παίδων ἔκ τ᾽ αὐτοῦ Ἀλκινόοιο
καὶ λαῶν, οἵ μίν ῥα θεὸν ὣς εἰσορόωντες
δειδέχαται μύθοισιν, ὅτε στείχῃσ᾽ ἀνὰ ἄστυ.
Οὐ μὲν γάρ τι νόου γε καὶ αὐτὴ δεύεται ἐσθλοῦ·
ᾗσι τ᾽ ἐὺ φρονέῃσι καὶ ἀνδράσι νείκεα λύει.
Εἴ κέν τοι κείνη γε φίλα φρονέῃσ᾽ ἐνὶ θυμῷ,
ἐλπωρή τοι ἔπειτα φίλους τ᾽ ἰδέειν καὶ ἱκέσθαι
οἶκον ἐς ὑψόροφον καὶ σὴν ἐς πατρίδα γαῖαν. »
48
« Voilà, vénérable étranger, la demeure que tu m'as ordonné de t'indiquer. Tu trouveras dans ce palais les princes chéris de Jupiter rassemblés pour le festin. Entre donc sans crainte dans cette maison. L'homme intrépide réussit mieux en toute entreprise, lors même qu'il arrive d'un pays éloigné. D'abord, tu t'adresseras à la reine : son nom est Arété, et elle descend des mêmes ancêtres qui donnèrent le jour au roi Alcinoüs. Nausithoüs naquit du redoutable Neptune et de Péribée, la plus belle des femmes et la plus jeune d'entre les filles du magnanime Eurymédon qui régna jadis sur les géants orgueilleux ; ce héros anéantit pour jamais ce peuple criminel, et lui-même il trouva la mort au milieu des combats. Neptune s'unit donc à Péribée ; il eut avec elle le courageux Nausithoüs, roi des Phéaciens et père d'Alcinoüs et de Rhexenor. Ce dernier héros récemment uni n'eut point de fils : il mourut frappé dans son palais par les flèches d'Apollon, le dieu à l'arc d'argent. Rhexenor ne laissa qu'une seule fille, Arété, qu'Alcinoüs choisit pour épouse, et qu'il honore maintenant comme nulle autre femme n'est honorée sur la terre, même parmi toutes celles qui, soumises à leur époux, gouvernent avec sagesse leurs somptueuses demeures. Ainsi la noble Arété est chérie par ses enfants, par le roi Alcinoüs lui-même, et par tous les Phéaciens qui la contemplent comme une déesse et lui adressent de nombreuses bénédictions toutes les fois qu'elle se promène par la ville. Jamais son esprit n'a manqué de prudence ; et par de sages pensées elle termine les querelles qui s'élèvent parmi les hommes. Si cette reine a pour toi quelque bienveillance, tu reverras bientôt tes amis et ta terre natale. »
78
Ὣς ἄρα φωνήσασ᾽ ἀπέβη γλαυκῶπις Ἀθήνη
πόντον ἐπ᾽ ἀτρύγετον, λίπε δὲ Σχερίην ἐρατεινήν,
ἵκετο δ᾽ ἐς Μαραθῶνα καὶ εὐρυάγυιαν Ἀθήνην,
δῦνε δ᾽ Ἐρεχθῆος πυκινὸν δόμον. Αὐτὰρ Ὀδυσσεὺς
Ἀλκινόου πρὸς δώματ᾽ ἴε κλυτά· πολλὰ δέ οἱ κῆρ
ὥρμαιν᾽ ἱσταμένῳ, πρὶν χάλκεον οὐδὸν ἱκέσθαι.
Ὥς τε γὰρ ἠελίου αἴγλη πέλεν ἠὲ σελήνης
δῶμα καθ᾽ ὑψερεφὲς μεγαλήτορος Ἀλκινόοιο.
Χάλκεοι μὲν γὰρ τοῖχοι ἐληλέδατ᾽ ἔνθα καὶ ἔνθα,
ἐς μυχὸν ἐξ οὐδοῦ, περὶ δὲ θριγκὸς κυάνοιο·
χρύσειαι δὲ θύραι πυκινὸν δόμον ἐντὸς ἔεργον·
σταθμοὶ δ᾽ ἀργύρεοι ἐν χαλκέῳ ἕστασαν οὐδῷ,
ἀργύρεον δ᾽ ἐφ᾽ ὑπερθύριον, χρυσέη δὲ κορώνη.
Χρύσειοι δ᾽ ἑκάτερθε καὶ ἀργύρεοι κύνες ἦσαν,
οὓς Ἥφαιστος ἔτευξεν ἰδυίῃσι πραπίδεσσι
δῶμα φυλασσέμεναι μεγαλήτορος Ἀλκινόοιο,
ἀθανάτους ὄντας καὶ ἀγήρως ἤματα πάντα.
Ἐν δὲ θρόνοι περὶ τοῖχον ἐρηρέδατ᾽ ἔνθα καὶ ἔνθα,
ἐς μυχὸν ἐξ οὐδοῖο διαμπερές, ἔνθ᾽ ἐνὶ πέπλοι
λεπτοὶ ἐύννητοι βεβλήατο, ἔργα γυναικῶν.
Ἔνθα δὲ Φαιήκων ἡγήτορες ἑδριόωντο
πίνοντες καὶ ἔδοντες· ἐπηετανὸν γὰρ ἔχεσκον.
Χρύσειοι δ᾽ ἄρα κοῦροι ἐυδμήτων ἐπὶ βωμῶν
ἕστασαν αἰθομένας δαΐδας μετὰ χερσὶν ἔχοντες,
φαίνοντες νύκτας κατὰ δώματα δαιτυμόνεσσι.
Πεντήκοντα δέ οἱ δμωαὶ κατὰ δῶμα γυναῖκες
αἱ μὲν ἀλετρεύουσι μύλῃς ἔπι μήλοπα καρπόν,
αἱ δ᾽ ἱστοὺς ὑφόωσι καὶ ἠλάκατα στρωφῶσιν
ἥμεναι, οἷά τε φύλλα μακεδνῆς αἰγείροιο·
καιρουσσέων δ᾽ ὀθονέων ἀπολείβεται ὑγρὸν ἔλαιον.
Ὅσσον Φαίηκες περὶ πάντων ἴδριες ἀνδρῶν
νῆα θοὴν ἐνὶ πόντῳ ἐλαυνέμεν, ὣς δὲ γυναῖκες
ἱστῶν τεχνῆσσαι· πέρι γάρ σφισι δῶκεν Ἀθήνη
ἔργα τ᾽ ἐπίστασθαι περικαλλέα καὶ φρένας ἐσθλάς.
Ἔκτοσθεν δ᾽ αὐλῆς μέγας ὄρχατος ἄγχι θυράων
τετράγυος· περὶ δ᾽ ἕρκος ἐλήλαται ἀμφοτέρωθεν.
Ἔνθα δὲ δένδρεα μακρὰ πεφύκασι τηλεθόωντα,
ὄγχναι καὶ ῥοιαὶ καὶ μηλέαι ἀγλαόκαρποι
συκέαι τε γλυκεραὶ καὶ ἐλαῖαι τηλεθόωσαι.
Τάων οὔ ποτε καρπὸς ἀπόλλυται οὐδ᾽ ἀπολείπει
χείματος οὐδὲ θέρευς, ἐπετήσιος· ἀλλὰ μάλ᾽ αἰεὶ
Ζεφυρίη πνείουσα τὰ μὲν φύει, ἄλλα δὲ πέσσει.
Ὄγχνη ἐπ᾽ ὄγχνῃ γηράσκει, μῆλον δ᾽ ἐπὶ μήλῳ,
αὐτὰρ ἐπὶ σταφυλῇ σταφυλή, σῦκον δ᾽ ἐπὶ σύκῳ.
Ἔνθα δέ οἱ πολύκαρπος ἀλωὴ ἐρρίζωται,
τῆς ἕτερον μὲν θειλόπεδον λευρῷ ἐνὶ χώρῳ
τέρσεται ἠελίῳ, ἑτέρας δ᾽ ἄρα τε τρυγόωσιν,
ἄλλας δὲ τραπέουσι· πάροιθε δέ τ᾽ ὄμφακές εἰσιν
ἄνθος ἀφιεῖσαι, ἕτεραι δ᾽ ὑποπερκάζουσιν.
Ἔνθα δὲ κοσμηταὶ πρασιαὶ παρὰ νείατον ὄρχον
παντοῖαι πεφύασιν, ἐπηετανὸν γανόωσαι·
ἐν δὲ δύω κρῆναι ἡ μέν τ᾽ ἀνὰ κῆπον ἅπαντα
σκίδναται, ἡ δ᾽ ἑτέρωθεν ὑπ᾽ αὐλῆς οὐδὸν ἵησι
πρὸς δόμον ὑψηλόν, ὅθεν ὑδρεύοντο πολῖται.
Τοῖ᾽ ἄρ᾽ ἐν Ἀλκινόοιο θεῶν ἔσαν ἀγλαὰ δῶρα.
78
Telles sont les paroles que prononce Minerve aux yeux d'azur ; puis en s'élançant sur la mer stérile elle quitte la riante Schérie. La déesse traverse les plaines de Marathon, la ville aux larges rues des Athéniens, et elle se rend dans la superbe demeure d'Érechthée. — Ulysse s'avance vers le riche palais d'Alcinoüs, le cœur agité de mille pensées, et il s'arrête avant de franchir le seuil d'airain. — La haute demeure du magnanime Alcinoüs brille ainsi que la splendide clarté de la lune et l'éclatante lumière du soleil. Les murailles sont de toutes parts revêtues d'airain, depuis l'entrée du palais jusqu'au fond des appartements ; tout autour des murailles règne une corniche azurée. L'intérieur de cette demeure inébranlable est fermé par des portes d'or ; les montants d'argent reposent sur le seuil d'airain, et le linteau des portes est aussi en argent et l'anneau est en or. Aux extrémités des portes on aperçoit des chiens d'or et d'argent qu'avait forgés Vulcain avec un art merveilleux pour garder la demeure du magnanime Alcinoüs ; ces chiens sont immortels et pour toujours exempts de vieillesse. Dans l'intérieur du palais, depuis le seuil jusqu'à l'extrémité des vastes salles se trouvent des sièges rangés le long des murailles ; ces sièges sont recouverts de tissus finement travaillés par des mains de femmes : là s'asseyent les chefs des Phéaciens pour goûter les douceurs du repas, car ils ont chaque jour de nouvelles fêtes. Sur de magnifiques piédestaux s'élèvent des statues en or représentant des hommes encore jeunes tenant entre leurs mains des flambeaux allumés servant à éclairer pendant la nuit la salle des convives. Cinquante femmes esclaves servent dans ce palais ; les unes broient sous la meule le jaune froment ; les autres tissent la laine ou filent la toile, et les mains de ces femmes sont aussi mobiles que les feuilles d'un haut peuplier agité par le vent : une huile éclatante semble couler de ces magnifiques étoffes tissées avec tant d'habileté. Autant les Phéaciens surpassent tous les hommes dans l'art de diriger les rapides navires sur la mer ténébreuse, autant les Phéaciennes l'emportent sur les autres femmes et par leur adresse et par l'excellence de leurs tissus ; car Minerve leur accorda la faveur de produire des ouvrages merveilleux et d'avoir de sages pensées. — En dehors de la cour et tout près des portes se trouve un jardin de quatre arpents, fermé par une enceinte. Là croissent des arbres élevés et verdoyants, des poiriers, des grenadiers, des pommiers, des figuiers et des oliviers toujours verts ; ces arbres sont chargés de fruits toute l'année, et ils en portent pendant l'hiver comme pendant l'été : le souffle du zéphyr fait tantôt naître les uns et tantôt mûrir les autres. La poire vieillit auprès de la poire, la pomme auprès de la pomme, le raisin auprès du raisin et la figue auprès de la figue. — Là est aussi plantée une vigne dont les grappes sèchent aux rayons du soleil, dans une plaine unie et découverte ; d'autres sont cueillies par le laboureur, ou pressées dans la cuve, et a quelque distance on aperçoit encore de jeunes grappes : les unes sont en fleur, et les autres commencent à noircir. — À l'extrémité du jardin, des espaces réguliers sont remplis de diverses plantes potagères qui fleurissent constamment. En ces lieux coulent deux fontaines ; la première répand son onde limpide à travers le jardin ; la seconde serpente à l'entrée de la cour, près du palais élevé : c'est là que les Phéaciens viennent puiser l'eau. — Tels sont les présents splendides dont les dieux embellirent la demeure d'Alcinoüs.
133
Ἔνθα στὰς θηεῖτο πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς.
Αὐτὰρ ἐπεὶ δὴ πάντα ἑῷ θηήσατο θυμῷ,
καρπαλίμως ὑπὲρ οὐδὸν ἐβήσετο δώματος εἴσω.
Εὗρε δὲ Φαιήκων ἡγήτορας ἠδὲ μέδοντας
σπένδοντας δεπάεσσιν ἐυσκόπῳ ἀργεϊφόντῃ,
ᾧ πυμάτῳ σπένδεσκον, ὅτε μνησαίατο κοίτου.
Αὐτὰρ ὁ βῆ διὰ δῶμα πολύτλας δῖος Ὀδυσσεὺς
πολλὴν ἠέρ᾽ ἔων, ἥν οἱ περίχευεν Ἀθήνη,
ὄφρ᾽ ἵκετ᾽ Ἀρήτην τε καὶ Ἀλκίνοον βασιλῆα.
Ἀμφὶ δ᾽ ἄρ᾽ Ἀρήτης βάλε γούνασι χεῖρας Ὀδυσσεύς,
καὶ τότε δή ῥ᾽ αὐτοῖο πάλιν χύτο θέσφατος ἀήρ.
Οἱ δ᾽ ἄνεῳ ἐγένοντο, δόμον κάτα φῶτα ἰδόντες·
θαύμαζον δ᾽ ὁρόωντες. Ὁ δὲ λιτάνευεν Ὀδυσσεύς·
133
À cette vue le divin Ulysse s'arrête étonné. Le héros, après avoir admiré toutes ces merveilles, franchit rapidement le seuil et pénètre dans l'intérieur du palais où il trouve les princes et les chefs des Phéaciens offrant, avec leurs coupes, des libations à Mercure : c'est en l'honneur de ce dieu que l'on fait les derniers sacrifices quand on songe au sommeil. L'intrépide Ulysse, toujours enveloppé par l'épais nuage, traverse la demeure et arrive auprès d'Alcinoüs et de la belle Arété. Il entoure de ses bras les genoux de la reine, et soudain le céleste nuage se dissipe. Tous les Phéaciens restent muets en apercevant cet étranger, et ils le contemplent avec admiration. Alors Ulysse fait entendre ces paroles suppliantes :
146
« Ἀρήτη, θύγατερ ῾Ρηξήνορος ἀντιθέοιο,
σόν τε πόσιν σά τε γούναθ᾽ ἱκάνω πολλὰ μογήσας
τούσδε τε δαιτυμόνας· τοῖσιν θεοὶ ὄλβια δοῖεν
ζωέμεναι, καὶ παισὶν ἐπιτρέψειεν ἕκαστος
κτήματ᾽ ἐνὶ μεγάροισι γέρας θ᾽ ὅ τι δῆμος ἔδωκεν·
αὐτὰρ ἐμοὶ πομπὴν ὀτρύνετε πατρίδ᾽ ἱκέσθαι
θᾶσσον, ἐπεὶ δὴ δηθὰ φίλων ἄπο πήματα πάσχω. »
146
«Arété, fille du divin Rhexenor, écoute-moi. Après avoir beaucoup souffert, je viens me jeter à tes pieds et implorer ton époux et ses convives. Puissent les dieux vous accorder à tous des jours heureux ! Puisse aussi chacun de vous laisser à ses enfants les richesses de son palais et les honneurs qu'il reçut du peuple ! Mais faites que je quitte cette île, et que je retourne bientôt dans ma patrie ; car, depuis longtemps, je supporte, loin de mes amis, d'amères douleurs ! »
153
Ὣς εἰπὼν κατ᾽ ἄρ᾽ ἕζετ᾽ ἐπ᾽ ἐσχάρῃ ἐν κονίῃσιν
πὰρ πυρί· οἱ δ᾽ ἄρα πάντες ἀκὴν ἐγένοντο σιωπῇ.
Ὀψὲ δὲ δὴ μετέειπε γέρων ἥρως Ἐχένηος,
ὃς δὴ Φαιήκων ἀνδρῶν προγενέστερος ἦεν
καὶ μύθοισι κέκαστο, παλαιά τε πολλά τε εἰδώς·
ὅ σφιν ἐὺ φρονέων ἀγορήσατο καὶ μετέειπεν·
153
En achevant ces mots, le héros va s'asseoir près du feu, sur la cendre du foyer, et tous les assistants gardent un profond silence. Tout à coup se lève le vieux guerrier Échénus, le plus âgé des Phéaciens, Échénus qui brillait par ses paroles et par sa connaissance des temps passés ; ce héros, plein de bienveillance, s'exprime en ces termes :
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« Ἀλκίνο᾽, οὐ μέν τοι τόδε κάλλιον, οὐδὲ ἔοικε,
ξεῖνον μὲν χαμαὶ ἧσθαι ἐπ᾽ ἐσχάρῃ ἐν κονίῃσιν,
οἵδε δὲ σὸν μῦθον ποτιδέγμενοι ἰσχανόωνται.
Ἄλλ᾽ ἄγε δὴ ξεῖνον μὲν ἐπὶ θρόνου ἀργυροήλου
εἷσον ἀναστήσας, σὺ δὲ κηρύκεσσι κέλευσον
οἶνον ἐπικρῆσαι, ἵνα καὶ Διὶ τερπικεραύνῳ
σπείσομεν, ὅς θ᾽ ἱκέτῃσιν ἅμ᾽ αἰδοίοισιν ὀπηδεῖ·
δόρπον δὲ ξείνῳ ταμίη δότω ἔνδον ἐόντων. »
159
«Non, sans doute, Alcinoüs, il n'est point généreux ni convenable de laisser un étranger assis sur la cendre du foyer. Tu le vois, tous les convives se taisent et attendent tes ordres. Ordonne donc qu'il se lève ; fais-le asseoir sur un siège magnifique orné de clous d'argent, et commande à tes hérauts de verser le vin, afin que nous offrions des libations au dieu qui lance la foudre, à Jupiter qui toujours accompagne les suppliants placés sous la protection divine. Que ta vénérable intendante serve à cet étranger les mets qui sont renfermés dans ton palais. »
167
Αὐτὰρ ἐπεὶ τό γ᾽ ἄκουσ᾽ ἱερὸν μένος Ἀλκινόοιο,
χειρὸς ἑλὼν Ὀδυσῆα δαΐφρονα ποικιλομήτην
ὦρσεν ἀπ᾽ ἐσχαρόφιν καὶ ἐπὶ θρόνου εἷσε φαεινοῦ,
υἱὸν ἀναστήσας ἀγαπήνορα Λαοδάμαντα,
ὅς οἱ πλησίον ἷζε, μάλιστα δέ μιν φιλέεσκεν.
Χέρνιβα δ᾽ ἀμφίπολος προχόῳ ἐπέχευε φέρουσα
καλῇ χρυσείῃ ὑπὲρ ἀργυρέοιο λέβητος,
νίψασθαι· παρὰ δὲ ξεστὴν ἐτάνυσσε τράπεζαν.
Σῖτον δ᾽ αἰδοίη ταμίη παρέθηκε φέρουσα,
εἴδατα πόλλ᾽ ἐπιθεῖσα, χαριζομένη παρεόντων.
Αὐτὰρ ὁ πῖνε καὶ ἦσθε πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς.
Καὶ τότε κήρυκα προσέφη μένος Ἀλκινόοιο·
167
Alcinoüs, après avoir entendu ces paroles, présente la main au prudent et ingénieux Ulysse, le relève et le fait asseoir sur un siège brillant, sur celui que venait de quitter son fils bien-aimé, le brave Laodamas assis à ses côtés. Alors une esclave, portant une belle aiguière d'or, verse l'eau qu'elle contient dans un bassin d'argent pour qu'Ulysse baigne ses mains vigoureuses ; puis elle place devant l'étranger une table lisse et polie ; une vénérable intendante y dépose le pain et les nombreux aliments qu'elle offre ensuite avec largesse. Tandis que le divin Ulysse boit et mange selon ses désirs, le puissant Alcinoüs dit à l'un de ses hérauts :
« Pontonoüs , mêle le vin dans le cratère, et présente des coupes pleines à tous les convives, afin que nous offrions des libations à Jupiter qui toujours accompagne les suppliants placés sous la protection divine. »
182
Ὣς φάτο, Ποντόνοος δὲ μελίφρονα οἶνον ἐκίρνα,
νώμησεν δ᾽ ἄρα πᾶσιν ἐπαρξάμενος δεπάεσσιν.
Αὐτὰρ ἐπεὶ σπεῖσάν τ᾽ ἔπιόν θ᾽, ὅσον ἤθελε θυμός,
τοῖσιν δ᾽ Ἀλκίνοος ἀγορήσατο καὶ μετέειπε·
182
Il dit. Pontonoüs mêle le doux nectar dans le cratère ; puis il verse le vin dans des coupes qu'il porte à ses lèvres, et qu'il distribue ensuite à tous les convives.
Quand ceux-ci ont bu et fait les libations, Alcinoüs se lève et prononce ce discours :
186
« Κέκλυτε, Φαιήκων ἡγήτορες ἠδὲ μέδοντες
ὄφρ᾽ εἴπω τά με θυμὸς ἐνὶ στήθεσσι κελεύει.
Νῦν μὲν δαισάμενοι κατακείετε οἴκαδ᾽ ἰόντες·
ἠῶθεν δὲ γέροντας ἐπὶ πλέονας καλέσαντες
ξεῖνον ἐνὶ μεγάροις ξεινίσσομεν ἠδὲ θεοῖσιν 190
ῥέξομεν ἱερὰ καλά, ἔπειτα δὲ καὶ περὶ πομπῆς
μνησόμεθ᾽, ὥς χ᾽ ὁ ξεῖνος ἄνευθε πόνου καὶ ἀνίης
πομπῇ ὑφ᾽ ἡμετέρῃ ἣν πατρίδα γαῖαν ἵκηται
χαίρων καρπαλίμως, εἰ καὶ μάλα τηλόθεν ἐστί,
μηδέ τι μεσσηγύς γε κακὸν καὶ πῆμα πάθῃσι,
πρίν γε τὸν ἧς γαίης ἐπιβήμεναι· ἔνθα δ᾽ ἔπειτα
πείσεται, ἅσσα οἱ αἶσα κατὰ κλῶθές τε βαρεῖαι
γιγνομένῳ νήσαντο λίνῳ, ὅτε μιν τέκε μήτηρ.
Εἰ δέ τις ἀθανάτων γε κατ᾽ οὐρανοῦ εἰλήλουθεν,
ἄλλο τι δὴ τόδ᾽ ἔπειτα θεοὶ περιμηχανόωνται.
Αἰεὶ γὰρ τὸ πάρος γε θεοὶ φαίνονται ἐναργεῖς
ἡμῖν, εὖτ᾽ ἔρδωμεν ἀγακλειτὰς ἑκατόμβας,
δαίνυνταί τε παρ᾽ ἄμμι καθήμενοι ἔνθα περ ἡμεῖς.
Εἰ δ᾽ ἄρα τις καὶ μοῦνος ἰὼν ξύμβληται ὁδίτης,
οὔ τι κατακρύπτουσιν, ἐπεί σφισιν ἐγγύθεν εἰμέν,
ὥς περ Κύκλωπές τε καὶ ἄγρια φῦλα Γιγάντων. »
Τὸν δ᾽ ἀπαμειβόμενος προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς·
186
« Princes et chefs des Phéaciens, écoutez moi, pour que je vous dise tout ce que mon âme m'inspire. — Maintenant que le repas est terminé, retirez-vous dans vos demeures pour y goûter le repos. Demain nous rassemblerons en plus grand nombre les anciens du peuple ; nous traiterons somptueusement notre hôte ; nous offrirons aux dieux de pompeux sacrifices, et nous nous occuperons du départ de cet étranger. Je désire que, sans tourments et sans peines, il arrive promptement et joyeusement, sous notre conduite, dans sa chère patrie, fût-elle même très éloignée de cette île. Veillons à ce que dans son trajet il n'éprouve aucun malheur avant d'avoir atteint sa terre natale. Il subira là le sort que lui filèrent les impitoyables Parques lorsque sa mère le mit au jour ; mais si ce voyageur est un immortel descendu de l'Olympe, les dieux méditeront alors d'autres desseins. Jusqu'à présent les divinités se sont manifestées à nous lorsque nous leur avons offert d'illustres hécatombes ; elles-mêmes ont pris part à nos festins en se tenant assises au milieu de nous. Si jamais un Phéacien voyageant solitairement vient à rencontrer des immortels, ils ne se dérobent pas à lui car par notre origine nous nous rapprochons autant des dieux que les cyclopes et la race farouche des géants. »
« Alcinoüs, écarte de pareilles pensées de ton esprit. Non, je ne suis point, ni par ma taille, ni par mes traits, semblable aux dieux qui habitent les vastes régions célestes ; mais je ressemble aux faibles mortels, et je puis m'égaler à l'homme qui a le plus souffert. Je pourrais même te raconter les plus grandes infortunes si je te disais tout ce que j'ai enduré sur la terre et sur l'onde par la volonté des immortels ; mais permets que malgré ma tristesse j'achève mon repas : rien n'est plus horrible en effet que la faim, qui revient impérieusement et sans cesse dans la mémoire des hommes, de ceux qui sont affligés et souffrent les plus grandes douleurs. Ainsi, moi je suis dévoré par les chagrins, et cependant la faim me commande de manger et de boire ; elle me fait oublier tous les maux que j'ai soufferts, et elle ne demande qu'à être satisfaite.— Demain, au lever de l'aurore, hâte-toi, puissant Alcinoüs, de ramener dans sa patrie un infortuné qui a supporté tant de malheurs ! Que la vie m'abandonne ensuite lorsque j'aurai revu ma terre natale, mes serviteurs et mon superbe palais. »
226
Ὣς ἔφαθ᾽, οἱ δ᾽ ἄρα πάντες ἐπῄνεον ἠδ᾽ ἐκέλευον
πεμπέμεναι τὸν ξεῖνον, ἐπεὶ κατὰ μοῖραν ἔειπεν.
Αὐτὰρ ἐπεὶ σπεῖσάν τ᾽ ἔπιον θ᾽ ὅσον ἤθελε θυμός,
οἱ μὲν κακκείοντες ἔβαν οἶκόνδε ἕκαστος,
αὐτὰρ ὁ ἐν μεγάρῳ ὑπελείπετο δῖος Ὀδυσσεύς,
πὰρ δέ οἱ Ἀρήτη τε καὶ Ἀλκίνοος θεοειδὴς
ἥσθην· ἀμφίπολοι δ᾽ ἀπεκόσμεον ἔντεα δαιτός.
Τοῖσιν δ᾽ Ἀρήτη λευκώλενος ἤρχετο μύθων·
ἔγνω γὰρ φᾶρός τε χιτῶνά τε εἵματ᾽ ἰδοῦσα
καλά, τά ῥ᾽ αὐτὴ τεῦξε σὺν ἀμφιπόλοισι γυναιξί·
καί μιν φωνήσασ᾽ ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
226
Il s'arrête, et les Phéaciens l'applaudissent. Tous ces héros veulent qu'on ramène dans sa patrie qui vient de parler avec tant de sagesse. Quand les convives ont achevé les libations et bu selon leurs désirs, ils retournent dans leurs demeures pour y goûter le repos. Le divin Ulysse reste dans le palais ; et près de lui sont assis la reine Arété et le puissant Alcinous semblable à un dieu. Aussitôt les esclaves enlèvent les apprêts du festin. Alors Arété aux blanches épaules, ayant reconnu le manteau, la tunique et les riches vêtements qu'elle-même avait tissés avec ses femmes, adresse au voyageur ces rapides paroles :
237
« Ξεῖνε, τὸ μέν σε πρῶτον ἐγὼν εἰρήσομαι αὐτή·
Τίς πόθεν εἰς ἀνδρῶν; τίς τοι τάδε εἵματ᾽ ἔδωκεν;
Οὐ δὴ φῆς ἐπὶ πόντον ἀλώμενος ἐνθάδ᾽ ἱκέσθαι; »
Τὴν δ᾽ ἀπαμειβόμενος προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς·
237
« Étranger, qui es-tu ? Quels sont les peuples que tu viens de quitter ? Qui t'a donné ces riches vêtements ? N'as-tu pas dit qu'après avoir erré longtemps sur la mer, tu fus jeté par les tempêtes sur ce rivage ? »
Le prudent Ulysse lui répond en disant :
241
« Ἀργαλέον, βασίλεια, διηνεκέως ἀγορεῦσαι
κήδε᾽, ἐπεί μοι πολλὰ δόσαν θεοὶ Οὐρανίωνες·
τοῦτο δέ τοι ἐρέω ὅ μ᾽ ἀνείρεαι ἠδὲ μεταλλᾷς.
Ὠγυγίη τις νῆσος ἀπόπροθεν εἰν ἁλὶ κεῖται·
ἔνθα μὲν Ἄτλαντος θυγάτηρ, δολόεσσα Καλυψὼ
ναίει ἐυπλόκαμος, δεινὴ θεός· οὐδέ τις αὐτῇ
μίσγεται οὔτε θεῶν οὔτε θνητῶν ἀνθρώπων.
Ἀλλ᾽ ἐμὲ τὸν δύστηνον ἐφέστιον ἤγαγε δαίμων
οἶον, ἐπεί μοι νῆα θοὴν ἀργῆτι κεραυνῷ
Ζεὺς ἔλσας ἐκέασσε μέσῳ ἐνὶ οἴνοπι πόντῳ.
Ἔνθ᾽ ἄλλοι μὲν πάντες ἀπέφθιθεν ἐσθλοὶ ἑταῖροι,
αὐτὰρ ἐγὼ τρόπιν ἀγκὰς ἑλὼν νεὸς ἀμφιελίσσης
ἐννῆμαρ φερόμην· δεκάτῃ δέ με νυκτὶ μελαίνῃ
νῆσον ἐς Ὠγυγίην πέλασαν θεοί, ἔνθα Καλυψὼ
ναίει ἐυπλόκαμος, δεινὴ θεός, ἥ με λαβοῦσα
ἐνδυκέως ἐφίλει τε καὶ ἔτρεφεν ἠδὲ ἔφασκε
θήσειν ἀθάνατον καὶ ἀγήραον ἤματα πάντα·
ἀλλ᾽ ἐμὸν οὔ ποτε θυμὸν ἐνὶ στήθεσσιν ἔπειθεν.
Ἔνθα μὲν ἑπτάετες μένον ἔμπεδον, εἵματα δ᾽ αἰεὶ
δάκρυσι δεύεσκον, τά μοι ἄμβροτα δῶκε Καλυψώ·
ἀλλ᾽ ὅτε δὴ ὀγδόατόν μοι ἐπιπλόμενον ἔτος ἦλθεν,
καὶ τότε δή μ᾽ ἐκέλευσεν ἐποτρύνουσα νέεσθαι
Ζηνὸς ὑπ᾽ ἀγγελίης, ἢ καὶ νόος ἐτράπετ᾽ αὐτῆς.
Πέμπε δ᾽ ἐπὶ σχεδίης πολυδέσμου, πολλὰ δ᾽ ἔδωκε,
σῖτον καὶ μέθυ ἡδύ, καὶ ἄμβροτα εἵματα ἕσσεν,
οὖρον δὲ προέηκεν ἀπήμονά τε λιαρόν τε.
Ἑπτὰ δὲ καὶ δέκα μὲν πλέον ἤματα ποντοπορεύων,
ὀκτωκαιδεκάτῃ δ᾽ ἐφάνη ὄρεα σκιόεντα
γαίης ὑμετέρης, γήθησε δέ μοι φίλον ἦτορ
δυσμόρῳ· ἦ γὰρ ἔμελλον ἔτι ξυνέσεσθαι ὀιζυῖ
πολλῇ, τήν μοι ἐπῶρσε Ποσειδάων ἐνοσίχθων,
ὅς μοι ἐφορμήσας ἀνέμους κατέδησε κέλευθον,
ὤρινεν δὲ θάλασσαν ἀθέσφατον, οὐδέ τι κῦμα
εἴα ἐπὶ σχεδίης ἁδινὰ στενάχοντα φέρεσθαι.
Τὴν μὲν ἔπειτα θύελλα διεσκέδασ᾽· αὐτὰρ ἐγώ γε
νηχόμενος τόδε λαῖτμα διέτμαγον, ὄφρα με γαίῃ
ὑμετέρῃ ἐπέλασσε φέρων ἄνεμός τε καὶ ὕδωρ.
241
« Ô reine, il me serait difficile de te raconter toutes mes infortunes ; car les immortels m'ont sans cesse accablé de maux : cependant je vais te répondre. — Au loin dans la mer s'élève l'île d'Ogygie qu'habite la fille d'Atlas, l'artificieuse Calypso, puissante déesse à la belle chevelure, que fuient et les hommes et les dieux. Une divinité me conduisit seul dans sa demeure pour être son hôte infortuné, lorsque Jupiter en lançant du haut des cieux sa foudre éclatante eut brisé mon navire, au sein de la mer ténébreuse. Tous mes braves compagnons perdirent la vie ; mais moi, saisissant entre mes bras la carène de mon vaisseau ballotté par les vagues, je fus pendant neuf jours porté sur les ondes. Le dixième jour, par une nuit obscure, les dieux me poussèrent vers les rivages de l'île d'Ogygie habitée par Calypso à l'ondoyante chevelure. La déesse m'accueillit avec empressement ; elle me combla de caresses, prit soin de mes jours, et me dit qu'elle me rendrait immortel en m'affranchissant à jamais de la vieillesse ; mais elle ne put fléchir mon cœur. Je demeurai sept années entières dans cette île, arrosant de mes larmes les vêtements sacrés que m'avait donnés la divine Calypso. Lorsque dans le cours du temps la huitième année fut arrivée, la déesse m'ordonna de tout préparer pour mon départ. Soit que Jupiter eût donné cet ordre, soit qu'elle-même eût changé de pensée, elle me renvoya sur un frêle radeau garni de liens ; elle me fit de nombreux présents, me donna du pain et du vin délicieux, me revêtit de magnifiques vêtements ; puis elle fit souffler un vent doux et propice. Pendant dix-sept jours je voguai sur la mer ; et le dix-huitième les montagnes ombragées d'arbres de votre pays m'apparurent. À cette vue je fus transporté de joie ; mais j'avais encore à souffrir de nouveaux malheurs ! Neptune, en déchaînant les vents, me ferma le chemin et bouleversa la mer ; la fureur des vagues ne me permit point de rester sur mon radeau ; et bientôt, malgré mes gémissements, il fut brisé par la tempête. Alors nageant avec effort, je fendis les ondes jusqu'au moment où les vents et les flots me poussèrent contre ces rivages.
J'allais toucher à la terre quand une vague me jeta contre un immense rocher, dans un lieu stérile, et là j'aurais été impitoyablement englouti si, me retournant aussitôt, je n'eusse nagé jusqu'aux rives de cette île. Une plage favorable s'offrit à mes yeux, une plage unie, sans rochers et à l'abri des vents. Je gravis cette côte, et bientôt je tombai sur le sable privé de mouvement et de forces. La nuit divine descendit sur la terre, et moi, m'éloignant du fleuve formé par les eaux du ciel, je me couchai sous des arbustes ; je me couvris de feuilles sèches, et un dieu me plongea dans le plus profond sommeil. Là, quoique affligé de chagrins, je dormis toute la nuit sous ces feuilles et le lendemain même jusqu'au milieu du jour. Le soleil était près de terminer sa course quand le doux sommeil m'abandonna. C'est alors que j'aperçus les suivantes de ta fille jouant sur le rivage : Nausica, au milieu d'elles, paraissait semblable à une divinité. J'implorai son secours, et elle me répondit avec cet esprit de sagesse qu'on n'espère jamais rencontrer dans un âge aussi tendre ; car les jeunes gens manquent toujours de prudence. Ta fille m'offrit du pain en abondance, du vin aux sombres couleurs ; et, m'ayant fait baigner dans les eaux du fleuve, elle me donna de riches vêtements. — Maintenant, ô reine, je viens, malgré mon affliction, te raconter tout avec sincérité. »
« Étranger, ma fille a encore négligé un devoir important, puisqu'elle-même ne t'a point conduit dans mon palais ; cependant c'est elle que tu as imploré la première. »
Le prudent Ulysse réplique à ces paroles en disant :
302
« Ἥρως, μή τοι τοὔνεκ᾽ ἀμύμονα νείκεε κούρην·
ἡ μὲν γάρ μ᾽ ἐκέλευε σὺν ἀμφιπόλοισιν ἕπεσθαι,
ἀλλ᾽ ἐγὼ οὐκ ἔθελον δείσας αἰσχυνόμενός τε,
μή πως καὶ σοὶ θυμὸς ἐπισκύσσαιτο ἰδόντι·
δύσζηλοι γάρ τ᾽ εἰμὲν ἐπὶ χθονὶ φῦλ᾽ ἀνθρώπων. »
Τὸν δ᾽ αὖτ᾽ Ἀλκίνοος ἀπαμείβετο φώνησέν τε·
302
« Vaillant héros, ne blâme point en ma présence ta fille irréprochable ; elle m'a ordonné de la suivre avec ses femmes; mais par respect je ne l'ai point voulu, craignant qu'à cette vue ta colère ne s'enflammât : car nous sommes tous soupçonneux, nous faibles habitants de cette terre. »
« Ma poitrine ne renferme pas un cœur qui s'irrite sans motif. Cependant je sais que l'honnêteté et la décence sont préférables à tout. Que Jupiter, Minerve et Apollon m'accordent la faveur qu'un homme tel que toi, et pensant comme je pense moi-même, épouse ma fille et reste en ces lieux ! — Étranger, je te donnerais un palais et de grandes richesses si seulement tu consentais à habiter cette demeure. Mais aucun Phéacien ne te retiendra malgré ton désir : une semblable pensée serait odieuse. Demain j'ordonnerai tout pour ton départ ; jusqu'à ce moment goûte en paix les douceurs du sommeil. Quelle que soit la terre où tu désires arriver, demain les Phéaciens sillonneront la mer tranquille pour te conduire dans ta patrie, fût-elle même au delà de l'Eubée. Ce pays est bien loin de nous, disent les Phéaciens qui l'ont visité lorsqu'ils se rendirent avec le blond Rhadamanthe ; auprès de Tityus, fils de la Terre ; les compagnons de Rhadamanthe firent sans fatigue ce trajet en un jour ; puis ils revinrent dans leurs demeures. Étranger, tu jugeras toi-même de l'excellence de nos vaisseaux et de l'adresse de nos jeunes nautoniers habiles à frapper la mer avec la rame. »
À ces mots le divin Ulysse, transporté de joie, s'écrie en implorant les dieux :
331
« Ζεῦ πάτερ, αἴθ᾽ ὅσα εἶπε τελευτήσειεν ἅπαντα
Ἀλκίνοος· τοῦ μέν κεν ἐπὶ ζείδωρον ἄρουραν
ἄσβεστον κλέος εἴη, ἐγὼ δέ κε πατρίδ᾽ ἱκοίμην. »
331
« Puisses-tu accomplir tout ce que tu viens de prononcer ! Alcinoüs, tu obtiendras alors sur la terre une gloire immortelle, et moi je pourrai revoir enfin le sol chéri de ma patrie ! »
334
Ὥς οἱ μὲν τοιαῦτα πρὸς ἀλλήλους ἀγόρευον·
κέκλετο δ᾽ Ἀρήτη λευκώλενος ἀμφιπόλοισιν
δέμνι᾽ ὑπ᾽ αἰθούσῃ θέμεναι καὶ ῥήγεα καλὰ
πορφύρε᾽ ἐμβαλέειν, στορέσαι τ᾽ ἐφύπερθε τάπητας
χλαίνας τ᾽ ἐνθέμεναι οὔλας καθύπερθεν ἕσασθαι.
Αἱ δ᾽ ἴσαν ἐκ μεγάροιο δάος μετὰ χερσὶν ἔχουσαι·
αὐτὰρ ἐπεὶ στόρεσαν πυκινὸν λέχος ἐγκονέουσαι,
ὤτρυνον δ᾽ Ὀδυσῆα παριστάμεναι ἐπέεσσιν·
334
C'est ainsi qu'Ulysse et Alcinoüs discouraient ensemble. — Pendant ce temps, Arété aux bras blancs ordonne à ses femmes de dresser sous le portique un lit magnifique, d'y étendre de belles couvertures de pourpre, et d'y placer des tapis et des tissus fins et délicats ; les femmes sortent aussitôt en portant des flambeaux éclatants. Lorsque les suivantes ont préparé cette couche moelleuse, elles se tiennent devant Ulysse et lui adressent ces paroles :
342
« Ὄρσο κέων, ὦ ξεῖνε· πεποίηται δέ τοι εὐνή. »
Ὣς φάν, τῷ δ᾽ ἀσπαστὸν ἐείσατο κοιμηθῆναι.
Ὣς ὁ μὲν ἔνθα καθεῦδε πολύτλας δῖος Ὀδυσσεὺς
τρητοῖς ἐν λεχέεσσιν ὑπ᾽ αἰθούσῃ ἐριδούπῳ·
Ἀλκίνοος δ᾽ ἄρα λέκτο μυχῷ δόμου ὑψηλοῖο,
πὰρ δὲ γυνὴ δέσποινα λέχος πόρσυνε καὶ εὐνήν.
342
« Étranger, venez dormir, votre couche est prête. »
Elles disent ; et le héros est joyeux de pouvoir enfin reposer ses membres fatigués. Le divin Ulysse s'endort dans le lit superbe placé sous le portique sonore. Alcinoüs se retire dans les appartements les plus reculés de son palais ; il se couche, et la reine son épouse repose auprès de lui.
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Vocabulaire
τρέφω: Elevé (dans le sens de vivre et non pas de grandir)
1. Dans le premier paragraphe, vous pouvez lire: ἣ τρέφε Ναυσικάαν λευκώλενον ἐν μεγάροισιν. Recherchez l'adjectif.
2. Que signifie-t-il ?
3. À votre avis, pourquoi a-t-il été traduit dans cette version par beau ?
4. Dans le paragraphe 342, relevez 1 adjectif.
5. Effectuez des recherches sur Nausica et complétez la fiche ci-dessous:
Nom grec:
Fille de:
Princesse de:
réponses masquer
λευκώλενον, radical λευκ-ώλενος.
En grec ancien, il signifie Aux bras blancs.
Il a été traduit dans cette version par beau car dans la Grèce antique, avoir le teint pâle était signe de beauté.
Muse, chante ce héros, illustre par sa prudence, qui longtemps erra sur la terre après avoir détruit la ville sacrée de Troie, qui parcourut de populeuses cités, s'instruisit de leurs mœurs, et fut, sur les mers, en proie aux plus vives souffrances pour sauver ses jours et ramener ses compagnons dans leur patrie. Mais, malgré tous ses efforts, il ne put les y conduire, et ils périrent victimes de leur imprudence : les insensés osèrent se nourrir des troupeaux consacrés au céleste soleil, et ce dieu leur enleva la journée du retour ! Déesse, fille de Jupiter, raconte-nous quelques-unes de ces aventures.
Chante, Déesse, du Pèlèiade Akhilleus la colère désastreuse, qui de maux infinis accabla les Akhaiens, et précipita chez Aidès tant de fortes âmes de héros, livrés eux-mêmes en pâture aux chiens et à tous les oiseaux carnassiers. Et le dessein de Zeus s’accomplissait ainsi, depuis qu’une querelle avait divisé l’Atréide, roi des hommes, et le divin Akhilleus.
Archéologie: déchiffrage d'une stèle Grecque. Réécrivez-la en tenant compte des espaces et des majuscules en début de phrase uniquement. Lisez le texte obtenu. Si vous avez besoin d'aide, consultez les pages Alphabet et Écriture.
LA NOURRICE
O mes enfants, vous entendez ce qu'est votre père pour vous ? Qu'il meure, non, car il est mon maître; pourtant sa méchanceté à l'égard de ceux qui l'aiment est bien prouvée.
Traduction Henri Berguin. Extrait de Médée d'Euripide
En réfléchissant, en examinant ainsi, on préviendra la plupart des effets qui doivent résulter des vicissitudes [des saisons]. Mais il faut surtout prendre garde aux grandes vicissitudes, et alors ne pas administrer de purgatifs sans nécessité, ne pas brûler, ne pas inciser la région du ventre, avant que dix jours et même plus ne soient passés. Les plus grandes et les plus dangereuses vicissitudes sont les deux solstices, surtout celui d’été, et ce qu’on regarde comme les deux équinoxes surtout celui d’automne. Il faut également prendre garde au lever des astres, surtout à celui de la Canicule, ensuite à celui d’Arcturus, et au coucher des Pléiades. C’est principalement à ces époques que les maladies éprouvent des crises, que les unes deviennent mortelles, que les autres cessent ou se changent en maladies d’une espèce et d’une constitution différentes ; il en est ainsi de ces choses.
Extrait de « Des airs » d'Hippocrate. Traduit par Ch. V. Daremberg (1844).
Il est des hommes qui se font un art de vilipender les arts. Qu’ils arrivent au résultat qu’ils s’imaginent : ce n’est pas ce que je dis ; mais ils font étalage de leur propre savoir. Pour moi, découvrir quelqu’une des choses qui n’ont pas été découvertes, et qui, découverte, vaut mieux que si elle ne l’était pas, comme aussi porter à son dernier terme une découverte qui n’est qu’ébauchée, me semble un but et une œuvre d’intelligence. Au contraire, s’attacher par un honteux artifice de paroles à flétrir les découvertes d’autrui, non pour y corriger quelque chose, mais bien pour dénigrer les travaux des savants auprès des ignorants, cela ne me paraît être ni un but, ni une œuvre d’intelligence ; mais bien plutôt une preuve de mauvaise nature, ou d’impéritie, car c’est aux ignorants seuls que convient une semblable occupation ; ce sont eux qui s’efforcent (mais leur puissance ne répond pas à leur méchanceté) de calomnier les ouvrages des autres s’ils sont bons, et de s’en moquer s’ils sont mauvais. Que ceux qui en ont le pouvoir, que ce soin peut toucher et qui y ont quelque intérêt, repoussent les individus qui attaquent de cette manière les autres arts ; mon discours est dirigé seulement contre ceux qui attaquent la médecine ; il sera violent à cause de ceux qui veulent ainsi censurer, étendu à cause de l’art qu’il défend, puissant à cause de la sagesse qui a présidé à la formation de cet art.
Si l’on n’a pas suffisamment compris ce qui précède, on le trouvera plus clairement exposé dans d’autres traités. Quant à la médecine (car c’est d’elle qu’il s’agit ici), j’en donnerai la démonstration, et je vais d’abord définir ce que j’entends par la médecine : c’est délivrer complètement les malades de leurs souffrances, mitiger les maladies très intenses, et ne rien entreprendre pour ceux que l’excès du mal a vaincus ; sachant bien que la médecine ne peut pas tout. Établir donc qu’elle arrive à ces résultats, et qu’elle peut y arriver dans toutes les circonstances, c’est ce que je vais faire dans le reste de mon discours. En même temps que je démontrerai l’existence de cet art, je ruinerai les arguments de ceux qui s’imaginent l’avilir, et je les prendrai en défaut sur les points où ils se croient le plus forts.
Ainsi, pour les maladies externes, l’art doit être riche en ressources ; cependant dans celles qui sont moins évidentes il ne doit pas en manquer complètement ; ces dernières maladies sont celles qui ont rapport aux os et aux cavités, et le corps n’en a pas seulement une, mais plusieurs. Deux de ces cavités reçoivent et rendent les aliments. Un plus grand nombre d’autres ne sont connues que de ceux qui en ont fait un objet d’études spéciales. Tout membre entouré de chair arrondie, appelée muscle, renferme une cavité. Toute partie qui n’est pas d’adhérence naturelle, qu’elle soit recouverte de chair ou de peau, est creuse et remplie de pneuma dans l’état de santé, d’ichor dans l’état de maladie. Les bras ont une chair semblable, les jambes en ont également, et les cuisses aussi. On démontre l’existence de ces interstices aussi bien sur les parties dépourvues de chair que sur les parties charnues. Tels sont le thorax, qui recouvre le foie ; le globe de la tête, où réside l’encéphale ; le dos, qui répond au poumon. Il n’est pas une seule de ces parties qui n’ait un vide, divisé par une multitude de cloisons presque semblables à des vaisseaux et contenant des matières utiles ou nuisibles. Il y a d’ailleurs une infinité de vaisseaux et de nerfs qui n’étant point au milieu des chairs, mais étendus le long des os, forment les ligaments des articulations. Or les articulations [sont des espaces] dans lesquels se meuvent des têtes d’os jointes ensemble ; il n’en est aucune qui n’offre une apparence écumeuse, qui ne présente dans son intérieur des anfractuosités que l’ichor (synovie) rend évidentes ; lorsque ces articulations sont ouvertes, l’ichor s’échappe avec abondance et en causant de vives douleurs.
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Effectuez des recherches sur Hippocrate. Qui était-il ?
À quelle déclinaison appartient τὰς τέχνας (ligne 2, paragraphe 1) ?
À quel cas est-il décliné ?
Déclinez-le.
Qu'est-ce que l'Ichor ?
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La médecine
Probablement inspirée par la médecine égyptienne, la médecine en Grèce antique est censée remonter à l'époque homérique. Elle ne prend toutefois son véritable essor qu'au Ve siècle av. J.-C. avec Hippocrate.
L'Iliade cite pour médecins les guerriers achéens Machaon et Podalire[1], deux fils d'Asclépios, dieu de la médecine, ainsi que le dieu Péan, médecin des dieux. Le premier est chargé notamment de soigner Ménélas[2], atteint d'une flèche. Il commence par examiner (ἰδεῖν / ideîn, littéralement « voir ») le malade puis retire la flèche, déshabille le blessé, suce le sang de la plaie et applique des médicaments (φάρμακα / phármaka) sur lesquels nous n'avons pas de précision, si ce n'est qu'ils ont été offerts par le centaureChiron à Asclépios, lequel les a transmis à Machaon.
La médecine est déjà reconnue comme un art à part entière : « Un médecin, à lui tout seul, vaut beaucoup d'hommes[3] », déclare Idoménée à propos de Machaon — formule qui deviendra proverbiale[4]. L'Iliade accordant davantage d’importance à Machaon qu'à Podalire, les commentateurs anciens[5] ont suggéré qu'Homère voyait en Machaon un chirurgien, son frère étant simple médecin : son nom viendrait de μάχαιρα / mákhaira, « couteau ». Péan soigne de même Hadès, atteint d'une flèche lancée par Héraclès : il répand sur la plaie des médicaments dont on précise cette fois qu'ils sont analgésiques[6].
L'Odyssée connaît des médecins de profession : le porcher Eumée cite le médecin (ἀτήρ / atếr, littéralement « celui qui soigne ») comme faisant partie des « artisans qui rendent service à tous[7] », à l'instar du couvreur ou de l'aède, mais aussi du devin. Ailleurs[8], le poète rend hommage à la science médicinale des Égyptiens, qu'il qualifie de « fils de Péan ».
Beaucoup de Grecs font reposer la guérison sur des pratiques magiques ou religieuses. De manière générale, les cultes guérisseurs ont pour caractéristique d'être situés hors des villes : développés de manière tardive, ils s'implantent à la marge[9]. Ainsi, Asclépios est d'abord vénéré à Trikka, en Thessalie, puis en pleine campagne près d'Épidaure. À Corinthe comme à Athènes, Délos ou Cos, le dieu s'installe à l'écart de l'agglomération. La visite au sanctuaire nécessite donc une excursion. Autre caractéristique, les sanctuaires sont souvent liés à une source ou une rivière dont les eaux possèdent des vertus bienfaisantes.
La plupart du temps, le dieu guérisseur agit par « incubation » : c'est le cas d'Asclépios à Épidaure ou Athènes, ou d'Amphiaraos à Oropos et Thèbes. Le rituel commence pour le malade par un bain de purification, suivi par un sacrifice relativement modeste et donc accessible à tous. À Épidaure, le patient doit également entonner un péan en l'honneur d'Apollon et d'Asclépios. Ensuite, le pèlerin s'endort sous le portique sacré (ἅϐατον / ábaton) — au moins à Oropos, Pergame et Épidaure, chaque sexe possède son propre portique[10]. Les plus chanceux bénéficient pendant leur sommeil d'une apparition du dieu ; en touchant la partie malade du corps, celui-ci la guérit. Le dieu peut également se contenter de dicter au patient une liste de médicaments que celui-ci s'empressera de se procurer une fois réveillé.
Les stèles retrouvées à Épidaure, sortes d'ex-voto, montrent qu'Asclépios guérit toutes sortes de maladies : il traite les ulcères et guérit la maladie de la pierre tout autant qu'il rend la vue aux aveugles. « Il y en aurait eu bien plus », commente Diogène au sujet d'une autre divinité guérisseuse, « si elles avaient été offertes par ceux qui n'ont pas été sauvés[11]. » Sans doute les patients non guéris attribuaient-ils cet échec au caractère insondable de la volonté du dieu.
Le traitement n'est pas gratuit : ainsi, à Oropos, le sanctuaire réclame une ἐπαρχή / eparkhế ou taxe de consultation à tout visiteur désirant se faire soigner. Une fois son dû acquitté – une drachme béotienne au début du Modèle:IVe siècle av. J.-C., ce dernier reçoit une lamelle de plomb avec l'inscription : « sanctuaire d'Amphiaraos – santé »[12] –, qui lui sert de ticket d'entrée. Un néocore (sacristain) surveille les patients pour qu’ils ne resquillent pas.
Certaines des « ordonnances » dictées par le dieu ont été conservées et permettent de mieux comprendre les guérisons attestées par les ex-voto. D'abord, il faut souligner que le rituel mêle savamment suggestion et mise en scène. Ensuite, le dieu ordonne généralement des remèdes simples (cataplasmes, tisanes) et prodigue des conseils d'hygiène de vie : nécessité de faire de l'exercice (sport et promenade), régulation du régime alimentaire. Enfin, le volet religieux à proprement parler est généralement assorti d'une véritable cure thermale, comprenant bains et frictions[13]. À Oropos, où aucun témoignage de guérison ne nous est parvenu, les instruments médicaux découverts témoignent de la pratique de la chirurgie[14].
Les troubles mentaux sont également guéris par des pratiques cathartiques. Ainsi, le chœur dans l’Hippolyte porte-couronne d'Euripide[15] distingue trois types d'« égarement ». L'un est de type panique (associé à Pan), l'autre de type lunatique (associé à Hécate, déesse lunaire), le dernière enfin est associé à Cybèle et aux Corybantes. Hippocrate lui-même reprend ce type de considérations, avec un effort supplémentaire de typologie, dans Du mal sacré[16]. La cure consiste généralement en une danse rituelle au son d'une musique dans le mode phrygien.
En l'espèce, ce n'est pas le rituel qui est adapté à la maladie mais l'inverse : si le malade réagit aux rituels de tel dieu, c'est bien que son mal était envoyé par ce dieu. En l'absence de réaction, on passe au dieu suivant. Aristophane, dans les Guêpes[17], illustre bien l'indifférence des Grecs à la nature du traitement : l'important, c'est qu'il soit efficace. Ainsi, le jeune Bdélycléon essaie de traiter son père successivement par une cure hippocratique (bains et purge), un passage par les Corybantes (traitement par l'hypnose) puis par une nuit dans le sanctuaire d'Épidaure.
La première école de médecine grecque a ouvert ses portes à Cnide en 700 av. JC. Alcméon de Crotone, auteur du premier traité d'anatomie, a travaillé dans cette école, et c'est ici que la pratique de l'observation des patients trouve son origine. Hippocrate a établi sa propre école de médecine à Cos. [18] En dépit de leur respect bien connus pour la médecine égyptienne, les tentatives pour discerner une quelconque influence de l’Egypte sur la pratique grecque à ce stade précoce de l’histoire n'ont pas abouti de façon probante en raison du manque de sources et de la difficulté de comprendre l’ancienne terminologie médicale. Il est clair, toutefois, que les Grecs ont emprunté aux égyptiens les substances de leur pharmacopée, et l'influence devient plus prononcée après la mise en place d'une école de médecine grecque à Alexandrie.[19]
La médecine grecque, bien que pragmatique et fondée sur l’observation n’échappait pas aux présupposés idéologiques des doctrines de l’époque et notamment à la théorie aritotélicienne des quatre éléments qui inspirera la théorie hippocratique des humeurs qui constituera le cadre doctrinaire de son école.
Le développement scientifique de la médecine grecque est traditionnellement attribué à Hippocrate de Cos, médecin du Modèle:Ve siècle av. J.-C. On lui rattache
un ensemble de traités, le Corpus hippocratique, bien qu’il n'ait vraisemblablement écrit aucun d'entre eux. Portant sur des sujets variés comme la gynécologie ou la chirurgie, ils s'étalent en effet de la fin du Ve siècle jusqu'à l'époque hellénistique : on estime généralement qu'il s'agit d'une bibliothèque d'école de médecine.
Le Corpus hippocratique contient les principaux textes médicaux de cette école. Bien qu’on ait cru initialement qu’il avait été écrit par Hippocrate lui-même, aujourd'hui, de nombreux chercheurs pensent que ces textes ont été écrits par une série d'auteurs sur plusieurs décennies. Comme il est impossible de déterminer quels sont les textes qui ont été écrit par Hippocrate lui-même, il est difficile de savoir quelles sont les doctrines dont Hippocrate a été à l'origine.
L'existence du Serment d'Hippocrate implique que cette médecine Hippocratique a été pratiquée par un groupe de médecins professionnel lié (au moins entre eux) par un strict code éthique. Les étudiants payaient normalement une taxe pour leur formation (des exceptions étaient prévues pour la fixation du montant) et entrait dans une relation quasi familiale avec son professeur. Cette formation comprenait quelques cours théoriques et sans doute une expérience pratique comme assistant du professeur, depuis que le serment à posé le principe que l'étudiant sera en relation avec les patients. Le serment impose aussi des limites à ce que le médecin peut ou ne peut pas faire (même si on me le demande, je ne prescrirai pas un médicament mortel) et donne un aperçu étonnant de l'existence d'une autre catégorie de professionnels spécialistes, peut-être des chirurgiens (Je laisserai effectuer cette opération par des praticiens, spécialistes de cet art ).[20]
L'enseignement qui ressort du Corpus hippocratique apporte trois innovations qui marqueront durablement la médecine occidentale.
Premièrement, Hippocrate écarte les considérations religieuses. Ainsi, l'auteur de Sur la maladie sacrée entreprend de montrer que l'épilepsie, appelée alors « maladie sacrée », n'est pas « plus divine ou plus sacrée que n'importe quelle autre maladie[21]. » Sa preuve est simple : la maladie ne s'en prend qu'aux « flegmatiques » (cf. ci-dessous la théorie des humeurs) or, si la maladie était véritablement une visitation divine, tous devraient pouvoir en être atteints. « Toutes les maladies sont divines et toutes sont humaines », conclut l'auteur[22]. Si le traité Du régime reconnaît l'importance des rêves, c'est pour les considérer — en partie — comme des symptômes liés à l'état physiologique du patient : si ce dernier fait des cauchemars à répétition, cela peut témoigner d'un désordre mental. Toutefois, le corpus hippocratique n'est pas totalement exempt de considérations irrationnelles : dans le même traité, l'auteur considère que le rêve est la manifestation symbolique d'un diagnostic que l'âme, pendant le sommeil, pose sur le corps qu'elle habite. Ainsi fait-il se rejoindre oniromancie et médecine[23].
La médecine hippocratique est donc fondée, de manière générale, sur l'observation et le raisonnement. Les Épidémiques comprennent ainsi des séries d'observations quotidiennes effectuées par le médecin sur son patient : il commence par décrire précisément les symptômes puis observe jour après jour l'état général (calme, agitation) en veille et pendant le sommeil. Son examen porte aussi sur l'état de la langue, l'urine et les selles. Un effort de rationalisation est fait : on distingue fièvre continue, fièvre quotidienne, fièvre tierce ou quarte suivant le rythme observé dans les poussées de fièvre[24].
Après Théophraste, le Lycée n’a plus produit d’œuvre originale. Bien que l'intérêt pour les idées d'Aristote soit demeuré intact, elles étaient généralement admises aveuglément et sont restées figées.[25]Ce n’est qu'à l'époque hellénistique, sous la Dynastie des Ptolémées que la biologie va progresser à nouveau. Alexandrie devient la capitale de la médecine. Les premiers enseignants en médecine de cette période sont Hérophile de Chalcédoine et Erasistrate de Céos. Leur principale innovation a été l'introduction de la pratique de la dissection, allant ainsi à l'encontre des pratiques religieuses prohibant l'ouverture du corps. Dans son traité « Sur les dissections », Hérophile décrit le cerveau et l'identifie, contre l'opinion d'Aristote, comme le centre de l’intelligence et du système nerveux dont il avait compris le rôle dans la motricité et la sensation. Il distingue les principaux ventricules et décrit le calamus scriptorius (fossette du plancher du quatrième ventricule), les « concaténations chorioïdes » (les méninges) et le « pressoir » (le sinus veineux, que l'on appellera ensuite en son honneur le torcular Herophili). Il fait la cartographie des veines et des nerfs et de leur trajet dans le corps. Hérophile s'intéresse également à l'anatomie de l'œil et du cœur. Il a fait également la distinction entre les veines et les artères, en notant que ces dernières présentent une pulsation tandis que les premières n’en ont pas. Il l'a découvert par une expérience qui consistait à sectionner certaines artères et veines du cou chez porcs jusqu'à l’arrêt de l’écoulement. [26] Dans le même ordre d'idées, il a développé une technique de diagnostic qui faisait appel à la distinction entre différents types de pouls. [27]
Erasistrate établi une relation entre la complexité accrue de la surface du cerveau humain par rapport à d'autres animaux et son intelligence supérieure. Il a parfois réalisé des expériences pour mener à bien ses recherches et il lui est arrivé de peser à plusieurs reprises un oiseau en cage, en prenant note de la perte de poids entre les périodes d'alimentation. Poursuivant les travaux de son maître sur la respiration, il a affirmé que le système des vaisseaux sanguins du corps humain était contrôlé par le vide, en faisant des prélèvements sanguins à différents endroits du corps. Selon la physiologie d’Erasistrate, l'air pénètre dans l'organisme, est ensuite conduit par les poumons vers le cœur, où il est transformé en esprit vital, et est ensuite pompé par les artères dans tout le corps. Une partie de cet esprit vital atteint le cerveau, où il est transformé en esprit animal, qui est ensuite distribué par les nerfs. [28]
Afin de mieux connaître l'anatomie interne, Hérophile et Érasistrate ont pratiquent même la vivisection. D'après le témoignage du médecin romain Celse[29], tous deux examinent la conformation des organes de criminels encore vivants, mis à leur disposition par le roi. [30]La science anatomique reste malgré tout limitée puisque Hérophile, semble-t-il, soutient que les nerfs optiques sont creux.
À travers un contact prolongé avec la culture grecque, et la conquête de la Grèce, les Romains ont adopté un grand nombre des idées des Grecs sur la médecine. Les réactions de l’Ancien Empire romain à la médecine grecque allaient de l'enthousiasme à l'hostilité, mais finalement les Romains ont adopté une attitude favorable à la médecine d'Hippocrate. [31]
Cette acceptation a conduit à la propagation des théories médicales grecques dans tout l'Empire romain et donc, une grande partie de l'Occident. Après l'effondrement de l'Empire cependant, le soutien officiel de l'église catholique pour les enseignements de Galien en a fait la seule doctrine médicale politiquement acceptable jusqu'à la Renaissance. Ce soutien a été une des principales raisons de l'énorme impact de son enseignement, en dépit de leur valeur parfois douteuse. Par exemple, la théorie de la saignée était populaire au 19ème siècle, en dépit de son inefficacité totale et du risque extrême qu’elle faisait courir au patient : de nombreuses personnes, y compris, peut être, George Washington, sont décédé des suites de ce traitement. La médecine est très importante dans la culture grecque, car un mode de vie saine était considéré comme un idéal prioritaire.
Les œuvres des grands médecins grecs ont pu être en grande partie préservées grâce à Oribase, médecin grec du IVe qui a réuni dans sa monumentale synthèse, Collection médicale, les textes médicaux grecs les plus importants.
Bien que quelques précurseurs de l’atomisme dans l'Antiquité, tels que Lucrèce aient contesté le point de vue téléologique des idées d'Aristote sur la vie, la téléologie (et après la montée du christianisme, la théologie naturelle) restera au cœur de la pensée biologique jusqu'au XVIIIe et XIXe siècles. D’où les mots d’Ernst Mayr, Rien n’a été découvert qui eut une véritable conséquence sur la biologie après Lucrèce et Galien jusqu'à la Renaissance.[32] les idées d’Aristote sur l'histoire naturelle et la médecine ont perduré, mais elles ont été admises aveuglément. [33]
↑Atlas of Anatomy, ed. Giunti Editorial Group, Taj Books LTD 2002, p. 9
↑Heinrich Von Staden, Herophilus: The Art of Medicine in Early Alexandria (Cambridge: Cambridge University Press, 1989), pp. 1-26.
↑Owsei Temkin, "What Does the Hippocratic Oath Say?," in "On Second Thought" and Other Essays in the History of Medicine (Baltimore: Johns Hopkins University Press, 2002), pp. 21-28.
↑ Barnes, Hellenistic Philosophy and Science, pp 383-384
↑von Staden, "Liminal Perils: Early Roman Receptions of Greek Medicine," in Tradition, Transmission, Transformation, ed. F. Jamil Ragep and Sally P. Ragep with Steven Livesey (Leiden: Brill, 1996), ps 369-418.
↑Mayr, The Growth of Biological Thought, ps 90-94; quotation from p 91
La Grèce est un pays européen situé à l'extrémité sud de la péninsule des Balkans. Il est formé de trois entités géographiques distinctes : la Grèce continentale, la presqu'île du Péloponnèse et les îles, qui représentent un cinquième de la superficie totale de la Grèce.
Les frontières terrestres de la Grèce sont partagées avec l'Albanie, la Macédoine, la Bulgarie et la partie européenne de la Turquie. Les côtes grecques sont bordées à l'ouest par la mer Adriatique et à l'est par la mer Égée. Cette mer recueille la majorité des îles grecques, avec des exceptions parmi lesquelles il peut être fait mention de la Crète et l'île de Corfou.
Environ 80% du territoire grec est montagneux, ce qui fait de la Grèce le sixième pays plus montagneux d'Europe. La Grèce occidentale est une région de lacs et de marais. Les monts du Pinde forment la chaîne centrale du pays, avec une hauteur moyenne de 2650 mètres. Cette chaîne trouve son prolongement par l'intermédiaire des îles de Cythère, Anticythère pour trouver son extrémité en Crète et à Rhodes. Les îles de la mer Égée sont les pics de montagnes sous-marines qui sont une extension géologique des monts du Pinde.
Aucun point de la Grèce n’est éloigné de plus de 100 km de la mer. Dans le Péloponnèse et la Grèce centrale, cette distance n'est même que d'une cinquantaine de kilomètres. De fait, il n’existe pas de montagne en Grèce d’où la mer ne puisse être aperçue.
La Grèce centrale et occidentale présente de hauts sommets escarpés. On y trouve de nombreux canyons et autres paysages karstiques, dont les Météores et les gorges du Vikos. Ces gorges sont d'ailleurs les plus grandes au monde et les plus profondes après celles du Grand Canyon, plongeant à plus de 1112 mètres.
Le mont Olympe est le point culminant de Grèce avec ses 2917 mètres au dessus du niveau de la mer.
Le nord de la Grèce présente une autre chaîne de montagnes, les monts du Rhodope, à cheval sur la Macédoine orientale et la Thrace. Cette région est également recouverte de vastes et épaisses forêts centenaires comme celle de Dadia.
La formation de fleuves est limitée par le faible degré de précipitations et le morcellement du relief. Les grands fleuves sont ainsi assez peu nombreux et certains trouvent même leur source à l'extérieur du territoire grec.
Dans l’Antiquité, les routes principales suivaient les cours d'eau, et la rivière Évros était à l'époque navigable. De nos jours, des voies navigables sur le Nestos et l'Axios sont à l'étude.
En avril 2006, 22 villes grecques se sont unies en un réseau de villes fluviales dans le but de lutter contre la pollution des rivières et de coordonner leurs efforts[1].
Il y a en Grèce 21 lacs, dont 14 artificiels, qui recouvrent une superficie de 59 900 hectares. Ils se trouvent dans une grande moitié nord du pays.
Bien que la Grèce soit considérée comme ayant un climat typiquement méditerranéen, on trouve cependant une variété de sous-climats selon les régions :
Le nord et l'intérieur du pays sont les régions les plus froides en hiver et sont également les plus sèches. Les montagnes sont recouvertes de neige. L'été y est très chaud et orageux et le vent limite la trop grande hausse des températures.
La côte ouest est la plus arrosée de Grèce. Les hivers y sont froids et le vent de la mer adoucit les températures en été.
La côte est est la moins humide du pays en hiver. Les hivers y sont très secs. En été, la chaleur est caniculaire, en particulier sur le continent.
En Crète et en mer Égée, il pleut relativement souvent en hiver (un jour sur trois en Crète). Cependant les hivers y sont très doux et la température de la mer peut atteindre les 15°C. L'été peut y être très chaud, à moins que le Meltem (vent du nord) ne souffle et ne fasse redescendre quelque peu les températures.
De manière générale, l'année peut être divisée en deux saisons principales : une première période relativement froide et pluvieuse à partir du mois de novembre jusqu'à fin mars, et la saison, chaude et sèche à partir du mois d'avril jusqu'au mois de septembre.
Division du Péloponnèse. Origine des Éléens , des Épéens et des Étoliens. Oenomaüs et Pélops. Augias et Hercules. Amaryncde. Actor et ses fils.
Ceux des Grecs qui ne divisent le Péloponnèse qu'en cinq parties, sont forcés de comprendre sous le nom d'Arcadie, l'Arcadie proprement dite et le pays des Éléens. La seconde partie est occupée par les Achéens, et les trois autres par les Doriens. Les Arcadiens et les Achéens sont les seuls peuples Autochtones qui habitent le Péloponnèse ; les Achéens furent bien chassés de leur pays par les Doriens, mais ils ne sortirent pas de la presqu'île ; ils allèrent s'établir dans l'ancienne Aegiale, d'où ils chassèrent les Ioniens, et qui a pris d'eux le nom d'Achaïe qu'elle a conservé jusqu'à ce jour.
Les Arcadiens sont encore dans le pays qu'ils ont originairement occupé. Les autres peuples sont venus d'ailleurs, et les Corinthiens actuels sont les plus nouveaux de tous les peuples du Péloponnèse; il n'y a eu effet que 217 ans que Jules César leur a donné cette contrée. Les Dryopes et les Doriens sont venus, les premiers du Parnasse; et les seconds, du mont Oeta ;
et nous savons que les Éléens ont passé par mer, de Calydon et du reste de l'Étolie dans le Péloponnèse. Voici ce que j'ai appris de l'histoire de ce pays pour les temps antérieurs à leur arrivée. On dit qu'Aëthlius fut le premier roi de cette contrée ; qu'il était fils de Jupiter et de Protogénie, fille de Deucalion, et qu'il eut lui-même un fils nommé Endymion.
La Lune devint, à ce qu'il prétend, amoureuse d'Endymion et en eut cinquante filles. Mais il est plus vraisemblable qu'il épousa, comme le disent d'autres personnes, soit Astérodie, soit Chromie, fille d'Itonus, fils d'Amphyction ; soit enfin Hypérippe, fille d'Arcas. On dit donc qu'il eut trois fils, Paeon, Epéus, Aetolus, et une fille nommée Eurycyda. Il proposa dans Olympie, son royaume pour prix de la course à ses fils : Epéus ayant été vainqueur monta sur le trône, et ses sujets prirent alors le nom d'Epéens.
Des deux autres frères, Aetolus resta, dit-on, auprès de lui, mais Paon indigné de se voir vaincu s'enfuit au loin, et donna le nom de Pæonie au pays qu'arrose le fleuve Axius. Les Héracléotes du voisinage de Milet, ne sont point d'accord avec les Éléens sur la mort d'Endymion : ceux-ci en effet montrent son tombeau, tandis que les Héracléotes prétendent qu'il se retira sur le mont Latmos, qui renferme une chapelle d'Endymion où il n'est pas permis d'entrer.
Epéus ayant épousé Anaxiroé fille de Coronus n'en eut point de fils, mais seulement une fille nommée Hyrmina. Il se passa sous son règne divers événements dont je vais rendre compte. Oenomaüs, filg d'Alxion ( les poètes disent qu'il était fils dé Mars et c'est l'opinion la plus répandue), Oenomaüs, roi du pays de Pise, fut détrôné par Pélops le Lydien qui avait passé de l'Asie dans la Grèce ;
Pélops devint roi de Pise après la mort d'Oenomaüs et conquit sur Epéus, Olympie qui était limitrophe de Pise. Les Éléens disent que Pélops érigea dans le Péloponnèse un temple à Mercure, et lui, offrit le premier des sacrifices pour apaiser sa colère provoquée par le meurtre de Myrtilus.
Aetolus qui monta sur le trône après la mort d'Apis fut exilé du Péloponnèse, les enfants d'Apis l'ayant fait condamner pour un meurtre involontaire. Il avait en effet tué Apis, fils de Jason de Pallantium en Arcadie, en poussant son char sur lui aux jeux funèbres d'Azan. Il alla sur le continent voisin de l'Achéloüs, et les peuples de cette contrée prirent de lui le nom d'étoliens. Le trône des Epéens passa alors à Eléius fils de Neptune (si on veut bien le croire), et d'Eurycyda, fille d'Endymion. Ses sujets quittèrent alors le nom d'Epéens et prirent celui d'Éléens qu'ils ont encore maintenant.
Augias était fils d'Eleius ; ceux qui veulent lui donner une naissance plus illustre, font un petit changement au nom de son père et disent qu'il était fils d'Hélius (le Soleil) et non d'Eléius. Ses troupeaux de bœufs et de chèvres se multiplièrent tellement, que la plus grande partie du pays restait en friche à cause du fumier de ces animaux. Il engagea Hercules à enlever tout ce fumier, par la promesse qu'il lui fit d'une portion de l'Élide ou de tout autre salaire,
et Hercules en vint effectivement à bout en détournant le fleuve Médius et en le faisant passer dans les endroits que couvrait ce fumier. Augias sous prétexte qu'il avait mis plus d'industrie que de travail à cette opération, lui refusa le salaire convenu et chassa même de sa présence Phyleus son fils aîné qui lui faisait des représentations sur l'injustice de son procédé envers son bienfaiteur. Il commença dès lors à faire divers préparatifs pour se défendre si Hercules venait attaquer l'Élide, et contracta une alliance avec les fils d'Actor et avec Amaryncée ;
ce dernier, qui était au reste un excellent guerrier, était fils de Pyttius, Thessalien, et avait quitté la Thessalie pour venir habiter l'Élide ; Augias lui donna une portion de son autorité. Pour Actor et ses fils, leur famille était du pays, et ils avaient part à la royauté. Actor était en effet fils de Phorbas fils de Lapithus, et d'Hyrmina fille d'Epéius. Il appela Hyrmina, du nom de sa mère, la ville qu'il fonda dans l'Elide.
Né au Proche-Orient, l'art de la céramique atteint en Grèce antique un haut niveau de qualité artistique. Il est également un témoignage majeur sur la vie et la culture des anciens Grecs.
Les vases grecs nous sont parvenus en grand nombre : même si cela ne représente probablement qu'une part infime de la production de l'époque, plus de 50 000 vases en provenance de la seule Athènes subsistent aujourd'hui. De leur côté, les autres objets d'art ont souvent été détruits soit par le temps (bois, tissu, pigments de peinture), soit par la main de l'homme, dans une optique de récupération (pierre, bronze, métaux précieux). S'il est facile de briser un vase, il est en revanche beaucoup plus difficile de le détruire totalement : même les fragments peuvent encore parler.
Les vases de la période protogéométrique (v. 1050-900 av. J.-C.) constituent l'essentiel du témoignage artistique sur le début des siècles obscurs. En effet, la grande sculpture n'est pas encore connue, et la peinture murale manque d'un élément essentiel pour son développement : des supports muraux dignes de ce nom. Beaucoup d'autres formes artistiques (gravure de l'ivoire, joaillerie, travail des métaux) subissent une récession similaire.
Au contraire, la production céramique n'est pas éteinte, en particulier à Athènes. Les vases sont décorés de motifs en vernis noir brillant issu de l'âge du Bronze. Ils reprennent parfois des motifs mycéniens (lignes ondulantes tracées à la main), mais de nouveaux motifs (demi-cercles, cercles concentriques) sont dessinés avec davantage de soin, au compas ou au peigne. La décoration reste simple et s'adapte à la forme du vase en en soulignant les formes par des traits horizontaux larges ou des bandes noires.
Le site de Lefkandi est un des principaux lieux de provenance des céramiques de cette période. On y a notamment découvert une figurine exceptionnelle de centaure, haute de 36 cm. Ses formes sont très stylisées, et son corps est décoré de hachures et de formes géométriques.
L'art géométrique fleurit aux IXe et VIIIe siècle av. J.-C. Il se caractérise par de nouveaux motifs, rompant avec l'iconographie minoenne et mycénienne : méandres, triangles et autres motifs géométriques (d'où le nom de la période). Ils sont disposés en bandes séparées des zones noires par des triples lignes. Au fil du temps, l'équilibre entre bandes décorées et bandes sombres est rompu en faveur du décor : les méandres et autres motifs finissent par recouvrir tout le vase.
Alors qu'au Géométrique Ancien (environ 900-850 av. J.-C.) on ne trouve que des motifs géométriques, dans ce qu'on appelle le style du « Dipylon noir », qui se caractérise par un usage extensif du vernis noir, au Géométrique Moyen (env. 850-770 av. J.-C.), la décoration figurative fait son apparition : ce sont d'abord des frises d'animaux identiques (chevaux, cerfs, chèvres, oies, etc.) qui alternant désormais avec des bandes de motifs géométriques. Parallèlement, le décor se complique et devient de plus en plus foisonnant : le peintre répugne à laisser des zones vides et les remplit de rosettes ou de svastikas décoratifs. Cette démarche est nommée « horreur du vide » et n'aura de cesse jusqu'à la fin de l'époque géométrique.
Au milieu du siècle apparaissent des figures humaines. Les représentations les plus connues sont celles des vases trouvées au Dipylon, l'un des cimetières d'Athènes. Les fragments de ces grands vases funéraires montrent principalement des défilés de chars ou de guerriers ou encore des scènes funéraires : πρόθεσις / próthesis (exposition et lamentation du mort) ou ἐκφορά / ekphorá (transport du cercueil au cimetière). Les corps sont représentés de manière géométrique à l'exception des mollets, assez protubérants. Dans le cas des soldats, un bouclier en forme de diabolo, surnommé « bouclier Dipylon » en raison de son dessin caractéristique, recouvre la partie centrale du corps. Les jambes et les cous des chevaux, les roues des chars sont représentées les unes à côté des autres. La main d'un peintre de cette époque, appelé à défaut de signature « Maître du Dipylon », a pu être identifiée sur plusieurs œuvres, notamment des amphores monumentales.
À la fin de la période apparaissent des représentations mythologiques, probablement au moment où Homère met en forme les traditions du Cycle troyen dans l'Iliade et l'Odyssée. Cependant, la surinterprétation constitue là un risque pour l'observateur moderne : un affrontement entre deux guerriers peut être aussi bien un duel homérique qu'un simple combat ; un bateau échoué peut représenter le naufrage d'Ulysse ou de n'importe qui.
Enfin, des écoles locales apparaissent en Grèce. La production de vase n'a jamais été l'apanage d'Athènes — elle est bien attestée dès la période proto-géométrique à Corinthe, en Béotie, à Argos, en Crète ou dans les Cyclades —, les peintres et potiers se sont longtemps contentés de suivre le style attique. Désormais, ils créent leur propre style : Argos se spécialise dans les scènes figuratives ; la Crète reste attachée à un géométrisme plus strict.
Le style orientalisant se déploie principalement à Corinthe de 725 à 625 av. J.-C. environ. Il est caractérisé par une forte influence de l'art oriental : si l'Orient est beaucoup moins amateur de céramique que la Grèce, sa peinture et sa sculpture montrent une figuration plus fine et plus réaliste. Cette influence se traduit par une nouvelle gamme de motifs : sphinxs, griffons, lions, etc., représentés de manière plus réaliste que par le passé. Dans les frises, le peintre recourt désormais à des lotus ou de palmettes. Les représentations humaines restent relativement rares : ce sont des scènes de batailles, parfois hoplitiques, ou encore des scènes de chasse. Des traits géométriques subsistent dans le style dit proto-corinthien : on retrouve des motifs géométriques et le « remplissage » de l'arrière-plan par des rosettes et de nouveaux motifs décoratifs.
Les peintres corinthiens recourent à la figure noire, principalement sur fond rouge : ils utilisent une suspension colloïdale de couleur brune qui, à la cuisson, prend une couleur noire brillante, presque métallique. Cette technique est longtemps restée mystérieuse, malgré les efforts faits par les céramistes anglais du XIXe siècle comme Wedgwood pour en percer le secret. Les Corinthiens inventent également la technique de l'incision en creux permettant de faire ressortir l'argile pâle. Ce style s'exprime surtout dans des vases miniatures (aryballes, alabastres) dont les formes apparaissent alors.
Les céramiques de Corinthe sont exportées dans toute la Grèce, et leur technique arrive à Athènes, qui développe néanmoins un style propre, à l'influence orientale moins marquée. Dans cette période qualifiée de protoattique, les motifs orientalisants apparaissent mais le trait reste relativement peu réaliste. Les peintres se montrent attachés à des scènes typiques de la Période Géométrique, comme les défilés de chars. Cependant, ils adoptent le principe du dessin linéaire en remplacement de la silhouette. Au milieu du VIIe siècle apparaît le style blanc et noir : trait noir sur fond blanc, accompagné de polychromie pour restituer la couleur des chairs ou des vêtements. L'argile utilisé à Athènes, beaucoup plus orangée que celle de Corinthe, se prête en effet moins facilement à la représentation des chairs.
De son côté, la Crète et surtout les îles des Cyclades se distinguent par leur attrait pour les vases dits « plastiques », c'est-à-dire dont la panse ou le col est moulé en forme de tête d'animal ou d'homme. À Égine, le vase plastique le plus populaire a une tête de griffon. Les amphores méliennes, fabriquées à Paros, doivent peu de choses à Corinthe ou à l'Orient. Elles présentent, comme les vases à reliefs, un goût marqué pour les compositions épiques et une horreur du vide qui se caractérise par l'emploi de rosettes et de svastikas.
On peut enfin identifier un dernier style, celui de « la chèvre sauvage », attribué traditionnellement à Rhodes en raison d'importantes découvertes réalisées à la nécropole de Camiros. En fait, il est répandu dans toute l'Asie mineure, avec des centres de production à Milet et Chios. Deux formes prédominent : les œnochoés, qui copient des modèles en bronze, et les plats, avec ou sans pieds. Le décor est organisé en registres superposés dans lesquels des animaux stylisés, notamment des chèvres sauvages (ce qui a donné son nom au style) se suivent en frises. De nombreux motifs décoratifs (triangles, svastikas, rosettes, motifs floraux) comblent les espaces laissés vides.
Le style de la figure noire est inventé à Corinthe dès le VIIe siècle, mais il est repris par Athènes qui le porte à son apogée lors de la période archaïque (VIe siècle av. J.-C.) Il se caractérise non seulement par le dessin de figures en noir sur fond d'argile (plutôt rouge dans le cas d'Athènes), mais aussi par l'usage d'incisions. Il existe ainsi une série de pseudo-figures noires, dans lesquelles les bandes claires sont réservées et non pas incisées. La Coupe à l'oiseleur du Louvre en est un exemple (voir ci-contre).
La première céramique à figures noires athénienne est très influencée par celle de Corinthe, comme le montrent son décor couvrant, sans motifs de remplissage. Les figures (principalement animales : lions, chèvres, sphinges, etc.) sont disposées en registres superposés et mettent en valeur une scène principale. Néanmoins, la céramique athénienne se détache peu à peu de cette influence. Le goût pour les motifs mythologiques et la composition en un seul grand registre qui prévalent entre 550 et 530 av. J.-C. montrent comment un style propre à la cité se crée. Parallèlement, les vases décorés évoluent. Le grand vase funéraire laisse la place aux vases de la vie quotidienne, principalement les amphores, hydries, coupes et cratères.
On reconnaît plusieurs styles de peintres athéniens, auxquels on peut parfois attribuer un nom grâce à une pièce signée. Tel est le cas de Klitias, le peintre du Vase François du Musée archéologique de Florence : ce cratère, découvert dans une tombe étrusque, date environ de 570 av. J.-C. ; il comporte six frises figuratives donc cinq narratives et porte également la signature du potier, Ergotimos. Tel également Exékias, dont l'une des œuvres les plus célèbres est une amphore, aujourd'hui exposée à Rome dans les musées du Vatican, qui montre Ajax et Achille à Troie, en train de jouer.
D'autres ne sont désignés que par des appellations conventionnelles, souvent dues à John Beazley (1885-1970), historien de l'art pionnier dans l'étude de la céramique grecque. Ainsi le peintre de la Gorgone tient-il son surnom d'un dinos sur lequel apparaît Méduse.
Le style de la figure rouge apparaît à Athènes vers 530-520 av. J.-C. Il constitue rapidement le fer de lance de la production attique, lui permettant de s'imposer comme seule grande école à la période classique. Il consiste en une inversion de la figure noire : le fond est peint en noir, les figures ayant la couleur de l'argile ; les détails sont peints et non plus incisés. Il a probablement été inventé par un peintre précis, possiblement influencé par un client ou encore plus vraisemblablement par son potier. Les noms des potiers Nicosthénès, Amasis ou Andokidès ont ainsi été cités. Quoi qu'il en soit, le premier peintre à appliquer ce style est le Peintre d'Andokidès, dont nous possédons une quizaine de vases. Aux débuts de cette période, les peintres peuvent faire coexister des scènes en figure noires et des scènes en figures rouges : c'est ce qu'on appelle des vases « bilingues ».
Au-delà de la simple inversion des couleurs, la technique de la figure rouge permet une amélioration du dessin, notamment dans la représentation des drapés, des corps et des détails, dont la précision supplée à la disparition presque complète de la polychromie. Le réalisme y gagne : les corps féminins et masculins sont désormais plus facilement distinguables, la musculature est mieux rendue, style dans lequel excelle Euphronios, ainsi que la représentation des membres dans les trois dimensions (raccourci, transition du profil à la vue de face, représentation de trois quart).
En 480-479 av. J.-C., pendant les guerres médiques, Athènes est occupée par les Perses. Ses ateliers sont détruits — on retrouve des puits remplis de tessons dans le quartier du Céramique — et lorsque les Athéniens retrouvent leur cité, la production céramique doit repartir quasiment de rien. Les reliques du style archaïque sont alors abandonnées — à l'exception du groupe maniériste du Peintre de Pan — et la figure rouge définitivement adoptée. Certains peintres, comme celui des Niobides, sont influencés par la sculpture ou encore la peinture murale. Le dessin devient plus sophistiqué, tandis que le choix de scènes s'oriente davantage vers la vie privée, avec notamment des scènes de gynécée : c'est le « style fleuri », le dernier grand style athénien. Des éléments de décor (fleurs, plantes) apparaissent dès la fin du Modèle:Ve siècle av. J.-C. tandis que le peintre renoue avec l'horreur du vide qui l'affectait à la période géométrique : les compositions sont plus chargées. On note un goût prononcé pour les détails et la transparence des vêtements, ainsi que pour le mouvement donné par le bouillonnement de ceux-ci. La polychromie revient également, avec le recours à la peinture blanche et à la dorure. Des archaïsmes persistent dans le centre athénien, comme le recours à la figure noire pour les amphores panathénaïques, tandis qu'on y invente des petites figurines en terre cuite qui seront diffusées dans tout le monde grec et connues plus tard sous le nom de Tanagra.
Hors d'Athènes, la production de vases peints à personnages disparaît presque, à l'exception de la Grande Grèce. L'Apulie et la Campanie (Paestum en particulier) ont une production de qualité comparable à celle d'Athènes. Les débuts de la céramique dite apulienne remontent à la dernière décennie du Modèle:Ve siècle av. J.-C. : l'Apulie dont la production est au départ assez proche du style attique va peu à peu développer un langage iconographique qui lui est propre. Le Peintre de Darius ainsi nommé en raison du cratère à volutes illustrant Darius (Naples H3253) a ainsi illustré beaucoup de thèmes contemporains à l'époque d'Alexandre le Grand. Si la céramique italiote est principalement consommée sur place, elle a également été exportée en Grèce propre (Corcyre, Démétrias) et un peu partout dans le bassin méditerranéen (Croatie, Corse, Espagne). Certains ateliers se spécialisent dans les scènes de genre, en particulier sur le phlyax, parodie des pièces attiques à thème héroïque.
À l'époque hellénistique, les vases ne sont plus peints mais simplement décorés. Soit l'atelier en revient à un décor noir brillant agrémentés de décors floraux ou animaux, soit il change radicalement de parti-pris : s'il n'est pas possible d'obtenir des couleurs variées à la cuisson, il suffit de peindre le vase après cuisson. Dans ce cas, les couleurs sont évidemment moins durables, aussi cette technique est-elle généralement réservée aux vases funéraires.
Toutefois, en certains endroits, il subsiste des foyers de production où l'on continue de faire des vases à décors figurés. C'est le cas de la Crète qui produit jusqu'au début du Modèle:IIe siècle av. J.-C. des scènes mythologiques. Les principaux centres de production en Crète sont Cnossos, Lyttos et Gortyne.
Si la céramique grecque a pour matériau de base l'argile, toutes les argiles ne sont pas identiques. Ainsi, celle d'Athènes est riche en oxyde de fer (Fe2O3) : à la cuisson, elle prend une belle couleur rouge orangé. Celle de Corinthe, dépourvue d'oxyde de fer, a une teinte plus blanchâtre. Ces différences permettent, par une analyse chimique, de déterminer l'origine de tels ou tels vases : ainsi, on a pu monter que le groupe d'hydries de Hadra utilisées à Alexandrie, à l'époque hellénistique, comme urnes funéraires avaient été fabriquées non pas en Égypte, comme on le pensait, mais en Crète.
L'argile est extraite de carrières ou de puits d'argile, puis purifiée par lavage pendant plusieurs semaines : elle est mise à tremper dans de grands bassins où les particules fines remontent à la surface et sont récupérées. Cette étape permet d'éliminer les impuretés qui risqueraient de provoquer l'éclatement à la cuisson. L'argile est ensuite séchée au soleil puis découpée en blocs. Ceux-ci sont ensuite entreposés pendant quelque temps, pour qu'ils acquièrent leurs qualités plastiques.
Au moment de fabriquer un vase, le potier malaxe la pâte pour en expulser les bulles d'air avant de la travailler sur un tour (invention proche-orientale arrivée en Grèce au Modèle:IIe millénaire av. J.-C.), actionné par le potier lui-même ou par un assistant. Les petits vases peuvent être montés en une seule fois, mais les pièces de plus grande taille sont constituées de plusieurs parties qui sont ensuite assemblées à la barbotine (argile délayée à l'eau récupérée des bassins de purification). Il en va de même pour les anses ou les pieds ; les vases plastiques sont moulés.
Une fois le vase façonné, il est mis à sécher. Il est ensuite prêt à être peint, selon une technique qui varie suivant le style employé. De manière générale, le peintre joue sur le contraste de couleur entre la couleur rouge de l'argile et un enduit de couleur noire.
Pour ce qui est de la céramique Attique à figure noire ou à figure rouge, un procédé spécial est utilisé à partir de la période protogéométrique. Au moment de la purification de l'argile par décantation, et alors qu'on le débarrasse des particules génantes (impuretés), on récupère l'eau qui a servi et est saturée en argile, appelée barbotine. C'est cette eau qui va être utilisée pour dessiner les motifs. c'est par la cuisson que ces dessins vont ressortir sur le fond de couleur argile. Il ne s'agit donc pas toujours de peinture. Cependant, quelques réhauts de couleur peuvent être ajoutés après la cuisson.
Une fois la peinture sèche, le peintre laisse la main au potier pour la cuisson, opération délicate, composée de trois étapes :
Cuisson en atmosphère oxydante (évents ouverts pour laisser passer le dioxygène) aux alentours de 800 °C : le vase est entièrement rouge.
Cuisson en atmosphère réductrice (évents fermés) aux alentours de 950 °C, avec adjonction de végétaux dans le feu pour provoquer de la fumée, puis la température est abaissée à 900 °C. Le monoxyde de carbone ainsi dégagé par la combustion incomplète des végétaux, composé réducteur, permet de réduire l'oxyde ferrique (Fe2O3) en oxyde ferreux (FeO) ou en magnétite (Fe3O4) de couleur noire : le vase est entièrement noir et la partie badigeonnée à l'enduit noir se « vitrifie », devenant imperméable.
Cuisson en atmosphère réoxydante (évents ouverts) toujours vers 900 °C : le dioxygène de l'air permet d'oxyder l'oxyde ferreux en oxyde ferrique pour les parties non enduites, qui deviennent rouges ; les parties enduites, préalablement devenues imperméables, restent noires.
La cuisson est relativement simple dans son principe mais requiert attention et expérience : nous connaissons un certain nombre de vases mal cuits, soit franchement ratés, soit présentant de petites imperfections dues à un contact intempestif avec un vase voisin. Généralement, ces défauts n'empêchent pas la commercialisation du vase.
Les Grecs possèdent toutes sortes de récipients, généralement affectés à un usage particulier : une amphore sert plutôt à transporter des liquides, spécialement de l'huile d'olive — une hydrie, comme son nom l'indique, est un pichet à eau. Pour des besoins de classement, on distingue désormais ces différents récipients suivant leur forme en leur donnant des noms précis : un vase sera classé comme aryballe ou alabastre, alors que les Grecs étaient probablement beaucoup moins stricts dans leurs appellations.
À l'origine, le théâtre était un lieu pour fêter Dionysos, dieu du vin et des arts. On trouvait aussi des fêtes agrémentées de chants, de danses pour célébrer des guerriers victorieux.
La construction des théâtres grecs « classiques » s'échelonne du Ve au IIIe siècle av. J.-C. Il est relativement facile d’en recenser une centaine. Avant cette période, ils sont archaïques, et rares ; après, ils sont hellénistiques ou romains, et innombrables.
Les théâtres grecs classiques sont présents dans toute la Grèce continentale et insulaire, ainsi qu'en Grande Grèce (Italie du Sud, Sicile) et en Asie Mineure.
On dit et écrit couramment que les théâtres grecs sont creusés au flanc d'une colline, tandis que les théâtres romains sont construits en terrain plat sur voûtes et arcades. En réalité, cette opposition mérite d'être fortement nuancée.
Si l'on examine la disposition d'un nombre suffisant de théâtres antiques, on s'aperçoit vite que :
aucun théâtre grec ne se trouve construit en terrain plat (l'architecture grecque classique ne permet pas la construction sur voûtes concrètes, qui n’est connue qu’à partir de l'architecture romaine), mais les ailes ou parties latérales peuvent être construites en maçonnerie : à Épidaure ou à Dodone, où elles sont en remblai, mais plus encore à Argos, par exemple, où les parties construites constituaient l'essentiel du koilon.
une immense majorité de théâtres romains sont eux aussi adossés à une colline. La construction sur terrain plat est un luxe et une prouesse réservés à la capitale (théâtres du Champ de Mars, à Rome) et à certaines villes des provinces romaines situées en pays entièrement plat, toujours par obligation, et non par choix.
Cette remarque ne concerne pas les amphithéâtres romains, nécessairement construits, dès qu'ils sont de quelque importance.
Une idée tenace veut que les théâtres grecs soient de préférence orientés au sud. Un simple relevé sur 70 théâtres grecs (Grèce et Asie Mineure) classiques (du Ve au IIIe siècle) montre qu’il n’en est rien.
Il est vrai que, sur les 70 examinés, 34 théâtres regardent vers le sud (SE et SO compris), dont 20 plein sud.
Mais il n’est pas moins vrai que les 36 autres sont orientés O – NO – N – NE – E.
(Détail du relevé : S = 20 ; SE = 5 ; SO = 9 ; O – N - E = 36)
Conclusion : les théâtres grecs sont orientés en toutes directions.
Les visiteurs du théâtre d'Épidaure ne manquent jamais de se livrer à des expériences de chuchotements et craquages d'allumettes, qui se révèlent audibles de leurs compagnons, même des gradins les plus élevés. On peut supposer qu'il en serait de même dans tous les théâtres antiques, tous construits en hémicycle, s'ils étaient dans un état de conservation aussi exceptionnel que celui du célèbre sanctuaire d'Asclépios.
On peut lire parfois que les théâtres antiques sont des portions de sphère, ou à profil courbe. Cela semble une idée à abandonner définitivement ; toutes les vérifications possibles montrent que les théâtres grecs sont des portions de cônes.
Les sièges d'honneur pour spectateurs de haut rang
Les sièges du premier rang font l'objet de dispositions et de soins spéciaux. Au théâtre de Dionysos, à Athènes, on peut encore lire le nom de leurs titulaires, magistrats ou personnages officiels.
Certains vainqueurs des jeux Olympiques y venaient s'y installer lors d'une représentation leur étant en partie dédiée.
On lit et répète souvent que l'orchestra des théâtres grecs est circulaire, avec un autel sacrificiel placé au centre (en opposition avec l’orchestra des théâtres romains, tracée en demi-cercle). Or cette disposition ne se vérifie guère qu'à Épidaure, où une pierre ronde et plate se trouve effectivement au centre de l’orchestra circulaire.
À Érétrie, l'orchestra semble circulaire également, mais avec un orifice au centre, relié à un tunnel.
Quelques autres théâtres, dont celui de Dodone, ont une orchestra circulaire, mais sans rien au centre.
Très majoritairement, l'orchestra des théâtres grecs, lorsqu'elle est lisible, est en demi-cercle, ou en portion de cercle. La romanisation n'en est certainement pas seule responsable.
Du proskénion et de la skéné, il reste, assez fréquemment, quelques fondations d'une plate-forme surélevée d'un ou deux mètres, lieu de stockage des décors.
Lexiquethéâtre
Le théâtre grec antique est à l'origine du théâtre occidental. Il prend naissance dans les spectacles de la civilisation minoenne pour atteindre son apogée à Athènes au Ve siècle av. J.-C.
En théâtre, tous les articles présents en scène autres que les décors sont appelés accessoires. Les meubles et autres gros objets sont des accessoires de décor. Les objets manipulés par les comédiens pendant le spectacle sont des accessoires de jeu. Les accessoires qu'un comédien porte sur sa propre personne, comme une pipe, une montre ou un éventail, sont appelés des accessoires personnels. Durant le spectacle, ces différents accessoires sont gérés par le régisseur plateau, ou par les accessoiristes.
Acte
Le théâtre grec ignorait la division des pièces en actes. Théoriquement, les pièces grecques consistaient en plusieurs parties bien distinctes, nommées protase, épitase, catastase, et catastrophe, mais en réalité aucun entracte ne séparait ces parties. Lorsque les acteurs principaux disparaissaient de la scène, ils étaient remplacés par le chœur, dont les chants restaient généralement liés à l’action. Aucun des anciens qui ont cité des passages de comédies ou de tragédies grecques ne les a désignés par l’acte d’où ils sont tirés, et Aristote ne fait nulle mention dans sa Poétique d’une pareille division.
Agôn
Dans la Grèce antique, le terme agôn désigne proprement toute forme de compétition ou de joute oratoire ; dans les domaines artistique ou sportif, l’agôn est un concours organisé à l'occasion de célébrations religieuses. Dans la structure d'une tragédie et d'une comédie grecque antique, l’agôn est le terme technique désignant la partie de la pièce où se déroule une scène de débat ou de combat, tantôt simple prise de bec, tantôt bagarre ou débat dialectique en forme, comme c'est le cas dans Les Nuées d'Aristophane (vers 890 à 1104) où s'opposent le Raisonnement Juste et le Raisonnement Injuste[1].
Antihéros
Dans l’Antiquité, les qualités du héros typique étaient : la renommée, la gloire – kléos – ; la force, la rage de vaincre – biè – (Ajax, Héraclès) ; le courage (tous) ; la sagesse – pinutè – ; l’intelligence (Ulysse) ; la grandeur, la magnanimité – megethos – ; une habileté exceptionnelle dans une activité noble, comme la guerre (héros de l’Iliade) ou l’art (Orphée) ; l’accomplissement d’exploits (Héraclès, Jason, Ulysse) ; la descente aux Enfers, ou nekuia (Énée, Héraclès, Orphée, Ulysse…) ; l’apothéose (tous), c’est-à-dire la divinisation.
L’antihéros peut être un personnage mauvais, qui n’effectue pas de noble quête, ou n’est pas animé de sentiments altruistes, etc. Même si le mot est récent[2], bien des personnages de la religion grecque antique commettent des actions franchement anti-héroïques (ainsi Ajax qui, aveuglé par Athéna, massacre le bétail de l’armée achéenne en croyant s’en prendre à ses guerriers, parce que les Achéens lui ont refusé d’hériter des armes d’Achille, et les ont données à Ulysse).
L’aphorisme, en grec aphorismos, du verbe ἀφορίζειν (« définir, délimiter »), est une sentence énoncée en peu de mots — et par extension une phrase — qui résume un principe ou cherche à caractériser un mot, une situation sous un aspect singulier. D'une certaine manière, l'aphorisme se veut le contraire du lieu commun. Par certains aspects, il peut se présenter comme une figure de style lorsque son utilisation vise des effets rhétoriques.
Exemple : les aphorismes d’Hippocrate comme le célèbre « Ars longa, vita brevis » (« L’art est long, la vie est brève »)
Catharsis
Pour Aristote, la catharsis est l'épuration des passions qui se produit par les moyens de la représentation artistique : en assistant à une tragédie ou en recourant aux « mélodies qui transportent l'âme hors d'elle-même », le spectateur se libère de ses émotions et éprouve « un allègement accompagné de plaisir ». Si le terme de catharsis est souvent référé à la Poétique, on ne trouve néanmoins une définition développée de ce terme que dans La Politique d'Aristote, à propos de la musique :
« Nous voyons ces mêmes personnes, quand elles ont eu recours aux mélodies qui transportent l'âme hors d'elle-même, remises d'aplomb comme si elles avaient pris un remède et une purgation. C'est à ce même traitement, dès lors, que doivent être nécessairement soumis à la fois ceux qui sont enclins à la pitié et ceux qui sont enclins à la terreur, et tous les autres qui, d'une façon générale, sont sous l'empire d'une émotion quelconque pour autant qu'il y a en chacun d'eux tendance à de telles émotions, et pour tous il se produit une certaine purgation et un allègement accompagné de plaisir. Or, c'est de la même façon aussi que les mélodies purgatrices procurent à l'homme une joie inoffensive[5]. »
Bien qu'il renvoie à sa Poétique pour plus d'éclaircissements (« nous en reparlerons plus clairement dans notre Poétique »), il devait faire allusion au deuxième livre car le terme n'apparaît qu'une seule fois dans l'ouvrage qui nous est parvenu :
« La tragédie (...) est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen de la narration, et qui par l'entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre[6]. »
Aristote paraît surtout employer le terme en son sens médical, bien qu'il fasse également référence à des mélodies purgatrices, qui appartiennent probablement à des rites thérapeutiques. Le sens large que ce terme possède en grec, et ses connotations religieuses aussi bien que politiques traceront la voie à son interprétation ultérieure comme une purification morale. En s'identifiant à des personnages dont les passions coupables sont punies par le destin, le spectateur de la tragédie se voit délivré, purgé des sentiments inavouables qu'il peut éprouver secrètement. Le théâtre a dès lors pour les théoriciens du classicisme une valeur morale, une fonction édifiante. Plus largement, la catharsis consiste à se délivrer d'un sentiment encore inavoué. Ce sens large a donné lieu à un emploi particulier de ce terme en psychanalyse et plus largement encore en psychothérapie.
L'interprétation de ce passage très allusif est délicate et sujette à de nombreux débats. La question porte en particulier sur le mode de purgation qui a lieu : s'agit-il d'une purgation morale, ou Aristote a-t-il simplement dit que le mode de représentation fait en sorte que l'on ne ressent pas ces émotions au premier degré.
Entre les deux interprétations, la différence porte :
1. sur l'enjeu de la purgation : dans un cas, il s'agit de la morale, dans l'autre de la seule esthétique;
2. sur la cause de la purgation : dans un cas, il s'agit des exemples montrés sur la scène, dans l'autre du seul dispositif de la représentation théâtrale.[7]
La comédie du Grec ancien κωμωδία) est un genre littéraire, théâtral, cinématographique et télévisuel fonctionnant sur le registre de l'humour. Née dans l'Antiquité grecque, elle est devenue un genre littéraire qui s'est épanouie de manière diversifiée en fonction des époques. Avant Molière, elle était dévalorisée comparée à la tragédie.
Coryphée
Au sens propre, le coryphée (grec κορυφαῖος, koryphaîos, de κορυφή, koryphḗ́, « sommet de la tête ») est le chef de chœur dans la tragédie et la comédie grecque antique. Il se situe le plus souvent au milieu de la scène, alors appelée orchestra, et est chargé de guider les choreutes. Il répond au chœur, le questionne ou répète ses propos. Il prend parfois la parole au nom du chœur et se trouve être le seul à dialoguer avec le personnage en scène, qui évolue pour sa part sur le proskenion. C'est un homme (éventuellement déguisé en femme), un citoyen (éventuellement déguisé en barbare), qui porte masque et costume[8].
Deus ex Machina
Traduction latine d'une expression grecque préalable, "Dieu sorti de la machine" (Ἀπὸ μηχανῆς θεός|Apò mêkhanễs theós), cette locution désigne, dans le vocabulaire théâtral, le procédé faisant entrer en scène, en le descendant des cintres, un dieu. Le mécanisme exact servant à faire entrer en scène une divinité s'appelle en grec ancien « mèchanè ».
L'intervention d'une divinité étant à même de dénouer de manière impromptue une situation désespérée, l'expression peut être étendue à toute résolution d'histoire qui ne suit pas la logique interne du récit mais permet au dramaturge de conclure sa pièce de la manière qu'il désire. Elle peut, cependant, désigner la simple représentation sur scène d'une divinité.
Ekkyklêma ou eccyclème (grec ancien : ἐκκύκλημα) est un élément pratique et décoratif du théâtre utilisé dans la Grèce antique à partir du Ve siècle av. J.-C.. Avec la mèchanè, c'est la principale machine du théâtre grec antique.
Il s´agit d´une plateforme roulante ou pivotante située dans l'axe de la porte principale de la skènè. Elle « route à l'extérieur une partie de l'espace intérieur »1 : elle peut montrer « des scènes d'intérieur ou le résultat d'actions qui s'étaient déroulées à l'intérieur »2.
Les acteurs pouvaient jouer sur cette plateforme, qui produisait, malgré son aspect conventionnel, un grand effet sur le public. Aristophane en parodia l'usage dans Les Acharniens (v. 409).[9]
Définition de la tragédie. - Détermination des parties dont elle se compose. - Importance relative de ces parties.
I. Nous parlerons plus tard de l'art d'imiter en hexamètres (21) et de la comédie (22), et nous allons parler de la tragédie en dégageant de ce qui précède la définition de son essence.
II. La tragédie est l'imitation d'une action grave et complète, ayant une certaine étendue, présentée dans un langage rendu agréable et de telle sorte que chacune des parties qui la composent subsiste séparément, se développant avec des personnages qui agissent, et non au moyen d'une narration, et opérant par la pitié et la terreur la purgation des passions de la même nature (23).
III. J'entends par "langage rendu agréable" celui qui réunit le rythme, l'harmonie et le chant, et par les mots "que chaque partie subsiste séparément" j'entends que quelques-unes d'entre elles sont réglées seulement au moyen des mètres, et d'autres, à leur tour, par la mélodie.
IV. Mais, comme c'est en agissant que (les poètes tragiques) produisent l'imitation , il en résulterait nécessairement que l'ordonnance du spectacle offert est la première partie de la tragédie ; vient ensuite la mélopée et, enfin, le langage parlé, car tels sont les éléments qui servent à produire l'imitation (24).
V. J'entends par "langage parlé" la composition des mètres, et par "mélopée" une chose qui possède en soi une valeur évidente pour tout le monde (25).
VI. Maintenant, comme l'imitation a pour objet une action et qu'une action a pour auteurs des gens qui agissent, lesquels ont nécessairement telle ou telle qualité, quant au caractère moral et quant à la pensée (car c'est ce qui nous fait dire que les actions ont tel ou tel caractère), il s'ensuit naturellement que deux causes déterminent les actions, savoir : le caractère moral et la pensée ; et c'est d'après ces actions que tout le monde atteint le but proposé, ou ne l'atteint pas.
VII. Or l'imitation d'une action, c'est une fable (26) ; j'entends ici par "fable" la composition des faits, et par "caractères moraux" (ou mœurs) ceux qui nous font dire que ceux qui agissent ont telle ou telle qualité ; par "pensée", tout ce qui, dans les paroles qu'on prononce, sert à faire une démonstration ou à exprimer une opinion.
VIII. Il s'ensuit donc, nécessairement, que toute tragédie se compose de six parties qui déterminent son caractère ; ce sont: la fable, les mœurs, le langage, la pensée, l'appareil scénique et la mélopée.
IX. Deux de ces parties concernent les moyens que l'on a d'imiter ; une, la manière dont on imite ; trois, les objets de l'imitation ; puis c'est tout.
X. Un grand nombre d'entre eux (27) ont employé ces formes ; et, en effet, tout (poème tragique) comporte en soi de la même façon un appareil scénique, un caractère moral, une fable, un langage, un chant et une pensée.
XI. Le point le plus important, c'est la constitution des faits, car la tragédie est une imitation non des hommes, mais des actions, de la vie, du bonheur et du malheur ; et en effet, le bonheur, le malheur, réside dans une action, et la fin est une action, non une qualité.
XII. C'est par rapport aux mœurs que les hommes ont telle ou telle dualité, mais c'est par rapport aux actions qu'ils sont heureux ou malheureux. Aussi ce n'est pas dans le but d'imiter les mœurs que (les poètes tragiques) agissent, mais ils montrent implicitement les mœurs de leurs personnages au moyen des actions; de sorte que ce sont les faits et la fable qui constituent la fin de la tragédie ; or la fin est tout ce qu'il y a de plus important.
XIII. Je dirai plus : sans action, il n'y aurait pas de tragédie, tandis que, sans les mœurs, elle pourrait exister ; et en effet, chez la plupart des modernes, les tragédies n'ont pas de place pour les mœurs (28), et, absolument parlant, beaucoup de poètes sont dans ce cas (29). Ainsi ; chez les peintres, c'est ce qui arrive à Zeuxis comparé à Polygnote. Polygnote est un bon peintre de mœurs, tandis que la peinture de Zeuxis n'a aucun caractère moral.
XIV. Ce n'est pas tout : si l'on débitait une suite de tirades morales et des discours ou des sentences bien travaillées, ce ne serait pas là ce que nous disions tout à l'heure constituer une œuvre tragique ; on le ferait beaucoup mieux en composant une tragédie où ces éléments seraient moins abondants, mais qui posséderait une fable et une constitution de faits.
XV. II en est de même (30) dans les arts du dessin ; car, si l'on étalait pêle-mêle les plus riches couleurs, on ne ferait pas autant plaisir qu'en traçant une figure déterminée au crayon.
XVI. Ajoutons que les parties de la fable les plus propres à faire que la tragédie entraîne les âmes, ce sont les péripéties et les reconnaissances.
XVII. Une autre preuve encore, c'est que ceux qui abordent la composition dramatique peuvent arriver à une grande habileté sous le rapport du style et des mœurs, avant de savoir constituer les faits. Au surplus, c'est ce qui est arrivé à presque tous les premiers poètes.
XVIII. Ainsi donc le principe, et comme l'âme de la tragédie, c'est la fable. Les mœurs viennent en second lieu ; car l'imitation (31) est l'imitation d'une action et, à cause de cette action, l'imitation de gens qui agissent.
XIX. Puis, en troisième lieu, la pensée, c'est-à-dire la faculté de dire avec convenance ce qui est dans le sujet et ce qui s'y rapporte, partie qui, en fait d'éloquence, est l'affaire de la politique et de la rhétorique. En effet, les personnages que les anciens mettaient en scène parlaient un langage politique, et ceux d'aujourd'hui parlent un langage oratoire.
XX. Le caractère moral, c'est ce qui est de nature à faire paraître le dessein. Voilà pourquoi il n'y a pas de caractère moral dans ceux des discours où ne se manifeste pas le parti que l'on adopte ou repousse, ni dans ceux qui ne renferment absolument rien comme parti adopté ou repoussé par celui qui parle. La pensée, c'est ce qui sert à démontrer qu'une chose existe ou qu'elle n'existe pas, ou, généralement, à énoncer une affirmation.
XXI. En quatrième lieu vient la diction : or j'appelle "diction" comme on l'a dit précédemment (32), l'élocution obtenue au moyen de la dénomination, ce qui est d'une même valeur, soit qu'il s'agisse de paroles versifiées, ou de discours en prose.
XXII. En cinquième lieu vient la mélopée, partie la plus importante au point de vue du plaisir à produire.
Quant à l'appareil scénique, c'est une partie qui, certes, entraîne les âmes, mais elle est indépendante de l'art et n'appartient en aucune façon à la poétique ; car la tragédie subsiste indépendamment de l'exécution théâtrale et des acteurs, et ce qui est essentiel pour la confection de l'appareil scénique, c'est plutôt l'art du costumier que celui du poète.
Pièces
Les auteurs grecs ont écrit de nombreuses pièces diverses qui sont toujours au goût du jour. Nous vous proposons d'en découvrir quelques-unes, et même pourquoi pas de les jouer !
Dans la première réplique d'Égée, relevez le mot salut.
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χαῖρε, se prononçant kaillepé ou kaillepe.
Lettres de l'alphabet
Pour la rédaction Voyelles de l’alphabet latin avec diacritiques pour faciliter la translittération á à â ấ ầ - é è ê ế ề ễ - í ì î ï ḯ - ó ò ô ố ồ ỗ - ý ỳ ŷ - û ǘ (Á À Â Ấ Ầ - É È Ê Ế Ề Ễ - Í Ì Î Ï Ḯ - Ó Ò Ô Ố Ồ Ỗ - Ý Ỳ Ŷ - Û Ü Ǘ)
L'alphabet grec est constitué de vingt-quatre lettres dont sept voyelles et dix-sept consonnes. À celles-ci s'ajoutaient sept lettres obsolètes.
Le mot alphabet est tiré du nom des deux premières lettres grecques (alpha et bêta),
La première lettre et la dernière lettre sont alpha et oméga qui symbolisent respectivement le début et la fin de tout.
Alpha est la première lettre de l'alphabet du Grec ancien. Elle est tirée de la lettre phénicienne 𐤀.
C'est une voyelle. Aujourd'hui, elle est très employée dans d'autres domaines tels que la physique ou les mathématiques.
Bêta
Majuscule
Β
Minuscule
β/ϐ
Nom grec
Βῆτα
Origine
𐤁
Valeur
2
Transcription Française
b
Bêta est la deuxième lettre de l'alphabet du Grec ancien. Elle est tirée de la lettre phénicienne 𐤁.
Attention
Il ne faut pas confondre le bêta minuscule avec le eszett allemand. (ß)
Exemple
βάρϐαρος (individu n'appartenant pas à la civilisation grecque antique)
Gamma
Majuscule
Γ
Minuscule
γ
Nom grec
Γάμμα
Origine
𐤂
Valeur
3
Transcription Française
g
Gamma est la troisième lettre de l'alphabet du Grec ancien. Elle est tirée de la lettre phénicienne 𐤂.
Delta
Majuscule
Δ
Minuscule
δ
Nom grec
Δέλτα
Origine
𐤃
Valeur
4
Transcription Française
d
Delta est la quatrième lettre de l'alphabet du Grec ancien. Elle est tirée de la lettre phénicienne 𐤃.
Epsilon
Majuscule
Ε
Minuscule
ε
Nom grec
Ἒ ψιλόν
Origine
𐤄
Valeur
5
Transcription Française
e
Epsilon est la 5 lettre de l'alphabet du Grec ancien. Elle est tirée de la lettre phénicienne 𐤄.
Son nom grec peut être traduit par e simple.
Zêta
Majuscule
Ζ
Minuscule
ζ
Nom grec
Ζῆτα
Origine
𐤆
Valeur
7
Transcription Française
z
Zêta est la septième lettre de l'alphabet du Grec ancien. Elle est tirée de la lettre phénicienne 𐤆.
Êta
Majuscule
Η
Minuscule
η
Nom grec
Ἦτα
Origine
𐤇
Valeur
8
Transcription Française
ê/é/è
Êta est la huitième lettre de l'alphabet du Grec ancien. Elle est tirée de la lettre phénicienne 𐤇.
Attention
Attention Il ne faut pas confondre le êta avec un H latin majuscule ou un n latin minuscule.
Thêta
Majuscule
Θ
Minuscule
θ
Nom grec
Θῆτα
Origine
𐤈
Valeur
8
Transcription Française
th
Thêta est la huitième lettre de l'alphabet du Grec ancien. Elle est tirée de la lettre phénicienne 𐤈.
Iota
Majuscule
Ι
Minuscule
ι
Nom grec
Ἰῶτα
Origine
𐤉
Valeur
10
Transcription Française
i
Iota est la neuvième lettre de l'alphabet du Grec ancien. Elle est tirée de la lettre phénicienne 𐤉.
La numération
Il existe en grec ancien plusieurs manières d'écrire des nombres :
Soit à l'aide de symboles (soit signes dits « acrophoniques » parce qu'ils représentaient grosso modo la première lettre de leur nom soit par des lettres, comme la numération hébraïque ou arabe).
Soit en écrivant les nombres en entier (un, deux, trois, quatre...).
Nous connaissons également un système de numération scientifique, inspiré des mathématiques babyloniennes. Il n'en sera pas fait état ici.
Dès le Ve siècle avant l'ère chrétienne, en Attique, région d'Athènes, apparaissent des chiffres dont chaque signe (à l'exception de celui pour 1) n'est autre que la première lettre du nom du nombre, tracé dans l'alphabet local athénien [1], à savoir :
Ι pour 1 (un trait ; seul chiffre qui n'est pas lié au nom du nombre),
C'est pour cette raison qu'on parle d'une numération acrophonique.[4] La notation des nombres suivait le principe additif que l'on retrouve dans les chiffres romains. Ainsi, 3 s'exprimait par ΙΙΙ, 9 par ΓΙΙΙΙ, 400 par ΗΗΗΗ, etc.
Il existait des signes notant des valeurs intermédiaires, représentés par une ligature des deux chiffres fondamentaux pour :
50 → (Γ×Δ) ;
500 → (Γ×Η) ;
5 000 → (Γ×Χ) ;
50 000 → (Γ×Μ).
Chacun de ces chiffres est composé de celui pour 5 auquel on a souscrit celui du multiplicateur.
Presque exclusivement épigraphique, ce système numéral s'est surtout utilisé pour indiquer des prix et des mesures. Bien que s'étant étendu, en raison du rayonnement d'Athènes, à d'autres cités grecques (avec de nombreuses variantes locales, selon les alphabets épichoriques), il a été détrôné par le système alphabétique.
Ce système existe encore aujourd'hui en Grèce, à la manière des chiffres romains dans les pays de langues romanes. Il utilise, outre les lettres courantes de l'alphabet grec, trois lettres archaïques, digamma (tracé le plus souvent comme un stigma), koppa (distinct du koppa littéral ancien) et sampi (évolution d'une lettre plus ancienne). Purement additive, cette numération ne nécessite pas l'utilisation du zéro. Cependant, le calcul basé sur ces écritures est impossible : les anciens Grecs utilisaient des jetons placés sur des abaques, de bois ou de marbre, partagés en colonnes.
La numération alphabétique est plus récente que la numération acrophonique. Elle a été introduite à Athènes en même temps que l'adoption du modèle ionien de Milet, en -403. Elle est cependant bien plus ancienne puisqu'on en trouve des attestations à Milet vers −700. On la nomme pour cette raison aussi « numération milésienne » ; l'alphabet de Milet, devenu « classique » grâce à Athènes, n'utilisait pas les trois lettres supplémentaires mentionnées dans l'écriture des mots : leur maintien dans la numération est donc un archaïsme qui s'explique par la nécessité d'avoir à disposition trois fois neuf signes différents.
Ces signes, évoluant avec le temps, se sont transmis à d'autres écritures ayant emprunté le reste des lettres grecques : l'alphabet copte, l'alphabet gotique et l'alphabet cyrillique.
Dans l'Antiquité, l'usage était de surligner les lettres utilisées pour leur valeur numérale afin de les isoler du reste du texte. Cette numération s'étant transmise à certains alphabets dérivés du grec, c'est encore le cas en copte, et ce le fut mutatis mutandis en gotique et en cyrillique utilisé en vieux slave. Parfois, les lettres sont aussi soulignées. En vieux slave, la barre de surlignement est devenue un tilde nommé titlo. Les dizaines suivent les unités jusqu'à dix-neuf inclus.
Lorsque les textes ont été imprimés, et ce pour des contraintes typographiques principalement, le surlignement s'est mué en un signe unique — placé à droite des lettres numériques — ressemblant à un accent aigu. Ce signe, nommé κεραῖα, « corne ». De nombreux éditeurs ont confondu la κεραῖα avec l'accent aigu ou l'apostrophe, ce qui est sémantiquement incorrect.
Ainsi, le nombre 11 s’écrivait avec la κεραῖα ιαʹ. La κεραῖα est remplacée pour les nombres supérieurs à 999 par l’αριστερή κεραῖα, « corne placée à gauche » comme on l'a vu plus haut.
Enfin, la lettre ϛ n'étant plus employée aujourd'hui, le chiffre 6 correspondant est très souvent remplacé par le digramme « στ » ou plus souvent la lettre sigma finale avec laquelle stigma se confond facilement (notamment dans les anciennes écritures onciales médiévales).
Identifiez le modèle de déclinaison de chacun des mots suivants (1ère déclinaison, 2ème ou 3ème). Si vous avez besoin d'aide, consultez les pages 1ère déclinaison, 2ème déclinaison et 3ème déclinaison.
Il n'est pas hasardeux mais participe du sens de la phrase, comme dans toute langue.
Ainsi l'article apporte ou non une dimension temporelle et spatiale à un nom.
Le nom peut être caractérisé « la grande ville »). Le déterminant caractérisant se place entre l’article et le nom ; ceci marque qu’il constitue une unité avec le nom ; une autre preuve de ce lien étroit est que, quelquefois, l’ensemble peut être remplacé par un autre nom (ainsi « petite maison » par « maisonnette »).
D’autres déterminants du nom caractérisent le nom actualisé, c’est-à-dire ayant une référence actuelle ; l’actualisation est indiquée par l’article. Ainsi, quand on dit « tous les hommes », on a dans l’esprit un ensemble défini (« les hommes ») dont on précise l’étendue par « tous ». Ces déterminants qui précisent la portée du groupe nominal au-delà de l’actualisation sont appelés spécifiants.[1]
Il existe cinq cas qui sont divers moyens de décliner en tenant compte de la fonction du mot : le nominatif, le vocatif, l'accusatif, le génitif et le datif.
Ces cinq cas sont classés dans un ordre qu'il faut retenir et respecter (nominatif, vocatif, accusatif, génitif et datif).
Pour faire plus simple, on retient l'initiale de chaque cas : NVAGD.
Cas
Fonction du mot
Nominatif
Attribut du sujet, sujet
Vocatif
Apostrophe, onomatopée
Accusatif
Complément d'objet direct, complément du lieu où l'on va, complément de but, complément de durée.
Génitif
Complément du lieu d'où l'on vient (complément d'origine), complément de but.
Il n'existe pas d'articles indéfinis (un, une). Si la phrase à traduire est : « J'ai croisé une déesse sur le chemin du Parthénon », on la traduira par : « J'ai croisé déesse sur le chemin du Parthénon ».
Conjuguez au présent de l'indicatif à la voix entre parenthèses les verbes suivants puis traduisez-les en Français à la personne indiquée. Vous l'intégrerez dans une phrase. Si vous avez besoin d'aide, consultez les pages Conjugaison du Présent, Voix et Modes.
Voici un extrait d'un texte. Relevez les verbes conjugués au présent de l'indicatif actif. Si vous avez besoin d'aide, consultez les pages Conjugaison du Présent, Voix et Modes.
Conjuguez à l'imparfait de l'indicatif à la voix entre parenthèses les verbes suivants puis traduisez-les en Français à la personne indiquée. Si vous avez besoin d'aide, consultez les pages Conjugaison de l'imparfait, La règle de l'augment, Voix et Modes.}}
Conjuguez les verbes suivants au futur de l'indicatif actif, si possible. Sinon, donnez le moyen. Si vous avez besoin d'aide, consultez les pages Conjugaison du futur, Voix et Modes.}}
Ils se déclinent au masculin, féminin et neutre.
Le dictionnaire (ou lexique) donne toujours l'adjectif sous trois formes : le masculin, le féminin puis le neutre. Par exemple ἄκρος, α, ον. En français, on accorde les adjectifs en genre et en nombre (masculin/féminin et singulier/pluriel) ; en grec ancien on les accorde en genre, nombre et cas.
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !
La possession
En grec ancien, l'expression de la possession présente de nombreuses différences avec le français [1].
S'il n'y a aucun doute, l'article défini suffit généralement. Sinon, deux cas de figure sont à distinguer :
1. Le possesseur n'est pas sujet de la proposition.
On emploie soit le pronom personnel au génitif, soit l'adjectif possessif aux deux premières personnes.
2. Le possesseur est sujet de la proposition.
On emploie le pronom personnel au génitif, en plaçant l'article défini au début et le substantif à la fin.
Aux deux premières personnes du singulier, l'adjectif possessif est souvent utilisé en poésie. Pour les deux premières personnes du pluriel, l'adjectif possessif utilisé en prose est accompagné de αὐτῶν.
À la troisième personne du pluriel, le pronom réfléchi peut être remplacé par l'adjectif possessif réfléchi σφέτερος, facultativement suivi de αὐτῶν.
Une locution est, en linguistique, une unité fonctionnelle du langage, composée de plusieurs mots graphiques, appartenant à la langue et devant être apprise en tant que forme globale non divisible. Les expressions et les proverbes sont des locutions.
Exemple
Je mange une assiette anglaise. Une assiette anglaise n'est pas un élément de vaisselle mais un plat.
Un loup dans mon jardin ? Ça par exemple ! On ne donne pas un exemple, c'est une expression.
Exceller à jamais. C’est la devise de l'université de Saint-André au Royaume-Uni ; cette phrase est tirée de l’Illiade d’Homère dans un dialogue entre Glaucos et Diomède (en anglais : Ever to excel).
Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. (en latin : Petite, et dabitur vobis; quaerite, et invenietis; pulsate, et aperietur vobis.)
C’est une phrase du septième verset du chapitre 7 de l’évangile selon Matthieu.
All’ hóstis se rhapízei eis tền dexiàn siagóna [sou], strépson autỗi tền állên.
Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. (en latin : Sed si quis te percusserit in dextera maxilla tua praebe illi et alteram.)
C’est une phrase du trente-neuvième verset du chapitre 5 de l’évangile selon Matthieu.
(Amến soi légô, sếmeron met’ emoû ésêi en tỗi paradeísôi.)
En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis.
Ce sont les paroles que Jésus prononce sur la croix dans le quarante-troisième verset du vingt-troisième chapitre de l’évangile selon Luc.
Ἀναπαύσου ἐν εἰρήνῃ
(Anapaúsou en eirếnêi)
Repose en paix (en latin : Requiescat in pace)
Ἀνερρίφθω κύβος.
(Anerríphthô kýbos.)
Le sort en est jeté. (en latin : Alea iacta est.)
Jules César cita dans la langue originale le proverbe grec bien connu Ἀνεῤῥίφθω κύϐος que Suétone rendit par Iacta alea est. En effet, le sens de l’expression grecque n’est pas « le dé est jeté », mais bien « le dé soit jeté ». Dès lors, il faudrait peut-être adopter la correction qui remonte à Érasme : jacta alea esto.
Ô Muse, conte-moi l’aventure de l'Inventif : celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d’usages, souffrant beaucoup d’angoisses dans son âme sur la mer pour défendre sa vie et le retour de ses marins.
Ce sont les premiers vers du chant I de l’Odyssée d’Homère.
Ἀνδρῶν ἐπιφανῶν πᾶσα γῆ τάφος.
(Andrỗn epiphanỗn pâsa gễ táphos.)
Les hommes éminents ont la terre entière pour tombeau.
C’est une citation de Thucydide.
Ἄνθρωπον ζητῶ.
(Ánthrôpon zêtỗ.)
L’homme, je le cherche.
C’est une phrase du Cynique de Diogène.
Ἄνθρωπὸς ἐστὶ πάντων χρημάτων μέτρον.
(Anthrôpòs estì pántôn khrêmátôn métron.)
L’homme est la mesure de toutes choses.
C’est une citation de Protagoras.
Ἄνθρωπος ἐλεεινός.
(Ánthrôpos eleeinós.)
Homme de désirs. (en latin : Vir desideriorum.)
Cette locution est la traduction grecque de l’hébreu « איש־חמדות » ('iš-ḥamudwt). C’est le titre attribué au prophète Daniel dans le dixième chapitre du livre biblique racontant sa vie (versets 11 et 19).
Ἅπαξ λεγόμενον.
(Hápax legómenon.)
Ayant été dit une fois.
Ce terme désigne les mots (ou expressions) dont il n’existait qu’une seule occurrence dans la littérature.
Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. (en latin : Redde Caesari quae sunt Caesaris, et quae sunt Dei Deo.)
Ἀπὸ τὸ Α ὡς τὸ Ω.
(Apò tò A hôs tò Ô.)
De A à Z.
Ἀπὸ καρδίας.
(Apò kardías.)
De tout cœur.
Ἀπὸ μηχανῆς θεός.
(Apò mêkhanễs theós.)
Dieu issu de la machine (en latin : Deus ex machina.)
Cette expression existait déjà dans le théâtre grec, pour désigner un mécanisme servant à faire entrer en scène une ou des divinités pour résoudre une situation désespérée.
Ἀπὸ χειλῶν.
(Apò kheilỗn.)
Du bout des lèvres.
Ἀποπομπαῖος τράγος
(Apopompaîos trágos)
Bouc émissaire (en latin : Caper emissarius)
Cette locution est la traduction grecque de l’hébreu « שעיר לעזאזל » (se'ïr lèAzazel) signifiant « bouc à Azazel ». Lors d’un rite expiatoire accompli à la période de Yom Kippour, deux boucs était tirés au sort par les Juifs. L’un était sacrifié à Dieu, l’autre était envoyé dans le désert vers Azazel après avoir été symboliquement chargé de toutes les fautes devant être expiées.
Ἀρκετὸν τῇ ἡμέρᾳ ἡ κακία αὐτῆς.
(Arketòn tễi hêmérai hê kakía autễs.)
À chaque jour suffit sa peine. (en latin : Sufficit cuique diei malitia sua.)
C’est une phrase du trente-quatrième verset du sixième verset de l’évangile selon Matthieu.
ᾎσμα ᾈσμάτων
(Âisma Aismátôn)
Cantique des Cantiques (en latin : Canticum Canticorum)
Cette locution est la traduction grecque de l’hébreu « שיר השירים » (Šīr haŠīrīm).
(Autárkêsen autòn en gễi erếmôi, en dípsei kaúmatos en gễi anýdrôi ; ekýklôsen autòn kaì epaídeusen autòn kaì diephýlaxen autòn kórên ophthalmoû.)
Il l’a trouvé dans une terre déserte, dans un lieu affreux, et dans une vaste solitude ; il l’a conduit par divers chemins ; il l’a instruit ; il l’a conservé comme la prunelle de son œil. (en latin .)
C’est une phrase du trente-deuxième verset du Deutéronome.
C’est le nom poétique du lion. « βασιλεύς » est également à l’origine du prénom masculin « Basile ». En grec moderne, la même phrase se dit « βασιλιάς των ζώων ».
Βατραχομυομαχία
(Batrakhomyomakhía)
Bataille des grenouilles et des rats.
C’est une parodie comique de l’Iliade que Plutarque attribue à un dénommé Pigrès d’Halicarnasse.
Excellent maître, pourquoi ne me donnes-tu pas de pain ? Tu me vois périr misérablement de faim, et cependant tu n’as nullement pitié de moi. Tu me poses des questions importunes. Cependant tous les amis des lettres sont d’accord que les discours et les paroles sont superflus quand les faits sont évidents pour tous. Les discours ne sont nécessaires que là où les faits sur lesquels nous sommes en contestation ne se montrent pas clairement.
C’est une retranscription par Fleury de Lécluse du discours en grec de Panurge au chapitre IX de Pantagruel.
Ce sont les paroles que Jésus prononce sur la croix dans le dix-neuvième verset du trentième chapitre de l’évangile selon Jean.
Δοκεῖ δέ μοι καὶ Καρχηδόνα μὴ εἶναι.
(Dokeî dé moi kaì Karkhêdóna mề eînai.)
En outre, je suis d'avis qu'il faut détruire Carthage. (en latin : Ceterum censeo Carthaginem esse delendam. ; cf. le fameux « Carthago delenda est. » de Caton l’Ancien.)
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. Comme il était au commencement, maintenant et toujours, pour les siècles des siècles. Amen. (en latin : Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, Sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in saecula saeculorum. Amen.)
Δόξα τῷ Θεῷ.
(Dóxa tỗi Theỗi.)
Grâce à Dieu. (en latin : Deo gratias.)
Δούρειος Ἵππος
(Doúreios Híppos)
Cheval de Troie
Cette grande construction est plus connue en grec sous le nom de « Cheval de bois ».
Δῶρον τοῦ ποταμοῦ
(Dỗron toû potamoû)
Don du fleuve (C’est une périphrase désignant l’Égypte.)
Abram entrant déjà dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année, le Seigneur lui apparut, et lui dit : Je suis le Dieu tout-puissant ; marchez devant moi, et soyez parfait. Je ferai alliance avec vous, et je multiplierai votre race jusqu’à l’infini. (en latin : )
Ce sont les deux premiers versets du chapitre 17 de la Genèse.
Eγένετο δὲ ἐν ταῖς ἡμέραις ἐκείναις
(Egéneto dè en taîs hêmérais ekeínais)
Ἐγὼ δ' ἐσθίω, ἵνα ζῶ.
(Egồ d' esthíô, hína zỗ.)
(en latin : Ede ut vivas, ne vivas ut edas.)
Cette phrase de Socrate fut reprise par Molière dans L’Avare sous la forme « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. »
Je porterai le glaive dans un rameau de myrte, comme Harmodios et Aristogiton, lorsqu'ils ont tué ensemble le tyran et donné ensemble la liberté à Athènes.
C’est une chanson de table présente dans le livre XI (p. 695) du Banquet des sophistes d’Athénée. Elle commémore l’assassinat du tyran Hipparque en 514 av. J.-C. .
Ἐν ῥυθμῷ
(En rhythmỗi)
En rythme
Ἐνθάδαι κείται
(Enthádai keítai)
Ci-gît
Ἐν οἴνῳ αλήθεια.
(En oínôi alếtheia.)
La vérité est dans le vin. (en latin : In vino veritas.)
Ἕν οἶδα ὅτι οὐδὲν οἶδα.
(Hén oîda hóti oudèn oîda.)
Je sais que je ne sais rien. (en latin : Scio me nihil scire.)
La nature ne travaille jamais par sauts rapides. (en latin : Natura non facit saltus.)
Ἠλύσια πεδία
(Êlýsia pedía)
champs Élysées (en latin : Elysii campi)
Avant d'être le nom d'une célèbre avenue parisienne, « les Champs Élysées » désigne le lieu des Enfers où les héros et les gens vertueux goûtent le repos après leur mort.
Ἦθος, ἀνθρώπῳ δαίμων.
(Ễthos, antrốpôi daímôn.)
Ἦλθον, εἶδον, ἐνίκησα.
(Ễlthon, eîdon, eníkêsa.)
Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. (en latin : Veni, vidi, vici.)
La mer, le feu, la femme : les trois sont des maux. (en latin : Mare, ignis, mulier: tria sunt mala.)
Θάλασσα! Θάλασσα!
(Thálassa! Thálassa!)
La mer ! La mer !
Cri de joie des Grecs conduits par Xénophon, quand, accablés de fatigue après une retraite de plusieurs mois, ils aperçurent le rivage de Pont-Euxin. Thálassa dérive de l’indo-européen commun *dʰéwbus qui signifie profond. On retrouve cette racine indo-européenne dans l’allemand Tal et dans l’anglais dale (« vallée »), ainsi que dans l’allemand tief, le néerlandais diep et l’anglais deep (« profond »). Tout comme nous disons parfois en français la grande bleue pour désigner la mer, il n’est pas rare que les anglophones disent the deep dans le même sens, ce qui nous ramène à thálassa. Thalassa est également le nom d’une émission de télévision présentée par Georges Pernoud depuis le 27 septembre 1975.
Θνητὰ φρονεῖ.
(Thnêtà phroneî.)
Souviens-toi que tu vas mourir. (en latin : Memento mori).
Médecin, guéris-toi toi-même. (en latin : Medice, cura te ispum.)
Ἰδοῦ Ῥόδος, καὶ ἀποπήδησον.
(Idoû Rhódos, kaì apopếdêson.)
Voici Rhodes, saute. (en latin : Hic Rhodus, hic salta.)
Ἰδοὺ ὁ ἄνθρωπος.
(Idoù ho ánthrôpos.)
Voici l'homme. (en latin : Ecce homo.)
C’est l’expression utilisée par Ponce Pilate dans la traduction de la Vulgate de l’évangile de Jean (19:5) lorsqu’il présente Jésus à la foule, battu et couronné d’épines.
Ἱερὸς γάμος
(Hieròs gámos)
Mariage sacré
Ἰησοῦς ὁ Ναζωραῖος ὁ Bασιλεύς τῶν Ἰουδαίων
(Iêsoûs ho Nazôraîos ho Basileús tỗn Ioudaíôn)
Jésus le Nazaréen, Roi des Juifs (en latin : Iesus Nazarenus Rex Iudeorum)
Titulus qui a été inscrit par les Romains sur la croix de crucifixion de Jésus de Nazareth condamné à mort par le procurateur romain de Judée de l’époque, Ponce Pilate.
Ἰησοῦς Χριστὸς Θεοῦ Υἱὸς Σωτήρ
(Iêsoûs Khristòs Theoû Huiòs Sôtếr)
Jésus-Christ fils de Dieu, sauveur (en latin : Iesus-Christus, Dei Filius, Salvator)
Les premiers chrétiens employèrent le poisson comme symbole car l’acrostiche « ἸΧΘΥΣ » est proche du mot grec ancien « ἰχθύς » signifiant « poisson ».
Ἴστε ὀρόϐους ὄντας ὠνίους.
(Íste oróbous óntas ôníous.)
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Ἱστὸς τῆς Πηνελόπης
(Històs tễs Pênelόpês)
Tissu de Pénélope
Se dit d’un ouvrage jamais mené à terme.
Ἰχθὺν νηχέσθαι διδάσκεις.
(Ikhthỳn nêkhésthai didáskeis.)
Tu apprends au poisson à nager (en latin : Delphinum natare doces).
Κάθε σῶμα βυθισμένο σε ῥευστὸ δέχεται ἄνωσιν ἴση με τὸ βάρος τοῦ ῥευστοῦ ποῦ ἐκτοπίζει.
(Káthe sỗma bythisméno se rheustò dékhetai ánôsis ísê me tò báros toû rheustoû poû ektopízei.)
Tout corps plongé dans un fluide au repos, entièrement mouillé par celui-ci ou traversant sa surface libre, subit une force verticale, dirigée de bas en haut et opposée au poids du volume de fluide déplacé.
C’est le principe de la poussée d’Archimède.
Καὶ σὺ τέκνον.
(Kaì sỳ téknon.)
Toi aussi, mon fils ! (en latin : Tu quoque mi fili.)
Après Suétone, le fait est rapporté par Dion Cassius (155-229 apr. J.-C.) également à titre de variante dans la tradition : « Ταῦτα μὲν τἁληθέστατα · ἢδη δέ τινες καὶ ἐκεῖνο εἶπον, ὃτι πρὸς τὸν Βροῦτον ἰσχυρῶς πατάξαντα ἔφη · καὶ σὺ τέκνον; » (« Voilà la version la plus véridique. Certains, cependant, ajoutent à cet endroit le trait suivant. Alors que Brutus lui portait un coup violent, il lui aurait dit : “Toi aussi, mon fils ?” »)
Κακοῦ κόρακος κακὸν ᾠόν.
(Kakoû kόrakos kakὸn ôiόn.)
Un mauvais œuf sort d’un mauvais corbeau
Κακὸς ἀνήρ μακρόϐιος.
(Kakòs anếr makrόbios.)
Kαλὸν κακὸν
(Kalòn kakòn)
Un beau mal (en latin : )
C'est une définition de Pandore.
Καλὸς καὶ ἀγαθός
(Kalòs kaì agathós)
Beau et bon.
Cette expression qualifie un citoyen athénien honorable.
(Kreîtton gàr estìn apothaneîn ề hýbreôs en tễi patrídi peirathễnai.)
Il est préférable de mourir que de connaître l’outrage dans sa propre patrie.
C'est un pensée de Diodore de Sicile.
Κτῆμα ἐς ἀεί
(Ktễma es aeí)
Un bien pour toujours, une richesse impérissable. (C’est ainsi que Thucydide qualifie le travail de l’historien.)
Kύκνειον ᾆσμα
(Kýkneion âisma)
Chant du cygne
Κύριε ἐλέησον
(Kýrie eléêson)
Seigneur, prends pitié (en latin : Domine, miserere)
Cette imploration que l’on retrouve dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament et qui est psalmodiée dans les églises chrétiennes est également à l’origine des mots français « kyrie » et « kyrielle ».
Κύριε, ποῦ ὑπάγεις;
(Kýrie, poû hypágeis;)
Seigneur, où vas-tu ? (en latin : Domine, quo vadis?)
Alors qu’il fuyait Rome, Pierre aurait rencontré Jésus portant sa croix, et lui aurait posé cette question.
Les Grecs juraient souvent par le nom de Zeus. L'équivalent latin existe toujours en anglais sous la forme By Jove!.
Μέγα βιϐλίον, μέγα κακόν.
(Méga biblíon, méga kakón.)
Μεγάλη Θάλασσα
(Megálê Thálassa)
Μελέτη τὸ πᾶν.
(Melétê tò pân.)
Mερὶς τοῦ λέοντος
(Merìs toû léontos)
Part du lion
Dans l’une des fables d’Ésope, le lion intervient pour arbitrer un conflit de partage des proies entre le loup, le chacal et le renard, et décide de garder pour lui la part la plus importante.
Μεταϐολὴ πάντων γλυκύ.
(Metabolề pántôn glyký.)
(en latin : Variatio delectat.)
Μεταξὺ Σκύλλης καὶ Χαρύβδεως
(Metaxỳ Skýllês kaì Kharýbdeôs)
Entre Charybde et Scylla (en latin : )
Charybde et Scylla personnifient le détroit de Messine, entre l’Italie et la Sicile, notamment deux dangers inhérents à ce détroit : un tourbillon du côté sicilien, et un récif du côté italien. Quand on est arrivé à échapper à l’un on se retrouve pris dans l’autre.
Μέτρον ἄριστον.
(Métron áriston.)
La modération est le plus grand bien. (C’est la devise de Cléobule de Lindos.)
Μῆλον τῆς Ἔριδος
(Mễlon tễs Éridos)
Pomme de discorde
Il s’agit d’une pomme d’or portant l’inscription « τῇ καλλίστῃ ».
Μὴ μου ἅπτου.
(Mề mou háptou.)
Ne me touche pas. (en latin : Noli me tangere.)
Ce sont les paroles prononcées par Jésus ressuscité le dimanche de Pâques à l’adresse de Marie-Madeleine.
Μὴ μου τοὺς κύκλους τάραττε.
(Mề mou toùs kýklous táratte.)
(en latin : Noli turbare circulos meos.)
Μηδὲν ἄγαν.
(Mêdèn ágan.)
Rien de trop. (en latin : Ne quid nimis.) (C’est la devise de Solon d’Athènes.)
Cette maxime inscrite sur le temple de Delphes incite les hommes à garder la juste mesure en toutes choses.
Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille, Courroux fatal qui causa mille maux aux Achéens Et fit descendre chez Hadès tant d’âmes valeureuses De héros, dont les corps servirent de pâture aux chiens Et aux oiseaux sans nombre : ainsi Zeus l’avait-il voulu. :
Ce sont les premiers vers du chant I de l’Iliade d’Homère.
Μῆτιν ἀλώπηξ.
(Mễtin alốpêx.)
Avec la ruse du renard. (en latin : Cum astutia vulpis.)
Μία κλίνη κενὴ φέρεται ἐστρωμένη τῶν ἀφανῶν.
(Mía klínê kenề phéretai estrôménê tỗn aphanỗn.)
Un cercueil est rapporté vide pour les morts dont les corps n’ont pas été trouvés.
C’est une citation de Thucydide.
Μία χελιδὼν ἔαρ οὐ ποιεῖ.
(Mía khélidồn éar ou poieî.)
Une hirondelle ne fait pas le printemps. (en latin : Una hirundo non facit ver.)
Μικρὸν ἀπὸ τοῦ ἡλίου μετάστηθι.
(Mikròn apò toû hêliou metátêthi.)
Μολὼν λαϐέ.
(Molồn labé.)
Viens les prendre.
Il s’agit de la réponse de Léonidas à Xerxès, lorsque celui-ci lui offre de lui laisser la vie sauve, à lui-même et à ses hommes, à condition qu’ils rendent leurs armes.
Ce qui est écrit est écrit. (en latin : Quod scripsi, scripsi.)
Ὁ θεός μου ὁ θεός μου, εἰς τὶ ἐγκατέλιπες με;
(Ho theós mou ho theós mou eis tì enkatélipes me;)
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Ce sont les paroles que Jésus prononce sur la croix dans le trente-quatrième verset du quinzième chapitre de l’évangile selon Marc et le quarante-sixième verset du vingt-septième chapitre de l’évangile selon Matthieu.
Ὁ κάλλιστος εἶναι καριστοτέλης ὑψεία.
(Ho kállistos eînai karistotélês hypseía.)
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Cette phrase vient d’un sketch des Inconnus inspiré de la chaîne Arte.
Ὁ μῦς ἔδεται ὑπὸ τοῦ αἰλούρου.
(Ho mûs édetai hupò toû ailoúrou.)
La souris est mangée par le chat. (en latin : Mus a fele editur.)
Celui qui épargne la verge, hait son fils ; mais celui qui l’aime, s’applique à le corriger. (En latin : Qui parcit virgae suae odit filium suum qui autem diligit illum instanter erudit.)
C’est le vingt-quatrième verset du treizième chapitre du livre des Proverbes.
(Pâsa gynề khólos estìn ; ékhei d’ agathàs dúo hốras, tền mían en thalámôi, tền mían en thanátôi.)
Toute femme est comme le fiel ; mais elle a deux bonnes heures, une au lit, l’autre à sa mort.
Cette citation de Palladas figure au début du premier chapitre de la nouvelle Carmen publiée par Prosper Mérimée en 1847, et adaptée sous forme d’opéra par Georges Bizet en 1875.
Πάτερ, ἄφες αὐτοῖς, οὐ γὰρ οἴδασιν τί ποιοῦσιν.
(Páter, áphes autoîs, ou gàr oídasin tí poioûsin.)
Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. (en latin Pater dimitte illis non enim sciunt quid faciunt.)
Ce sont les paroles que Jésus prononce sur la croix dans le trente-quatrième verset du vingt-troisième chapitre de l’évangile selon Luc.
Πάτερ, εἰς χεῖράς σου παρατίθεμαι τὸ πνεῦμα μου.
(Páter, eis kheîrás sou paratímai tò pneûma mou.)
Père, entre tes mains je remets mon esprit. (Pater in manus tuas commendo spiritum meum.)
Ce sont les paroles que Jésus prononce sur la croix dans le quarante-sixième verset du vingt-troisième chapitre de l’évangile selon Luc.
Πάτερ ἡμῶν ὁ ἐν τοῖς οὐρανοῖς
(Páter hêmỗn ho en toîs ouranoîs)
Notre Père, qui es aux cieux (en latin : Pater noster, qui es in caelis)
C’est la première phrase du Notre Père en grec ancien.
(Perì dè tỗn khronôn kaì tỗn kairỗn, adelphoí, ou khreían ékhete hymîn gráphesthai ; autoì gàr akribỗs oídate hóti hê hêméra Kyríou hôs kléptês en nyktì hoútôs érkhetai.)
Quant aux temps et aux moments il n’est pas besoin, frères, de vous en écrire. Car vous savez très bien vous-mêmes que le jour du Seigneur vient ainsi qu’un voleur pendant la nuit. (en latin : De temporibus autem et momentis fratres non indigetis ut scribamus vobis; ipsi enim diligenter scitis quia dies Domini sicut fur in nocte ita veniet.)
C’est le début du cinquième chapitre de la première épître de saint Paul aux Thessaloniciens.
Πίστις, ἐλπίς, ἀγάπη
(Pístis, elpís, agápê)
La foi, l’espoir, l’amour (en latin : Fides, spes, caritas)
Πλεῖν ἀνάγκη, ζῆν οὐκ ἀνάγκη.
(Pleîn anágkê, zễn ouk anágkê.)
Naviguer est nécessaire, vivre n’est pas nécessaire. (en latin : Navigare necesse est, vivere non est necesse.)
Πολλὰ τὰ δεινὰ κοὐδὲν ἀνθρώπου δεινότερον πέλει.
(Pollà tà deinà koudèn anthrốpou dóteron pélei.)
Les choses les plus extraordinaires et terribles sont nombreuses, aucune ne l’est plus que l’homme.
C’est une phrase d’Antigone de Sophocle.
Πολλὰ μεταξὺ πέλει κύλικος καὶ χείλεος ἄκρου.
(Pollà metaxỳ pélei kýlikos kaì kheíleos ákrou.)
Il y a loin de la coupe aux lèvres. (en latin : Multa cadunt inter calicem supremaque labra.)
Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. (en latin : Adtendite a falsis prophetis qui veniunt ad vos in vestimentis ovium intrinsecus autem sunt lupi rapaces.)
C’est le quinzième verset du septième chapitre de l’évangile selon Matthieu.
Πώγων οὐ ποιεῖ φιλόσοφον.
(Pốgôn ou poieî philósophon.)
La barbe ne fait pas le philosophe. (en latin : Barba non facit philosophum.)
C’est l’ancêtre du proverbe français « L’habit ne fait pas le moine. »
Car c’est la racine de tous les maux que l’amour de l’argent, et certains, pour s’y être livrés, se sont égarés loin de la foi, et se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de tourments. (en latin : )
Il s’agit du dixième verset du chapitre 6 de la première épître à Timothée.
Ῥοδοδάκτυλος Ἠώς
(Rhododáktylos Êốs)
Surnom attribué à Éos, Titanide étant la déesse de l’Aurore. On trouve aussi son nom affublé des termes « Kροκόπεπλος » (« En robe de safran ») ou « Ῥοδόπηχυς » (« Aux avant-bras de rose »). Homère et Hésiode la présentent également comme « Ἠριγένεια » (« Enfant du matin »).
Ces deux phrases ont le même sens, mais les verbes « φιλῶ » et « ἀγαπῶ » correspondent chacun à un degré d'amour différent. Le pronom personnel « ἐγώ » n'est ajouté que pour marquer de l'insistance.
Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera ; et il n’y a rien de nouveau sous le soleil. (en latin : Quid est quod fuit, ipsum quod futurum est ; quid est, quod factum est ipsum ; quod fiendum est ; nihil novi sub sole.)
Cette citation du livre de L’Ecclésiaste (1-9) signifie que malgré l’évolution du monde, certaines choses ne changeront jamais.
Τιθωνοῦ γῆρας
(Tithônoû gễras)
vieillesse de Tithon
Cette expression désigne une vie qui s’éternise.
Τὸ σῶμα καὶ τὴν ψυχὴν γυμνάζειν.
(Tò sỗma kaì tền psykhền gymnázein.)
Exercer son corps et son âme.
Cette expression utilisée par Socrate évoque l’idéal équilibre des anciens Grecs.
Fuyez, ô mon bien-aimé ! et soyez semblable à un chevreuil et à un faon de cerf, en vous retirant sur les montagnes des aromates. (en latin : Fuge, dilecte mi, et assimilare capreae hinnuloque cervorum super montes aromatum.
C’est le quatorzième verset du huitième chapitre du Cantique des Cantiques.
Φύλλον συκῆς
(Phýllon sykễs)
Feuille de figuier
Il s’agit de la feuille employée par Adam et Ève pour cacher leurs sexes.
(Khrốmetha gàr politeíai […] kaì ónoma mèn dià tò mề es olígous all’ es pleíonas oikeîn dêmokratía kéklêtai.)
Notre régime politique […] a pour nom démocratie parce que le pouvoir est entre les mains non d’une minorité, mais du plus grand nombre. (C’est un discours de Périclès, rapporté par Thucydide.)
(Hôs mễlon en toîs xýlois toû drymoû, hoútôs adelphidós mou anà méson tỗn huiỗn ; en tễi skiâi autoû epethýmêsa kaì karpòs autoû glykỳs en láryngi mou.)
Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. J’ai désiré m’asseoir à son ombre, et son fruit est doux à mon palais. (en latin : Sicut malum inter ligna silvarum sic dilectus meus inter filios sub umbra illius quam desideraveram sedi et fructus eius dulcis gutturi meo.)
C’est le troisième verset du chapitre 2 du Cantique des Cantiques.
Ô étranger, annonce aux Lacédémoniens qu’ici nous gisons, obéissant aux ordres de ceux-ci. (en latin : Dic, hospes, Spartae nos te hic vidisse iacentes, dum sanctis patriae legibus obsequimur.)
Au cours de vos lectures, vous serez amené à rencontrer des mots que vous n’arriverez pas à traduire en français. Le mieux est d’avoir un dictionnaire grec-français (type Bailly) mais certains mots reviennent souvent ; voici un lexique non-exhaustif grec-français par ordre alphabétique avec des renseignements sur le mot (genre, déclinaison, etc.)
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