Jardin au naturel/Pourquoi créer un jardin au naturel ?/Pour mieux accueillir la faune, la flore et la fonge
Il existe deux types de biodiversité : la biodiversité remarquable et la biodiversité ordinaire.
- La biodiversité remarquable, surtout associée aux espaces protégés (réserves naturelles, zones protégées ...), regroupe des espèces rares, en voie de disparition, emblématiques ou protégées.
- La biodiversité ordinaire, quant à elle, est associé aux espaces non protégés comme les parcs ou les jardins. Elle regroupe des espèces communes mais qui, par l’abondance et les multiples interactions entre elles, contribue à des degrés divers au fonctionnement des écosystèmes et à la production des services écosystémiques (pollinisation, épuration de l'eau, chaîne alimentaire ...).
Cette définition est reprise par la Stratégie Nationale de la Biodiversité (MEDD, 2004) selon laquelle le maintien de la biodiversité est un enjeu qui se pose « sur l'ensemble des territoires et non pas seulement sur les seuls espaces protégés parce que particulièrement remarquable ». Les jardins sont donc de véritables opportunités pour favoriser cette biodiversité ordinaire. D'autant que ce qualificatif cache une grande disparité dans le statut de certaines espèces. Les amphibiens, même ordinaires, ne sont-ils pas menacés ?
Pour attirer un maximum d'espèces, le jardin au naturel se présentera sous forme d'un puzzle dont les pièces se compléteront pour constituer un ensemble harmonieux.
Plus le jardin au naturel est composé de milieux différents, plus il abrite d'animaux. Il est vrai que chaque entité est fréquentée par des espèces particulières, mais aussi que de nombreux animaux ne sauraient se contenter d'un seul habitat et doivent au contraire en exploiter plusieurs pour assurer leurs besoins vitaux.
Importance biologique de chacune des parties du jardin au naturel
[modifier | modifier le wikicode]La haie et le bosquet
[modifier | modifier le wikicode]Les arbres et les arbustes produisent de nombreux fruits dont la variété et l'étalement de la production procurent aux frugivores une alimentation importante disponible sur une longue période, hiver compris.
Cette strate buissonnante est particulièrement importante lorsqu'elle est bien garnie et fermée jusqu'au sol. En effet, près de la moitié des oiseaux nichant dans le jardin au naturel construisent leur nid de préférence dans la végétation dense à moins de deux mètres de hauteur. Par contre, les haies basses taillées d'aubépine et de prunellier n'hébergent que des espèces de friches boisées : fauvette grisette, fauvette babillarde, linotte mélodieuse. Les haies larges abritent les nids du troglodyte, de l'accenteur mouchet, du rouge-gorge, de la fauvette des jardins, de la fauvette à tête noire, du pouillot véloce, du chardonneret, du verdier et du bouvreuil... L'ourlet
L'ourlet, bande de prairie proche de la haie, est un lieu de gîte et de repos pour le lièvre, le lapin, le hérisson et quelques amphibiens. Il constitue également un refuge utilisé par de nombreux animaux contre les mauvaises conditions climatiques ou contre les prédateurs.
La prairie humide
[modifier | modifier le wikicode]La prairie humide, près de la mare est appréciée par un grand nombre d'animaux. La plupart des amphibiens, se dispersent dans le milieu terrestre après la reproduction et la métamorphose des têtards en adultes. De plus, les grenouilles vertes préfèrent rester à proximité de l'eau et plongent au moindre danger.
La prairie
[modifier | modifier le wikicode]La prairie sert de refuge ou de lieu de reproduction. Elle produit fleurs, graines, pousses d'herbes, racines et tubercules. Les animaux frugivores et herbivores y trouvent une nourriture abondante. Les abeilles et les bourdons se nourrissent à l'état larvaire et à l'état adulte du nectar ou du pollen des fleurs. Grâce à eux, les grains de pollen passent d'une plante à l'autre et assurent la fécondation croisée d'un grand nombre de fleurs. C'est au printemps et en été que cette inter-relation est la plus forte. Attirés par cette multitude d'insectes, les oiseaux et les micro-mammifères viennent rapidement s'en délecter : linotte mélodieuse, mésanges, moineaux domestiques, musaraignes ou campagnols...
Les plantes grimpantes
[modifier | modifier le wikicode]Les plantes grimpantes installées sur les arbres ou les murs sains sont intéressantes. Le lierre, par exemple, abrite dans son feuillage persistant de nombreux nids. Ses fleurs, qui éclosent à l'automne, offrent une dernière provende à de nombreux insectes. Ses fruits, mûrs en mars, sont précieux pour les frugivores à un moment où la nourriture commence à manquer. Un vieil arbre fortement couvert de lierre produit jusqu'à quinze kilogrammes de fruits.
L'arbre mort et le tas de bois
[modifier | modifier le wikicode]D'innombrables insectes, comme les carabes dorés ou les lucanes cerfs-volants, pondent dans le bois mort. Leurs larves saphro-xylophages grignotent ainsi bien à l'abri. Curieusement, les bûches les plus pourries au centre hébergent la majorité de cette vie grouillante.
En période de canicule, un tas de bois est très apprécié pour les animaux cherchant un peu d'humidité et d'ombre. La nuit tombée, il se transforme en un véritable hôtel pour les hérissons, les musaraignes ou les campagnols.
Les murets
[modifier | modifier le wikicode]Qu'il soit maçonné ou de pierres sèches, un muret est un habitat très riche. Des mousses et des lichens s'installent dans les interstices. Le lézard des murailles profite de la chaleur accumulée par les pierres.
Importance de la diversification du jardin au naturel
[modifier | modifier le wikicode]L'orée d'un bois est, d'une manière générale, plus riche en plantes et en animaux que le bois lui-même, puisque des espèces forestières et des espèces de milieux ouverts la peuplent. Cela peut être généralisé à toute interface (appelée aussi écotone), c'est-à-dire à toute transition entre deux milieux. Dès lors le jardin au naturel, avec ses nombreuses interfaces (haie/prairie, mare/prairie...) est un milieu particulièrement riche. Il est vrai que de nombreux animaux ne sauraient se contenter d'un seul habitat et doivent au contraire en exploiter plusieurs pour assurer leurs besoins vitaux..
La belette et l'hermine trouvent refuge dans les haies mais chassent souvent dans les parcelles environnantes. Le crapaud commun se nourrit sous les haies et dans les pâtures et ne fréquente les mares que pour la reproduction. Certaines espèces se nourrissant dans les prairies, ont besoin d'un couvert boisé pendant leurs périodes d'inactivité, répondant à deux rythmes :
- Le rythme journalier permet de distinguer les animaux diurnes (nombreux passereaux…), les nocturnes (hérissons…) et les crépusculaires (chouettes chevêches…);
- Le rythme annuel est fonction des saisons, les animaux ayant des besoins différents. L'activité est continue pour les musaraignes ; elle est interrompue par une hibernation pour le hérisson, le loir ou le lérot. D'autres ne fréquentent le jardin au naturel qu'au retour de leur migration.
Les animaux, pendant la période de reproduction, ont des besoins et des exigences particulières. Ils délimitent dans l'espace une surface, leur territoire, au moyen d'odeurs (sécrétées par des glandes) ou de cris spécifiques, ceci dans le but de construire un terrier ou un nid et de le protéger contre une éventuelle concurrence.
Le jardin au naturel pourra également être utilisé lors de la migration de nombreux animaux. Certains se retrouvent, en effet, bloqués dans des milieux où ils seraient condamnés à disparaître à force de consanguinité. Ce problème est hélas devenu courant suite à la suppression de nombreux couloirs de migration, tels que les haies, mais aussi à l'intensification de l'agriculture qui, à force de pesticides, rend le milieu rural hostile à toute faune sauvage.
Importance de la diversité végétale du jardin au naturel
[modifier | modifier le wikicode]Plus la diversité en plantes (en particulier sauvages) est importante et plus la diversité en insectes et plus généralement en invertébrés sera élevée. En effet, les végétaux leur apportent leur nourriture (plantes hôtes pour les chenilles, pollen pour les pollinisateurs ...) et leur fournissent également un gîte. Les invertébrés sont très utiles au jardin :
- ils participent à la pollinisation (et donc à la production de fruits ou de certains légumes),
- les populations s'autorégulent (coccinelles/puceron)
- ils participent au recyclage de la matière organique (décomposeurs du sol)
Favoriser la diversité en plantes sauvages contribuera donc à créer un équilibre naturel dans votre jardin.