Climat et écocitoyens/L’autostop participatif
Une nouvelle forme de transport partagé se développe fortement, à mi-chemin entre le covoiturage et le stop, l’auto-stop participatif, actuellement présent sur des territoires comme le Nord, la Drôme, la Creuse, le Gard, l’Isère… À l’initiative de ce mode de transport, on peut trouver aussi bien des citoyens rassemblés en association que des collectivités, notamment des communes.
L’association VAP
[modifier | modifier le wikicode]À l’origine de ce projet, Martine Meeschaert qui a créé l’association VAP en Nord Pas de Calais en mars 2010, VAP comme Voisins en Auto Partagée. Celle-ci s’est inspirée du système VAP belge, né aux alentours de Bruxelles et qui s’est surtout répandu dans le Brabant-Wallon. Sa créatrice, Claire Laloux était étonnée de la multiplication des trajets avec une seule personne à bord, notamment pour des petits déplacements. En parallèle, consciente du manque de mobilité de certaines personnes, notamment en milieu rural, elle a eu l’idée de mettre en lien ces deux types de public via la mise en place du système VAP. Il réunit d’un côté les automobilistes qui ont de la place dans leur voiture et d’un autre côté, les piétons, qui sont limités dans leurs déplacements ou dépendants des transports publics. Les premiers peuvent prendre en charge les seconds pour un trajet court, qui ne leur demande pas d’exigence particulière, si ce n’est d’adhérer au réseau VAP pour devenir « vappeur ». La spécificité du système VAP réside dans le fait qu’il allie un objectif écologique (réduire la pollution) et un objectif de solidarité et de convivialité, par la rencontre des automobilistes et des piétons. Concrètement, devenir « vappeur » nécessité donc une inscription. Dans le cas du Nord Pas de Calais, ils doivent verser 10 euros : la moitié pour l’adhésion à l’association et l’autre moitié pour recevoir le kit de l’usager. Ce dernier est constitué d’un macaron pour les automobilistes à installer sur le pare-brise, et d’un petit panneau pour inscrire le lieu de destination ainsi qu’un gilet de sécurité pour les piétons. Une fois ce pas franchi, les « vappeurs piétons » peuvent se poster où ils le désirent mais il leur est conseillé de se rendre aux points de rencontre installés dans les communes qui participent au système ZAP pour des questions d’efficacité et de sécurité. Quant aux « vappeurs automobilistes », il leur est juste recommandé d’être vigilants pour être prêt à prendre en charge des « vappeurs piétons ». Attention, ce système sous-tend une souplesse dans le sens où l’automobiliste peut devenir piéton ou inversement, en fonction du mode de transport le plus approprié pour se rendre à l’endroit désiré. La première application du projet a été lancée dans la commune de Cobrieux, où la quasi-absence des transports collectifs générait des problèmes de mobilité. Le projet a été soutenu par la mairie qui a financé l’installation de panneaux annonçant des points de rencontre et qui a décidé de gérer les adhésions. Le système VAP présente plusieurs avantages. Premièrement, il améliore la sécurité qui peut poser problème dans le système du stop classique. Grâce au système d’inscription, les « vappeurs » sont assurés de rencontrer quelqu’un d’engagé dans une démarche responsable qu’ils reconnaîtront par le logo de l’association (un panneau vert avec deux bonhommes autour d’un volant). Deuxièmement, s’il ne s’agit pas réellement d’un système de stop classique, le système VAP se distingue également du covoiturage dans le sens où il est plus flexible : il ne nécessite pas d’arrangement préalable par téléphone ou mail. C’est un mode de transport complètement spontané donc les « vappeurs » n’ont pas à anticiper leurs déplacements. Cela est rendu possible par le fait qu’il s’agisse de trajets courts principalement. Troisièmement, il est conçu comme un mode complémentaire des autres modes de déplacement, et plus précisément un relais puisqu’il peut permettre à un piéton de rejoindre un arrêt de bus, une gare (ce qui évite notamment de payer un emplacement de parking à la gare). Enfin, comme nous le rappelle Claire Laloux, le système VAP n’est pas une fin en soi mais un moyen pour encourager les gens à partager leur voiture. Il peut en effet mettre en relation des personnes qui décideront ensuite de s’arranger pour leurs déplacements en dehors du système VAP. Cependant, le système VAP fait face à une limite de taille. Il ne peut fonctionner seulement s’il est soutenu par un nombre assez important de participants sur un même environnement spatial. Le succès est en effet conditionné par le nombre d’adhérents. Pour remédier à ce problème, il est conseillé aux « vappeurs » d’informer, de communiquer sur la démarche pour susciter l’adhésion de d’autres personnes et d’avoir recours à ce mode de transport dès que possible… Le manque d’adhérents peut s’expliquer par le frein culturel que constitue l’individualisme. En effet, de nombreux piétons montrent une certaine réticence quand il s’agit de monter dans la voiture de quelqu’un d’autre… Enfin, Claire Laloux constate que « pour que la sauce VAP prenne, il faut que le réseau doit dense et soutenu par les pouvoirs publics ». C’est pourquoi l’association VAP en Nord Pas de Calais sollicite les communes, communautés de communes et communautés d’agglomération pour prendre en charge l’installation des points de rencontre automobilistes/piétons et pour constituer des relais d’information afin de faire connaître le concept et susciter des adhésions. Elle se concentre notamment sur la communauté d’agglomération du Douaisis, la communauté de communes d’Ostrevent et le Pays Pévèlois.
Stop en creuse
[modifier | modifier le wikicode]Dans la même logique que le système VAP et en s’inspirant de la démarche ‘Covoiturons sur le pouce’ organisée par la commune de Moissac, une douzaine d’habitants de la Creuse, principalement des nouveaux arrivants habitant près de Felletin, ont décidé de créer une association pour développer un système d’auto-stop participatif. Ils se sont réunis pendant près d’un an et demi pour concevoir ce projet. La participation à ce mode de transport est plus souple que dans le système VAP car il ne requiert pas d’inscription. Les volontaires doivent seulement retirer un kit dans certains lieux clé des communes (mairies, associations et accompagnateurs d’insertion) ou sur Internet, constitué d’un carnet orange pour les piétons et d’un macaron orange à poser sur le rétroviseur droit pour les automobilistes. Le système en Creuse se distingue également du système VAP car il est demandé aux piétons une participation d’un montant de 5 centimes d’euros par kilomètre parcouru comme dans le système de covoiturage (dans les faits, le piéton peut décider de donner davantage, l’automobiliste peut ne pas demander de participation ou les deux peuvent convenir de la mise en place d’un autre service en contrepartie). Cependant, il s’agit bien de covoiturage spontané, sans engagement préalable. Ce système s’est d’abord développé en fonction du trajet des lignes de bus, les points de rencontre identifiés par des affiches correspondaient alors aux arrêts de bus, mais d’autres zones d’embarquement se développent progressivement. Celles-ci peuvent être créées partout sous réserve de deux conditions : l’emplacement doit respecter la charte (ex : 20 mètres de lancement minimum) et l’arrêt doit être sans danger. Le projet a reçu le soutien d’un grand nombre d’acteurs publics : la communauté de communes, la mairie, l’ADEME, le Conseil général de la Creuse, le Conseil régional du Limousin, la maison de l’emploi et de la formation d’Aubusson et le fonds européen de développement régional. Cette reconnaissance officielle de l’auto-stop participatif renforce la viabilité du projet et renforce donc indirectement la confiance accordée à ce mode de transport. Au-delà du soutien à l’auto-stop participatif, les membres du collectif « Stop en Creuse » organisent des évènements sur ce thème comme des « courses auto-stop » et des chroniques.