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Photographie/Thèmes/Le paysage

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Généralités

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La photographie de paysage a ses exigences particulières ; elle demande avant tout des objectifs de qualité, mais aussi la maîtrise de l'équilibre des couleurs, des paramètres de l'exposition, du choix de la focale la mieux appropriée. Tous ces éléments sont désormais à la disposition des photographes sur les appareils numériques qui possèdent presque tous un mode « paysage » associé à une icône en forme de montagne très stylisée.

Cependant, nous sommes ici dans un domaine où la technique ne fait pas tout. La réussite d'un paysage suppose que la lumière soit belle et que le photographe possède un sens aigu de l'instant propice et de la composition des images. Si l'on peut presque toujours améliorer une photographie de paysage grâce à l'ordinateur, il faut bien se dire que toutes les manipulations possibles transformeront rarement en chef d'œuvre une image ratée dès la prise de vue.

Il arrive bien souvent que sur le terrain, le photographe en prenne « plein la vue », mais que le résultat final soit particulièrement décevant. Les raisons en sont multiples, mais l'une d'entre elles est essentielle : les paysages sont des sujets à trois dimensions, comme les scènes de montagne, les sous-bois, les cascades, les champs, etc., et leur reproduction photographique n'a que deux dimensions. Autrement dit, l'impression de relief disparaît. Pour juger de ce que donnera l'image finale, une excellente méthode consiste à observer la scène en fermant un œil de façon à perdre la vision binoculaire qui permet d'obtenir la sensation du relief. Bien souvent, en particulier en sous-bois, ce geste simple invite à laisser l'appareil dans son étui !

Les appareils numériques permettent aujourd'hui de multiplier les prises de vue, de faire de nombreux essais, voire de tenter l'impossible, quitte à effectuer ensuite un tri sévère. Cela n'exclut nullement la nécessité de peaufiner chaque photo, sous peine d'avoir à choisir en le médiocre et le mauvais ... En revanche, la photographie numérique permet à ceux qui savent observer leur environnement de profiter de toutes les circonstances de la vie, comme le voyage, la randonnée, la pêche, le ski, pour chercher à obtenir des images intéressantes.

Éléments de base du paysage

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Les trois éléments de base sont les formes, les couleurs et la lumière ; dans tous les grands paysages, chacun de ces éléments est en parfaite harmonie avec les autres.

Recherchez un centre d'intérêt principal : vous éviterez ainsi que l'œil se perde dans la platitude d'une image mal conçue. Ce centre d'intérêt peut être un rocher, un bâtiment, un arbre, un point d'eau, une silhouette lointaine, etc., et il faut le placer judicieusement dans la composition de l'image. Attention toutefois aux personnages ou aux animaux trop proches, ils deviendront vite le sujet principal en volant la vedette au paysage lui-même.

Le regard doit se déplacer dans le cadre et non rester fixé en un point particulier. Les lignes formées par les chemins, les cours d'eau, la délimitation des champs, etc. permettent de guider le spectateur vers les points d'intérêt essentiels. Les lignes peuvent fournir des échelles de dimensions, créer de la profondeur, des rythmes, etc.

Au lieu de centrer les sujets, ce qui donne des images le plus souvent monotones et inintéressantes, il faut donner aux éléments des proportions différentes, faire des choix en mettant en valeur un seul sujet et non plusieurs, tenter de recréer l'impression en relief en utilisant les ressources de la perspective. Dans le cas d'une marine, par exemple, une ligne d'horizon située au milieu de l'image signifie presque toujours que le photographe n'a pas su choisir entre le ciel et la mer. Un tiers de mer et deux tiers de ciel, ou l'inverse selon les circonstances, est une bonne manière de rompre la monotonie.

Il est bon également, surtout pour les prises de vue en montage, d'avoir trois plans successifs, un plan rapproché, un plan moyen et un plan éloigné, afin d'obtenir une bonne impression de relief. Il faut donc disposer les éléments dans le cadre de telle façon que les uns paraissent plus éloignés que les autres. Un premier plan vous aidera grandement dans cette démarche, à condition qu'il ne devienne pas le sujet principal, auquel cas votre photographie ne serait plus vraiment un paysage.

L'ambiance d'un paysage dépend directement de l'utilisation des couleurs chaudes (rouge, orange, jaune) et froides (bleu-vert, bleu, violet). Le jaune-vert et le vert, qui sont souvent présents dans les paysages, peuvent présenter des tonalités plus ou moins chaudes ou plus ou moins froides et jouent donc un rôle intermédiaire.

Si nous considérons avec un peu d'attention les paysages qui nous entourent, nous constatons que les couleurs apparaissent généralement d'autant plus délavées et d'autant plus froides que les éléments considérés sont plus éloignés. Ce phénomène, dont nous n'avons pas toujours une conscience claire, provient de la diffusion atmosphérique. Il en résulte que nous percevons les objets dotés de teintes chaudes comme s'ils étaient plus proches qu'en réalité. Ces objets ressortent d'autant mieux qu'ils se trouvent devant un décor aux couleurs froides.

En ayant conscience de ces particularités nous pouvons utiliser des filtres colorés ou ajuster la balance des blancs pour obtenir des ambiances plus ou moins chaudes ou plus ou moins froides.

La réflexion de la lumière du ciel sur les feuillages leur donne des tons bleutés dont l'œil s'accommode facilement mais qui peuvent sembler désagréables sur une photographie. L'usage d'un filtre polarisant (suivre le lien pour voir quelques exemples) permet très souvent d'atténuer la majeure partie de ces reflets et de donner aux feuillages des couleurs à la fois plus saturées et moins froides. De même, les filtres polarisants permettent d'accentuer la différence entre le ciel, dont la lumière bleue est souvent très polarisée, et les nuages, qui diffusent une lumière non polarisée. Il en résulte un assombrissement relatif du ciel, ce qui fait ressortir les nuages. L'effet est maximum dans la direction perpendiculaire à celle du rayonnement solaire.

Certains filtres polariseurs permettent de renforcer les tons bleus, verts ou rouges sans toucher pratiquement aux autres, ce qui peut se révéler particulièrement intéressant, par exemple pour renforcer le bleu d'un ciel trop délavé. Attention toutefois à l'usage de ces filtres sur un appareil numérique, leur effet sera plus ou moins complètement annulé si la balance des blancs est réglée en mode automatique ; il convient de la définir manuellement ou de l'imposer en adoptant le mode « lumière du jour ».

Levez-vous tôt ou couchez-vous tard : contrairement à une idée répandue, les éclairages intenses du milieu de la journée se prêtent mal aux photographies de paysage. Les lumières y sont brutales, les contrastes trop violents et les ombres peu intéressantes. Préférez les « heures dorées » du matin ou du soir, quand la lumière est chaude et parfois miraculeuse.


Paysage et composition

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La composition est un arrangement visuel d'éléments de nature à rendre une photographie plus attrayante. L'habileté du photographe à bien composer une image n'a rien à voir avec sa capacité à obtenir une image techniquement bien réalisée.

Y a-t-il des règles de composition propres aux paysages ?

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Les « règles de composition » telles que l'on peut les apprendre dans les livres ou dans les clubs sont des guides généraux permettant, dans de nombreux cas, d'éviter de commettre des erreurs grossières. Selon le cas, elles donneront ou non de bons résultats et le fait de les suivre à la lettre ne garantit pas que l'on obtiendra des images aussi fortes qu'on le souhaiterait. Disons qu'elles peuvent être de bons outils d'apprentissage et qu'elles peuvent contribuer à une saine éducation du regard. Edward Weston disait : « to consult the rules of composition before making a picture is a little like consulting the law of gravitation before going for a walk. », c'est-à-dire à peu près « consulter les règles de composition avant de prendre une photographie, c'est un peu comme si l'on étudiait les lois de la gravitation avant de partir se promener ».

Dans la phase d'apprentissage il est important d'être averti des quelques erreurs de base qui doivent être évitées si l'on veut réaliser des images plus attractives, mais avec l'expérience on apprend à se libérer de ces règles en les appliquant de façon inconsciente ou en les transgressant de façon délibérée.

Il est parfois recommandé de se munir d'un cadre vide en carton pour mieux étudier la composition des images. Il faut bien entendu que ce cadre ait les mêmes proportions que la surface sensible utilisée dans votre appareil, par exemple 3/2 ou 4/3. On observant le paysage à travers ce cadre on voit en effet très bien comment les divers éléments du sujet peuvent s'arranger pour former une image intéressante ; en rapprochant ou en éloignant le cadre, on simule aussi les possibilités de cadrages larges ou au contraire resserrés, ce qui permet de choisir la focale la plus appropriée. C'est aussi une façon de bien comprendre que la perspective ne dépend que du point de vue, puisque le fait de cadrer plus ou moins serré ne modifie pas le placement des objets ni leur dimensions relatives.

La règle des tiers

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La « règle des tiers » est facile à comprendre. On imagine l'image divisée en trois bandes verticales et trois bandes horizontales comme le montre le schéma ci-dessous. Les intersections des lignes rouges constituent les « points forts » où il est généralement conseillé de placer les éléments les plus intéressant du sujet. On peut compléter cette notion en cherchant à utiliser les divers tracés passant par ces points.


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Les photographies ci-dessous montrent comment on peut mettre cette règle simple en pratique pour obtenir une image harmonieuse, même si en pratique les cadres carrés sont souvent les plus difficiles à remplir...


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Le fait de garder cette règle présente à l'esprit corrige la tendance naturelle à placer le sujet principal au centre de l'image, ce qui donne souvent des photographies un peu monotones, surtout si un cadrage serré isole trop ce sujet de son environnement. Naturellement, la règle des trois tiers n'a pas de valeur universelle et certains paysages sont mieux mis en valeur par une composition symétrique. À gauche, la montagne centrée et l'horizon presque centré donnent une composition peu attractive qui a du mal à suggérer les grands espaces de l'ouest états-unien ; à droite, en revanche le sujet et son reflet symétrique imposaient pratiquement une composition en deux moitiés quasi superposables après retournement de l'une d'entre elles.



Le fait de décentrer le sujet principal redonne de l'importance à l'environnement et permet à l'œil de se « promener » dans le cadre. Il en résulte souvent une plus grande impression de relief ou de profondeur, comme on peut le voir ci-dessous :



Les lignes de force

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Des lignes bien marquées dans votre composition font toujours un grand effet sur le spectateur en guidant son regard vers les éléments importants ; elles évitent aussi qu'il porte trop son attention vers des éléments secondaires, voire indésirables. Lorsque ces lignes sont convenablement placées, elles produisent immédiatement une sensation de relief, de profondeur, de troisième dimension, et elles suggèrent les distances qui séparent les premiers plans des plans éloignés.

D'une manière générale, les diagonales sont plus efficaces que les horizontales et les verticales. Les intersections de deux lignes importantes conduisent immédiatement vers un point fort, à moins qu'elles fassent « sortir du cadre » si elles se coupent à l'extérieur de celui-ci ; dans ce cas, le spectateur peut être déstabilisé, ne pouvant savoir ce qui se passe à cet endroit, et un tel cadrage est souvent considéré comme fautif, à tort ou à raison. Naturellement, rien n'empêche de combiner les effets de la règle des tiers avec un placement efficace des lignes de force. Il faut tenir compte aussi, quand c'est possible, du sens de lecture. Nos yeux habitués à partir en haut à gauche pour terminer notre route en bas à droite font que la photo de gauche ci-dessous suggère que « l'on en vient » tandis que celle de droite suggère plutôt que « l'on y va » !


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Que faire sur le terrain ?

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Comment allons-nous utiliser les règles dans la pratique de la prise de vue ? Certainement pas en recherchant des sujets qui se prêtent à une application quasi mécanique des choses apprises, mais plutôt en cherchant, devant un sujet donné, le cadrage optimal qui donnera la photographie la plus attrayante possible. Petit-à-petit, nous apprenons ainsi à observer et à interpréter les sujets offerts à nos regards et nous trouvons tout naturellement les meilleures façons de les mettre en valeur. Plus nous photographions, mieux nous apprenons à distinguer ce qui peut être photographié de ce qui n'en vaut pas la peine.

Nous nous apercevrons entre autres que la composition d'un paysage ne gagne guère à être analysée dans les détails ou par morceaux. C'est l'ensemble de ce qui figure dans le cadre qui doit retenir l'attention, peu importe finalement que les « règles » soient respectées ou non, seul compte le résultat final. Il est relativement facile de composer une image conforme à la règle des tiers, mais beaucoup plus difficile d'en faire une véritable œuvre d'art. Ansel Adams disait : « il n'y a pas de règles pour les bons photographes, il y a seulement de bons photographes ».

Questions d'« échelle », de focale et d'angle de champ

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Un angle de vision très large, comme celui que l'on peut avoir avec un objectif grand-angulaire, permet d'embrasser les paysages les plus vastes et de rendre au mieux l'impression d'immensité que l'on éprouve parfois. Naturellement, plus l'angle est grand, plus nombreux seront les éléments inclus dans la composition, et ce n'est pas forcément un avantage. Au contraire, un téléobjectif permet d'ignorer les vastes étendues qui restent hors du cadre et de sélectionner des éléments plus restreints pour mieux les mettre en valeur. Le choix de la focale est dont directement lié aux intentions et aux besoins du photographe.

Il faut rappeler ici quelques règles élémentaires :

  • la perspective dépend uniquement du point de vue, en aucun cas de la distance focale ; celle-ci permet uniquement de faire varier l'angle de champ, depuis un point donné.
  • plus on se rapproche du sujet, plus celui-ci prend une place importante dans le cadre ; c'est une évidence, mais il faut le rappeler de temps à autres.
  • lorsque l'on se rapproche de la scène à photographier, les objets proches semblent grossir beaucoup plus vite que les objets éloigné ; en se rapprochant, les premiers voient leur importance dans le cadre augmenter beaucoup plus vite que les seconds.

« Les matières premières » du paysage

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  • La lumière : elle intervient par sa direction, son orientation (ou son absence) et par sa couleur. C'est elle qui va faire la différence entre une image plate et sans intérêt et une image dynamique et attrayante. Pour le paysage, la source de lumière principale, quasi exclusive, est le soleil. À chaque moment de la journée, sa lumière change et il faut apprendre à l'utiliser au mieux : certains paysages seront plus faciles à photographier le matin, pour d'autres ce sera la fin de l'après-midi, etc. D'une manière générale les vastes paysages dans lesquels le ciel tient une place importante seront photographiés au mieux non pas au milieu de la journée, mais au contraire tôt le matin ou tard le soir, environ une heure après le lever du soleil ou avant son coucher. Les paysages réalisés à l'aide d'un objectif de longue focale gagneront généralement à bénéficier d'une lumière relativement douce et diffuse, car les ombres brutales et les zones violemment éclairées résultant d'un éclairage trop vif ne permettent pas de bien mettre en valeur les fins détails sur lesquels un plan serré prétend attirer l'attention. Une lumière rasante ou en contrejour peut donner aussi bien des résultats exceptionnels que des ratages complets, selon les sujets.

La lumière du soleil change rapidement, en particulier en début et en fin de journée. Il faut donc apprendre à photographier rapidement et parfois savoir renoncer à une prise de vue. Avec une lumière triste et plate il est pratiquement impossible en effet d'obtenir quelque image intéressante que ce soit. Cependant le renoncement n'est pas forcément négatif, il conduit dans de nombreux cas à déterminer ce que pourraient être des conditions idéales de prise de vue dans tel ou tel endroit et, quand c'est possible, on peut alors revenir sur le terrain avec des idées plus précises et avec une meilleure lumière.

  • Les formes : elles caractérisent les objets inclus dans la composition et ne seront évidemment pas les mêmes pour une marine, un paysage de collines ou un paysage urbain, par exemple. Dans tous les cas il faut choisir les éléments du sujet que l'on veut mettre en valeur et jouer pour ce faire de leurs formes, avec l'aide bien entendu de la lumière.
  • Les lignes : elles peuvent être droites ou courbes, converger vers un point de fuite situé dans le cadre ou hors de celui-ci, etc. Attention dans la plupart des cas à respecter le calage angulaire correct des lignes verticales et/ou de l'horizon, sous peine d'obtenir des photos « penchées » du plus mauvais effet. Si vous devez incliner l'appareil, alors faites-le carrément, de façon que l'aspect penché apparaissent bien comme intentionnel et pas comme accidentel.
  • Les textures et les motifs c'est par leur intermédiaire que l'on reconnaît souvent les objets qui nous entourent. Les textures sont mises en valeur au mieux lorsqu'elles sont bien éclairées, mais elles ne doivent alors surtout pas être surexposées. En effet, l'œil qui découvre une image va généralement tout droit vers les zones les plus lumineuses et si celles-ci ne sont pas intéressantes, alors la photographie est à coup sûr ratée.
  • Les nuances de couleur : elles peuvent caractériser les objets présents dans le champ de la photographie ou les ambiances, par exemple lors d'un lever ou d'un coucher de soleil.
  • Les limites du cadre : elles sont de la plus haute importante car c'est au moment du cadrage que l'on définit d'une part les éléments qui seront inclus et ceux qui seront exclus, d'une part, et d'autre part l'agencement des éléments à l'intérieur de l'image. Le sujet principal doit « avoir de la place pour respirer », entendons par là qu'il ne faut généralement pas le situer trop près du bord ; s'il donne l'impression de se « cogner » contre les bord de l'image, alors c'est que la cadrage est trop serré. Il faut porter une attention toute particulière aux éléments qui peuvent être coupés par le cadrage choisi. Si ces éléments sont identifiables, ils peuvent apporter un certain dynamisme, un certain relief, à la scène photographiée. Si au contraire ils sont rendus par des taches plus ou moins informes où l'on ne peut rien reconnaître, alors ils apparaîtront presque toujours comme des éléments superflus et distrayant, dans le mauvais sens du terme, pour le regard du spectateur. Le choix éventuel de couper tel ou tel élément est surtout important dans le cas de paysages serrés. Si le ciel est délavé, il faut généralement chercher à l'éliminer du cadrage, faute de quoi il apporterait une tache claire sans intérêt et au bout du compte nuisible à la qualité de l'image.


(à suivre)

Quelques conseils

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  • Soyez patient(e) : il faut toujours prendre le temps de soigner les prises de vue et recherche le moment propice : attendre par exemple le passage d'un nuage pour que certains éléments lointains essentiels à la composition soient bien éclairés ou encore attendre qu'un élément de vie (animal, passant, véhicule, ...) vienne animer la scène.
  • Veillez au temps de pose : il ne faut jamais oublier que si les paysages ont une structure essentiellement statique, ils contiennent souvent des éléments mobiles comme les vagues, l'eau qui coule, les feuillages animés par le vent, les nuages qui défilent, etc. Pour « figer » les parties mobiles ou au contraire pour les rendre floues, le choix de la vitesse d'obturation est essentiel. Dans le premier cas, une vitesse relativement rapide s'impose mais dans le second, il faut choisir au contraire une vitesse lente et un trépied s'impose. Un appareil doté d'un système de stabilisation apporte évidemment un avantage, en particulier dans le cas où l'on doit utiliser une focale assez longue.
  • Utilisez le flash : cette source d'éclairage, particulièrement le petit flash intégré à la plupart des appareils, donne généralement des résultats détestables et ne peut guère constituer qu'un palliatif en cas de manque de lumière. Il n'en va bien sûr pas de même avec les flashes de studio, mais nous sortons ici de notre sujet. Là où le flash se révèle particulièrement intéressant, c'est paradoxalement en plein soleil, pour déboucher les ombres trop intenses de sujets ou d'objets placés en premier plan.
  • Choisissez une profondeur de champ maximale : vous aurez peut-être envie d'être créatifs en photographiant des paysages avec une faible profondeur de champ et tout mérite d'être essayé, mais la plupart du temps les paysages nécessitent que tout ce qui figure dans le cadre soit aussi net que possible. Naturellement, la fermeture du diaphragme imposera un temps de pose assez long et/ou très souvent une augmentation de la sensibilité.
  • Utilisez un trépied : c'est un accessoire quasi indispensable pour obtenir une netteté maximale. Faites à titre d'essai et à main levée une série de photos identiques d'un paysage quelconque ; vous vous apercevrez probablement que certaines de ces photos sont plus nettes que d'autres, même avec des temps de pose relativement courts. En opérant sur pied vous mettrez de votre côté toutes les chances d'obtenir des images nettes, surtout si vous utilisez un déclencheur souple ou une télécommande.
  • Faites attention au ciel : c'est un élément particulièrement important, voyez par exemple comment il a été traité par les peintres flamands. Un ciel vide et délavé est toujours catastrophique car il produit une tache claire sans intérêt qui attire le regard au détriment du reste ; comme il est toujours difficile de l'améliorer, le mieux est de l'éliminer purement et simplement du cadre. Un ciel uniformément bleu n'est pas toujours intéressant mais il fait naturellement partie de beaucoup de paysages fréquentés par les touristes et il faut également en limiter l'importance sur la photo. En revanche, un ciel animé, par exemple lors d'un orage ou d'un coucher de soleil, donne beaucoup d'intérêt aux photographies. Souvent, un filtre polariseur peut améliorer le contraste des nuages ; un filtre dégradé gris neutre atténue le contraste souvent trop fort entre le ciel et le sol.
  • Cherchez des éléments de mouvement, d'animation, de vie : les paysages ne dépeignent pas forcément des lieux immobiles et désertés par les êtres vivants. Beaucoup d'éléments mobiles peuvent être inclus utilisés judicieusement : les vagues qui se brisent contre les rochers, un arbre agité par le vent, un oiseau dans le ciel, les nuages dont on peut parfois saisir le mouvement lorsqu'ils se déplacent assez vite et que le temps de pose est suffisamment long.
  • Surveillez la météo : un changement de temps peut modifier un paysage du tout au tout. Au lieu de sortir seulement par beau temps, profitez du vent, des orages, des formations nuageuses inhabituelles, des arcs-en-ciel, de la brume, de la neige ... Répétons-le : le beau temps, surtout en milieu de journée et s'il fait très chaud, est généralement plus propice à la sieste qu'à la prise de vues.
  • Attention à l'horizon : d'abord, est-il horizontal, ou êtes-vous en train de prendre une photographie « penchée » ? Profitons-en pour rappeler que si les photos penchent à gauche, c'est que l'appareil penchait à droite ... Ensuite, est-il droit ? Lorsque l'horizon est proche du cadre, beaucoup d'objectifs vont le transformer en une ligne courbe : avec certains, vous aurez la confirmation que la terre est ronde, avec d'autres, vous finirez par vous demander si par hasard elle ne serait pas une vaste cuvette. Enfin, l'horizon est-il bien placé dans le cadre ? Au milieu, l'image ne sera probablement pas géniale, cela prouvera généralement que le photographe n'a pas su choisir entre le sol ou la mer d'une part et le ciel d'autre part. La règle des tiers est peut-être faite pour être transgressée mais elle est malgré tout presque toujours efficace.
  • Essayez divers points de vue : la vue est peut-être imprenable de là où vous êtes mais il se pourrait bien qu'en vous déplaçant de quelques mètres elle soit plus époustouflante encore. Les belles lumières sont souvent fugitives et les déplacements doivent être aussi rapides que les déclenchements pour que la moisson de belles images soit aussi importante que possible. Changez d'angle et de point de vue, faites tous les essais possibles. L'auteur de ces lignes a connu un photographe qui n'hésitait pas à parcourir le Médoc avec un escabeau dans sa 2 CV décapotée. Les vignes sont belles en automne lorsqu'on les photographie à hauteur d'homme, mais elles prennent un tout autre aspect pour peu que l'on s'élève de quelques décimètres au-dessus du niveau du commun des mortels.
  • Essayez les longues focales : on constate habituellement que la plupart des paysages sont photographiés en utilisant un objectif normal ou grand angulaire mais ce n'est pas une obligation. En utilisant un objectif de longue focale on peut isoler certaines parties plus intéressantes que d'autres, obtenir des images plus simples et plus fortes, se débarrasser d'éléments gênants, supprimer le ciel s'il est blafard, etc. Un trépied s'impose dans la plupart des cas pour atteindre une netteté optimale.

Quelques exemples

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Des photos très perfectibles

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Lac de Garde, Italie

Nous avons ici un « souvenir de voyage » comme ont pu en rapporter des milliers de touristes émerveillés par la région et dont la seule valeur est celle, affective, que peut lui attribuer son auteur. Pour le spectateur extérieur, cette photo n'a guère d'intérêt, elle ne met en valeur aucun élément caractéristique du lieu, elle ne comporte aucun véritable sujet. Par ailleurs, son relief est faible car il manque un étagement de plans convaincant. Les moignons de feuillages visibles en bas à gauche perturbent l'image plus qu'ils ne la servent.
Montepulciano, Italie

L'intention de montrer à la fois le village et son environnement était certes louable mais d'une part les maisons sont bien trop guillotinées et d'autre part le paysage est terriblement affadi par la brume. Un cadrage vertical aurait probablement donné plus de profondeur à la scène. Le côté délavé de la campagne aurait pu être atténué par un traitement informatique de l'image ou mieux par un filtre dégradé gris lors de la prise de vue. Gare aux petits détails ! La tendue à rayures visible en bas à droite attire irrésistiblement le regard, une correction locale (ou un autre cadrage) s'impose.
Collines du Tennessee, États-Unis :

Bof ! Ciel délavé, campagne triste et terne, on cherche vainement un sujet ou un centre d'intérêt. Pas terrible comme photo publicitaire pour l'Office de Tourisme local.

Ibiza :

À Ibiza, quand l'appareil penche à droite, la mer se vide à gauche. Dommage. Cette mésaventure est fréquente avec les appareils numériques qui prennent la photo avec un temps de retard important par rapport au moment où l'on appuie sur le déclencheur. Avec eux, restez stoïque quelques instants de plus que vous ne le faisiez du temps de la photographie argentique !

... et quelques autres

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Les vignes du Lavaux, classées patrimoine mondial de l'Humanité en 2007 :

L'imbrication de parcelles de vigne diversement orientées permet d'animer ce paysage de monoculture. La tache blanchâtre en haut à gauche ne représente pas le ciel mais l'eau du Lac Léman. Il serait intéressant de l'assombrir pour retrouver un peu de « matière » dans cette zone surexposée.

Monastère de San Vincenzo, Molise, Italie :

L'idée d'utiliser cet arc en ruine comme premier plan n'est pas très originale mais ce procédé est toujours efficace, la preuve ! Il a aussi le mérite de masquer la majeure partie du ciel, qui en l'occurrence n'est pas d'un intérêt fondamental. Le bâtiment penche très légèrement à droite.

Salar de Talar près de San Pedro de Atacama, Chili

Les paysages verdoyants ne sont pas toujours les plus beaux, loin de là. Il serait dommage d'aller se promener dans un tel endroit sans en rapporter quelques images splendides. L'horizon est certes à peu près au milieu de la photo mais l'étagement des plans et la variété des couleurs n'en font pas un problème.

  • FRANÇOIS, Guy .- Lumières sur la baie de Somme. In : Photofan, n° 8, 5 décembre 2005, p. 15.
  • GUTELLE, Philippe .- Ambiance de brume. In : Photofan, n° 16, 9 juillet 2007, p. 15.
  • LOAËC, Ronan .- Provence grandeur nature (paysage à la chambre). In : Photofan, n° 2, juin-juillet-août 2004, pp. 24-31.
  • MENGHINI, Julien .- Biodiversité - Paramos colombien [photos de flore sauvage et de paysages naturels, propos recueillis par Pascal MIELE]. In Photofan, n° 11, 5 juillet 2006, pp. 22-29.
  • MIELE, Pascal .- Des paysages flous, flous, fous [photos de Jean-Paul Deketelaere]. In Photofan, n° 4, 15 février 2005, pp. 98-101.
  • MIELE, Pascal .- Un amoureux du paysage [photos d'André Bubloz]. In : Photofan, n° 12, octobre-novembre 2006, pp. 32-41.
  • MIELE, Pascal .- Écosse au large [ photos panoramiques de paysages d'Éric Isselée]. In : Photofan, n° 13, décembre 2006, pp. 56-61.
  • RIFFAULT, Michel .- Panoramas bretons. In Photofan, n° 15, mai 2007, pp. 12-13.
  • VANSTEENWINCKEL, Francis .- La Manche quatre siècles après Don Quichotte . In Photofan, n° 10, 24 avril 2006, p. 14.


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